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 Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant

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Rheinbaben

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MessageSujet: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyVen 6 Mai 2022 - 14:52

Bonjour,

Les périodes de vaches maigres ont parfois du bon!

Les pointus intéressants (mais aussi abordables au point de vue prix) se faisant très rares ces derniers mois, j´ai décidé dernièrement de (re)jeter un oeil sur certains de mes tout premiers casques que je n´avais plus regardé de près depuis quelques années. Casques que je n´avais pas encore à l´époque documentés photographiquement sous tous les aspects de leur "anatomie" comme je me suis ensuite habitué à le faire.

J´ai donc focussé mon attention sur un de mes casques préférés, un casque troupe du II/LGR100 saxon, en prenant des dizaines de photos en gros plan et sous différents angles et luminosités. 
J´avais acquis ce casque en transaction de "dessous de table" le 26 mai 2013 lors de la 9ème bourse militaria de Arras. 
Une ancienne connaissance très férue dans ce domaine, qui avait entre temps changé son thème de collection, m´avait permis de récupérer ce casque (qui fut un temps le sien) auprès du collectionneur à qui il l´avait vendu et qui se trouvait à ce moment précis en manque notoire de moyens financiers, le malheur des uns faisant bien souvent le bonheur des autres...Je ne dispose malheureusement d´aucune information sur les circonstances de trouvaille de ce casque et de la manière dont il pu subsister jusqu´à nous dans ce parfait état de conservation.

Ce casque de fabrication dresdoise (Act. Ges. Thiele) daté 1913 et régimenté la même année au BAXII se trouve pratiquement encore dans le même remarquable état de fraîcheur que lorsqu´il quitta les Kammer de la 8ème Cie pour équiper une recrue saxonne de la mobilisation. L´état de sa basane exclue également un long port en campagne. Il fut toujours pour moi évident que ce casque fut ramené en trophée ou perdu lors des toutes premières semaines, voire même jours du conflit.

J´avais remarqué dès son acquisition en 2013, la présence d´un graffiti assez peu lisible dans la bombe. La seule inscription aisément déchiffrable étant le marquage de compagnie "8/100" parfaitement cohérent avec le marquage "2B" sur la nuquière. 
Les "hiéroglyphes manuscrites " précédant ce "8/100" étaient restées pour moi jusqu´à présent totalement indécryptables. J´y avais vu un "13" précédé et suivi de ce que j´avais interprété comme étant des initiales (de prénom et de nom?). Je m´étais donc résigné et en avais conclu (bien trop rapidement et sans grande  persévération Embarassed ) que ce chiffre "13" (étant également la date de fabrication et la régimentation du casque) apposé par ce porteur de la 8ème Cie aurait pu être une apposition symbolique de ce dernier dans la volonté d´éterniser sa classe militaire (année 1913), le reste des graffitis pouvant être ses initiales ou les abréviations de son prénom et de son nom.

Bref, je me trouvais totalement à côté de la plaque, on est parfois sacrément aveugle sur les deux yeux  Embarassed Embarassed

Ce n´est que 9 ans plus tard que la réalité m´a enfin sauté aux yeux! Les Allemands utilisent la métaphore bien plus imagée: "Der Groschen ist endlich gefallen"  Very Happy

Ce que j´avais interprété comme étant un "13" n´est en fait rien d´autre que la lettre allemande "ß" en Frakturschrift,  appliquée de manière très espacée...

Cela changea d´un coup totalement la donne et permit d´identifier très rapidement ce porteur de la 8/100 dans les VL, un blessé grave du 23.8.14 lors du triste épisode belge du Sac de Dinant  pale
Je développerai en détail lors des jours (ou semaines) prochains ces événements terribles, heure par heure lors de cette journée d´horreur du 23.8.14 à Dinant, qui ont fait coulé beaucoup d´encre dès 1915. Les sources d´époque sont nombreuses, très riches en détails et extrêmement complexes, belges et allemandes. C´est entre autre sur la base du livre blanc allemand de 1915, du livre gris belge de 1916 et de l´historique du LGR100 que je formulerai ma synthèse  study

Mais maintenant place aux photos.

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À suivre.... study

/biere/


Dernière édition par Rheinbaben le Dim 8 Mai 2022 - 14:02, édité 2 fois
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CLOVIS 57

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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyVen 6 Mai 2022 - 16:47

Salut Rheiny,
/merci/ bounce un régal pour ce soir...
Bizzz !
/biere/
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York

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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyVen 6 Mai 2022 - 16:53

Bonjour

Superbe enquête Philippe et j adore ce pointu... drunken

Vivement la suite bounce

/biere/
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Le Cris

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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyVen 6 Mai 2022 - 17:29

Superbe vivement la suite study /biere/
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PETIT DIABLOTIN




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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptySam 7 Mai 2022 - 17:05

Bonsoir Philippe,

à suivre bien volontiers !!

Excellente soirée à vous.
Jean-Luc
/biere/
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Greg

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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptySam 7 Mai 2022 - 17:36

Bonjour ,

Hâte de connaître la suite Wink

Le casque est vraiment super  /tresbien/ qu’elle fraîcheur  /tresbien/  bravo2/

Greg  /biere/
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vitrier18

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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptySam 7 Mai 2022 - 18:50

Magnifique ce casque /biere/
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LeXav

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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptySam 7 Mai 2022 - 19:50

Salut Philippe,


Tu m'énerves....... Very Happy :
Que des pièces de qualité avec un historique pointu (si je peux dire....)

JE VEUX UN 100R !!!!!!!!!! lol !
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Vauquois




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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptySam 7 Mai 2022 - 21:30

Bonsoir Rheinbaben,

belle mise en bouche avec les photos de ce casque fort bien conservé ; comme les autres, j'attends la suite avec impatience atable
Cordialement.
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Rheinbaben

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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyDim 8 Mai 2022 - 13:52

Bonjour à tous,

Une fois avoir compris mon erreur d´interprétation entre le "13" et le "ß", il fut alors ensuite assez aisé de décrypter le reste du nom: DREßLER 8/100.

dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Drezle33

À partir de là, une rapide consultation des VL aboutissant sur 4 hommes portant ce patronyme au 100ème d´active saxon, permet un rapide procédé d´élimination. On y trouve un Érich, un Karl et deux Paul.

Érich se trouvait encore en mai 1915 à l´Ersatz-Bataillon du LGR100 pour ensuite être affilié une fois arrivé au front à la 7ème Cie. 

http://des.genealogy.net/search/show/2028991

Karl était un einjähriger Freiwilliger Gefreiter, lui aussi à la 7/LGR100, blessé légèrement le 23.9.14 lors des combats de La Ville aux Bois lès Dizy (Aisne): 

http://des.genealogy.net/search/show/177037

Le premier Paul DREßLER, un Grenadier der Reserve originaire de la circonscription de Bautzen, encore une fois à la 7/LGR100, d´abord porté disparu lors des combats du 8.9.14 à Sompuis, dans la Marne, puis rectifié comme mort au combat dans une seconde publication de janvier 1915:

http://des.genealogy.net/search/show/406111

http://des.genealogy.net/search/show/1343411

Et finalement le seul DREßLER du LGR100 à la 8ème cie, le second Paul, Gefreiter der Reserve, originaire de la circonscription de Dresde, mentionné comme grièvement blessé lors des combats du 23.8.14 de Dinant:

http://des.genealogy.net/search/show/378900

C´est sur cet homme et sur les combats et atrocités dont il fut le triste témoin ce 23.8.14 à Dinant que nous allons donc nous focusser.
On ne le retrouve plus dans les listes plus tard. Soit sa blessure fut si grave qu´il fut ensuite déclaré inapte à tout service militaire, soit il perdura dans un Ersatz-Bataillon ou une garnison d´étape de seconde ou troisième ligne. Si il fut remuté dans une unité combattante, il eu de la chance et passa entre les gouttes.

Avant de passer à l´analyse de cette journée d´horreur lors de laquelle près de 700 civils belges furent froidement exécutés par les troupes saxonnes, d´un bébé d´à peine quelques semaines jusqu´à des vieillards en passant par des femmes, des enfants et des adolescents, il est nécessaire de bien cerner le contexte du moment et les nombreuses, malheureuses circonstances qui furent le prologue de ce terrible drame et de cet affreux "dérapage" de quelques compagnies saxonnes.

Le livre blanc publié par les Allemands en 1915, faisait office d´enquête officielle visant surtout à délester les troupes saxonnes de toute culpabilité et avait essentiellement pour but de démontrer qu´une armée civile belge, terrée dans la ville de Dinant, entraînée et fanatiquement décidée à se livrer un combat de rues contre l´envahisseur allemand, avait bel et bien existé, ceci justifiant les représailles sanglantes envers la population dinantaise.  

En 1917 fut publiée une contre enquête belge se basant sur les témoignages de témoins civils ayant survécu, enquête publié dans l´ouvrage de M. Tschoffen, procureur du Roi de l´arrondissement de Dinant

https://bel-memorial.org/books/lesacdedinant.pdf

Ce "livre gris" fut complété par d´autres ouvrages de l´immédiat après guerre, entre autre celui de 1922, publiés par des ecclésiastiques belges .

https://cudl.colorado.edu/MediaManager/srvr?mediafile=MISC/UCBOULDERCB1-58-NA/1511/i73748638.pdf

Toutes les contre-enquêtes belges extrêmement précises et détaillées tuent dans l´oeuf toute possibilité d´une armée de franc-tireurs belges organisée ayant attendu les Allemands à Dinant pour leur tendre un piège en les obligeant à un combat de rue riche en pertes. 

Quelles sont donc les circonstances qui ont pu être la genèse de cette terrible orgie, de cette perte de contrôle totale de plusieurs milliers de soldats saxons? Après la lecture des différents ouvrages, je distingue moi-même 5 causes:

1) la topographie très particulière de la ville de Dinant, une ville comprenant en 1914 environ 7900 habitants dont la grande majorité étaient domiciliée dans les quartiers de la rive droite dans lesquels les Allemands pénétrèrent en premier. La ville est très étirée en longueur, suivant le cours de la Meuse du nord  (Bouvignes) au sud (Les Rivages) sur plus de 4 km. 

dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Carted10

Située dans une vallée profondément encaissée et très étroite, avec quelques hauteurs sur la rive gauche et de très hautes falaises couronnées d´une citadelle sur la rive droite, chaque coup de feu tiré des deux rives est terriblement amplifié par cette coulisse de granit, faisant croire qu´un coup de feu tiré de la rive gauche provient en fait d´une rue de la rive droite (écho), voire même du sommet des falaises de la rive droite. 
À l´aube du 23.8.14, il n´y avait plus aucune troupe francaise ni belge occupant la rive droite de Dinant. Seuls quelques détachements francais, après l´évacuation de 2500 Dinantais sur la rive gauche et la destruction des ponts sur la Meuse dans la journée du 22.8.14, avaient soigneusement aménagé et occupé des tranchées stratégiquement très bien placées sur les hauteur de la rive gauche. Il s´agissait  de 5 compagnies et de deux sections de mitrailleuses du 273 RI composé de gars du Nord (Lille) et de deux compagnies (19ème et 20ème) du 208 RI de Saint Omer. Ce sont ces groupuscules de résistance qui causeront de très nombreuses pertes chez les saxons, malgré le bombardement permanent de l´artillerie allemande auquel ils seront soumis toute la journée du 23 août.

Les mitrailleuses francaises qui surplombent une grande partie des faubourgs et des places de la rive droite ainsi que la route principale longeant la Meuse vers le sud, sont aussi en mesure de prendre sous leur feu concentré tout soldat saxon apparaissant sur les crêtes des falaises de la rive droite et empruntant ensuite les 3 voies d´accès très escarpées descendant sur le centre ville. Outre l´écho du vacarme des tirs de mitrailleuses, les multiples ricochets ayant eu lieu contre les falaises, les toits et les murs des habitations, ont suggéré aux soldats saxons l´impression d´être pris à revers par des franc-tireurs belges embusqués dans les buissons des falaises, à chaque coin de rue, dans chaque cave, grenier ou soupirail. 

Vue panoramique de Dinant d´avant 1915, cliché pris des hauteurs du nord-ouest de la rive gauche:
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Rivega10

2) Cette fausse impression d´être pris à revers et d´être la potentielle victime de tirs surplombants venant de l´arrière a aussi pu provoquer des réactions incontrôlées chez les soldats saxons, tirant ensuite sur leurs propres camarades commencant à leur tour leur descente sur la ville par les étroites voies escarpées et exposées aux tirs de la rive gauche.

3) Outre cet effet "écho et ricochet" des tirs francais provenant de la rive gauche, les rumeurs de franc-tireurs belges étaient encore extrêmement tenaces dans l´armée allemande, suite à des incidents avec des civils armés ayant eu lieu lors de la guerre de 1870. Ces rumeurs étaient parfois entretenues et exagérées avec vigueur au sein de la troupe par certains officiers. On y ajoutait des histoires de soldats allemands mutilés, brûlés vifs et dont on avait auparavant crevé les yeux...Une certaine hantise des franc-tireurs régnait encore chez les Allemands à cette époque d´entrée de guerre.
Même si l´on ne peut pas totalement exclure certains fait isolés qui ont pu se produire (je possède un carnet de route d´un sous officier hessois du JR168 qui raconte l´exécution de quelques civils pris le fusil de chasse à la main lors de la traversée d´un petit village belge, après que quelques camarades furent tués par des tirs provenant des fenêtres), l´idée d´une armée de civils parfaitement organisée et agissant dans l´ombre est totalement à repousser!

4) La consommation abusive d´alcool a également pu jouer un rôle très important lors de ces massacres. Certains témoins oculaires et otages ayant été épargnés lors du sac de la ville évoquent l´ivresse totale de certains groupe de soldats après le pillage des caves et des commerces de la ville.

5) La petite armée belge avait fait preuve d´un immense courage en combattant farouchement et en faisant perdre beaucoup de temps précieux à l´armée allemande dans son plan d´invasion.
À Dinant même se produisirent quelques incidents lourds de conséquences avant l´arrivée massive de l´armée saxonne le 22.08.14.
Pourtant, le 6 août, ordre publique est donné aux Dinantais par le bourgmestre A. Defoin de remettre aux autorités tout appareil de transmission sans fil, armes à feu et munitions. La même journée, Mr defoin ordonne aux habitants de ne s´adonner à aucune hostilité envers les troupes allemandes pour éviter toute représailles. 

Le 6 août au matin, une patrouille de deux hussards du HR8 westphalien fait son apparition devant la ville, une compagnie de chasseurs cyclistes de Namur et quelques gardes civiques ouvrent le feu, blessant les cavaliers étant ensuite faits prisonnier. 
Le soir, c´est le 1er bataillon du 148 RI (Givet et Rocroi) qui est débarqué à la gare de Dinant et occupe la ville. 
Le dimanche 9 août, c´est toute le 148 RI qui débarque pour garder les ponts de la Meuse et le 2ème bataillon remplace le premier bataillon dans la ville. Les chasseurs cyclistes belges quittent la ville, il n´y a plus aucun soldat belge à Dinant. Des patrouilles de cavaliers allemands sont de plus en plus observées, en particulier l´après-midi du 10 août où deux dragons du DR19 sont tués près de Leffe et enterrés ensuite au cimetière de Dinant
Lors de la matinée du 11 août, une nouvelle escarmouche se produit sur le plateau d´Herbuchenne, lors de laquelle 3 hussards du HR11 westphalien restent sur le terrain, sans perte pour les Francais du 148 RI...Les patrouilles de cavalerie ne menant à rien, ce sont de nombreux aéroplanes qui survolent la ville les jours suivants, signalant que l´ennemi porte un intérêt crucial à ce secteur précis pour passer la Meuse. 
Pour des raisons stratégiques, la majorité du 148 RI est relevé le 13 août, ne laissant plus que 4 compagnies pour garder le pont sur la Meuse. Le 14 août au matin, ce sont 4 cavaliers allemands qui arrivent par le sud dans Dinant vers la prison (Place d´Armes) en empruntant la route de Froidvau. Au niveau du Rocher Bayard, 2 cavaliers sont tués et un fait prisonnier. 
L´état major francais renforce alors en toute urgence les troupes aux alentours de Dinant par 16 compagnies et 4 sections de mitrailleuses prélevées sur les 8ème, 33ème, 73ème et 110ème RI ainsi que le 6ème BCP.

La journée du 15 août sera une journée d´affrontement entre les forces francaises pré-énumérées et les forces allemandes débouchant sur Dinant et composées de deux divisions de cavalerie d´avant-garde (celle de la Garde et celle de la 5ème division) et de 3 bataillons de chasseurs : le JB11 de Hesse électorale et deux bataillons saxons, les JB12 et JB13. Les Francais en sortiront vainqueurs dans la soirée, les Allemands battant en retraite, poursuivis par des éléments de la cavalerie francaise. Le drapeau francais remplace le drapeau allemand qui avait flotté provisoirement sur la citadelle. Les Dinantais sortent alors de leurs maisons et entament la Marseillaise. Dans l´enceinte de la citadelle, nombre de tués allemands et francais jonchent le sol. Deux cadavres francais sont retrouvés décapités et un caporal du 148 RI pendu par son ceinturon à un arbuste, les parties génitales sectionnées...Des témoins rapportèrent plus tard que les troupes allemandes utilisèrent des paysans comme boucliers humains lors de leur avance vers Dinant.
Lors de ces combats, seuls deux civils furent tués et quelques maisons de la rive gauche incendiées par des tirs de 77 allemands. Il n´y  eu pratiquement pas de dégâts dans la ville même, les combats s´étant principalement déroulés en avant de la citadelle et dans cette dernière, et sur le plateau de la rive droite.

Cette défaite allemande prématurée et cuisante dont l´objectif avait en fait été le passage rapide de la Meuse, jouera aussi un rôle indéniable dans le sort que subira la ville une semaine plus tard.

La suite dès que possible, qui nous amènera aux premiers excès de violence saxons dans la nuit du 21 au 22.8.14, dans la Rue saint Jacques, lors d´une "reconnaissance en force"... study

/biere/


Dernière édition par Rheinbaben le Mer 11 Mai 2022 - 6:55, édité 1 fois
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festwagner




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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyDim 8 Mai 2022 - 22:01

Un casque superbe sur lequel on pourrait mettre un CC sans pb, vue sa fraîcheur.
Et une analyse digne d'un petit livre d'Histoire !
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p.lamy




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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyLun 9 Mai 2022 - 9:41

Bonjour,

merci Philippe de cette belle présentation et de ce superbe casque "mint" ou presque.

Les Allemands ne se sont pas comportés comme des enfants de cœur lors du début du conflit, et effectivement plusieurs facteurs ont en été la cause...En attendant la suite...

Cordialement.
P. Lamy
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Rheinbaben

Rheinbaben


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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyMar 10 Mai 2022 - 16:39

Bonjour,

Nous sommes donc la soirée du 21 août 1914, vers 20 heures 30, dans la Rue Saint-Jacques à Dinant
Cet axe est-ouest (route de Ciney)permet d´accéder directement au rivage de la Meuse entre le faubourg de Leffe au nord et celui de Saint-Nicolas au sud. 
Ce sera aussi un des quatres axes qu´emprunteront les troupes saxonnes dans la matinée du 23 août pour envahir la ville, marqué en rouge sur le plan de ville ci-dessous.

dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Plan_d10
Vers 20 heures 30 donc, un cavalier allemand (un uhlan, disent les témoins) descend la rue et fait demi-tour peu de temps après. Une heure plus tard, à 21 heures 30, une reconnaissance motorisée constituée de pionniers de la 1/PB12 et de fusiliers du II/108 saxon dévale la rue sous la lueur de torches. Les Saxons apercoivent de la lumière dans un café dans lequel ils jettent alors une grenade. Des témoins diront que les soldats descendirent en ville à grand fracas, en criant et vociférant, comme des personnes ivres. L´incendie se propage alors à d´autres habitations. Cette scène illuminée offre une merveilleuse cible pour les Francais réfugiés dans les positions retranchées de la rive gauche et qui prennent la Rue Saint-Jacques sous un tir d´enfilade meurtrier. Les Saxons, trompés par les échos et les ricochets des balles francaises et se croyant donc exposés à de nombreux tirs de franc-tireurs retranchés dans caves et greniers, commencent à enfoncer les portes et briser les vitres de la plupart des habitations en y jetant des bombes incendiaires et se retirent peu après. La plupart des habitants réussit tout de même à quitter leurs demeures en feu et à se cacher dans la montagne. D´autres habitants arrivés à la rescousse après la retraite des Allemands parviennent néanmoins à éteindre certains feux. 

Une patrouille de 6 hommes du 73 RI franchit alors la Meuse en barquette (le pont étant miné) et constate que les lieux sont recouverts de nombreux calots allemands de plusieurs unités, tous plus ou moins tâchés de sang et de matière cérébrale, de restes de torches en résine, de pétards non explosés, cartouches, musettes, gourdes, fusils équipés de baionnettes à dents de scie, etc.. De nombreuses flaques de sang sont aussi visibles sur les pavés. Un nombre énorme de cartouches vides est également constaté. Des habitants témoignent avoir vu les Saxons battre en retraite, chargés de nombreux corps de leurs camarades blessés ou tués. Le lendemain quelques autres soldats allemands morts sont découverts dans les ruelles avoisinantes, certains avec le crâne fracassé par des objets contondants...
Le bilan des pertes civiles est de 7 morts, dont 5 personnes carbonisées, ainsi que de nombreux blessés. Les Allemands déplorent 19 morts et 117 blessés. Entre 15 et 20 maisons ont été détruites par le feu.

L´enquête allemande de 1915 prétendra que des fils de fer avaient été tirés de part et d´autre de la rue par les civils pour faire chuter les soldats afin de mieux pouvoir les prendre sous le feu des maisons avoisinantes. Cette même enquête constatera après analyse des blessures, qu´une bonne partie de ces dernières avaient été causées par de la chevrotine... Même si le livre blanc allemand ne le mentionne naturellement pas, il est fort probable que bon nombre de soldats saxons furent les victimes des tirs de leurs propres camarades, conséquence fatale de cette perte de contrôle nocturne dans des ruelles étroites. 

Cette escarmouche nocturne fut pour les Allemands la confirmation suprême que Dinant était un véritable "nid" de franc-tireurs et qu´il était force d´admettre que "les habitants prendraient part de manière active à la lutte dans les opérations qui devaient suivre". Le sort de la ville avait donc déjà été statué dans cette nuit du 21 au 22 août 1914...

À suivre sous peu la narration détaillées des événements du 23.8.14, essentiellement focussée sur le secteur allant du faubourg de Saint-Nicolas jusqu´à les Rivages, en passant par le faubourg Saint-Paul et le Rocher Bayard, secteur sud de la ville de Dinant dans lequel les hommes du LGR100 firent particulièrement rage (marqué en rouge sur la plan ci-dessous)...

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Le rôle assez hors-pair de la 8/100 du Gefreiter Paul DREßLER sera rehaussé grâce aux informations très précises livrées par l´historique du LGR100... study  À suivre...
/biere/
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clubberlang

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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyMar 10 Mai 2022 - 17:58

/biere/ Bonjour Philippe très beau casque et un plaisir de te lire
Cordialement clubber
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asiate




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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyMar 10 Mai 2022 - 20:54

Un regal, comme toujours cheers
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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyMer 11 Mai 2022 - 10:29

Bonjour 
Très beau récit,  pour ce pointu de toute beauté  drunken
A+
Christophe
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Rheinbaben

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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyMer 11 Mai 2022 - 17:58

Bonjour,

Un grand merci à tous pour votre attention!

Après plus de deux semaines de marche et sans encore aucun baptême du feu, le LGR100 arrive dans la soirée du 21 août aux hameaux de Foy-Notre-Dame et Boisseille. Ces petites localités sont situées sur le plateau d´Herbuchenne, légèrement en retrait des falaises tombant à pic sur la rive droite de la Meuse, au dessus de Dinant
L´état major de la divison a déjà donné l´ordre à ce que le fleuve soit impérativement traversé le 23 août, si nécessaire de force...

La construction d´un pont sur bateaux-pontons doit se faire au sud du rocher Bayard, au lieu dénommé Les Rivages, aussi appelé "Penant" par la population locale. À ce but, le "Korps-Brücken-Train" de la division (pontonniers) commencent à entreposer plusieurs dizaines de ces grosses et lourdes barques en métal aux alentours du chateau d´Herbuchenne. 


dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Train10


dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Ponton10

Dans la soirée du 22 août, le 100ème saxon se décide à envoyer une patrouille d´officier à cheval dans Dinant pour sonder la situation. Ce sont le Leutnant von Seydewitz et l´Offizierstellvertreter Fischer de la MGK/100 qui pénètrent dans Dinant par le sud (Anseremme et Penant), galoppent entre les pans du Rocher Bayard, arrivent sur la place du marché et font finalement demi-tour dans les faubourgs nord de Dinant pour revenir sur le plateau d´Herbuchenne par le même chemin qu´ils avaient emprunté. Aucun incident n´eu lieu dans la ville sombre et fantomatique, aucun coup de feu, seul de temps à autre des lumières allumées furtivement dans certaines maisons pour être aussitôt de nouveau rapidement éteintes...

À 2 heures du matin, les chariots à munitions sont vidés et les cartouches réparties au sein des compagnies du LGR100. Sous l´ordre formel de ne pas parler ni fumer, les compagnies s´avancent lentement dans le brouillard matinal vers le hameau de Davisau. Les hommes attendent fébrilement plusieurs heures, allongés dans l´herbe humide. Lorsque le jour commence à poindre et que le brouillard se dissipe lentement, les premières balles perdues de la rive gauche  commencent à susurrer dans l´air et les batteries des deux camps débutent leur duel d´artillerie. 

Plus au nord, ce sont le JR178 et le JR103 ainsi que le FR108 et le JR182 qui attendent eux aussi de recevoir l´ordre de descendre dans Dinant, les deux premières unités par la route des Fonds de Leffe, les deux secondes par la route de Ciney (route Saint-Jacques déjà éprouvée lors de cette fameuse reconnaissance en force ayant eu lieu un peu plus de 48 heures auparavant). 
Le LGR100 doit lui, emprunter le chemin de la Montagne de la Croix, très raide, étroit et tortueux, qui descend en serpentin le long des terrasses vers le faubourg Saint Nicolas et la prison. Ce chemin est particulièrement visible des hauteurs de la rive gauche où sont retranchées quelques compagnies et sections de mitrailleuses francaises...

Le quatrième axe d´attaque, celui le plus au sud (route de Froidvau) qui aboutit à Les Rivages, ne sera emprunté par le GR101 qu´en fin d´après-midi, nous le verrons plus loin.

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À 6 heures du matin, les troupes saxonnes commencent donc parallèlement leur descente massive sur Dinant, suivant les 3 axes situés le plus au nord (carte ci-dessus). Si les crimes envers la population civile furent également commis dans les faubourgs de Leffe et de Saint-Jacques par les compagnies des JR103, 178, 182 et FR108, nous allons ici, par soucis de simplification, nous focusser essentiellement sur les événements s´étant produits dans les faubourgs Saint-Nicolas et Saint-Paul, ainsi qu´aux environs du Rocher Bayard et de les Rivages, car c´est dans cette zone que le LGR100 fit rage... 
La 8ème Cie de Paul DREßLER sera la compagnie du 100ème saxon qui aura le plus de pertes à déplorer lors de cette journée, nous en verrons la cause plus loin. Avec 48 pertes (42 blessés et 6 morts), elle accumule presque´à elle seule la moitié de toutes les pertes du régiment pour cette journée (113 morts et blessés).

Le LGR100 commence donc sa descente tortueuse vers la Meuse en envoyant uniquement sa Leibkompagnie (1/100) qui atteint d´abord assez rapidement la rive droite mais est alors aussitôt la proie d´un feu nourri dès que les hommes se trouvent a découvert sur la place de Meuse ou dans certaines rues étant prises d´enfilade par les tirs francais de la rive gauche. L´historique du LGR100 maintient le fait qu´il était absolument impossible de déterminer l´origine des tirs et que ces derniers arrivaient de toutes les directions (vraisemblablement ce fameux "effet ricochet" trompeur contre les falaises, les murs et les toits des maisons). Il est même fait mention d´un système de souterrains et cavernes ramifié dans lequel les civils belges armés disparaissent après avoir fait feu, pour pouvoir ressurgir ailleurs peu de temps après. 

La Leibkompanie est donc clouée dans le faubourg Saint-Nicolas et le chef du I/100, Graf Kielmannsegg décide de lui envoyer aussitôt les 3ème et 4ème Cies en renfort (la 2ème compagnie ne prendra pas du tout part au combat du 23 août, elle ne subit aucune perte). Ces deux compagnies sont aussitôt prises sous le feu francais, contrairement à la Leibkompanie, dès les premières secondes de sa descente sur le chemin escarpé, les Francais s´étant entre temps rendu compte qu´une attaque de grande envergure avait lieu à partir des hauteurs du plateau d´Herbutenne. Les saxons de ces deux compagnies de renfort ne perdent pas de temps à essayer à riposter, ils dévalent tant bien que mal la pente en empruntant également les nombreux jardins en terrasse et arrivent eux aussi dans les premières rues de la ville dans lesquelles ils sont à leur tour la proie d´un feu francais extrêmement nourri. 

Persuadés que ce sont essentiellement des franc-tireurs belges qui leur tirent dessus de tous les côtés, les soldats commencent à enfoncer toutes les portes des maisons à coup de haches et de crosses. L´historique du LGR100 n´en dit pas plus et se borne à ce constat lapidaire. 

La commission d´enquête belge est plus précise... Les Saxons du LGR100 commencent donc leur "épuration" de manière méthodique, persuadés que dans les maisons barricadées se réfugit un grand nombre de civils armés. Les habitants qui ne font pas signe apparent de résistance et qui gardent leur calme sont escortés vers la prison. Les habitants dont l´attitude ne plait pas aux soldats saxons ou qui paraissent trop excités ou nerveux, sont exécutés sur le seuil de leur porte ou dans leur demeure, peu importe l´âge et le sexe. C´est souvent le hasard et l´arbitraire qui décide des destins...Ainsi, certains notables et personalités de la ville sont épargnés car ils maîtrisent la langue de Goethe. Certains soldats allemands font plus preuve de pitié que d´autres quand ils apercoivent des enfants en bas-âge. Un soldat saxon de confession juive croit reconnaître une famille juive dans une habitation et pour en avoir le coeur net, oblige le père de famille à réciter une prière en hébreux, ce que ce dernier s´empresse de formuler, sans faute aucune. Le soldat saxon quitte alors la maison en soulignant le fait que les Juifs ne tuent pas d´autres juifs...Il inscrit ensuite à la craie sur la porte d´entrée en allemand: "Famille honorable, hors de tout soupcon"...
Certains civils paniqués qui sortent en courant de leurs maisons sont tués par les soldats en contrefort des falaises et qui sont encore en train de descendre en ville. 
Sur la Place de Meuse, des civils sont forcés d´aller chercher les corps des soldats blessés et tués gisant sur les pavés. Certains tombent sous les balles francaises, les Francais n´arrivant pas encore à se faire une idée précise de la situation dramatique, tirant sur toute personne qui ose se mettre à découvert. En courant de journée, les Francais auront compris cette tactique honteuse et cesseront plus rapidement le feu quand ils verront des civils exposés. 
Les corps des soldats blessés et tués sont entreposés provisoirement dans quelques habitations jouxtant la place ainsi que tout leur équipement. Dans les journées suivant les combats, des dizaines de soldats morts des suites leurs blessures et qui n´auront pas été soignés à temps ou parce que leur blessure avait été considérée comme trop grave, seront retrouvés dans des maisons épargnées par l´incendie. À côté d´eux, des masses d´équipements, d´armes et de matériel ramassé dans les rues.  Ils avaient tous l´endroit de leur blessure mis à nu, comme si quelqu´un avait déjà commencé des premiers soins, mais sans succès. L´enquête allemande accusa les civils belges d´avoir froidement abattu ces blessés dans ces maisons, se servant aussi de ces dernières pour receller les armes et équipements glânés dans les rues et sur les places...

De même, des civils furent utilisés comme rempart vivant sur la Place d´Armes devant la prison pour que les troupes saxonnes puissent circuler impunément.  
Le chaos était complet dans les ruelles du faubourg Saint-Nicolas, les Francais continuant à tirer sur tout ce qui bougeait. Hormis la prison, d´autre maisons servent à entasser les nombreux otages, dont la Maison Bouille avec ses écuries et sa forge. 
Dès 6 heures 30, plusieurs habitations sont aussi placées sous l´égide de la Croix Rouge, entre autre la maison du Docteur Baivier (le docteur était en France) dans la Courte Rue Saint Roch, ainsi que dans l´ancienne forge Bouille et dans la maison de la veuve Hubin. Le Bataillonsarzt du II/LGR100, l´Oberarzt Dr Karl Theodor Hans Marx y installe ses postes de premiers soins et aussi bien les blessés allemands que des civils belges y sont soignés.
Vers 9 heures, les Allemands enfoncent la porte de la pharmacie Farage et pille tous les produits pharmaceutiques. 

La "visite" des maisons se veut de plus en plus méthodique. Les Allemands progressent dans les rues en deux files parallèles, chaque file surveillant les maisons de l´autre côté de la rue. Chaque porte de maison est enfoncée et les vitres brisées, les habitants emmenés vers la prison ou exécutés froidement. Lustres, mobilier et vaisselle sont brisés, les denrées alimentaires et objets de valeur sont pillés. D´autre groupes de soldats suivent et jettent des bombes incendiaires dans les maisons pillées, épargnant les quelques maisons dont la porte arbore une inscription à la craie précisant "ne pas piller". Certains soldats et même des officiers menacent et injurent bon nombre de prisonniers en leur disant qu´ils seront exécutés sous peu.

Et pourtant, certains actes humanitaires ont lieu dans ce chaos. Un médecin allemand portant le brassard de la Croix Rouge s´arrête à chaque maison du chemin tortueux emprunté par les 3 compagnies du I/LGR100 et distribue du chocolat aux habitants encore chez eux. Des soldats saxons distribuent également du pain, des bonbons et autres sucreries aux otages dont ils ont la garde. 
Vers 10 heures, le Dr Cassart, domicilié Rue Grande, au coin de la Rue des Fosses, ramasse des soldats allemands blessés dans les rues pour leur octroyer ensuite les premiers soins dans son cabinet. 

Vers midi, les trois compagnies saxonnes du I/LGR100 n´osent pas aller plus loin que la prison et renoncent provisoirement à continuer leur avancée en direction du Rocher Bayard.
Pour augmenter encore le chaos indescriptible dans le faubourg Saint-Nicolas, voilà qu´en provenance de la route Saint Jacques (route de Ciney) déjà empruntée très tôt le matin par le FR108 et le JR182,  les lourds attelages des pontonniers de la division tirés chacun par 4 ou 6 chevaux, chargés de leurs encombrants pontons métalliques et  accompagnés par les pionniers de la 3/Pi12 essayent de se frayer un passage dans la rue étroite longeant l´arrière des murs d´enceinte de la prison. Eux aussi ont l´ordre de se rendre vers le Rocher Bayard et Les Rivages pour construire leur pont et sont obligés de rebrousser chemin, la route longeant la Meuse étant encore sous le tir direct des mitrailleuses francaises. Les attelages font donc demi-tour et remontent la rue Saint-Jacques en direction du plateau d´Herbutenne. Une trentaine de ces pontons sera alors transportée vers Les Rivages par ces mêmes attelages en fin d´après-midi, en empruntant cette fois la route de Froidvau qu´utilisera ensuite aussi le GR101. Six pontons métalliques seront cependant désattelés en fin de matinée à proximité du chateau d´Herbuchenne où cantonnent encore les II et III/LGR100. Ces pontons feront l´objet d´une mission aussi bizarre qu´insensée...

Vers midi, l´heure de la 8/100 de Paul DREßLER a sonné...L´Hauptmann von Montbé recoit l´ordre suivant: la 8ème cie et une section de la 7ème Cie doit se charger à dos d´homme ces 6 lourds bateaux-pontons métalliques et les transporter vers la Meuse en empruntant le chemin tortueux de la Montagne de la Croix déjà utilisé par les 3 compagnies du I/100 en cours de matinée...Cet ordre idiot fut très certainement donné suite à l´embouteillage causé par les attelages dans la rue de la prison. On décida donc de remplacer les chevaux par les hommes en espérant que cette solution soit plus productive...

Chemin de croix de la 8/LGR100 de Paul DREßLER lors de cette journée du 23.8.14:

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Chaque barque est portée par 40 hommes et dirigée par un officier ou un Offizierstellvertreter. Quelques éclaireurs de la 10/100 forment la tête de ce cortège insolite qui traverse d´abord quelques prairies. Le métal des barques brillant au soleil de midi attire rapidement les premiers tirs francais de la rive gauche. L´historique s´obstine une nouvelle fois à affirmer que les tirs proviennent également de nombreuses maisons bordant le chemin dans lesquelles sont encore embusqués des franc-tireurs. Les tirs proviennent soit-disant des fenêtres mais aussi des cheminées (!). Le premier ponton arrive tant bien que mal en ville et est déposé devant une auberge en flamme, les porteurs blessés étant immédiatement remplacés par les camarades valides escortant ce défilé tragi-comique. 
Mais le deuxième bateau-ponton ne suit pas. L´Hauptmann von Montbé remonte lui-même la côte, accompagné par le musicien Richter et exorte ses hommes. Le second ponton arrive lui aussi en bas de la pente, suivi peu après par le troisième ponton conduit par le Leutnant Treusch von Buttlar. Ce dernier annonce que les porteurs des trois autres barques sont décimés par les tirs et n´ont plus la force de porter leur fardeau. Fähnrich von Feilitzsch, qui dirige un des pontons est également tombé sous les balles ennemies. 
Hauptmann von Montbé ordonne aux Leutnante Mälzer et von Buttlar de l´accompagner, et à trois, ils recommencent l´ascension de la pente pour exorter leurs hommes. Sous une grêle de balles, les grenadiers parviennent à transporter le quatrième ponton jusqu´en ville. Devant la 5ème barque, le Fähnrich von Feilitzsch gît au sol, grièvement blessé. La plupart des porteurs sont eux aussi hors de combat. D´un effort commun, en traînant plus le ponton que le portant, le Leutnant Buttlar, le Vizefeldwebel Berndt, le hussard Bertram du HR20, le Grenadier Richter, les lieutenants von Rochow, von Ehrenthal et Mälzer, ainsi que le Vizefeldwebel Stumpf parviennent à le tirer jusqu´au bas de la pente. Le 6ème ponton est abandonné à son sort en haut du chemin...

Voici quelques vues actuelles de ce chemin étroit et tortueux emprunté par les compagnies du LGR100 lors de cette journée du 23.8.14. Il est aisé de voir qu´il est en grande partie à découvert et qu´il pouvait être parfaitement pris sous les feux des mitrailleuses francaises placées sur les hauteurs de la rive opposée...

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L´historique du LGR100 poursuit sa narration en affirmant que le Leutnant von Buttlar et le hussard Bertram du HR20 sont blessés grièvement par une jeune fille qui leur tire dessus par le soupirail d´une cave...

Entre temps, le chef de la 8ème Cie, Hauptmann von Montbé, part à la recherche des compagnies du I/100 et la 4ème Cie est mise à sa disposition pour aider les restes des hommes de la 8/100 à transporter les 5 pontons et les escorter jusqu´au secteur situé entre le Rocher Bayard et le hameau de Les Rivages.
La commission d´enquête belge mentionne qu´à cette occasion, de nombreux civils belges furent placés en boucliers humains le long du rivage pour permettre cette fin d´opération.
Entre temps, le soleil a dépassé son zénith et le Kommandeur du LGR100, Oberst von der Decken, laisse également descendre le 3ème bataillon et la MGK par le même chemin arpenté. La troupe est elle aussi encore prise sous les balles, soit disant en provenance d´un long bâtiment rouge sur la rive gauche sur lequel flottent 4 drapeaux de la Croix rouge. 

Peu après ordre est donné d´incendier toutes les maisons qui bordent le chemin emprunté par le LGR100 et desquelles les franc-tireurs belges ont tiré sur les soldats saxons. À cet effet, les dernières compagnies du LGR100 étant encore restées en réserve sur le plateau d´Herbuchenne (5ème, 6ème et 2/3 de la 7ème Cie) sont elles aussi mises en marche vers la ville pour parfaire l´opération de représailles contre la population civile. 
Les troupes francaises de la rive gauche commencent lentement leur retraite et leur feu est de moins en moins nourri. 
Les 5 pontons qui ont été transportés à sang et sueur d´hommes gisent maintenant sur le rivage, percés de part en part par de nombreux projectiles, pour le moment totalement inutilisables...Ils seront cependant réparés dans la nuit par les pionniers à l´aide de bouchons en liège. 
Les nombreux blessés de la 8/100, dont Paul DREßLER gisent encore le long du chemin emprunté l´après-midi, entre d´autres camarades morts mais aussi de civils belges blessés ou exécutés, attendant d´être soignés et / ou transportés dans un des postes de la Croix Rouge du DR Marx (II/100).  Leurs camarades réquisitionnent des échelles dans les fermes avoisinantes pour faciliter le transport des blessés mais aussi une grande quantité de foin pour leurs litières en bord de rues et de fossés. Le livre blanc allemand mentionne aussi qu´un poste de secours "mixte" fut aussi installé dans une maison du hameau de Les Rivages pour soigner soldats allemands et civils belges. En courant de soirée, lorsque les pontonniers auront terminé leur ouvrage, un Lazarett sera aussi installé sur la rive gauche de la Meuse, dans le faubourg de Neffe, dans le couvent provisoire des Soeurs Clarisses, au presbytère de Neffe. Ces dernières avaient émigré de Rennes suite aux lois anticléricales francaises du début du XXème siècle. Un médecin allemand aura la direction de ce Lazarett dans lequel seront aussi soignés des soldats francais du 208 RI.

Durant l´après-midi, le faubourg Saint-Nicolas est mis à feu et à sang.
Un incident se produisit dans la cour de la prison, visible du haut des falaises surplombant Dinant. Des otages mais aussi des soldats allemands les escortant dans cette cour furent pris sous le feu des dernières compagnies du LGR100 descendant en ville, ces dernières croyant à un rassemblement de civils prêts à une émeute. Grâce à des drapeaux blancs agités frénétiquement, les Allemands cessèrent le feu.  

En fin d´après-midi, environ 150 otages sont placés contre le mur de la propriété du Procureur du roi, M.Tschoffen. Un officier allemand (vraisemblablement le lieutenant colonel Kielmannsegg, chef du I/100) déclame une sentence en mauvais francais et accuse les futures victimes d´avoir tiré sur les troupes allemandes en abusant des symboles de la Croix Rouge. Trois rangées de soldats allemands sont placées en face des civils, deux à genoux et une debout. En tout environ 125 soldats participent au peloton d´exécution. Les civils blessés seront ensuite achevés méticuleusement....
Le vacarme de cette terrible fusillade provoque la panique aussi bien chez les otages dans les cellules de la prison que de leurs geôliers, ces derniers croyant à une contre attaque francaise. De ce fait, les prisonniers encore incarcérés sont libérés provisoirement, échappent à une seconde fusillade mais sont  tout de même peu après acheminés vers Les Rivages servant de boucliers humains aux troupes saxonnes. S´ensuit alors une fouille pénible par quelques officiers lors de laquelle argent, bijoux, petits objets de valeur et pièces d´or seront confisqués. Plus de 400 de ces otages seront alors mis en marche par la route de Froidvau vers l´Allemagne où ils seront incarcérés dans la prison de Cassel.

Dans le courant de l´après-midi, vers 15 heures, la trentaine de pontons restante, encore montée sur leurs attelages, est acheminée du plateau d´Herbutenne vers Les Rivages en empruntant la route de Froidvau qui n´est pas très exposée aux tirs de la rive gauche, d´autant plus qu´une grande partie des compagnies francaises avait commencé à battre en retraite. Les pontonniers et les pionniers de la 3/Pi12, suivis par la totalité du GR101, se mettent rapidement au travail et la construction du pont avance à grand pas entre 16 et 18 heures. À l´arrivée de ces troupes à Les Rivages, ce secteur n´était encore occupé par aucun soldat allemand, les compagnies du LGR100 étant encore bloquées dans le faubourg Saint-Nicolas. 
Par "mesure de sécurité", des civils sont là aussi pris en otage pendant que le pont est construit et que les premières compagnies du GR101 passent la Meuse à la barque. 


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Les quelques troupes francaises de la rive gauche, jusqu´à là encore tenues en échec par l´artillerie allemande, s´apercoivent que les Saxons avancent rapidement dans leurs travaux et prennent les pontonniers sous un feu concentré. Deux compagnies du GR101 (2ème et 11ème) ayant déjà pris pied sur la rive gauche prennent à leur tour sous leur feu les troupes francaises sur les hauteurs et sont même persuadées à leur tour qu´elle sont la proie de tirs provenant de maisons barricadées de la rive gauche. 


En représailles, les hommes du GR101 fusillent 77 otages (vieillards et enfants) sur la rive droite, au pied du Mur Bourdon et commencent à incendier les maisons de Les Rivages. 
Sur la rive gauche, les grenadiers du GR101 font la chasse aux civils dans les maisons bordant la rive et les épisodes ayant eu lieu sur la rive droite dans le faubourg occupé par le LGR100 se renouvellent mantenant au faubourg de Neffe. 
Environ 40 civils s´étant réfugiés dans une conduite asséchée d´un aqueduc sont tués par jets de grenades.

Lorsque le soleil disparait derrière l´horizon, la majeure partie de Dinant sur la rive droite et le faubourg de Neffe sur la rive gauche sont la proie des incendies. La ville qui comptait un peu plus de 1700 maisons avant l arrivée des Allemands, décomptera environ 880 maisons incendiées, environ 600 maisons à un degré de destruction plus ou moins grave et 250 habitations encore intactes.

Les compagnies du LGR100 atteignent le secteur du Rocher Bayard en fin d´après-midi, après l´arrivée du GR101, des pionniers et des pontonniers sur les bords de la Meuse à Les Rivages.  Ils y bivouaqueront en attendant leur traversée de la Meuse dans les premières heures du 24 août 1914. 

La photo ci-dessous, très intéressante, est extraite de l´historique du LGR100. On voit parfaitement, en fonction de l´éclairage des rochers par le soleil, que le cliché a été pris en fin d´après-midi, début de soirée. On peut y distinguer quelques officiers devant leurs hommes, le numéro "100" sur les couvre casques. Il semblerait que quelques soldats soient assis ou allongés sur l´extrême gauche de la photo, peut-être des blessés?
La seconde photo actuelle en dessous est bluffante, du fait que la structure du rocher ne semble pas du tout avoir subi d´érosion depuis plus de 100 ans.

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Le LGR100 laissa sa 12ème Cie pour quelques jours à Dinant, afin de garder les ponts sur le fleuve mais aussi pour assurer la sécurité des nombreux blessés encore soignés dans différents postes de secours. Le gros des troupes saxonnes quitta Dinant pour toujours dans la matinée du 24.8.14.

Comment le casque de Paul DREßLER a t´il pu nous atteindre dans un aussi bel état de conservation? Nous ne le saurons vraisemblablement jamais.

A t´il été oublié dans un des postes de secours provisoires, une fois les derniers blessés graves évacués vers l´Allemagne? On peut facilement s´imaginer qu´un équipement important joncha encore quelques jours le sol de la ville, de ses recoins et de ses alentours.

Paul DREßLER a t´il été soigné par un médecin belge qui garda ensuite ce casque en souvenir, oublié ou perdu chez lui lors de ces journées chaotiques? Ou bien au couvent des Soeurs Clarisses au presbytère de Neffe? Un souvenir laissé en remerciement ou en souvenir à l´une des Soeurs?

Ou bien ce casque a t´il été découvert dans un fossé, une habitation délaissée, un jardin, une dépendance, par l´un des habitants faisant partie des quelques centaines de civils ayant regagné à la fin du mois d´aôut leurs maisons encore habitables, ou ayant tout simplement voulu récupérer encore quelques biens ou souvenirs de famille dans les décombres de leurs maisons? 

Merci d´avoir eu la patience de me lire jusqu´au bout  Wink  /merci/


Dernière édition par Rheinbaben le Ven 13 Mai 2022 - 11:02, édité 2 fois
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p.lamy




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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyMer 11 Mai 2022 - 21:31

Rien à dire, si ce n'est :

bravo Philippe /biere/ /biere/ /merci/

Cordialement.
P. Lamy
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Rheinbaben

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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyJeu 12 Mai 2022 - 12:35

Bonjour,

Voici en guise d´épilogue, quelques clichés issus de l´ouvrage d´enquête de 1922 méticuleusement rédigé par deux ecclésiastiques belges.

dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Enquet10

Des inscriptions faites à la craie par les soldats saxons, pour épargner la vie, la maison et les biens de certains habitants de Dinant:
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Enquet11

Le faubourg Saint-Nicolas, le secteur de Dinant qui fut saccagé par les soldats du LGR100. Tout au fond, le pont réalisé sur bateaux-pontons par les pontonniers saxons et la 3/P12:
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Enquet12

Le mur de la propriété du procureur Tschoffen, contre lequel 150 civils belges furent fusillés par un peloton d´exécution dénombrant 125 soldats du LGR100:
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Enquet13
Un document manuscrit délivré par un officier du JR182 au Dr Laurent. " Herr Laurent hat die deutschen Truppen sehr gut aufgenommen und sich der Verwundeten angenommen. Dies bescheinigt für sein Verhalten" ( M. Laurent s´est très bien occupé des troupes allemandes et a soigné les blessés. Ce document est le justificatif de sa bonne conduite):
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Enquet14


Le mur Bourdon au hameau de Les Rivages, contre lequel furent fusillés environ 70 civils par les troupes du GR101:
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Enquet15

Certaines personnalités et notables de la ville de Dinant se virent remis dans la semaine suivant la mise à feu de Dinant, des permis de circuler, ici remis à l´adjoint du procureur du Roi de Dinant, M. Legrand.
Il est très possible que le casque de Paul DREßLER ait pu perdurer en tant que souvenir (ou cadeau de reconnaissance) au sein de telles familles privilégiées de la ville de Dinant, que ce soit des procureurs, des juges ou des médecins ayant donné les premiers soins aux blessés allemands. Ces personnalités privilégiées du fait de leur status et de leur "travail de collaboration" avec les autorités allemandes ont certainement aussi pu conserver certains objets abandonnés dans la ville par les Allemands sans avoir à craindre de réprésailles par la suite, comparé à un simple habitant.
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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyDim 15 Mai 2022 - 22:21

A description magistrale des combats ! Comment ce casque a été récupéré restera un mystère, dommage qu'il ne soit pas sorti de première main.
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Poilu60600




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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyLun 16 Mai 2022 - 14:12

Superbe étude historique! /merci/
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Rheinbaben

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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptySam 21 Mai 2022 - 11:57

Bonjour,

Trouvé en parcourant le web...

Une publication des années 30 par un ancien combattant de la 6/108. Le thème était encore "chaud", 20 ans plus tard..

https://portal.dnb.de/bookviewer/view/1066269815#page/n2/mode/1up

dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Sacded10

Pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Goethe, une brève synthèse.

Cet ancien combattant publia cet ouvrage dans le but de répondre aux "mensonges" de l´enquête belge concernant le massacre de Dinant. Selon l´auteur, une telle réponse contres les "propos diffamatoires belges" n´avait pas été plus tôt possible, du fait du "régime marxiste" ayant régné en Allemagne après la guerre (C´est naturellement la République de Weimar qui est visée).

L´auteur (Kurt Wülfing) certifie avoir assemblé (en silence) depuis des années un grand nombre de témoignages d´anciens frères d´armes saxons présents à Dinant dès la première reconnaissance en force ayant eu lieu dans la nuit du 21 au 22 août 1914. 
Il déplore le fait que les témoignages de soldats allemands rapportés dans l´enquête belge (livre gris) ont été obtenus sous pression, ces derniers ayant été interrogés en captivité, les témoignages ne pouvant être objectifs et ayant été ensuite falsifiés...

L´enquête belge n´accepta pas l´argumentation allemande comme quoi chaque maison de Dinant avait été préparée pour un combat de rue entre civils belges et troupes saxonnes, par l´installation de nombreuses meurtrières dans les facades et le barricadement systématique des portes et fenêtres, faute de preuves. L´auteur demande comment une troupe combattante aurait-elle pu faire une telle documentation photographique, se trouvant en plein combat. 

L´auteur se base sur la documentation de la nature des blessures dressée par Feldlazarett II du XII Armee Korps saxon. Il en ressort que 28 soldats furent blessés par des tirs à la chevrotine. Il cite en particulier un Unteroffizier et un Leutnant de sa compagnie, ce dernier ayant de surcroit recu une seconde blessure par poignardement dans la main...Le chef de compagnie de la 5/108 fut touché par de la chevrotine dans le genou, tous les plombs n´ayant pu être extraits de la blessure, ce qui lui causa un raidissement de l´articulation.
Wülfing mentionne que les chefs de compagnie de la 6 et de la 7/108 (Oberleutnant Freiherr von Oer et Hauptmann Lindner) qui furent tués lors de ces combats, présentaient tous les deux des coups de chevrotine directs dans le visage...

Wülfing réfute également l´argument de la commission d´enquête belge, comme quoi il aurait été impossible pour les soldats allemands de faire la différence entre un coup de feu tiré par une arme de guerre et celui tiré par un fusil de chasse.

Plus loin, il est question de rapports officiels dressés en 1915 par le procureur belge de la ville de Dinant, certifiant que des maisons encore plus ou moins détruites et délaissées par leurs habitants ont été pillées par des civils belges. Il cite aussi quelques noms de soldats de la 4/108 qui seraient prêts à jurer sur l´honneur devant une nouvelle commission d´enquête, cette fois organisée par un pays neutre,  qu´ils ont vu des civils belges les armes à la main, leur tirant dessus. 

Avant de terminer, il déplore ensuite le fait que le gouvernement belge se refuse catégoriquement depuis 1927 à accepter une telle nouvelle enquête "neutre". 

Pour ne pas rester sur une fausse impression de non culpabilité des troupes saxonnes, un des seuls clichés (peut-être le seul encore existant) montrant les victimes civiles fusillées au Mur Bourdon à Le Rivage, en fin d´après-midi du 23.8.14 par les saxons du GR101:

dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Murbou10

/biere/
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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptySam 21 Mai 2022 - 16:24

Pas étonnant que la reconciliation germano-belge ait eu lieu seulement en 2001 !
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Thierry70

Thierry70


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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyVen 20 Jan 2023 - 15:16

Bonjour,
Ne voulant pas polluer cette superbe étude, je pense cependant que ces quelques pièces donnent une complémentarité au sujet...
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Img_9120
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Img_8147
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dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Casque11
Casque du 8/LGR100 ayant été porté par le Gefreiter Oskar Benedix
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Img_6851
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Img_6850
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/merci/ /biere/
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Rheinbaben

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MessageSujet: Re: Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant   dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant EmptyMer 19 Avr 2023 - 7:16

Thierry70 a écrit:

dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Img_9120
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Img_8147
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Img_9045
dinant - Un "cold case" pointu du 100ème saxon, témoin actif du Sac de Dinant Img_9046

Casque du 8/LGR100 ayant été porté par le Gefreiter Oskar Benedix


Bonjour,

Je rebondis un peu tard  Very Happy

Oskar BENEDIX de la 8/100 est mentionné une seule fois dans une publication de novembre 1916 des VL comme blessé légèrement en octobre 1916, donc très (trop?) tardivement pour le port d´un casque à pointe en première ligne:

http://des.genealogy.net/search/show/5012588

Connais tu circonstances et lieu de trouvaille de ce casque qui est de la même compagnie que le mien de Paul Dreßler? 

L´hypothèse qu´il aurait aussi été perdu à Dinant lors de cette journée chaotique du 23.8.14 serait intéressante à vérifier  /reflechi/

/biere/
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