La selle d'artillerie modèle 1861.
Sacoches et bissac.
Harnachements d'attelage.
photographie de "pierre 123" :
post de "Bothrops atrox" :
La selle modèle
1861 de l'artillerie connaitra une longévité exceptionnelle puisque, directement issue du modèle adopté en
1831, elle sera encore en service lors de la deuxième guerre mondiale !
Voici ce qu'écrit
Jules JACOULET dans le tome 2 de son "
Traité d'hippologie" en 1895/1900, dans un rapide tour d'horizon consacré aux selles en service dans l'Armée française à la fin du 19ème siècle :
Les diverses modifications et améliorations du modèle de 1831 qui aboutiront au modèle 1861 sont énumérées (et, décrites) dans l'ouvrage du
Capitaine Cogent sur le harnachement ("
Manuel du harnachement à l'usage des troupes à cheval" de 1856).
selle d'artillerie modèle
1831 :
Arçon d'artillerie modèle
1853. Les panneaux sont plus courts que le prolongement des bandes :
post de "pierre 123" :
Voici une selle d'artillerie probablement antérieure au modèle classique connu.
Présence de
trousses étriers.
Date probable de fabrication.
Détail du pommeau.
En situation
post de "héritier" :
Intéressante trouvaille, mais il faut "virer " au plus vite la sangle et les étriers pour mettre une sangle en ficelle dite "mexicaine" (24 ficelles) et des étriers souvent appelés Mle 45 mais qui sont beaucoup plus anciens. (1816?)
Cette selle avec ses trousse étriers est souvent représentée sur les manuels Lavauzelle du début du siècle . On y accrochait entre autres la corde à fourrage roulée en anneau de bivouac
post de "Bothrops atrox" :
- héritier a écrit:
- Bonjour ,
Intéressante trouvaille, mais il faut "virer " au plus vite la sangle et les étriers pour mettre une sangle en ficelle dite "mexicaine" (24 ficelles) et des étriers souvent appelés Mle 45 mais qui sont beaucoup plus anciens. (1816?)
Cette selle avec ses trousse étriers est souvent représentée sur les manuels Lavauzelle du début du siècle . On y accrochait entre autres la corde à fourrage roulée en anneau de bivouac
Pour illustrer le propos de "héritier" concernant l'anneau de bivouac, adopté, pour l'artillerie, en 1888, voici un schéma extrait d'un manuel du train des équipages militaires daté de 1903 :
le texte de 1888 :
L'anneau confectionné :
Effectivement, une selle présentant ces caractères "archaïques", trousse-étriers et crampon de dragonne, remplacé plus tard (1903/1906) par un dé de pommeau, devrait posséder des étriers "du modèle général", comme les dénomment les textes officiels... Étriers
1845, mais qui existent, effectivement, depuis
1818 !
Comme je l'ai dit à pierre123 en mp, je dispose des
planches de construction originales de ce harnachement de
1887/1888, avec quelques
modificatifs ultérieurs, vers
1903/1906.
Une de mes selles d'artillerie avec de "bons" étriers, vernis noirs :
Les étriers "
1874" et leurs dérivés équiperont quand même ces selles d'artillerie au début du 20ème siècle et au cours du conflit, aménagés pour le démontage des crampons, d'une largeur supérieure à ceux de la cavalerie, etc...
Pour ce qui est des fameux "manuels à l'usage des diverses catégories de gradés", ils sont souvent truffés d'ânerie parce-que réédités identiques à leur première édition, sans relecture ni mise à jour et comportant, de ce fait, des éléments dépassés, comme, par exemple, les trousse-étriers et, surtout, un crampon de dragonne dans les années 1930 !
voici des étriers "1845" ou du "
modèle général" :
ils ont pu, eux aussi, être aménagés pour le démontage des crampons :
Voici, pour pierre123... et pour les autres, bien sur
, quelques clichés rapidement réalisés avec mon téléphone, tirés de cet ensemble de documents :
l'ancien crampon de dragonne (tout en bas, à droite) :
le dé de pommeau qui le remplace :
toutes les boucles sont en fer et parfaitement classées :
Un autre document daté de
1888 :
Voici un de mes autres ensembles d'artillerie. Les étriers sont, de façon tout à fait normale, du modèle 1874, avec ces particularités quasiment imperceptibles que je n'ai constatées que sur les harnachements d'artillerie. En effet, ils paraissent plus larges que ceux de la cavalerie et leurs branches se raccordent à la semelle de façon plus "rectangulaire", moins arrondie. Un autre détail, encore plus subjectif, est la sensation, l'impression de "dureté", que laisse l'acier dont ils sont faits, lors de leur manipulation.
L'allure particulière de ces étriers est, très certainement, en relation avec le port des lourds brodequins visibles à l'étage du dessous...?
gros plan sur les étriers :
le boucleteau porte-sabre et sa plaque de frottement :
en ce qui concerne les étriers je dispose de quelques documents qui mènent à la piste d' "étriers modèle 1892" :
- en premier lieu, les étriers "1845" figurant sur les planches de construction en ma possession ont été raturés (de même que la sangle en ficelle), comme tous les éléments modifiés postérieurement à 1887 :
- je n'ai trouvé, sur le site de "Gallica" qu'une seule référence à un "
étrier modèle 1892" qui pourrait bien être le modèle 1874 attribué à l'artillerie :
à creuser, donc...
PS : il faut noter qu'à cette date du 4 avril 1903, la sangle est EN TRESSE !
Concernant les vernis, et compte tenu du fait que certains étaient appliqués sur les mors et embouchures, je ne crois pas à l'emploi des métaux lourds. Les générations qui nous ont précédés possédaient de réelles compétences et de solides connaissances... Ce n'est que tardivement (fin du 20ème s., début du 21ème ) que le QI de la population générale s'est considérablement détérioré, et je ne parle pas de celui des chevaux atteints de saturnisme ou d'hydrargyrisme
!
Donc, concernant les vernis "noirs", en dehors du vernis au copal, bien connu des amateurs des casques à crinières, j'ai lu que l'on rajoutait au vernis blanc, pour les obtenir, du
noir de fumée ou du
noir d'ivoire...
Pour en revenir aux étriers, ce document daté de
1903 (édité en 1904), montre des étriers "1874" et une sangle en tresse :
tout ceci confirmé par d'autres documents ultérieurs, comme celui-ci de 1910/1915 :
Les trousse-étriers sont toujours représentés et le document de 1903 montre la présence du fameux crampon de dragonne qui a disparu sur celui de 1910/1915...
Il semblerait qu'après guerre une version simplifiée (pour ne pas dire allégée) de ce harnachement ait vu le jour. L'exemplaire le plus ancien que j'ai pu observer jusqu'à présent est une selle réceptionnée en 1920, vendue récemment sur le net.
Je possède deux selles de ce type dont celle-ci, réceptionnée en 1933 :
la date de réception :
l'indication de taille :
le fabricant :
Le détail qui apparait d'emblée évident est la disparition du jonc de laiton bordant l'arrière du troussequin.
Il existe des sacoches "allégées", notamment du fait de la suppression des poches à fers, dont l'apparition semble concomitante et faire partie d'un programme d'allègement de ce harnachement...
-
Sacoches et bissac.post de "bourru14" :
Voici ma dernière trouvaille une paire de sacoches d'artillerie
Vue côté poches à fers, les sacoches se placent sur la selle ouvertures des poches à fers vers l'avant :
Vue côté cavalier :
Vue des entrées des poches à fers
Détails des marquages :
C'est le Mle artillerie, cependant le marquage me fais penser au train qui était équipé du même modèle.
post de "Bothrops atrox" :
indication de taille. Emplacement habituel.
L'histoire résumée de ces sacoches :
tirée de ceci :
Ces sacoches ont été sans cesse modifiées au cours du temps pour les adapter aux évolutions des équipements et des modes de paquetage.
Lorsqu'on prête un peu d'attention aux schémas les représentant dans les manuels d'instruction, on constate que certains détails diffèrent en fonction des périodes considérées. Il en va ainsi de la passe postérieure de courroie de charge et de la chape inférieure de sacoche. Leur absence semble coïncider avec certaines différences existant entre les sellettes de sous-verge.
Ainsi, la passe de courroie de charge n'est pas représentée sur ces schémas datant de 1888 et de 1904 :
Pas plus que la chape inférieure de sacoche.
Les sellettes de sous-verge représentées parallèlement à ces sacoches sont dépourvues de courroie de brèlage de sacoches.
Il semble qu'elle ne soient destinées qu'au port des poches à fers spécifiques.
Ce qu'attestent non seulement le texte qui accompagne le schéma, mais aussi, les diverses illustrations qui suivent :
ne sont portées par les sellettes que des poches à fers comme celles-ci :
extrait des tables de construction de 1887 :
Au cours des années qui suivront, le port des sacoches sur les sellettes de sous-verge fait son apparition, en même temps que les illustrations des manuels s'enrichissent de passes de courroies de charge et de chapes inférieures de sacoches.
Tirée d'un document de 1912, une description intéressante de la fixation des sacoches sur la sellette de sous-verge fait, tout à la fois, état de la "passe cousue sous le chapelet", destinée à la courroie de charge, ainsi que de la courroie de brèlage de la sellette destinée à la chape inférieure de sacoche, "anti ballotement" :
-
Sacoches "allégées" :
voici des photographies comparatives de sacoches "classiques" et de sacoches "allégées" qui semblent constituer le complément des selles d'après, et de l'entre-deux guerres.
La caractéristique essentielle est que ces sacoches sont dépourvues de poches à fers mais possèdent la chape inférieure "anti-ballottement" pour leur fixation à la sellette de sous verge :
entrée des poches à fers sur le modèle "classique", et présence du dé de longe sur les deux modèles de sacoches :
dessus des sacoches "allégées" :
chape inférieure de sacoche sur ces dernières :
bissac :
voici une description de ce bissac en 1880/1882 :
Le
2 février 1888, le Ministre de la guerre ordonne que le sabre soit porté à la selle dans les services à cheval de l'artillerie et du train des équipages :
à la même date est prescrite cette modification du bissac, permettant le passage du boucleteau porte-sabre :
- En
1902, puis en
1906, certains de ces bissacs seront dissociés en 2 sacs d'homme monté.
en 1902, suivant ce schéma :
en 1906, de la manière suivante :
photographies d'un post de "POMERLOT", d'un bissac ainsi transformé :
post de "Bothrops atrox" :
La couverturemodèle
1873, carrée, à bandes jaunes, mesurant 1,45 m sur 1,45 m
en un même lot, le troussequin de la selle, le bissac en situation, de même que la sacoche de maréchal ferrant, et la couverture (celle-ci est datée de
1877) :
une autre, datée
1907, sous une selle d'officier à palette,
sous laquelle elle n'a rien à faire :
-
collection de "lari 90" :
-
Bride du cheval de selle (artillerie, train et génie)Le mors courbe est attribué à l'artillerie le
5 mai 1857, avec bossettes "aux canons croisés et à la grenade" :
Et au train le
10 aout 1857, les bossettes étant seulement timbrées d'une grenade :
Le
6 décembre 1905, il est décidé que les bossettes des mors comporteront uniquement l'empreinte de l'artillerie, quelque soit l'affectation du mors de bride, artillerie ou train :
Table de construction datée de
1906 :
Les bossettes des mors de bride du génie sont timbrées du symbole de l'arme (ou du service, je ne me souviens plus...)
- mors d'artillerie et mors du train :
-mors du train :
- mors d'artillerie avec crochet de gourmette spécial :
- mors du génie :
- têtière de bride du train :
Sur cette illustration due à Edouard Detaille en 1885/86, la garniture de tête est, apparemment, encore du modèle 1861, avec mors de filet à clavettes engagées dans les carrés du licol et dans la passe en cuir cousue sur le montant de celui-ci :
Le fouet de la rêne de bride, supprimé, pour la cavalerie, en 1886, est, ici, bien visible (de même que l'extrémité du fouet de conducteur d'attelage, du côté montoir, et, peut-être, le manche sur l'encolure du cheval, côté hors-montoir ?! Flèches rouges).
-
Fouet de conducteur d'attelage :
attribué à tout soldat conduisant un attelage, on le retrouve, souvent très précisément, décrit dans les textes officiels concernant l'artillerie et le train des équipages militaires, mais aussi la cavalerie...
Le texte le plus ancien dont je dispose est daté de 1835 et comporte un développement intéressant concernant l'utilisation du fouet et de la longe dans l'attelage "à la Daumont" par le "postillon" :
Ce fouet est très bien représenté dans les œuvres du peintre de Molzheim, comme en témoignent les illustrations suivantes :
-
Placer le fouet :
Le schéma suivant est celui du harnachement
1854 d'un
sous-verge, ne disposant pas de l'équivalent pour un porteur.
Il est uniquement destiné à illustrer l'emplacement du fouet de conducteur sur le collier du porteur.
-
Algérie - 1846 :
en noir et blanc :
- encore un
conducteur de mulet :
-
Troisième république, vers 1876 - Train des équipages :
J'ai indiqué par une flèche l'anneau du collier dans lequel il convient de placer le fouet :
- Le
nombre des nœuds varie de trois à cinq, en fonction des époques, comme en témoignent les documents qui suivent :
cinq dans ce document de
1846 :
trois dans celui-ci, de
1854 :
et en
1860 :
puis, à nouveau,
quatre en
1863 :
Enfin, il est de
trois dans la
description des uniformes de la cavalerie de 1899 :
-
collection de "balain" :
-
collection de "Bothrops atrox" :
L'utilisation bruyante faite de ce fouet par les conducteurs d'attelage lui vaudra le surnom évocateur de "
carabine" :
Extrait de la "
revue d'artillerie" de
1904 :
Une précision concernant la place de ce fouet telle qu'elle est définie au niveau du harnachement du porteur ; le
collier à attelles du harnais modèle
1854 sera remplacé,
pour l'artillerie, par la
bricole, en 1858 (
9 aout 1858).
Pour le train des équipages, ce remplacement se fera plus tardivement ; ceci explique que la peinture de de Molzheim mise en ligne un peu plus haut, bien que datant de 1876, représente un collier à attelles.
- Les
COLLIERS D'ATTACHE.
Les manuels distinguent deux modèles distincts, l'un faisant partie de la garniture de tête des chevaux d'artillerie modèle 1874, l'autre, qui semble d'existence plus ancienne' destiné aux mulets.
-
Collier d'attache de la garniture de tête modèle 1874 :
il est ainsi décrit dans un aide-mémoire destiné aux officiers d'artillerie, daté de 1880 :
ainsi représenté dans les manuels d'instruction :
le
membre "pierre 123" m'a, fort aimablement, fourni des photographies détaillées d'un collier d'attache modèle 1874 lui appartenant.
Ce collier me parait être conforme à la description précédemment mise en ligne :
Il se ferme par un contre-sanglon pivotant autour d'une chape à rouleau reposant sur une sous-boucle, il possède le touret de collier massif caractéristique du modèle et un feutre ployé en deux dans le sens de la longueur (un peu à la manière d'une sangle portefeuille), principales caractéristiques de ce modèle qui le font se différencier de celui que je vais vous présenter ci-après.
Notons qu'il existe un modèle destiné au
harnachement des chevaux d'officiers d'artillerie décrit le
24 aout 1875. Chape à rouleau et boucle du blanchet sont en cuivre poli, tandis que le touret est en fer poli :
-
un modèle que je ne parviens pas à identifier précisément :
sur la photographie prise par "
pierre 123", il s'agit de celui du bas :
Je possède deux exemplaires du même modèle dont le système d'attache rappelle celui du collier pour mulets, sans en être, véritablement.
La construction de ce collier fait l'économie de la chape à rouleau et le feutre est en une seule partie et n'est pas plié sur sa longueur.
Voici quelques photographies des colliers m'appartenant :
-
Collier d'attache pour mulet :
il présente quelques différences notables avec le collier d'attache pour chevaux :
- situé plus bas sur l'encolure de l'animal, cette situation rend impossible une alliance avec la têtière. Cet élément (l'alliance) est donc absent sur le collier pour mulets.
- Le touret de collier pivotant est remplacé par un simple anneau en "fil de fer" de 6mm, engagé entre le blanchet et le corps du collier.
- la fermeture s'effectue directement par l'intermédiaire d'une boucle à rouleau et d'un contresanglon, sans chape à rouleau intermédiaire.
Voici une description détaillée de ce collier :
Représenté par le peintre
de Moltzheim, ce collier en situation, une partie d'une gravure dont je ne me lasse pas !
cette gravure, en couleur, est fidèle à la description postée plus haut, à la nature des cuirs employés près ; cuir hongroyé et cuir de bœuf au suif, se distinguant l'un et l'autre par leur couleur.
Pour apporter un éclairage technique à ces propos, voici un passage d'un aide-mémoire destiné aux officiers d'artillerie :
En ce qui concerne le collier qui me pose problème, je pense tenir un début de piste qui ferait de celui-ci une production contemporaine de la 2ème GM ou après.
Cette photographie de l'ECPA qui me semble dater de la 2ème GM, voire après, montre, je crois, outre des casques modèle 1926 (l'insigne est toujours celui de 1915 et pas encore la rondache modèle 1937), un PM schmeisser 1940 (ou une sten? je ne suis pas un spécialiste en armement 2ème GM, allemand, de surcroît) :
j'ai entouré en rouge le touret pivotant de collier, plus spécifique du harnachement des chevaux que de celui des mulets. La longe en chaine semble, aussi, être du modèle destiné au harnachement des chevaux :
S'agit-il d'un modèle tardif pour mulets ? D'un modèle "passe-partout" destiné aux mulets et aux chevaux, ce qui justifierait la présence de l'alliance au dessus de tête ?
Pour terminer (temporairement) sur le sujet des colliers d'attache :
Le touret du collier de la garniture de tête modèle 1874 pour chevaux et sa représentation cotée des tables de construction de 1887 :
Le touret de collier, bien visible sur cette gravure d'Edouard Detaille :