Bonjour à tous, je vous présente quelques photos extraites d'un album qui a appartenu à un poilu du 126eme RI. La majorité
des clichés se situe dans le secteur de Neuville-St-Vaast, probablement peu avant l'offensive du 25 septembre 1915.
On remarquera les lunettes de soudeur, glissées sur le képi, ainsi que les cartouchières pleines. Neuville-St-Vaast, l'offensive du 25 septembre 1915.Pendant la deuxième quinzaine de Juin et le mois de Juillet, le 126e au cantonnement dans la région
d’Amiens, à Naours, se réorganise et s'entraîne. Il est enlevé en camion automobile le 19 Juillet et
transporté dans la région de Frévent.
Un nouveau bond le porte, le 25 juillet, dans un cantonnement de l'arrière-front à Habarcq. Le ler Août,
il relève le 50e Régiment d'Infanterie dans les tranchées au sud de Neuville-Saint-Waast, en liaison, à
à gauche, avec le 3e C. A., à droite avec le 326e d'infanterie.
Le front du Régiment orienté sensiblement Nord-Sud a une longueur de 700 mètres et s'appuie, à gauche,
au cimetière de Neuville-Saint-Waast. Devant nous, à une distance variant entre 80 et 100 mètres, la première
ligne de tranchées ennemies ou tranchée du Moulin, ayant derrière elle le chemin des Moulins, avec la butte du
Moulin Rouge qui paraît être un observatoire ennemi; en arrière, la deuxième ligne, ou tranchée du Losange ;
plus loin la grande route d'Arras à Lille ; vers le nord, on aperçoit la crête de Vimy.
C'est dans cette zone que le Régiment attaque le 25 Septembre, après avoir au cours de ses périodes d'occupation,
préparé la parralèle de départ, créé des places d'armes, ouvert de nombreux boyaux, creusé des abris.
Dans la nuit du 24 au 25 Septembre, après un repos de huit jours, le 126e va prendre les emplacements
fixés par le plan d'engagement. La première ligne est formée à droite par le 1er bataillon (Commandant Fautrat) à
gauche par le 2e (Commandant Bentata).
Le 3e bataillon (Commandant Tabaste), est en deuxième ligne, derrière le bataillon Bentata.
Le Régiment est en liaison à gauche avec le 129e régiment (IIIe corps), à droite avec le 300e
Il est appuyé, en arrière, par six compagnies du 326e qui forment la réserve de la 48e
qui forment la réserve de la 48e brigade et par toute la 47e brigade qui, suivant les ordres
brigade et par toute la 47e
donnés par le général Méric, commandant la Division, doit agir en deuxième ligne.
Deux clichés du village de Neuville démoli.Les mouvements préparatoires s'effectuent dans de bonnes conditions et à 12 heures 25, les deux bataillons de tête
s'élancent sur les tranchées adverses.
Le bataillon Fautrat marche droit sur son objectif ; les compagnies Gracies (1re) et Rivaud (4e), enlèvent,
à la baïonnette, dans un héroïque assaut, les tranchées fortement défendues du Moulin, puis du Losange, et
poussent résolument vers les Tilleuls. 'Elles atteignent la grand'route d'Arras à 12 heures 45, où elles s'arrêtent
épuisées.
La progression du 2e bataillon a été moins rapide ; la compagnie de droite (8e),
capitaine de Latour, franchit la tranchée du Moulin et poursuit sa marche droit devant elle au lieu de se rabattre
sur la gauche, de sorte qu'elle quitte son axe de marche.
La compagnie de gauche, au contraire, s'oriente trop à gauche et franchit la tranchée Brune et le Vert Halo dans
le secteur du IIIe corps. La direction divergente de ces deux colonnes laisse le champ libre au 3e
bataillon qui se trouve ainsi agir en première ligne.
A 12 h. 50 deux groupements se sont formés près des Tilleuls, composés d'éléments des quatre compagnies du
1er bataillon ; ils sont commandés à droite par le lieutenant Rivaud, à gauche par le lieutenant Gracies. A
treize heures, une contre-attaque allemande débouche des Tilleuls, provoquant le recul de quelques paquets
d'isolés, qui n'ont pas encore rejoint les éléments de tête. Ce mouvement de recul se propage peu à peu, malgré
les efforts des lieutenants Gracies et Rivaud. Ces deux officiers réussissent à grouper autour d'eux quelques soldats
énergiques avec lesquels ils disputent le terrain pied à pied à l'ennemi.
Les éléments avancés du 2e bataillon, privés de leurs officiers, tous tués ou blessés,
sans liaison, à gauche avec les troupes du IIIe Corps, se replient également dans la tranchée du Vert-Halo. Toutes
les tentatives pour gagner la tranchée des Cinq-Saules, sont paralysées par le feu d'un centre de résistance ennemi
qui n'a pas été enlevé, en raison des attaques divergentes du 2e bataillon.
Dans l'après-midi du 25 Septembre et dans la Journée du 26, des groupements du 2e bataillon et la 10e compagnie
effectuent une légère progression en liaison avec le 129e régiment d'infanterie. une attaque de la 47e brigade,
exécutée dans la, soirée du 26, est brisée devant la tranchée des. Cinq-Saules par des tirs d'infanterie, de
mitrailleuses et d'artillerie d'une extrême violence.
Dans l'ensemble, la ligne sur laquelle s'était arrêté le 126e, le 25 septembre, marque l'avance extrême réalisée par
la 24e division d'infanterie dans cette offensive.
Nos pertes sont lourdes. Le lieutenant-colonel Bessan a été tué le 25 Septembre, à treize heures, sur le parapet de la
tranchée conquise ; le commandant Bentata, le capitaine Vidallet, les sous-lieutenants Regerat, Touzac Escaravage,
Gouby, Philippe et deux cent soixante-dix-huit hommes sont également tombés au cours de l'action. Dix officiers,
cinq cent dix hommes ont été blessés.
Canon de Rimailho et son superbe camouflage.De nombreux cadavres d'ennemis, restés dans les tranchées conquises témoignent de la violence de la
lutte. Il n'est pas possible de raconter ici tous les traits d'héroïsme accomplis dans cette dure journée ; combien,
d'ailleurs, resteront ignorés faute de témoins ...
Dans un coin de la tranchée du Losange, à la droite de la zone d'engagement du 126e,
nos brancardiers relevèrent le soir du 25 Septembre, le corps ensanglanté d'un de nos soldats qui tenait encore dans
ses mains crispées son fusil dont la baïonnette était enfoncée jusqu'à la croisière, dans le corps d'un Allemand ...
Quelques journées de détente après ces durs combats et le Régiment entre en secteur, devant Arras, au
sud de Roclincourt, puis il glisse vers le nord et va occuper le secteur de La Folie que tenait le IIIe corps, le 25
Septembre, et qui fut également le théâtre de combats acharnés.
Il y reste jusqu’au 23 Décembre, alternant pour l'occupation avec le 50e régiment d'infanterie.
Les périodes de tranchées sont extrêmement pénibles, il faut lutter contre deux ennemis :
le Boche, qui creuse des galeries de mine et la boue presque aussi terrible, qui remplit nos tranchées, pénètre
dans nos abris. Aussi avec quelle satisfaction on endosse son sac, après huit jours de cette vie éreintante, huit
jours presque sans sommeil, passés à «jouer de l’écope» quand on n'est pas de veille. Les Rietz, la Targette,
Ecoivre, Haute-Avesmes, et on arrive au cantonnement tour à tour à Isel-les-Hameaux, à Hermaville, à Tilloyles-
Hermaville. Pas fameux, par exemple, ces cantonnements de l’Artois ! Les murailles en torchis laissent passer le
vent et la pluie par des fentes nombreuses mais la population est sympathique.
(Source: reproduction de l'historique du 126eme RI/service historique de l'armée de terre)
Observation au périscope.Byng