Bonjour,
Le mythique débat du «
trou dans l’axe » !
Au fil des années, il a su déchaîner les passions et a fait couler beaucoup d’encre, que ce soit ici ou sur d’autres forums.
Je ne vais pas vous proposer des photos de casques car comme on le sait bien, ces objets sont souvent passés de main en main et il est difficile d’être catégorique quant au fait que ces derniers soient restés intouchés durant cette centaine d’années qui nous sépare de leur production, même si il est vrai, il en reste encore et ce fort heureusement pour nous.
Pour exemple, ce casque à pointe M95 du Wurtemberg sorti d’une brocante du Sud de la France et ayant appartenu à un homme de l'
Infanterie-Regiment König Wilhelm I (6. Württembergisches) Nr. 124.
Ce dernier est bien « trou dans l’axe » et pourtant, si on s’affère à son intérieur, on remarquera que les rivets de la pointe ne sont pas aplatis comme il se doit !
Il ne fait donc aucun doute que la pointe a été manipulée, vraisemblablement démontée puis remontée par le poilu qui a ramené ce couvre-chef dans sa musette.
Nous ne pouvons donc rien en conclure et c’est bien pourquoi, comme je l’ai annoncé précédemment, je ne montrerai pas d’autres pièces de collection et vais donc me cantonner à ce que je préfère, les photos d’époque qui elles, reflètent la réalité, la vraie !
Là aussi comme son nom l’indique, pour analyser un « trou dans l’axe », il faut se tenir bien droit, face à l’objet du délit et le fixer sans jamais en détourner le regard.
Ici, 2 camarades de l’Ersatz Bataillon de l’
Infanterie-Regiment Hessen-Homburg Nr.166 de Bitsch photographiés en mai 1915.
Personne n’y échappe, tous les soldats qui portent un casque ont tous le trou qui trotte au dessus de leur tête droit dans l’axe !
Les hommes de l’infanterie :Les artilleurs :Sans oublier
les soldats issus des régiments prestigieux à pointe dévissable pour le port du haarbusch, comme ces deux hommes du
Kaiser Alexander Garde-Grenadier-Regiment Nr. 1 de Berlin :
En 1915, c’est l’apparition sur le front des
casques à garniture en fer et à pointe amovible pour une volonté de dissimulation. Là aussi, on aurait pu s’imaginer que du fait de ce nouveau type de pointe, ce fameux trou n’allait plus être bien aligné et pourtant, il n’en est rien comme nous le montre ce soldat saxon !
Les cadences de production s’intensifiant avec la guerre, on aurait également pu penser que les
casques ersatz n’allaient pas forcément répondre à la règle, et bien si, rien n’y fait !
Ce landsturmann bavarois issu du
bayerisches Landsturm-Infanterie-Bataillon Hof en sait quelque chose :
Et pourtant, comme on le sait bien, rien n’est si simple avec l’Armée allemande, la Bavière avec ses "caprices" en sait quelque chose !
Il faut dire que c’était plutôt prévisible, non ?
L’accroissement des cadences de production du à l’urgence de la guerre, les nouveaux modèles de casques mis en service sont d’autant de raisons de penser qu’il y ait pu avoir quelques défaillances.
Pensez-vous en effet que toutes ces petites mains qui s’activaient chaque jour derrière leur établi allaient s’attarder à monter une embase de pointe de telle sorte que leur trou soit dans l’axe ?
Ainsi, pensez vous vraiment que ces hommes et femmes de l’usine saxonne
Nier-Frankonia à Beierfeld allaient y prêter une quelconque attention ?
Il faut croire que non car que ce soit pour les hommes de l’infanterie, de l’artillerie, des régiments prestigieux à pointe dévissable, mais également pour les casques M15 à pointe amovible ou encore les casques ersatz,
tous se rencontrent en période de guerre avec des pointes dont le trou n’est pas forcément dans l’axe !Alors je me suis posé une simple question : Et si ce défaut n’était pas dû à l’urgence de la guerre ? Cette cadence de production était-elle vraiment à l’origine de ce décalage dans l’axe de la pointe ?
Je me suis donc plongé dans mes photographies d’époque datant d’avant le début des hostilités et là, je finis par me rendre compte que cette tendance du « trou dans l’axe » n’était, elle non plus, pas toujours respectée avant-guerre.
En effet, dans de très nombreux clichés que j’ai pu analyser, ce sont près de 25% des casques qui ne présentent pas cette caractéristique pourtant si souvent décriée !
Ainsi, ces soldats bavarois n’ont pas l’air plus que ça dérangés par ce qui se trame au dessus de leur tête. Il faut dire qu’ils ont autre chose à penser lors des manœuvres auxquelles ils participent en 1908.
Ces brancardiers du
Braunschweigisches Infanterie-Regiment Nr.92 n’ont pas l’air non plus de s’en soucier en 1913, où 10 soldats sur 29 arborent un de ces casques.
Ce constat m’a permis de relativiser,
ce fameux trou dans l’axe n’était donc pas LA règle, que ce soit en tant de guerre ou même avant.
En collection, il nous faut donc surtout s’attarder sur les rivets de la pointe dont la pliure si caractéristique permet de trancher définitivement !
Et puis bon après tout, à quoi bon positionner le trou dans l’axe si ce n’est pour une question d’esthétique ? Et si il y avait en fait une toute autre raison ?
Car oui, il y a un "ET" ! En effet, on a souvent trop tendance a oublié que ces orifices ont pour vocation première la ventilation de la coiffe !
D’ailleurs à ce sujet, l’instruction de 1872 nous informe que « la pointe est aménagée de façon à pouvoir tourner pour que l'air puisse passer par les trous de la douille et ainsi aérer le casque ».
Ainsi, si on regarde bien certains modèles de pointe, on remarquera que l’on peut tourner le corps de cette dernière de façon à obturer complètement ou non ces fameux trous afin de réguler la ventilation de la coiffe.
Les trous de la pointe devaient donc être logiquement positionnés dans l’axe du casque de façon à optimiser la ventilation de ce dernier lors de la marche du soldat.
Cependant, comme on a pu le constater au travers de différents clichés réalisés à diverses périodes, cette caractéristique ne semble pas toujours avoir été respectée, peut-être dus au Probe proposé aux différents ateliers de fabrication...qui sait.
J’espère que ce petit sujet vous aura plus
.
Bon dimanche à tous et merci d’avoir pris le temps de me lire.
Bien cordialement.