Le « Schütze » HAULER trahi (e) par… ses pieds...

Fille d’un officier autrichien tombé au front, Senta Maria Hauler œuvra dès août 1914 dans différents hôpitaux militaires.

A l’automne 1917, elle est traductrice d’italien dans un régiment d’infanterie autrichien, puis affectée au 1er Bataillon de Chasseurs de Montagne Wurtembergeois de l’« Alpenkorps », toujours en qualité de traductrice. C'est à ce moment qu'elle décide de se faire passer pour un homme et change son nom en «Wolf Hauler»...

Elle/il apparait dans les effectifs de la compagnie de transmission à partir du novembre 1917* et participe dès lors aux patrouilles, reconnaissances voire aux combats: gravement contaminée par les gaz en décembre, elle échappe de peu à la mort et est même décorée de l’ordre du mérite militaire du Wurtemberg… Mais la rumeur la rattrape et un officier sanitaire lui demande un jour de lui montrer ses pieds, ce qui confirmera son appartenance à la gente féminine... Le « Schütze » Wolf Hauler redevint dès lors Senta Maria Hauler et dû quitter l’armée en mai 1918, malgré une ultime requête adressée auprès du Major Sproesser chef de corps du WGB.

Ainsi s’acheva la carrière militaire de l’unique femme à avoir fait partie d’une unité combattante allemande durant la Grande Guerre…

*Son dossier militaire est conservé aux archives militaires wurtembergeoises.

Salut Thierry,

Intéressante (et amusante) histoire.
Mais ce ne sont tout de même pas les pieds qui font la principale différence entre les femmes et les hommes
Rien que sur la photo, on soupçonne un visage féminin. Aurait-t-elle été "cachée" par ses camarades ?

Sais-tu ce qu'elle est devenue après guerre ?

Amicalement,

Steph

Bonjour Stephan,

Merci pour ton (unique) intervention...

Selon les textes dont je me suis inspiré pour écrire ce post, la "rumeur" que quelque chose "ne collait pas avec Schütze Hauler" courait depuis un moment... Et c'est le médecin qui à découvert le "pot aux roses" en ordonnant cette inspection des pieds, tout en évitant à tous deux un examen corporel aussi délicat qu'inaproprié...

Senta Maria Hauler eut après guerre, une vie tout aussi hors du commun puisqu'elle épousa un diplomate japonais qu'elle suivit dans son pays. Sa trace se perd là-bas lors de la seconde guerre mondiale...

Jasta a écrit:

Et c'est le médecin qui à découvert le "pot aux roses" en ordonnant cette inspection des pieds, tout en évitant à tous deux un examen corporel aussi délicat qu’inapproprié...

Ouéhhh... Il a quand même pris son pied... avec cette gonzesse...


Merci pour cette anecdote... qui ne semble pas attirer nos mâles-heureux.

Salut Thierry,

Merci pour ces précisions et pour le partage, c'est le genre d'anecdote que j'aime bien.


Steph

Bonjour à tous, je suis également très friand de ce genre d'anecdote En voici une. Alain  

P.C. le 17 Juin 1918
46 ° DIVISION
ETAT-MAJOR
3° Bureau COMPTE-RENDU SOMMAIRE d'INTERROGATOIRE   d'un OFFICIER  PRISONNIER du 93° R.I. (8°D.I.) CAPTURÉ le 17 JUIN 1918, à 4 heures  dans le QUARTIER du SCOTTISH  WOOD, par des CHASSEURS du 7°  B.C.A.

1° IDENTITÉ .-
Knebel, Karl, 34 ans, Instituteur,  S/Lieutenant commandant la 2° Cie du  93°R.I. (8°Division)
2° CIRCONSTANCES de la CAPTURE. 
Le S/Lieutenant Knebel a été  capturé le 17 juin 1918 à 4 heures du matin dans le secteur du Scottish Wood.  Avec lui se trouvait une jeune femme  française des pays envahis déguisée en  soldat allemand. Cet officier, si ses dires sont exacts,  aurait quitté Halluin le 15 Juin pour  rejoindre sa compagnie, emmenant avec lui la jeune femme en question. Il passa la journée du 16 avec elle à Wervick et vers 23 heures se dirigea vers la position de sa compagnie,  toujours suivi de la jeune femme.  Comme elle portait par dessus ses vêtements un uniforme boche, ils traversèrent sans difficulté les positions allemandes, mais gênés par nos tirs, et plus particulièrement par ceux à obus toxiques, bien que l'un et l'autre aient  mis un masque; ils se seraient égarés, et après avoir erré jusque vers 4 heures, ils s'aperçurent tout à coup qu'ils étaient devant les lignes françaises. L’officier allemand dit alors à la jeune femme de crier : " je suis Française" .  Ces cris furent entendus de la tranchée  Teillon par des chasseurs du 7° B.C.A. qui firent prisonniers l'officier et la jeune  femme.
La jeune femme, interrogée, a déclaré  que, devant être séparée de sa famille et envoyée dans les Ardennes pour des  travaux agricoles, elle avait pris ce  moyen pour essayer de revenir en  France.

3 ° ORDRE DE BATAILLE .- Confirmé .
Le 93° et le 153°, ont chacun un bataillon à 4 Cies en I ère ligne . Des  papiers trouvés sur le cadavre d'un  soldat allemand du 153° R.I., 10° Cie,  tué au S-E. du Kleinvierstraat ce matin à  3 heures, confirme d’autre part la présence du 153° au Nord du 93° (voir C.R. de la 46° D.I. du 17 Juin).
4° INTENTIONS DE L’ENNEMI . -
Le P.G. ne croit pas à une attaque de  la part de l’ennemi. Il donne son  régiment comme très affaibli (long séjour en I ère ligne et pertes). - Il est très probable qu'une relève du Bataillon  et peut-être de la 12°D.I. aura lieu jeudi  prochain, 20 Juin .
Le Général LEVI Cdt la 46° Division
Source : Duchêne-Marullaz

Bonjour et merci pour cet épisode de la guerre qui m'était inconnu.

J'en ai profité pour scanner un cliché d'une femme immortalisé à Dresde.
Elle arbore l'uniforme d'un artilleur saxon et semble même porter à son doigt une bague à croix de fer.




Bonne journée.
Cdlt.