Sous-Lieutenant Sutton, 239eme RI, tué à Neuville-St-Vaast.

Bonjour à tous, je vous présente un ensemble de correspondances qui ont appartenu au sous-lieutenant Henri Marcel Sutton,
affecté au 239eme Régiment d'Infanterie de Rouen. Il sera tué juste après la grande offensive en Artois, le 28 septembre 1915,
dans le secteur de Neuville-St-Vaast.



L'engagement du 239eme en Artois (extrait)
Jusqu'en mai 1915, les travaux d'organisation du secteur sont continués, poussés activement, et
lorsque la 6e Division est appelée en Artois, le Régiment laisse à l'unité du Ier Corps qui le relève
une position solide, pouvant donner confiance à ses défenseurs.
Le 12 mai, le colonel LÉCHÈRES, appelé au 88e Régiment d'Infanterie, à la tête duquel il,
trouvera une mort glorieuse, cède le commandement au lieutenant-colonel DESPIERRES.
En réserve d'armée jusqu'au 8 juillet, le 239e est appelé à faire partie de la 130e Division
d'Infanterie (3e Division du IIIe Corps d'Armée), où il retrouve le 39e.
Les deux Régiments forment la 260e Brigade; plus encore désormais leur histoire sera commune.
C'est d'abord la préparation de l'offensive de septembre, devant Neuville-Saint-Waast. Sapes,
boyaux de communication, parallèles de départ, autant de travaux entrepris dans des conditions
difficiles, à proximité des lignes ennemies, et dans l'exécution desquels chacun doit faire appel à
son énergie pour accomplir une tâche parfois très lourde, sous le feu incessant d'une artillerie active,
et d'engins de tranchée nombreux et perfectionnés, qui, déjà, sont d'un usage courant chez les
Allemands.
A eux seuls, ces travaux ne suffisent point à la préparation de l'offensive. Chaque nuit, patrouilles et
reconnaissances sillonnent le front ; car, de son côté, l'ennemi est loin d'être inactif.
Le 20 septembre, ordre est donné au 239e de reconnaître l'état des défenses accessoires devant la
première ligne allemande, de l'occuper et de s'y maintenir si possible.
Deux reconnaissances sortent des tranchées, traversent les défenses accessoires allemandes,
pénètrent dans les tranchées ennemies qu'elles nettoient rapidement et rentrent, leur mission
terminée, en ramenant quatorze prisonniers. Brillant coup de main, au cours duquel, dit le Journal
de Marche du Régiment, officiers, sous-officiers et soldats se sont distingués et font l'objet de
propositions de récompense.
Le 25 septembre, l'ordre d'offensive est donné. Réserve de Corps d'Armée, le Régiment suit les
progrès de l'assaut, et le 30 relève, à la tranchée Nietzche, les unités mélangées des 5e, 119e et 407e
Régiments d'infanterie.





Lettre de voeux 1915, envoyé par le lieutenant à sa maman.


Courrier envoyé par un officier du 239eme, décrivant l'endroit exact où est inhumé provisoirement le lieutenant ainsi qu'un autre officier
(Raymond Homenet ?, non inscrit dans la liste des tués ou disparus du 239eme). Le courrier est étayé par les renseignements provenant
du Commandant (6eme Bataillon).




Lettre de condoléances effectuée par l'aumônier du Bataillon, envoyée à la veuve du Lieutenant Sutton.


Quelques cartes de correspondances écrites de la main du Lieutenant, dont certaines représentent des lieux de passage de l'officier
dans le pays d'Artois (Arras, Maroeuil...).


Une des dernières correspondances du Lieutenant, datée du 6 Août 1915, quelques semaines avant sa disparition.














Byng

bo jour encore une belle évocation d'un secteur que nous connaissons tous bien
Déjà trouvé du 39RI sur neuville et alentours
Cordialement clubber

Bonjour,
Ces lots sont toujours émouvants.
Bien cordialement

Bonjour,
Merci d'avoir remis à la lumière ce destin tragique.
Lot émouvant !

Cordialement Charpentier.

bonsoir
Documents tres interessant
pour le deuxieme nom ce n'est pas un officier mais un soldat
voici sa fiche

fablou a écrit:

pour le deuxieme nom ce n'est pas un officier mais un soldat

Salut Fab, merci beaucoup pour ce complément d'information, le nom du soldat a certainement été déformé dans le témoignage écrit par l'officier,
par contre, il ne figure pas dans la liste des hommes tués ou disparus dans l'historique du 239eme, ce genre de cas m'est déjà arrivé dans
d'autres recherches.


Byng

bonsoir
Voici deux vues prises ce jour de la cote 123 la premiere prise en direction de la route de bethune et la seconde de la route des pylones en direction de la cote 140 ( chemin agricole actuel )


De cette route des pylones il y a extrait du livre d'henri barbusse  "le feu" sur un poste de secours  s'y trouvant

Chapitre XXI. Le Poste de secours
À partir d’ici, on est en vue des observatoires ennemis et il ne faut plus quitter les boyaux. On suit d’abord celui de la route des Pylônes. La tranchée est creusée sur le côté de la route, et la route s’est effacée : les arbres en ont été extirpés ; la tranchée l’a, tout au long, à moitié rongée et avalée ; et ce qui restait a été envahi par la terre et par l’herbe, et mêlé aux champs par la longueur des jours. À certains endroits de la tranchée, là où un sac de terre a crevé en laissant une alvéole boueuse, on retrouve, à hauteur de ses yeux, l’empierrage de l’ex-route rogné à vif, ou bien les racines des arbres de bordure qui ont été abattus et incorporés à la substance du talus. Celui-ci est découpé et inégal comme une vague de terre, de débris et d’écume sombre, crachée et poussée par l’immense plaine jusqu’au bord du fossé.

On parvient à un nœud de boyaux ; au sommet du tertre bousculé qui se profile sur la nuée grise, un lugubre écriteau est piqué obliquement dans le vent. Le réseau des boyaux devient de plus en plus étroit ; et les hommes qui, de tous les points du secteur, s’écoulent vers le Poste de Secours, se multiplient et s’accumulent dans les chemins profonds.

Les mornes ruelles sont jalonnées de cadavres. Le mur est interrompu à intervalles irréguliers, jusqu’en bas, par des trous tout neufs, des entonnoirs de terre fraîche, qui tranchent sur le terrain malade d’alentour, et là, des corps terreux sont accroupis, les genoux aux dents, ou appuyés sur la paroi, muets et debout comme leurs fusils qui attendent à côté d’eux. Quelques-uns de ces morts restés sur pied tournent vers les survivants leurs faces éclaboussées de sang, ou, orientés ailleurs, échangent leur regard avec le vide du ciel.

Joseph s’arrête pour souffler. Je lui dis comme à un enfant :

— Nous approchons, nous approchons.

La voie de désolation, aux remparts sinistres, se rétrécit encore. On a une sensation d’étouffement, un cauchemar de descente qui se resserre, s’étrangle, et dans ces bas-fonds dont les murailles semblent aller se rapprochant, se refermant, on est obligé de s’arrêter, de se faufiler, de peiner et de déranger les morts et d’être bousculés par la file désordonnée de ceux qui, sans fin, inondent l’arrière : des messagers, des estropiés, des gémisseurs, des crieurs, frénétiquement hâtés, empourprés par la fièvre, ou blêmes et secoués visiblement par la douleur.

Salut Fab, merci beaucoup pour cette mise en image du secteur où ces deux hommes du 239eme ont perdu la vie, l'extrait du chapitre de Barbusse (À partir d’ici, on est en vue des observatoires ennemis et il ne faut plus quitter les boyaux.) illustre bien le peu de protection naturelle que pouvaient utiliser les troupes sur nos plaines d'Artois, on comprend pourquoi la moindre crête était âprement conquise.



Byng

Bonjour,
Merci Byng de rendre hommage à cet officier.
Merci aux autres d'avoir complété de vos interventions.
Le terrain est désespérément plat, et sans doute aussi dénudé à l'époque. On imagine bien l'échec d'une offensive de masse avec ces conditions de découvert...
Cordialement.
P. Lamy

Bonsoir,
Merci pour les photos actuelle qui permettent de mieux se rendre compte du terrain.

Cordialement Charpentier.

bonjour
une carte pour mieux situer le boyau france comme décrit sur le document de cet officier ainsi que le chemin des pylones ( avec la tranchée qui longe celui ci décrit dans le feu de barbusse )
les deux points rouge sont les deux emplacements approximatifs des prises de photos sur le terrain

Bonsoir à tous, ci-joint, un autre post que j'avais créé il y a quelques années concernant des souvenirs et documents afférents à un lieutenant
du 5eme RI, porté disparu dans le secteur de la côte 123 le 26 Septembre 1915.  


https://lagrandeguerre.1fr1.net/t82441-lieutenant-delasalle-5e-ri




Byng

Bonsoir Fablou et Byng,

Merci beaucoup pour vos compléments sur ce pan de Notre Histoire.
Excellentes soirée à vous.
Jean-Luc

bonsoir
Pour continuer sur le 239eme ,voici deux photos assez interessante  prise en septembre 1915, une sur le front l'autre sur le cantonnement d'ambrines

Super souvenir , mon village SOUCHEZ fut complètement rasé