Quelques nouveautés du front de l'armée d'Orient

Je profite d'un peu de calme pour vous présenter quelques bricoles rentrées récemment, souvenirs de Salonique et du front de Macédoine en 1916-1918. Voici comme préambule une jolie photo prise à l'issue de la 2e bataille de Skra di Legen, un sommet du massif montagneux du Páiko, au nord-est de Salonique, au cours de laquelle les troupes grecques appuyées par une brigade française (infanterie + artillerie) remportèrent une victoire sur Bulgares à la fin du mois de mai 1918.

On appréciera les différentes pattes de col que je n 'ai pas encore identifiées (sauf le 50e d'infanterie), les casquettes de forme caractéristiques... et les bandes molletières de l'homme de droite. A noter que deux des protagonistes portent des bottes allemandes, comme c'est souvent le cas à la fin de la guerre.

Le texte rédigé au dos de la carte est également intéressant...

Bonjour Asiate!

Beau cliché! Le soldat de gauche n'est pas du 50e je regarde pour le monogramme et te dis ce que c'est.

Stabs

On dirait un K surmonté d'une couronne. Il y a deux régiments qui arborent ce monogramme. N'ayant pas ma doc sous la main, je ne peux en dire plus...

Ca ressemble beaucoup au monogramme du 8e régiment d'infanterie princesse Marie-Louise.

Stabs

Effectivement, ça pourrait bien être ça...

Voici une autre rentrée récente : un modeste trophée de guerre prise aux Bulgares, sous la forme d'une carte postale de propagande. On notera l'orthographe plutôt folklorique...




Dans la continuité des petits souvenirs sympathiques de l'Armée d'Orient, voici différents documents relatifs au caporal interprète Nissim Cohen, classe 1911, du 1er régiment de marche d'Afrique. Ce dernier était israélite, et parlait le grec... Je n'ai hélas pas retrouver sa fiche matricule parmi les diverses sources en ligne, dont les registres matricules des Bouches du Rhône et d'Algérie ... Peut-être faisait il partie de la communauté grecque de Tunisie ou du Maroc ? A noter que le 1er RMA a été formé à partir de zouaves de légionnaires d'Algérie et de Tunisie. Aucun Nissim Cohen né en 1891 ne figure parmi les victimes de la Shoah.



Cohen et sa femme, photographiés à Marseille




Cliché réalisé par un photographe local probablement de Salonique, pas très doué. On notera les retouches faites à l'encre...
Le caporal Cohen est chaussé de brodequins de repos modèle 1916.




Attestation faite le 18 mai 1915 relative à la mise à disposition de Cohen au service de la base de Moudros. Moudros était la base arrière du corps expéditionnaire qui combattait aux Dardanelles




En septembre 1916, après le transfert du Corps Expéditionnaire à Salonique, Cohen est affecté au camp de Zeitenlik, dans la banlieue de Salonique, comme interprète.




Toujours affecté au détachement d'interprète de 1er RMA, Cohen est nommé caporal en octobre 1917.



Ce laissez-passer de juillet 1918 permet de voir que le caporal sert à cette époque au service du contrôle postal.




Nissim Cohen, devenu ancien combattant, photographié vers le début des années 1940.

Pour continuer sur la lancée, voici une terre cuite acquise récemment, représentant un soldat russe en train de chanter. Cette œuvre a été réalisée par un artiste que je n'ai pu identifier (G. Pénent) au camp de Zeitenlik en 1917. Le camp de Zeitenlik, situé au nord-est de Salonique était une véritable tour de Babel, regroupant les unités françaises, britanniques, grecques...
Si quelqu'un a des souvenir de l'armée d'Orient à présenter dans ce post, qu'il n'hésite pas...  







Allez, je remets un truc : une petite brochure sur le paludisme publiée par la librairie française de Salonique en 1917...

Bonjour,
Bravo Asiate pour cette doc intéressante et axée sur des événements et des hommes oubliés.
Pour beaucoup de contemporains, la Grande Guerre, c'est le Front Ouest et actualités à l'appui, un duel franco-allemand à travers la bataille de Verdun.
Je suis un collectionneur récent et j'avoue quand je travaillais à Marseille et que je passais devant le monument de l'Armée d'Orient, je n'avais pas de repére précis sur la mémoire qu'il portait.
Derriére les objets, il y a des hommes et une Histoire. Merci de nous sensibiliser sur ce pan de 14/18.
Dans l'attente de nouveaux sujets...
Bien amicalement  Charles  

Oui, moi aussi, en tant qu'ancien Marseillais, j'ai longtemps cru que ce moment faisait référence à l'Afrique du Nord française...
Pour les contemporains envoyé en Macédoine, qui imaginaient une terre imprégnée des restes de la culture grecque antique et d'une supposée sensuelle lascivité de l'Orient, la déconvenue fut redoutable : un pays pourri, infesté de moustique, sous-développé, et une armée sans gros moyens...

Voici une description de Salonique faite par la romancière Marcelle Tinayre, parue dans la Revue des Deux Mondes en 1917 :

Mes amis de France s’inquiètent de savoir comment on vit à Salonique, dans quelles conditions d’hygiène et de confort, et si les uns s’exagèrent les difficultés que l’on rencontre ici, pour s’installer à peu près convenablement, les autres s’imaginent volontiers que l’on y mène une existence délicieuse, dans une sorte de Riviera où tous les plaisirs sont réunis.
O mes amis, rassurez-vous ! Salonique a la prétention d’être une métropole, et elle s’enorgueillit de posséder au moins deux grands hôtels genre Palace, des cafés à l’instar de Marseille, des cinémas où l’on peut voir la suite du drame policier dont on a vu le premier épisode à Paris et le second épisode à Toulon. Salonique a des music-halls que je ne décrirai pas — et pour cause — mais qui ressemblent, m’a-t-on dit, à ceux des petites villes de garnison. Salonique a un restaurant, dans un jardin, au bord de la mer, avec tables fleuries et orchestre de faux tziganes ; Salonique a des tramways qui marchent très bien, — quand ils marchent, — un éclairage électrique qui fonctionne très bien, — quand il fonctionne, — une eau excellente qui tarit quelquefois, parce que la population a triplé, mais non pas le débit des sources. Si vous venez ici et que vous désiriez être chez vous, par exemple dans une villa des campagnes, comme font la plupart des officiers, installés en « popotes, » de bonnes dames, grecques ou juives, vous céderont, à un prix élevé, des appartements meublés avec une apparente richesse, et si l’apparence ne vous suffit pas, c’est que vous serez trop exigeants. Si vous préférez l’hôtel, vous aurez peut-être, comme moi, le plaisir d’habiter parmi des spécimens de mobilier disparates, en attendant les choses superbes que le patron a commandées en France et nous annonce pour l’hiver prochain !… Partout, vous trouverez des sommiers durs, des lits en tête noire ornés de paysages et de bouquets peints, et la plus fantastique camelote austro-allemande ; les domestiques vous parleront, partout, le même sabir zézayant ; partout les blanchisseuses vous feront payer très cher leurs efforts pour user votre linge par des empois invraisemblables ; partout l’on vous servira la même pitance ; l’agneau rôti, l’agneau bouilli, l’agneau frit, et même, comme dit une chanson, l’agneau pourri. Partout, les poissons auront le goût du papier de soie macéré dans l’huile rance ; le beurre blême évoquera des souvenirs de chandelle ; les courgettes foisonneront implacablement, à chaque repas, et les fruits qu’on vous servira, verts et durs comme des balles, disparaîtront du menu lorsqu’ils arriveront à maturité. Si vous désirez acheter un objet quelconque, des marchands au sourire suave vous répondront avec sérénité : « Missieu, il n’y a pas ! » et s’ « il y a, » leur sourire se fera plus suave afin de vous extorquer votre bel argent français, — plus 12 pour 100 pour le change !
(…) Si l’on remonte la rue Venizelos, entre les cafés et les magasins à la mode, on arrive au bazar couvert qui est presque entièrement israélite et dont les boutiques ferment le samedi. Ici encore, l’abominable camelote surabonde. Les premiers arrivants du corps expéditionnaire ont eu peut-être la chance de trouver des tapis anciens, des armes, des cuivres ciselés, de lourds bijoux cloutés de grenats et de turquoises, des ceintures d’argent massif, et ces toiles crémeuses, d’un grain aussi beau que le crépon, brodées de rouge, de bleu et de noir, qui habillent les femmes macédoniennes. Après sept mois d’occupation, dans une ville où les Anglais paient n’importe quel prix n’importe quel objet qui leur plaît, les « curiosités » sont devenues rares et les prétentions des marchands sont devenues exorbitantes. Le bazar étale aujourd’hui des lingeries grossières, des tricots, des objets de toilette à l’usage des soldats, des moustiquaires de mousseline froncée, suspendues comme les fantômes de Mesdames Barbe-Bleue, et une profusion de « souvenirs » soi-disant artistiques.
Ce sont des mouchoirs imprimés de drapeaux, des carrés de velours brodés d’or, avec des inscriptions : « A la gloire des Alliés ! », des imageries aux couleurs hideuses, racontant les épisodes des guerres balkaniques, des tapis en jute ou en coton pelucheux, « véritable imitation de simili, » représentant le roi Ferdinand de Roumanie à cheval, entouré de ses généraux, ou l’empereur Napoléon à Sainte-Hélène.

Bonjour Asiate,
Merci "Missieu" pour ce panorama "du jardin" de Salonique.
Entre le front Ouest et le front d'Orient, il faut choisir le moindre des maux. Difficile de prendre position...
Bien amicalement  Charles  

MERCI a Asiate pour ce texte pour moi savoureux

Je ne resiste pas a faire une petite "reconstitution" des echoppes du bazar juif decrit dans les deux derniers paragraphes

D abord, sur fond de "moustiquaire de mousseline froncée, suspendue comme les fantômes de Mesdames Barbe-Bleue", quelques "mouchoirs imprimés de drapeaux, des carrés de velours brodés d’or, avec des inscriptions : « A la gloire des Alliés ! », et autres "imageries aux couleurs hideuses". Pour faire bonne mesure, j ajoute quelques cartes postales vendues a ou envoyees de Salonique:



La moustiquaire a appartenu au sous lieutenant Dorotte, 1ere CM (que signifie cette abréviation?), du 176em regiment d'infanterie, l'un des rares a avoir "fait" uniquement le front d'Orient, du premier au dernier jour.



Une vue d'ensemble des mouchoirs patriotiques, vendus au touristes-soldats de passage en ville. JE CHERCHE LE MOUCHOIR "SOUVENIR DE MONASTIR" ET D'AUTRES DE SALONIQUE QUE JE N'AURAIS PAS. MERCI



Detail de deux mouchoirs:

-celui du Zeppelin LZ 85 abattu par les allies et expose sur le port a Salonique, accompagne d'une carte postale du meme zeppelin



-Celui de l'aeroplane allemand abattu, aussi accompagne d'une carte postale. On notera que le mouchoir reproduit tres exactement la carte postale. Au dos du mouchoir, un poilu d'Orient a écrit une lettre a sa fiancée.






-Quelques cartes postales du front d Orient. je mets en détail la carte des spahis algériens en partance pour l interieur, et celle des troupes françaises s embarquant pour Salonique. Cette dernière est légendée en espagnol, imprimée en Grèce, et comporte des inscriptions d éditeur en espagnol, portugais, italien, anglais, français, grec et russe. Une mission des Nations Unies avant l heure! Les autres cartes représentent des réfugiés de guerre, des femmes en costume typique... La carte postale de l'acropole d Athènes a été envoyée par le poilu qui a acheté le mouchoir rectangulaire violet. Le texte au dos de la carte fait référence au mouchoir acheté.





Un dictionnaire de poche franco-serbe et franco-grec, a l'usage des poilus d'Orient (JE CHERCHE LE MÊME, MAIS FRANCO TURC ET FRANCO BULGARE. MERCI)



Enfin, et pour donner une idee de ce que les "premiers arrivants du corps expéditionnaire ont eu la chance de trouver: des tapis anciens, des armes, des cuivres ciselés, de lourds bijoux cloutés de grenats et de turquoises, des ceintures d’argent massif..." Je mets cette photo d objets orientaux du XIX em, chines par mes soins un peu partout dans les Balkans...



Si vous avez des souvenirs de Salonique que vous ne comptez pas garder, merci de me faire signe...

Merci de votre attention

Laurent

Trés belles piéces de Laurent qui complétent le sujet lancé par Asiate!
Les couleurs sont outrancières mais au moins elles ne laissent pas indifférents...

J'adore la moustiquaire... !
Dans le domaine du "Made in Salonique", voici un mouchoir brodé qui n'est pas loin de toucher le fond de la médiocrité : broderie minimaliste, dentelle industrielle de piètre qualité, cousue à la dégouté sur un carré de tissus très fin.

Comme Laurent, je cherche moi aussi tout ce qui a trait au front d'Orient, si vous avez des choses à céder n 'hésitez pas...

1+ pour les retouches sur la photo

fourrierdu56 a écrit:

1+ pour les retouches sur la photo

Oui
Je soupçonne le pantalon d'être un pattern 02 anglais, vu la coupe...

asiate a écrit:

fourrierdu56 a écrit:

1+ pour les retouches sur la photo

Oui
Je soupçonne le pantalon d'être un pattern 02 anglais, vu la coupe...

quelles photos? quel pantalon? quelles retouches?

"Cliché réalisé par un photographe local probablement de Salonique, pas très doué. On notera les retouches faites à l'encre...
Le caporal Cohen est chaussé de brodequins de repos modèle 1916."

majkejevrosime a écrit:

asiate a écrit:

fourrierdu56 a écrit:

1+ pour les retouches sur la photo

Oui
Je soupçonne le pantalon d'être un pattern 02 anglais, vu la coupe...

quelles photos? quel pantalon? quelles retouches?

Voilà la photo en question:





J'en profite pour mettre en ligne cette belle carte-photo de prisonniers bulgares reçue cette semaine, datée de mai 1917 au verso. On notera la présence de botte allemandes...






Allez, on va mettre du plus lourd avec ce joli lot reçu ce matin : il s'agit d'un ensemble de souvenirs du lieutenant Georges Tainturier. Ce dernier, de la classe 1904, est engagé volontaire au 12e Hussards en novembre 1902. Rengagé trois en plus tard, il passe sous-officier, puis aspirant en 1910. Il devient officier d'administration de 2e classe du service d'état-major en 1913, et obtient en mai 1915 d'être rattaché au 4e Chasseurs à Cheval. Servant en Tunisie, il est muté au 8e Régiment de Marche de Chasseurs d'Afrique le 17 août 1915 (arrivé en Orient la 24 août), puis affecté provisoirement en octobre suivant à l'état-major du commandement de la cavalerie de l'Armée d'Orient, détaché en mission spéciale auprès de l'armée grecque. Le 9 mars 1916, il retourne au 4e Chasseurs à Cheval, où il sert comme lieutenant en premier au 4e escadron. Le 12 novembre 1916, il passe à l’état-major du détachement toutes armes de l'aile gauche de l'Armée d'Orient. En janvier 1917, il se retrouve au régiment de marche de Spahis Marocains (Groupement de cavalerie de l'Armée d'Orient), où il est affecté au groupe d'artillerie à cheval-automitrailleuses. Il termine la guerre à l'état-major de la 57e DI. En Orient jusqu'au 27 novembre 1918

Il termine la campagne d'Orient avec quatre citations et la Légion d'Honneur (chevalier, reçue en 1920). Il décède en 1975.









Le casque du lieutenant Tainturier, un Adrian 1915 des premières livraisons, vernis et non peint. Les chasseurs à cheval perçoivent le casque à compter de septembre 1915 (sur avis positif de la direction de la cavalerie du 29 août). les premières livraisons sont bleu clair. A noter la modification apportée à la jugulaire, pourvue d'une boucle.



Son couvre-casque kaki, observé dans les unité de chasseurs à cheval de la fin 1915 à la mi-1916.











La chéchia du lieutenant Tainturier, hélas attaquée par les mites. On remarque le port caractéristique du galon de grade. Le dessin, qui ne fait pas partie du lot et que je ne possède hélas pas, illustre également cette pratique à l'Armée d'Orient. Enfin, une boite de carte de visite d'un fournisseur de Salonique.

Je remets en ligne ce vieux post exhumé du forum HM2 : il s'agit d'un paire de jumelles impactée par une balle qui a traversé de bas en haut le dessus de l'étui. Elles sont accompagnées d'un mot manuscrit qui précise : "Jumelles de l'aspirant Henry Maubert, du 2e escadron du 1er Chass d'Af, blessé de 3 balles au combat de Larissa du 17 juin 1917 (sabre et galop contre infanterie couchée). C'est lui qui, avant d'être atteint, a épinglé le colonel ennemi, la gorge transpercée d'un furieux coup de pointe. Jumelles salvatrices !"




Cet épisode s'est déroulé dans le contexte particulier du front d'Orient du milieu de l'année 1917 : En 1914, la Grèce a proclamé sa neutralité. Cependant, les pressions des grandes puissances, et surtout de la France, ont obligé peu à peu le pays à prendre parti dans le conflit. Plutôt germanophile, le roi Constantin Ier s’est retrouvé en opposition avec son premier ministre Eleuthère Vénizélos, favorable aux Alliés. Le 3 octobre 1915, ce dernier a autorisé les troupes alliées, évacuant les Dardanelles, à débarquer à Salonique (Thessalonique). En réaction, le roi a démis Vénizélos de ses fonctions, creusant ainsi le fossé entre les vénizélistes jugés révolutionnaires et les monarchistes.
Le 16 septembre 1916, l’ex-Premier ministre a formé, avec l’aide du général Maurice Sarrail, qui commande l’Armée d’Orient, un gouvernement provisoire à Salonique, ouvrant la voie à un  « Schisme national » qui a conduit la Grèce à être divisée en trois parties : au sud, la zone dépendant du gouvernement royal (seul reconnu internationalement) avec pour capitale Athènes ; au nord, la Macédoine et l'Épire contrôlées par les partisans de Vénizélos et acquises aux Alliés), et entre les deux, une zone neutre contrôlée par les forces alliées pour éviter une guerre civile.
Au début de l’année 1917, la situation est devenue politiquement intenable dans la mesure où le roi a fait mouiller des mines dans l'isthme de Corinthe pour gêner le trafic des navires alliés et qu'il soutient une guérilla sur les arrières des alliés. Le 19 avril, pour en finir avec cette situation kafkaïenne, Français, Britanniques et Italiens décident de renverser le souverain. Le 11 juin, un corps de expéditionnaire de 10.000 hommes majoritairement français est débarqué au Pirée et dans l’Isthme de Corinthe, tandis qu’un raid de cavalerie est mené en direction de Larissa. Cette ville, acquise à la cause de Vénizélos doit être conquise de haute lutte le 12 juin. A la suite de sa prise, le roi Constantin, bloqué dans le Péloponnèse renonce à poursuivre le combat et abdique au profit de son fils Alexandre. La Grèce va pouvoir être réunifiée et combattre aux côtés des Alliés.




Le JMO du 2e Escadron du 1er Chasseurs d'Afrique relate cet épisode :

12 juin 1917, la mission du régiment est :

1°/ de pousser avec un escadron (Escon Durant)  renforcé des automitrailleuses sur Larissa, de reconnaître le pont, de l’occuper si possible et de retarder toute destruction. Le poste grec qui défendait le pont s’étant rendu, deux pelotons de l’ Escon Durant l’occupent.
Le 2e escadron va occuper la préfecture, la poste et la gendarmerie.
Le 3e escadron va occuper la gare de Holos et tient les débouchés sud et sud-est de la ville.
La section de mitrailleuse est en réserve sur la place du centre.
Le colonel commandant le groupement donne au Cdt Petiton d’aller avec le 4e escadron à la caserne grecque, de la cercler et de faire mettre bas les armes aux troupes qui s’y trouveraient.
Pendant l’opération du désarment qui ne se fait pas sans grande difficultés, les sections d’infanterie grecques s’échappent du quartier, franchissent en tirant des coups de feu le barrage fait par les cavaliers du 4e escadron.
Le Cne Drevon est chargé avec deux pelotons d’arrêter les fuyards et de les ramener au quartier. Il se porte avec les deux pelotons (Lt Berton et Fontaine) en avant de la phase sud-est du quartier, il fait ouvrir le feu sur les Evzones qui s’enfuient. Ceux-ci répondent par un feu violent ; d’autres Evzones sortant du quartier entourent les chasseurs. Le capitaine Drevon jugeant la situation critique porte ses deux pelotons en arrière sur les abords immédiats de la caserne.
A ce moment là, un escadron de spahis marocains arrive. Le capitaine Drevon fait alors monter le peloton du Lt Berton à cheval, pesant que le Lt Fontaine prend position avec les fusils-mitrailleurs sur le talus de la caserne. Le capitaine Drevon se place à la gauche des spahis et charge en fourrageur l’infanterie grecque. Cette charge brillament exécutée sur une infanterie très supérieure en nombre réussit à arrêter les sections des Evzones qui sont fait prisonniers et ramenés au quartier. Dès le début de la charge, le lieutenant Berton, le brigadier Tilly, les chasseurs Roll et Ameur, sont frappés mortellement. Quelques minutes après, le capitaine Drevon, l’aspirant Maubert, les brigadiers Kriegel et Rozer, les cavaliers Imbert et Train sont blessés très grièvement.



Photographie des Evzones grecs fidèles au roi, rassemblés après leur capture.



Manifestation des partisans de Vénizélos au lendemain de la prise de la ville par les Français[/quote]

Bonjour Asiate !

Et merci pour ces excellents compléments sur les combats entre chass d'aff et Evzones! Je n'aurais rien contre un gros plan sur les Grecs afin de mieux pouvoir détailler leurs uniformes. Je connaissais cet évènement pour les spahis marocains mais la avec en plus de la pièce d'époque, chapeau!

Du réchauffé aussi, mais je manque de temps pour faire mieux en ce moment.

Voici des pattes d'épaules bulgares. L'ensemble a été ramené par un poilu du front d'Orient.

- une paire de pogoni de capitaine d'artillerie modèle 1899 (rigides avec galonnage en plaque de laiton) - notez le bouton spécial de l'artillerie à canons croisés et grenade comme chez nous, au lieu du classique lion couronné.

- au milieu une patte troupe modèle 1899/1906 rouge sans numéro, ici avec un bouton argent (que j'ai rajouté) correspondant ainsi à la cavalerie ou au génie. Avec un bouton doré, cela pourrait correspondre à la majorité des régiments d'infanterie (régiments non monogrammés).



Et voici encore un chasseur d'Afrique du Régiment de Marche de Chasseurs d'Afrique à Alexandrie en 1915. Seule la compagnie de mitrailleuse du régiment combattra aux Dardanelles, puis tout le régiment partira pour le front d'Orient.



Cordialement

Stabs

Bonjour,
Trés intéressant de situer un objet et un homme dans un contexte historique global.
Il est vrai que le front Ouest et ses stigmates actuels "parlent" + aux collectionneurs, dans ne nombreuses expositions, le théme est souvent centré sur des événements locaux.
Bien amicalement  Charles

Merci à vous deux, on se sent moins seuls...
Voici la rentrée du we : les 16 premiers n° du Clairon, journal "de tranchée" publié par l'armée française à Salonique. L'équipe de rédaction était installée à Salonique, dans le lycée français qui, tout en poursuivant son oeuvre scolaire, abritait également l’état-major du corps expéditionnaire franco-anglais commandé par le général Sarrail.. Je ne sais pas si il y a eu d'autres numéros après le 16, sorti le n°16 du 20 août 1916. Il est possible que le Clairon se soit effacé au profit de la Revue Franco-Macédonienne apparue en avril de la même année, dont je n'ai pas encore réussi à dénicher un exemplaire (déjà que le Clairon, c'est mission impossible - rentré à ce jour qu'un seul ex. en plusieurs années de recherches)









Pour répondre à la demande de Xavier sur l'armée grecque, je ne suis pas bien riche...
Voici un tract daté d'août 1916 émis par le gouvernement Vénézilos et appelant les vétérans des guerres balkaniques à s'engager dans les troupes vénézilistes pour combattre aux côtés des Alliés. Si quelque lit le grec, ça m’intéresse d'avoir une traduction !  



Et un pansement individuel grec, fourni par la France...



Allez, je profite du we pour présenter un peu d'Anglais : deux journaux publiés par l'autorité militaire britannique en Orient aux côtés d'un Tom O'Shanter ayant appartenu à un membre du 2nd Queen's Own Cameron Highlanders, unité présente en Macédoine de décembre 1915 jusqu'à la fin de la guerre. Les deux journaux - The Balkan News et l'Orient Weekly - ont été ramené de Salonique par le soldat George King du 2nd 20th London Regiment, dont l'unité a été en Orient de novembre 1916 à juin 1917.

Bonsoir,

comme on dit en Allemagne : klein aber fein! Petites pièces, mais très sympathiques! Pour ma part en grec une cocarde (pas sur 100 pour 100 que c'est une de 14) et une baio M1903 modifiée par les Bulgares. Faudra que je prenne cela en photo.

Cordialement

Stabs

pour faire vivre le post et en attendant de faire des photos d autres pices, je mets un casque adrian serbe provenance Macedoine en photo:



le casque serbe est pose sur le mannequin serbe ici present

Un Serbe ! Sympa !
J'en connais un très beau en collection, traversé de part en part par une balle qui a frappé l'insigne. Hélas, il est pour l'instant insortable...

Très agréables casque et mannequin ! J'aime beaucoup le port du bidon à la serbe, quasi sur la poitrine. Par contre l'avantage par rapport au port classique? Protection pectorale supplémentaire? Les boutons sur la vareuse sont des francais à la grenade ou remplacés par des boutons serbes?

Cordialement

Stabs

les boutons de la veste sont francais a la grenade, montes et peints d origine dans cette teinte brune. Je n ai jamais entendu parler d uniformes remontes avec des boutons serbes mais je ne connais pas tout. Tu as des infos Stab? D une maniere generale, j ai du mal a avoir une idee tres precise des uniformes que les serbes portaient a Salonique. A priori il y a vait du BH reglementaire, des uniformes toiles comme celui que je montre, et des uniformes verts reseda plus ou moins specifiques, avec des pantalons bourgerons blancs...

Bref, je suis interesse par des infos si quelqu un sait ou les trouver

petit detail de ce mannequin, meme si ca ne se voit pas: la toile de tente est un modele allemand, receptionne par les Serbes. J en suis plutot fier...

Merci

Laurent

Bonsoir Laurent

Pas plus d info que toi non plus c est pourquoi je posais la question.

Tu as raison d etre fier pour la toile. Piece fort rare et j imagine du coup commande en Allemagne avant la guerre. Si un jour tu démontes je serai intéressé par un photo des marquages de réception serbes.

Stabs