Lettres de poilus

Merci pour le partage.

La lecture de tes lettres et le visionnage des photos est vraiment très intéressant.
Vivement la suite...

Je vous remercie tous les deux

Les lettres il faudra attendre un peu car ça prend du temps et en ce moment je suis pas mal occupé... je reprendrai durant mes vacances en juillet.
En attendant j'ai quelques documents à partager avec vous. Je le ferai dans la semaine

Bonne soirée

Bonsoir,

Voici quelques nouvelles photos



Un petit document sympa de mon arrière grand père


La premiere page du livret militaire de Pierre Poix. L'état est deplorable mais c'est important de le conserver au maximum

Bonsoir,

encore une fois, merci pour le partage.

Daneck

Bonjour,

Je vous en prie

(Message concernant 39-45, ce n’est pas dans le thème du forum alors je supprime)

Bonsoir à tous,

Après un long moment de calme je m’apprête à relancer le post.

Jusqu’à présent je vous ai parlé uniquement de la famille de ma grand-mère maternelle.
Il y a peu j’ai eu le bonheur de rencontrer le cousin de mon grand-père paternel qui a effectué un fantastique travail sur notre famille.

Une fratrie de trois frères: mon arrière grand père Victor et mes arrières grands oncles Léon et Désiré.

Les lettres sont magnifiques. J’ai été extrêmement touché par certaines, à tel point que les larmes sont venues.

J’ai hâte de vous partager ces témoignages!

Pour en revenir à la partie de ma famille déjà présentée. Si je retrouve des lettres intéressantes je les partagerai ici.

A très vite sur le post

Bonjour à tous,

Désiré part au combat dès le mois d'août. Il est affecté au 235ème R.I, régiment « de réserve» du
35ème. Il est presque immédiatement au feu !

Il est blessé le 13 août, lors du combat « du Moulin de la Caille», qui fit 800 victimes, mais stoppa l'avance allemande vers Belfort.

Désiré perd la vie le 25 septembre 1915. Il laisse derriere lui de très belles lettres que j'aurais le plaisir de partager avec vous.

A l'été 1919, Victor, constate que sa blessure ne figure pas dans les états de service de son frère. Il décide d'écrire une lettre au Colonel Commandant le 35ème Régiment d'infanterie pour faire corriger cette erreur. Et cette lettre se fonde sur le récit que Désiré lui-même avait fait de ce combat.

Victor écrit:

« Mon frère, à la mobilisation, a été affecté à la 23e Cie de 235e RI de réserve dont le capitaine était le capitaine Jules Jappy. Le 13 août 1914, au cours de l'affaire malheureuse du Moulin de la Caille près de Montreux, tandis que nombre d'hommes de la 23 Cie étaient tués dont le capitaine Jappy, ou blessés, mon frère était atteint d'une balle à l'épaule; il fut soigné le 14 août au matin à l'hôpital de Belfort, évacué le 15 sur Besançon, puis sur Lons-le-Saunier à l'hôpital auxiliaire installé au lycée de jeunes filles ; il revint au dépôt du 35 à Besançon fin septembre.

D'après le récit qu'il m'en a fait, mon frère avait réussi à franchir l'espace balayé par les mitrailleuses boches sans accident. Arrivé au bois voisin dans la direction de Petit Croix et espérant un regroupement des éléments français, mon frère est resté à proximité du lieu de combat en lisière du bois et s'est ainsi trouvé, à un moment donné, isolé, puis en présence de deux soldats allemands avec qui il a échangé plusieurs coups de feu ; il reçut alors une balle dans l'épaule tandis que lui-même blessait un de ses adversaires qui abandonnèrent le combat.

Je garantis d'une façon absolue l'exactitude des renseignements concernant mon frère pour cette période. Je me trouvais moi-même à Belfort dès le 1er août au matin comme officier gérant une section de boulangerie de campagne installée au parc de la Concentration.»



Bonne fin de journée

Bonjour à tous,

une nouvelle lettre de Désiré à son frère Victor.

18 février [1915],

J'ai reçu ta dernière lettre il y a trois ou quatre jours, j'étais alors dans une tranchée en petit poste à une quarantaine de mètres des Allemands. Et comme sur tes lettres tu ne les ménages pas, j'ai déchiré immédiatement ce que je venais de recevoir. Car il faut tout prévoir, je peux être blessé, fait prisonnier, et ces êtres n'aiment pas que l'on parle mal d'eux. Aussi je ne sais plus au juste ce que tu me racontais.
Je me souviens néanmoins que tu me disais que ta vie plus active te plaisait beaucoup. Tant mieux, tu pourras au moins raconter ce que tu auras vu, quand tu reviendras dans quelques mois.

Pour l'instant, je suis dans les tranchées, non loin de celles que j'ai occupées quelque temps sur la fin de novembre. Nous y restons deux ou trois jours, puis nous redescendons dans un petit village au pied du plateau pour un temps d'égale durée. Les tranchées sont creusées dans un sol très meuble ; mais le sous-sol est quelque peu argileux, aussi l'eau ne s'infiltre-t-elle pas vite. Profondes de 2,50 m à 3 mètres, elles sont fort peu larges, et la terre qui a été rejetée de chaque côté pour former le parapet s'écroule parfois sous l'action de la pluie et de la gelée, et tombe au fond de la tranchée où elle forme une boue plus ou moins gluante. Par endroits, c'est un véritable bourbier profond de quarante à cinquante centimètres; souliers et jambières disparaissent jusqu'à mi-jambe, et l'on est obligé de se cramponner aux parois pour s'en retirer. Le service est assez pénible : c'est ainsi que pendant deux jours de tranchée, j'ai pris quarante-huit [heures] le petit poste sans pouvoir prendre une heure de véritable repos; aussi est-ce avec plaisir que nous redescendons au village à la relève.
Là non plus, nous ne sommes pas en sûreté ; des obus éclatent parfois au-dessus et l'un d'eux est venu causer un deuil pour toute la compagnie en tuant notre capitaine.

J'étais bien en train d'écrire une lettre lorsque l'on crie dans la cour : " le capitaine est blessé ". Le pauvre il était tué. Encore un bras de chemise, il était sorti sur le seuil de sa porte pour s'assurer si aucun de ses hommes n'était dans la cour; lorsque un éclat d'obus le frappa en pleine poitrine ; il porta ses mains à l'endroit atteint, pivota sur lui-même, et s'affaissa perdant connaissance. Cinq minutes après il était fini; il est parti sans souffrance. Si je dois être tué, c'est comme cela que je voudrais l'être, d'un seul coup. Tu sais, mon cher Victor, si j'étais simple soldat, je pourrais encore m'en tirer, mais comme sergent, il faut entraîner les hommes, montrer l'exemple, et ceci ne se fait pas sans danger. Mais sois certain que je ne m'exposerai pas inutilement.

Je ne sais pas ce que fait Léon, ni s'il est toujours à Besançon, voilà plus de quinze jours que je suis sans nouvelles de lui. Bon courage et bons baisers de ton frère.

Bonsoir à tous,

Je poursuis mes recherches et la retranscription des lettres. Je ne publie pas car je souhaite revenir avec quelque chose de beaucoup plus complet et structuré.
Néanmoins, hier, je suis tombé sur un témoignage bien triste, un camarade de mon arrière gp qui s’est suicidé. C’est un sujet dont on parle peu et c’est pour cela que j’ai souhaité le partager.

Voici l’extrait

« Jeudi 5 août 1915.

[…]

Ce matin nous avons appris avec peine la mort tragique d’un de nos camarades qui cantonnait à la Tulières prêt de Dannemarie, il s’est tiré un coup de fusil dans la tête à la batterie qu’il occupait. […] il n’avait pas cette force dame, plus de courage il était depuis quelques temps toujours pensif, toujours rêveur. C’était un bon gars du Jura, un de mes amis de la classe 07. Hier soir j’ai vu Notet et Paumel. Juste Notet nous disait que depuis quelques temps ce type ne s’appartenait plus, et ce matin nous apprenons cette triste fin. Il a été enterré ce matin mais, ses camarades ne lui ont pas rendu les honneurs de la guerre car ces pauvres malheureux n’ont pas droit aux derniers honneur rendu par leurs amis, puisqu’ils ne meurent pas en bon citoyen défenseur de la patrie. Que Dieu ait pitié dans sa miséricorde toute puissante de ce pauvre malheureux qui n’était plus à lui-même. Voilà pourquoi chere Mimie il faut toujours prier pour ton Pierrot, toujours prendre courage et avoir confiance dans l’avenir.

[…] »

Ps : toujours difficile de déchiffrer le nom des lieux, pas certain que ce soit bien la « Tuilières »

Merci de ses témoignages !

Je vous en prie, merci d’avoir pris le temps de lire. Je sais que ça commence à faire long.

Bonne soirée

Bonjour à tous,

Je partage cette surperbe lettre de Paul à son frère Pierre.
Pensez-vous que Paul risquait quelque chose si la censure lisait cela (je parle du passage où il parle des journaux)?

Neuville S/ Vasst 24 juin 1915
Mon cher Pierre
J’ai reçu hier ta longue et intéressante lettre, merci des nouvelles et bravo pour le bon boulot fait avec le 220.
Je n’ai pas lu régulièrement les journaux de ces jours, mais je pense que votre beau travail y sera mentionné.
Je connais bien les viaducs de Dannemarie, et en particulier le 2eme ; celui près d’Altkirch, où j’ai monté la garde au 15 Aout. Quant au pont d’Ilsout [?] je le connais également, j’y suis allé en patrouille le 17 Aout avant d’aller à Mulhouse.
Je comprends votre joie d’avoir réussi à prendre une belle revanche sur les boches, vraiment vous ne deviez pas être à la noce lorsque le 420 vous bombardait. Je comprends que tu ne veuilles pas parler de cela à Germaine, mais je suis sûr que Gaspard serait très heureux d’apprendre cela, puisque lui aussi connait très bien cette région.
Quant à moi je vais bien, je t’écris à 60m des boches, depuis le 16 nous sommes en première ligne, à l’est de la Neuville devant le fameux village de Thélus [écrit Tellus dans la lettre] ; nous menons une vie intenable.
Le 16, le 69e qui fait brigade avec nous avait reçu l’ordre de monter à l’assaut des tranchées allemandes distantes de 200 mètres. 2 compagnies réussirent à prendre pied dans la 1e tranchée, mais ne purent se maintenir, l’ennemi ayant au dernier moment démasqué ses mitrailleuses.
Les 2 compagnies furent presque entièrement fauchées ; devant ces pertes le Colonel du 69eme refuse de marcher, et c’est le 1e bataillon du 26 qui prit position dans nos 1e lignes.
Le 17, une compagnie sortie à 4h du soir et à la faveur de l’herbe put gagner 100 mètres sans trop de pertes, mais il lui fut impossible d’aller plus loin. Le 18 à 4h du matin c’est notre tour de sortir. Dès que nous enjambons le parapet de notre tranchée les mitrailleuses ouvrent un feu terrible. Seule notre section et quelques hommes seulement sortent car le Com^t [commandant ?] voyant ses hommes fauchés par la mitraille donne l’ordre de rentrer.
J’étais avec mon S/lieutenant chef de section et quelques poilus de l’escouade, malgré la mitraille nous avançons en rampant dans l’herbe et arrivons à gagner 100 mètres endroit où un petit poste des nôtres est établi depuis la veille.
Impossible de les rejoindre dans leur espèce de boyau car ils sont déjà les uns sur les autres et des que nous essayons de franchir le faible parapet de terre, nous sommes fauchés par les mitrailleuses.
Nous nous trouvons réunit 3 ou 4 et immédiatement je me sers de mon sac comme rempart, mes courroies sont hachées par les balles, mais j’arrive assez rapidement à me creuser une petite tranchée. Nous voilà en sureté provisoire, mais impossible de bouger nous sommes obligés de rester dans cette position jusqu’à 9 heures du soir. Plusieurs fois nous sommes en danger car nos 75 bombardent sur les tranchées boches. Enfin le soir nous rejoignons nos lignes abattus et complètement démoralisés.
Le lendemain nous devions recommencer mais nos officiers et nous même voulions refuser de marcher. Les généraux font tirer l’artillerie pendant 2 ou 3 heures sur les lignes allemandes et se figurent qu’il n’y a plus personne mais l’artillerie n’a aucun effet sur les abris de mitrailleuses et dès que nous sortons nous sommes fauchés.
Depuis nous sommes en 1e ligne à l’endroit où nous avons pu arriver le 18, nous avons une tranchée solide et ne risquons rien de l’artillerie allemande qui n’ose nous canonner, mais la nuit il ne faut pas dormir car chaque instant ils rampent dans l’herbe et viennent nous lancer des bombes. Il me tarde de sortir de ce coin, depuis 12 jours nous ne nous sommes pas lavés nous dormons un peu la journée, mais nous sommes fatigués.
Il nous tarde d’être relevé, car cette région est un rude mauvais coin. Je désespère d’en sortir vivant. Vivement la paix car on commence à en avoir assez. C’est idiot que l’on bourre le crane au public avec les boniments des journaux. Ici la grosse artillerie allemande est nettement supérieure à la nôtre qui sur 5 obus en a un qui éclate. C’est toujours l’infanterie qui trinque et quand nous sommes au repos on nous fait faire l’exercice.
J’ai eu de bonnes nouvelles de Lucienne qui est dans la Loire.
Nous avons assisté à un triste spectacle, un duel aérien où le taule [surnom des avions allemands?] est sorti vainqueur. Le biplan français a été complétement détruit, a pris feu et nous avons eu une bien triste vision. L’aviateur descendant en tourbillon devant le moteur, les ailes emportées à la dérive par le vent
Tu dois connaitre la nomination de Gaspard comme s/lieutenant. J’ai eu une lettre de maman et de P. Je vais bien il nous faudrait un peu de repos et la fuite au plus tôt. Je t’embrasse bien affectueusement. Paul

Bonsoir,

Je découvre tardivement ce post. Merci pour le partage, ces lettres sont riches d'informations notamment l'incurie du commandement.

La censure du début de conflit n'est pas encore efficace et c'est tant mieux;  la réalité est implacable et on ressent bien toute cette souffrance des soldats de première ligne.

Enfin, un immense respect pour ce poilu mutilé.  

Amitiés   Charles

Bonjour,

ces lettres sont un régal et fourmillent de détail, merci de les avoir passées !!!

Le chasseur Métral du 22e BCA mort en 1924 fait partie des victimes non comptabilisées de cette guerre, le rapport Marin qui établit les 1.350.000 morts français s'arrêtant en 1920.

Du côté de ma femme, dans son village de Lesse, Moselle, il y a une tombe d'un certain Alphonse Beunier, lui aussi mort dans les années 1920, en 1928, signalé comme invalide de guerre par sa tombe. Ils seront des milliers à mourir ainsi à petit feu des suites de leurs blessures, ou pour avoir été gazés...

Ces lettres sont un véritable témoignage de la terrible vie des tranchées, comme le livre de Louis Barthas, Carnets d'un Tonnelier. Il y raconte des parcours de quelques centaines de mètres dans les tranchées et la boue du champ de bataille qui durent parfois une nuit de relève, tant la marche est difficile avec les pieds aspirés par le sol...Ou toutes les embûches dans lesquelles les poilus se prennent les pieds et occasionnant de nombreuses chutes. La phrase de Jacques Meyer "ils ont connu l'incommunicable" mérite ici tout son sens.

Encore merci de partager et bravo pour cette belle recherche qui sort de magnifiques perles, de somptueux bijoux plutôt, de l'oubli !

Cordialement.
P. Lamy

...Le surnom de l'avion allemand est Taube (Pigeon), c'est souvent ainsi que les appelaient les Français.
Le Taube était un monoplan d'observation du début de guerre, remplacé ensuite par les Aviatiks, Rumpler et autres Fokker, mais le nom de Taube est resté dans le jargon poilu pour désigner les "aéros boches".

Neuville St-Vaast était une des plus mauvais coins de 1915, avec de nombreuses attaques homicides pour gagner une seule ligne de tranchées et quelques mètres de terrain.

Cordialement.
P. Lamy

Bonjour,

Merci d’avoir pris le temps de tout lire ! Ça me fait vraiment très plaisir.

Si vous voulez lire toute la correspondance de ce pauvre Émile Metral, tout est ici https://lagrandeguerre.1fr1.net/t117288-correspondance-du-soldat-a-e-metral

Si cela vous intéresse voici le résultat de mon travail https://lagrandeguerre.1fr1.net/t125142-une-famille-le-recueil-que-jai-realise

Très bonne journée

Léopold

Ps : je ne connaissais pas Carnets d'un Tonnelier, je vais me le procurer. Merci