Bonjour,
C´est à la fois sympa et motivant de voir que je suis suivi
à vous tous!
Pendant cette période de 3 mois à Verdun (début avril à fin juin 1917), les 3 bataillons du KBJR18 ne sont pas placés côte à côte en première ligne mais échelonnés de l´avant vers l´arrière: un bataillon en première ligne, un autre juste derrière en seconde ligne et le dernier bataillon en repos en arrière.
Pour 20 jours de 1ère et 2ème ligne, il y a ensuite 10 jours de repos.
Les bataillons en première ligne ont surtout deux rôles: une observation permanente des lignes francaises mais aussi un nombre très important de patrouilles pour ramener des prisonniers. En réponse à ces nombreuses patrouilles, les Francais accroissent fébrilement l´activité de leur artillerie sur les premières lignes allemandes, obligeant leurs occupants à effectuer jour et nuit des travaux de terrassement pour réparer abris et boyaux. Cependant, les pertes restent peu nombreuses.
Le bataillon "au repos" ne reste pas inactif et n´a pas le temps de s´ennuyer . Les armes et équipements sont nettoyés, des exercices militaires énergiques ont lieu, l´hygiène et les vaccins sont à l´ordre du jour.
Finalement, le KBRJR18 est relevé par le JR442 le 2.7.18 et quitte le champs de bataille de Verdun pour toujours en direction de la Marne et de la Champagne.
Par voie ferrée et par marche, il est dirigé sur Montfaucon, Romagne et Milly devant Dun. Jusqu´au milieu du mois de juillet, l´armement est complété et le drill militaire suit son cours.
Le 13 juillet, le régiment est embarqué pour Rethel où il s´achemine ensuite à pied vers La Neuville.
L´offensive allemande Marne-Champagne bat son plein et le KBRJR18 est placé en réserve d´attaque le 15 juillet dans le paysage lunaire entre Moronvilliers et Baudensincourt, en plein milieu des positions d´artillerie allemande qui pillonent les positions francaises nuit et jour. Seul l´équipement strictement nécessaire a été emmené, à savoir l´armement, le Sturmgepäck et des rations pour quelques jours.
L´historique du KBRJR18 ne cache pas sa fascination devant cette machinerie de guerre allemande qui atteint ici son paroxysme dantesque, les soldats du KBRJR18 se trouvant en plein milieu de 300 pièces d´artillerie tirant sans pause dans un fracas infernal ne permettant plus de distinguer chaque coup. Tous les calibres y sont représentés, du canon de campagne de 7,5 cm au mortier de 21 cm. Les artilleurs en sueur, la tête nue, les manches remontées, satisfont entre deux coups la curiosité des infanteristes terrés autour des batteries et leur apprennent que les Francais sont en train d´essayer de reconquérir le terrain perdu lors du début de l´offensive allemande.
Soudain, un avion francais fait son apparition et tourne quelques minutes au dessus de cette mer de canons enragée. Le premier coup au but de l´artillerie francaise ne se fait pas attendre, mais la machine infernale allemande continue de plus belle à marteler l´air et la terre sans interruption. Les artilleurs ensanglantés sont portés vers l´arrière . Quelque temps plus tard, la rumeur vient de l´avant que la contre offensive francaise a littéralement été martelée dans le sol. Les canons se taisent les uns après les autres pour atteindre un calme complet. Peu de temps après, les premiers brancardiers allemands reviennent des premières lignes avec les premiers restes de chair meurtris sur leurs brancards...Ce sont des hommes des régiments 237,357 et 467 qui confirment que les Francais ont été stoppés net. Les hommes du KBRJR 18 attendent chaque instant d´être envoyés aux premières lignes pour combler les terribles pertes mais la coupe sanglante passera encore une dernière fois à côté du régiment de Lorenz ZWICK. En effet, dans l´après-midi du 17.7.18, un ordre prévoit le retrait de la divison d´Ersatz bavaroise à laquelle appartient le KBRJR18. Les hommes se demandent où ils vont maintenant être dirigés...Sous un terrible orage, ils sont mis en marche vers le Hindenburg-Lager au sud-ouest de Aussonce, à 20 km au nord-est de Reims.
Le lendemain, 18 juillet le régiment est mis en marche vers une direction encore inconnue. On parle d´une important brèche francaise dans un secteur allemand du front, personne ne sait encore où...Les hommes sont chargés dans des camions à Poilcourt, près de Bazancourt, à raison de 25-30 hommes par véhicule. Sous un soleil radieux, les camions passent la vallée de l´Aisne, traversent Neuchatel, Courcelles et arrivent à Braine le 19 juillet.
Chacun des trois bataillons du KBRJR18 ne dénombre plus qu´un effectif d´à peine 350 hommes valides. Chaque compagnie ne dénombre plus que 70-80 fusils (en août 1914, une compagnie comptait entre 250 et 280 hommes)... Chaque bataillon dispose encore chacun de 4 Minenwerfer, 6 MG lourdes et 16 MG légères. Cette massive perte en effectifs humains est essentiellement dûe aux gazs et à l´épidémie de grippe espagnole qui commence à faire des ravages. Le 20 juillet, un maigre Ersatz de 40 hommes arrive au régiment, rapidement réparti entre les compagnies...Le 21 juillet, le régiment est mis en marche sur Jouaignes et Arcy. Les Francais ont ouvert une brèche sur la ligne Bercy le sec - Parcy-Tigny.
Le régiment occupe une position de réserve sur une hauteur au sud de Beugneux. Pendant toute la marche, l´artillerie francaise couvre toute cette zone d´un tir d´artillerie permanent. Dans le ciel, de nombreux combats aériens se déroulent. Juste au dessus du régiment, un avion francais est abattu par un pilote de l´escadrille Richthofen. Les Bavarois sont témoins d´une scène chevaleresque: le pilote allemand atterri à proximité de l´avion francais, saute de son avion, se rend vers le pilote francais, et les deux hommes emmitouflés dans leur combinaison en cuir se serrent la main sur le champ de bataille.
Le 22 juillet à 20 heures, le KBRJR18 recoit l´ordre de monter en ligne à Oulchy la Ville. Le IIIB marche en tête, avec le IB en support sur la voie ferrée de Grand Rozoy à Oulchy le Château et le IIB reste en réserve sur la côte 157. Dans la nuit du 22 au 23, sous le feu de l´artillerie ennemie, le IIIB de ZWICK franchit la route de Château-Thierry à Soissons. À 1 heure du matin le IIB se place dans les toutes première lignes en forme d´arc de cercle à l´ouest d´Oulchy la Ville et relève le RJR236.
Au point du jour du 23.7.18, les Francais se lancent à l´attaque contre la position allemande de Oulchy la ville en forme de sac, en engageant même des tanks au nord de la côte de Baillette. C´est le IIIB et la 3.MGK de ZWICK qui parvient à enrailler complètement l´attaque francaise sur Oulchy, surtout grâce au feu nourri de ses mitrailleuses. Une brève infiltration des tanks francais sur la côte de Baillette est peu après stoppée net par le RJR235 refoulant les Francais dans leurs positions de départ.
Pendant toute la journée du 23 juillet, les Francais relancent l´attaque mais sont à chaque fois foudroyés par les mitrailleuses de ZWICK qui sont placées judicieusement dans un chemin creux et les sous-bois avoisinant, totalement invisibles, même de l´aviation francaise. Les prisonniers francais confirmèrent peu après l´effet meurtrier de ces mitrailleuses qui tuèrent dans l´oeuf chaque nouvelle attaque.
Malgré tout, le IIIB subit cette journée de fortes pertes par le pilonnage incessant de l´artillerie francaise, perdant deux mitrailleuses lourdes par coups directs. Le IB ne cesse d´approvisionner ses camarades du IIIB avec des munitions et du matériel à panser. En cours de soirée du 23 juillet, l´artillerie francaise redouble son activité et écrase le III/KBRJR18 et les mitrailleuses de ZWICK sous un véritable tir de barrage, tant et si bien que le bataillon est coupé provisoirement du reste du régiment, est menacé d´être encerclé, les lignes d´approvisionnement étant totalement interrompus. ZWICK et ses camarades entâment leurs dernières rations, tout en continuant à faire feu sur les Francais qui ne cessent de se lancer à l´attaque. Dans la nuit du 23 au 24 juillet, quelques hommes du IB arrivent néanmoins à approvisionner les survivants du IIIB avec une soupe chaude. Le reste de la nuit devient alors brusquement calme, tout comme la journée du 24, les Francais stoppant leur offensive. Dans la soirée du 24 juillet, le IIIB recoit l´ordre de se rabattre sur la hauteur de Baillette, appuyé à la chaussée Soissons - Château-Thierry. Malgré ce mouvement de repli, les hommes du IIIB arrivent encore à faire des prisonniers francais trop hardis qui talonnent de trop près les Bavarois. Ce sont des hommes du 23 RI (Bourg en Bresse, Salins et Pontarlier) et du 128 RI (Amiens et Abbeville).
Le JMO du 23 RI pour cette journée du 23.7.18 confirme le rôle prépondérant des mitrailleuses de la 3.MGK de Lorenz ZWICK:
Le JMO du 128 RI est encore plus loquace et souligne lui aussi le rôle particulièrement meurtrier des mitrailleuses de ZWICK placées dans le Bois de la Justice et qui prirent les Francais en enfilade, causant de lourdes pertes;
Dans la nuit du 25 juillet, le III/KBRJR18 est placé en réserve et le IB prend sa place dans les 1ères lignes. Ces dernières ne sont plus constituées par des tranchées protégées par des réseaux de file de fer barbelé mais ne sont plus que des trous individuels de 50 cm de profondeur creusés à la hâte.
Une massive attaque francaise semble imminente. Cependant les Francais semblent ne pas avoir encore rassemblé assez de troupes, rien ne se produit jusqu´au 27.7.18. Dans la soirée, le KBRJR18 se replie sur la route Grand Rozoy - Beugneux, le IIIB se placant en deuxième ligne derrière la côte 205 au nord de Beugneux et le IB en réserve à la ferme de Bucy le Bras. Le bataillon de ZWICK ne compte plus que 242 hommes et 12 officiers. Une compagnie ne dénombre plus que 35-45 hommes, le régiment en tout 771 hommes et 28 officiers...L´ennemi en face du KBRJR18 dénombre 8000 Francais et Anglais, soit deux divisions.
Le 28 juillet à 9 heure du matin, les Francais et les Anglais concentrent leurs troupes vers l´avant, appuyés par un puissant tir d´artillerie. Le III/KBRJR18 se porte aux côtés du IIB pour le seconder en cas d´attaque. L´ennemi n´attaque cependant pas encore, attendant le 29 juillet. Les malheureux restes du KBRJR18, tels le rocher dans la tempête, ne dénombrent plus que les effectifs suivants:
I/18: 300 hommes
II/18: 230 hommes
III/18: 242 hommes
Armement: 17 schwere MGs, 4 leichte MGs et 6 leichte Minenwerfer
Ces effectifs comprennent tous les hommes également déjà récupérés chez les brancardiers, les téléphonistes, les coureurs et les équipages du train...
Le 29.7.18 allait devenir le jour d´honneur du II/KBRJR18 que le IIIB de Lorenz ZWICK seconda avec la plus loyale des camaraderies lors de l´avalanche de feu qui se déversa sur les deux bataillons et qui causera ensuite le quasi anéantissement du IB.
Les féroces combats qui vont avoir lieu à Beugneux du 29 juillet jusqu´au soir du 1er août 1918 seront le thème du prochain épisode de ce récit...À suivre sous peu...
Le 29.7.18 à 5 heures du mation, les pièces d´artillerie francaises et anglaises commencent à malmener les positions du II/KBRJR18 et le village de Beugneux. Un brouillard matinal et la fumée des explosions rendent les Bavarois aveugles. Le RJR234 flanquant le KBRJR18 sur son flanc droit confirme lui aussi un terrible bombardement sur ses propres lignes.
À 7 heures, le bombardement s´arrête et les Bavarois remarquent une fois la fumée dissipée, que l´ennemi s´est approché très près de leurs lignes à l´abri des nombreux champs de blé au devant des lignes. Les postes d´écoute ont été surpris et n´ont pas pu alarmer le bataillon. Les quelques nids de mitrailleuses légères de la 2MGK postés en avant ont été neutralisés, les hommes tués ou fait prisonniers.
Les contacts à droite avec le RJR234 et à gauche avec le KBRJR15 n´existent plus. Deux mitrailleuses lourdes postées sur la route Grand Rozoy-Beugneux ont été prises par encerclement et ne tirent plus.
Les restes du II/KBRJR18 se regroupent alors sur la hauteur au sud de Beugneux, sur une ligne ne dépassant pas une largeur de 100 m, en tout 48 hommes avec une mitrailleuse lourde et 5 légères. Les autres 76 hommes du bataillon ont été mis hors de combat dès les premières heures. Entre temps, l´ennemi avait réussi à pénétrer avec quelques sections et une mitrailleuse dans Beugneux, risquant de prendre les derniers défenseurs du II/KBRJR18 à revers. Par ailleurs, sur le flanc gauche, le KBRJR15 avait fléchi et abandonné ses premières lignes.
Les Anglais sont fermement décidés à enlever cette hauteur stratégique, l´écrasent d´obus et lancent plusieurs attaques qui restent toutes infructueuses à cause du feu nourri des mitrailleuses du IIB.
Les misérables restes du IIB semble perdus et sa destruction imminente...Mais c´est sans compter avec l´esprit de camaraderie des hommes du IIIB de ZWICK qui sont retranchés environ 800 m en arrière, sur la côte 205 au nord de Beugneux. Le chef du IIIB, Oberleutnant der Reserve Bandorf, accompagné de quelques coureurs, se rend dans les deuxièmes lignes pour exhorter ses hommes.
Ces derniers, accablés par la fatigue des derniers jours de combats dorment dans leurs trous individuels d´un sommeil profond, au mépris du bombardement sur les premières lignes. Les hommes sont réveillés à grands cris, hurlements et bourrades dans le dos.
Ce sont d´abord les servants des mitrailleuses lourdes qui sont réveillés. Apercevant les Anglais à 200-300 m devant leurs lignes, ces derniers sont pris sous un terrible feu et sont obligés de se replier de l´autre côté de la chaussée Grand Rozoy-Beugneux, laissant de nombreuses victimes sur le terrain. Tout le IIIB s´élance alors sur cette chaussée. Sur le flanc droit, les Anglais ont repoussé le RJR234 et les mitrailleuses de ZWICK sont obligées de tourner leur feu sur la droite pour empêcher un éventuel encerclement. Là aussi, les Anglais sont stoppés net.
Entre 11 et 13 heures, une contre offensive du 6. Garde Regiment repousse les Anglais de Beugneux, les mitrailleuses du II/KBRJR18 prenant les Anglais en fuite dans leur flanc. Le contact avec les II et III/KBRJR18 est enfin de nouveau établi, ces derniers cessant de former un îlot désespéré en pleine tempête. De 14 heures 30 à 18 heures, la hauteur est de nouveau pillonnée sans interruption. Le 30 juillet à 2 heures 30 du matin, le IIB est relevé par le IIIB de ZWICK. Sa position s´étend de la hauteur au sud de Beugneux, appuyée à la route allant vers Grand Rozoy, sur une longueur d´environ 1 km, occupée seulement par les restes épars du IIIB, soit 120 hommes et 8 officiers...100 mètres en avant de ces lignes, Francais et Anglais se cachent dans les très nombreux champs de blé . Pas un seul réseau de barbelés protège les premières lignes des Bavarois. Aucun homme ne ferme l´oeil dans la nuit du 29 an 30.7.18. Les MGs tirent à intervalles réguliers dans les champs de blé pour éviter une attaque par surprise. Peut-être grâce à ce feu permanent, Anglais et Francais n´osent pas attaquer pendant toute la journée du 30 juillet et concentrent encore plus de troupe en face des lignes allemandes.
Dans la nuit du 30 au 31 juillet, le IB relève le IIIB qui regagne la côte 205 au nord de Beugneux en deuxième ligne. La journée du 31.7.18 se déroule elle aussi, sans attaque. L´artillerie alliée continue cependant son pillonnage permanent des lignes allemandes.
Le 1er août, à 4 heures du matin, le bombardement se transforme en véritable feu roulant. La côte 205 qui avait le soir précédent encore l´aspect d´une prairie verdoyante avec quelques cratères disséminés ici et là, n´est plus à 5 heures du matin du 1er août qu´un désert terreux totalement bouleversé. Le I/KBRJR18 est en plein centre de cet ouragan de feu et de fer. Tous ses officiers sont blessés ou tués. 43 hommes sont tués et 50 autres blessés. Lorsque les Anglais et les Francais se lancent à l´assaut, le I/KBRJR18 a définitivement cessé d´exister. Le tour est maintenant au IIIB de ZWICK qui s´accroche désespérément à la côte 205.
La masse des assaillants se frayent un passage dans les blés presque aussi hauts que les assaillants eux-même, seules les têtes sont visibles. Les hommes du IIIB ne peuvent pas ouvrir le feu en position couchée, ils ne voient pas les attaquants. Les Bavarois sont donc obligés de se lever et font feu en direction des blés en prenant comme cible la tête des Anglais. Pendant ce temps, les mitrailleuses lourdes du IIIB arrivent à court de munition. Les Anglais sont maintenant presque dans les lignes des Bavarois. C´est alors que le Vizefeldwebel Hieber, un chef de section de la 12ème Cie, ordonne aux tireurs de ses deux dernières mitrailleuses légères de les lui positionner sur chacune de ses épaules pour prendre les Anglais sous un feu concentré.
Un des tireurs était le Gefreiter Kassl, cheminot dans le civil, le nom du second n´est pas resté gravé dans l´Histoire (Peut-être le Schütze Lorenz ZWICK? On ne le saura jamais). Les deux tireurs font feu jusqu´à ce que leur Vizefeldwebel ne peut plus supporter la chaleur des fûts qui brûlent ses épaules. Les Anglais arrêtés net, recommencent maintenant leur progression. Hieber découvre alors un fusil anti-char à proximité avec un grand nombre de munition. N´ayant encore jamais servi ce type d´arme, il fait feu sur les Anglais, chaque coup est un coup au but, les officiers anglais cravachent leur hommes pour les empêcher de battre en retraite. L´assaut est cependant brisé net. Peu à peu, les lignes du III/KBRJR18 sont renforcées par des survivants du IB, du KBRJR15, des isolés d´unités de la Garde, des brancardiers, des coureurs...Pendant toute cette matinée de combat, les Minenwerfer des I et III/KBRJR18 ont également largement contribué à stopper cette attaque anglaise.
Pendant que ces malheureux restes se réorganisent, les Bavarois apercoivent des signaux lumineux sur leur droite. Un regard dans les jumelles est sans appel...8 tanks francais ont ouvert une brèche sur le flanc droit du bataillon. Le feu des mitrailleuses bavaroises ricochent sur leur blindage, sans effet aucun. Les fusils anti-char n´ont plus de munition. Un officier courageux se met alors à courir sous les balles 300 m vers l´arrière, sachant qu´une batterie allemande est en position à cet endroit. Peu après, la dite batterie commandée par un jeune lieutenant maigrelet est amenée en position et ouvre un feu à vue extrêmement précis sur la colonne de tanks francais. Au bout de quelques minutes, les 8 chars sont en feu et les équipages sont capturés.
Peu de temps après, c´est sur le flanc gauche des restes du KBRJR18 que les Francais ont percé les lignes allemandes. Le II/KBRJR18 est envoyé avec les restes du KBRJR4 vers la ferme de Bucy le Bras. Les francais font tout leur possible pour contourner par le village de Servenay le IIIB de ZWICK encore en place sur la côte 205. Vers midi, ce 1er août 1918, le II/KBRJR18 bloque une nouvelle fois l´avancée des Francais, ses effectifs et celui du IIIB de ZWICK continuant à fondre comme neige au soleil par le bombardement incessant de l´artillerie alliée.
À 16 heures, les restes des deux bataillons recoivent l´ordre d´abandonner leurs positions à minuit, sans se faire remarquer par l´ennemi, ce qui se produisit sans encombres. Les restes du KBRJR18 furent mis en marche vers Arcy, Cuixy, Limé, Cersenil en direction de la vallée de la Vesle.
Le journal de marche du KBRJR18 recense au 2.8.18 les effectifs du régiment comme suit:
I/18: 3 officiers et 31 hommes
II/18: 7 officiers et 84 hommes
III/18: 6 officier et 96 hommes
Seules 4 mitrailleuses lourdes et 9 mitrailleuses légères sont encore disponibles...
Un régiment comportant en temps "normal" environ 2800 hommes n´en dénombre maintenant plus qu´à peine plus de 200....Et Lorenz ZWICK fait encore partie de ces rescapés, n´ayant miraculeusement recu aucune égratignure....
Ces hommes poursuivent leur retraite vers Courcelles, Moussy, Braye et dépassent Laon le 2 août au soir.
Du 4 au 12 août, les restes des deux bataillons bivouaquent à Bucy les Cerny. Le 12 août, les restes du IIIB de ZWICK sont mis en marche vers Guise et Bousies.
Jusqu´au 30.8.18: repos à Bousies..
Le nombre des recrues d´Ersatz est tellement réduit que chaque bataillon ne peut plus former que 3 compagnies dotées chacune de 8 mitrailleuses légères.
Le 30.8.18, le KBRJR18 est embarqué à la gare du Quesnoy pour Mont Saint Remy, via Maubeuge, Charleville, Rethel et Juniville. Le régiment doit relever le JR426 au sud de Somme Py. Les nouvelles positions sont très bien fortifiées et en très bon état, le terrain descendant tout doucement vers les lignes ennemies.
La grande partie du mois de septembre se passe sous le signe de nombreuses patrouilles et contre-patrouilles, accompagnées par de fréquents bombardement d´artillerie sporadiques ne durant pas très longtemps.
Les interrogatoires de prisonniers francais semblent confirmer unisono qu´une attaque d´envergure appuyée par des tanks sera déclenchée le 25 septembre après un pillonnage d´artillerie de 4 heures. De ce fait, l´état-major allemand place une division supplémentaire (7. ID) à la droite de la KB Ersatz Division, entre cette dernière et la 200 ID. Le manque de place dans ce secteur oblige les Allemands à enfreindre la règle qu´ils avaient depuis longtemps appliquée pendant la guerre de position, à savoir de ne jamais masser trop d´effectifs dans les premières lignes, ceci afin de minimiser les pertes lors des bombardement d´artillerie.
Le 25 au matin, le secteur reste totalement calme, aucun signe d´attaque francaise. Les troupes de réserve sont renvoyées vers l´arrière, dans les abris de l´artillerie. Une nouvelle rumeur propage alors de nouveau que les Francais vont débuter leur attaque le lendemain, 26 septembre. Les troupes de réserve sont de nouveau amenées vers l´avant, encombrant totalement les tranchées et boyaux de seconde ligne, le nombre d´abris pouvant offrir une bonne protection étant totalement insuffisant...
Dans la nuit du 25 au 26 septembre, vers minuit, les Francais ouvrent un feu terrible sur toutes les positions allemandes encombrées d´hommes, un feu qui dure jusqu´à 7 heures 30, lorsque les premières vagues francaises se lancent à l´attaque. Les pertes dans les tranchées dûes au bombardement sont énormes. Le régiment voisin du KBRJR18 est totalement enfoncé, les Francais parviennent jusqu´à la chaussée Somme Py-Tahure et commencent à prendre le KBRJR18 à revers. Les premières et secondes lignes tenues par les I et II/KBRJR18 résistent héroiquement un certain temps, mais prises sous un feu venant de l´arrière, leur flanc gauche commence à céder sous la pression francaise et les deux bataillons sont totalement submergés. C´est maintenant au tour du IIIB de ZWICK qui occupe les troisièmes lignes de subir le choc de l´attaque, vers midi. De nombreux îlots de résistance se forment et tirent dans le dos des francais qui les dépassent, emportés par un gigantesque élan. Vers 16 heures, les Francais ont déjà atteint l´artillerie de la division d´Ersatz bavaroise et on capturé servants et batteries. Loin en avant, le tactac des mitrailleuses du III/KBRJR18 sont encore percues dans le paysage lunaire... Les IB et IIB ont été totalement anéantis, ils n´existent plus. Les rares survivants ont été faits prisonnier. Parmi les îlots de résistance du IIIB de ZWICK, seuls quelques très rares rescapés, à bout de munition, arrivent à se frayer un chemin vers l´arrière, traversant les lignes francaises, dans la nuit du 26 au 27 septembre. Lorenz ZWICK fait partie de ces quelques valeureux.
Dans cette même nuit, les restes des KBRJR18, KBRJR4 et KBRJR15 sont fusionnés et recoivent le nom de Regiment Bauerschmitt. Il sont retirés à la ferme Médéah lors de la journée du 28 septembre. Vers 15 heures, le Major Amthor recoit le commandement sur ces quelques hommes. À 17 heures, ce régiment squelettique composé de 115 hommes et 11 officiers est renvoyé dans les nouvelles premières lignes, dans un secteur de la chaussée de Somme Py près de la côte 186. Les derniers hommes provenant du KBRJR18 forment les effectifs suivants au sein de cette unité fantôme: 4 officiers, un suppléant d´officier, 4 Vizefeldwebel, 8 Unteroffiziere et 41 hommes, dont Lorenz ZWICK, soit 58 hommes en tout...
Grâce à l´arrivée de deux nouvelles divisions (51 et 199 ID), l´attaque francaise est enfin stoppée et 21 tanks francais détruits.
Le groupuscule est retiré de la ligne de front le 29.09 à 15 heures et est cantonné dans les baraques du camp militaire de Semide.
Le 30 septembre, les hommes sont réarmés et forment le IIIB du "Regiment Amthor", le bataillon "Daser". Ce bataillon dispose de deux mitrailleuses lourdes, de 5 légères, d´un Minenwerfer et de deux fusils anti-char. L´effectif de ce bataillon est maintenant d´environ 157 hommes, 100 hommes ayant été recrutés au sein de troupes jusqu´à présent non combattantes ( train des équipages, artisans, cuisiniers, téléphonistes, etc.). Seuls les conducteurs, les pères de famille nombreuse et les derniers fils survivant d´une famille sont épargnés.
À 15 heures, ce "Bataillon Daser" est envoyé en première ligne sous les ordres de l´Oberleutnant Bandorf à l´ouest de la "Côte Médéah" sur la route principale menant à Somme Py. Les Francais lancent des attaques sporadiques dans ce secteur mais les MGs du Bataillon Daser les repoussent toutes.
Le lendemain, le 1er octobre, les mitrailleuses du Bataillon Daser maintenant dénommé "Bataillon Bandorf" sont envoyées d´urgence sur la côte 194, un peu plus au sud-est, pour prêter main forte aux restes de la 23ème KB Infanterie Brigade en proie à de nouveaux assauts francais, en attendant que la 203 ID viennent définitivement renforcer ce secteur. Là aussi, les dernières mitrailleuses du KBRJR18 sauvent la mise grâce à leurs feux concentrés.
À 17 heures 30, le I/JR409 relève enfin le Bataillon Bandorf, ce dernier ne comportant plus qu´un effectif d´une faible compagnie. L´ange gardien de Lorenz ZWICK continue à veiller sur lui car il fait encore partie de ce groupuscule, toujours sans aucune égratignure...Les hommes sont envoyés au repos et traversent Saint Étienne-Machault pour rejoindre les baraques du Gottorplager.
Le 2.10.18, le Regiment Amthor est dissous et le Bataillon Bandorf (restes du KBRJR18) est envoyé en repos à Alland´huy pour une journée. Il est ensuite aussitôt recomplété avec des recrues jusqu´alors non combattantes et réquisitionnées dans moultes micro-unités n´ayant jamais vu le front. Son effectif est maintenant de 450 hommes. Pendant ces premières journées d´octobre, les exercices militaires sont à l´ordre du jour pour aguerrir les nouvelles recrues...
Le 5.10.18 à 20 heures, l´ordre de dissolution du KBRJR 18 est donné... Ce régiment de réserve bavarois a officiellement cessé d´exister, avec un effectif de 2137 camarades tombés au combat et 144 morts de maladie en presque 4 années de guerre.
Les 3 bataillons de l´ex Regiment Amthor sont mis en marche sur Rethel. Le IB est intégré au KBJR30, le IIB au II/KBJR31 et le IIIB de ZWICK au III/KBJR32.
Suite au prochain et dernier épisode relatant les tout derniers combats de Lorenz ZWICK au sein du III/KBJR32 et sa longue marche vers son foyer bavarois.
Rheinbaben