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 Baptème du feu

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3 participants
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Thélu




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Localisation : Pas de Calais
Date d'inscription : 24/04/2009

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MessageSujet: Baptème du feu   Baptème du feu EmptyJeu 15 Aoû 2024 - 9:08

Bonjour à tous,

Dinant 15 août 1914, baptème du feu pour mon grand-père Julien Houbart 10ème Cie 33ème R.I.

Baptème du feu Captur15

Rapport de la 10ème Cie après l’affaire de Dinant

A 5 heures, entrons à Dinant pour prendre position.
A 5 heures 30, les canons Allemands commencent à bombarder la ville, ayant comme objectif le passage à niveau et le pont de la Meuse. Notre compagnie traverse au pas de course ces différents points balayés par la mitrailleuse ennemie.
A 7 heures 00, les sections sont placées en barrage aux rues conduisant au pont.
A 7 heures 30, nous grimpons au fort où les balles nous accueillent. Arrivés au fort, nous constatons que l’ennemi est de beaucoup supérieur à notre poignée d’hommes, de tous côtés pleuvent les balles.
La ½ section Paladre est envoyée  en avant du fort face à l’ennemi.
L’adjudant Parard avec une poignée de bons tireurs à gauche de la grosse tourelle.
La 8ème ½ section commandée par le sous-lieutenant Allard est envoyée sur le chemin conduisant à la ville et d’où l’on aperçoit une compagnie aux prises avec l’ennemi le long de la Meuse.
Des hommes sont placés par le sergent Boubert, de ce côté, pour défendre ce chemin facile à franchir.
Il reste ainsi jusqu’à la sonnerie de l’assaut.
La 3ème section protège la droite du fort.
La 1ère section commandait par le sous-lieutenant Dessaint est placée sur la grosse tour pour arrêter l’ennemi au cas où il parviendrait à se glisser par là.
Les obus, les balles pleuvent de toute part, la situation est intenable, l’ennemi se trouvant à 20 mètres de nous. Nous faisons rentrer les quelques hommes qui restent encore debout pour préparer l’assaut. L’adjudant Parard, malgré la situation critique continue à tirer, l’ordre de charger est donné, courageusement nous nous élançons de trois côtés pour arrêter l’élan de l’ennemi. Malheureusement notre arrivée est saluée par les mitrailleuses allemandes qui ont de bonnes positions et sont à 15 – 20 mètres de nous. Force m’est donnée de battre en retraite, ce qui est fait au milieu d’une grêle de projectiles.
Quoique cela, personne ne perd la tête et chacun redescend du fort pour se rallier à leurs chefs.
Malheureusement beaucoup d’entre eux ont disparu, morts ou blessés au champ d’honneur.

Extrait du rapport du Cdt Grasse commandant le 3ème Btn du 33ème R.I.

COMBAT DE DINANT  15 AOUT 1914

Engagement des 10ème  et 12ème Compagnie

Le 3ème bataillon était arrivé à Dinant dans la nuit du 14 au 15 août et avait été ainsi disposé: 9ème compagnie et 3ème section de mitrailleuse au pont de Bouvignes, déjà tenue par une compagnie du 148ème R.I.
12ème compagnie à la gare, près du passage à niveau.
10ème et 11ème compagnie sur le route de Dinant à Onhaye à 7 ou 800 mètres de la gare.
4 heures 15
Ordre est donné au commandant du 3ème bataillon de détacher un peloton à la citadelle de Dinant pour renforcer la section du 148ème qui s’y trouvait déjà. Un peloton sur le mamelon au Nord de la grand route de Dinant à Sorinne. Ces éléments ayant pour mission d ‘assurer un déboucher éventuel sur la rive  droite de la Meuse et de tenir coûte que coûte.

4 heures 30
Le premier peloton de la 12ème compagnie sous les ordres du Lieutenant THUILLIER se porte vers le mamelon. Le 2ème peloton sous les ordres du Capitaine vers la citadelle par l’escalier.

1er peloton.
A peine le premier peloton atteignant les crêtes du mamelon qui lui avait été indiqué qu’il était assailli par une grêle de balles partant du Nord et surtout du Nord Est, direction dans laquelle se trouvait une maison de briques. L’ennemi était totalement invisible et sans doute retranché dans la maison et dans un champ d’avoine situé à courte distance de la crête où était la section de droite du peloton. Surpris et mis en désordre ce peloton est bientôt attaqué par une épaisse ligne de tirailleurs  surgissant des avoines à environ 100 mètres de lui. A ce moment le Lieutenant THUILLIER  donne l’ordre de combattre en retraite vers la ville, mais il est blessé presque aussitôt. Le Sergent Major DERAUX prend le commandement et réussit à ramener environ 60 hommes que suit la 10ème compagnie montant au fort.

2ème peloton.
5 heures 15
Le 2ème peloton atteint le fort à 5 heures 15 au même instant le premier obus est tiré par l’artillerie allemande sur le fort, le peloton gagne la face Sud Est du fort, mais son débouché d’un chemin creux il est assailli par de nouveaux projectiles d’artillerie et aussi par une grêle de balles partant de positions retranchées situées à 600 mètres au plus. Son déploiement se fait ainsi, une section derrière une haie, située à environ vingt mètres de la sortie du fort, partie dans un boqueteau à gauche de cette haie ( champ de tir très peu étendu le terrain s’abaissant à assez courte distance 150 à 200 mètres). Une section moins une escouade vers la droite adossée aux escarpements et battant en partie l’angle mort en avant de la section (illisible) route.
La section du 148ème était également portée en ligne quelques temps après à gauche du boqueteau, l’escouade restant étant placée sur la plate-forme en haut de l’escalier d’où elle dominait le pont et les rues qui y aboutissent.

7 heures
Jusque vers 7 heures l’attaque de l’ennemi fut assez molle. La plupart de ses obus étant dirigés vers le ville et son infanterie progressant peu. A ce moment le chef de bataillon descendant en ville pour rendre compte au commandant du régiment de la situation rencontre la 10ème compagnie que ce dernier envoyait également au fort. Le commandant du 3ème bataillon n’ayant pas tout d’abord confirmation par écrit de ce renforcement de la garnison du fort arrête la 10ème compagnie en avant du pont et fit garder toutes les avenues qui y conduisent. Mais bientôt le commandant du bataillon du 148ème chargé de la défense immédiate du pont lui fit connaître les instructions du commandant du 33ème : « Gagner du terrain en avant du fort pour éloigner l’artillerie et empêcher le bombardement du pont. » (un ordre écrit confirmant ces instructions arrivant d’ailleurs peu après).

7 heures 30
Le commandant du 3ème bataillon ordonne à la 10ème compagnie de monter dans le fort et il y monte avec elle. Une demi-section de cette compagnie venant d’être envoyée vers le peloton du Lieutenant THUILLIER pour soutenir sa retraite.
La 10ème compagnie se forme en réserve dans le couloir du fort.

8 heures 30
L’attaque de l’ennemi reprend avec violence, une grêle d’obus s’abat sur le fort, en particulier vers la haie sur laquelle le tir de l’artillerie est bientôt réglé avec une précision extrême, les blessés sont nombreux.
Sous la protection de son artillerie l’ennemi rapproche son infanterie et aussi une section de mitrailleuses.

9 heures 30        
La section de mitrailleuses se démasque à très faible distance de la haie 50 ou 100 mètres. La défense de celle-ci devenant alors impossible; le centre de la ligne de défense se replie dans le fort. La gauche doit évacuer le petit bois et se replier sur un talus en arrière. La droite qui se trouve isolée doit quitter également sa position. Il est alors environ 10 heures.

10 heures    
Les talus extérieurs du fort ont des vues très limitées, leur développement est très faible, ils furent occupés à gauche par une fraction de la section Adjudant RUHE qui avait abandonné le boqueteau, par une ½ section de la 10ème compagnie et un  groupe de quelques bons tireurs commandé par l’Adjudant PARARD. En même temps le terre-plein du fort était tenu par 5 ou 6 tireurs choisis, abrités derrière un petit mur. Le reste de la 10ème compagnie - 2 sections environ et les débris de la 12ème compagnie ( la valeur d’une section) étaient massés en réserve dans le couloir couvert du fort prêts à contre attaquer l’ennemi à la baïonnette s’il voulait pénétrer dans le fort.

11 heures 10
La situation se prolonge ainsi presque vers 11 heures 10, à ce moment la ½ section de la 12ème compagnie avait quitté sa position près du chemin creux, position qui était balayée par les mitrailleuses qui s’étaient avancées jusque à la haie. Seuls l’Adjudant PARARD  et l’Adjudant RUHE entretenaient le feu avec quelques hommes qu’il était impossible de renforcer. L’ennemi progressant peu à peu, gagnait les talus et menaçait d’atteindre le terre-plein dont presque tous les défenseurs étaient tués; de là il aurait dominé la cour intérieure du fort et aurait interdit toute retraite aux défenseurs. Pour (illisible) de cette situation, le commandant du bataillon ordonna une contre attaque, elle fut faite par la 10ème compagnie alors que l’ennemi n’était plus qu’à une dizaine de mètres, un feu terrible des mitrailleuses et de l’infanterie ennemie faucha les premiers rangs de sorte que les troupes d’attaques me purent se déployer au débouché du chemin creux.
Le Capitaine CARTON et le Sous-Lieutenant DESSAINT entraînent de nouveau la colonne à l’attaque mais trop peu d’hommes réussirent à déboucher et à aborder l’ennemi. Les allemands étant déjà sur les talus dominant le chemin creux fusillaient la colonne de haut en bas. Le Capitaine CARTON est tué, le Sous-Lieutenant DESSAINT est blessé, l’Adjudant RUHE tué et l’Adjudant PARARD blessé. La colonne reflue vers la cour intérieure et le chef de bataillon ordonne la retraite après avoir ordonné au Sous-Lieutenant PICHON de la couvrir avec sa section.

L’ennemi impressionné par les deux assauts furieux qu’il avait du subir ne poursuivit pas et tous les hommes de la colonne d’attaque purent s’écouler un à un par l’escalier du fort et gagner le pont. Seuls 15 hommes qui défendirent les talus jusqu'à la fin ne purent se replier à temps et furent faits prisonniers, 60 blessés environ qui n’avaient pu descendre en ville tombèrent également au pouvoir de l’ennemi qui en emmena une vingtaine des moins gravement atteints. Au passage du pont et dans la montée de Dinant à Onhaye, les 10ème et 12ème compagnies éprouvèrent encore des pertes sérieuses, c’est là que furent blessés le Capitaine BATAILLE et le Sergent Major DERCOURT.

L’ennemi impressionné par les deux assauts furieux qu’il avait du subir ne poursuivit pas et tous les hommes de la colonne d’attaque purent s’écouler un à un par l’escalier du fort et gagner le pont. Seuls 15 hommes qui défendirent les talus jusqu'à la fin ne purent se replier à temps et furent faits prisonniers, 60 blessés environ qui n’avaient pu descendre en ville tombèrent également au pouvoir de l’ennemi qui en emmena une vingtaine des moins gravement atteints. Au passage du pont et dans la montée de Dinant à Onhaye, les 10ème et 12ème compagnies éprouvèrent encore des pertes sérieuses, c’est là que furent blessés le Capitaine BATAILLE et le Sergent Major DERCOURT.

Extrait du livre « La génération du feu » dans lequel Charles De Gaulle décrit le passage du pont par les 10ème et 12ème Cie après les combats dans la citadelle : « Mais voici que les débris des 10ème et 12ème compagnies, une poignée d’hommes blessés, ont évacué la citadelle par ordre. Le commandant Grasse est pâle et triste comme la mort. Il est resté là-bas jusqu’au bout. Ces tristes débris franchissent le pont de la Meuse aussi vite que peuvent les porter leurs membres blessés. Il leur a fallu d’abord dégringoler l’escalier de pierre de la citadelle et plus d’un a été pris et massacré sur place par l’ennemi… ».  


Cordialement
Thélu
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argyll

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MessageSujet: Re: Baptème du feu   Baptème du feu EmptyJeu 15 Aoû 2024 - 10:18

bonjour,

très belle hommage.
au plaisir Thélu.

/biere/

michel
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Rheinbaben

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MessageSujet: Re: Baptème du feu   Baptème du feu EmptyJeu 15 Aoû 2024 - 12:18

Bonjour,

Merci pour ce témoignage vivant!  /tresbien/

Cette résistance acharnée des Francais interdisant un passage escompté rapide de la Meuse par les troupes allemandes, fut entre autre une des nombreuses raisons qui eurent comme terrible conséquence la mise à feu et à sang de Dinant par les Saxons, le 23 août 1914.

Ensemble avec le 8ème, le 73ème , le 110ème RI et le 6ème BCP, le 33ème RI fit battre en retraite en cette journée du 15.8.14 , des éléments de deux divisions de cavalerie allemande ( division de cavalerie de la Garde et 5ème division de cavalerie) ainsi que 3 bataillons de chasseurs (JB11 de Hesse électorale et JB12 + JB13 saxons).

https://lagrandeguerre.1fr1.net/t136356-un-cold-case-pointu-du-100eme-saxon-temoin-actif-du-sac-de-dinant?highlight=dinant

/biere/
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Thélu




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MessageSujet: Baptème du feu   Baptème du feu EmptyJeu 15 Aoû 2024 - 20:37

Bonsoir à tous,

Merci à vous pour ces appréciations et merci pour cette belle enquête à partir de ce casque. /super/ et très intéressant !!

Cordialement
Thélu
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MessageSujet: Re: Baptème du feu   Baptème du feu Empty

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