Bonjour à tous, une image mortuaire éditée en mémoire d'un capitaine du 119eme Ri, Louis-Jean Viguier, issu de l'Ecole Militaire De St-Cyr,
mort au Champ d'Honneur au "Bois de la Folie", lors de l'attaque du 25 septembre 1915 en Artois.
Extrait des archives départementales du Tarn-et-Garonne:
... a entrainé la Cie avec le plus grand allant et la plus extrême vigueur,après avoir
conquis la position fixée, est arrivé sans s'arrêter jusque la 2eme ligne ennemie, malgré un feu violent de mousqueterie et de mitrailleuses...Le Bois de la FolieLe 119e fait partie des troupes d’attaques de la Xeme armée (général d’Ubal) pour l’offensive de septembre; il a comme objectif la cote 140 et le bois de la Folie, positions très fortement organisées et tenues par des régiments de la garde.
Les bataillons viennent successivement, dans les quatre jours qui précèdent l’attaque, se familiariser avec le terrain et donner le dernier coup de pelle aux têtes de sapes par lesquelles ils doivent déboucher; dans la nuit du 24 au 25, ils viennent se ranger silencieusement dans les parallèles de départ: dans chaque bataillon, 2 compagnies en première ligne, 2 compagnies en réserve.
Le 25, à midi 25, dans un élan splendide, les premières vagues escaladent le parapet; mais elles sont aussitôt accueillies par un feu intense de mousqueterie et de mitrailleuses, car la préparation d’artillerie, très efficace sur la deuxième et la troisième ligne, a respecté la première. Nombreux sont ceux qui tombent avant d’avoir fait dix pas, ceux qui ont pu parvenir jusqu’aux fils de fer, intacts, sont accueillis par un violent barrage de grenades. Les secondes vagues s’élancent néanmoins et ont le même sort; le commandant Broquette, les capitaines
Viguier, Roussel, sont tombés les premiers. Les survivants des vagues d’assaut, blottis dans les trous d’obus, doivent attendre la nuit pour regagner en rampant la parallèle de départ.
On ne peut rester sur cet échec. Le 26 au point du jour, le 1er bataillon renouvelle ses assauts afin de tâter l’ennemi, mais le Boche est toujours là en forces et brise aussitôt notre élan. A 17 heures, nouvelle attaque générale dans les mêmes conditions que la veille, avec l’appoint de deux compagnies du 407 régiment d’infanterie : même insuccès. Le commandant Siau est tué d’une balle au front, les pertes en cadres sont énormes. Le régiment, épuisé, est relevé dans la soirée par le 407eme régiment d’infanterie et vient se réorganiser un peu en arrière, dans les abris de la route de Béthune.
Le surlendemain matin, le régiment est alerté et reçoit l’ordre de se porter en avant pour appuyer une nouvelle attaque exécutée par le 407 régiment d’infanterie. La première ligne allemande est pris; le 407eme étant à bout de souffle, le 119eme prend à son compte à partir de 16 heures la continuation de l’attaque et après un combat acharné qui dure jusqu’à la nuit, parvient jusqu’à la troisième ligne, ramenant de nombreux prisonniers. Mais en raison de la désorganisation des unités, il faut clore la série des attaques et se contenter d’organiser le terrain pour parer à une riposte éventuelle de l’ennemi. En dehors d’une tentative exécutée par un peloton de la 3eme compagnie, sous les ordres du sous-lieutenant Guichet, pour élargir notre succès dans le prolongement de la tranchée des Tirailleurs, il n’y aura plus que de petites escarmouches quotidiennes aux barricades sans résultat d’ailleurs.
Un grand nombre d’officiers avaient trouvé la mort au cours de ces durs combats ; ce sont les commandants Siau et Broquette, les capitaines
Viguier et Roussel les lieutenants Rose, Gadoin et Andress, les sous-lieutenants Galepin, Proz, Fontaine, Gaudon, Piccot et Millet.
Lorsque que le régiment dans la nuit du 7 au 8 fut relevé par des troupes fraîches il avait perdu tant en tués qu’en blessés 34 officiers; 114 sous-officiers, 1147 caporaux et soldats.
Les survivants, exténués de faim, de soif, de sommeil et de fatigue, croyaient sortir d’un mauvais rêve en montant dans les camions qui les transportaient vers les cantonnements de repos de la banlieue de Frévent. Il leur fallut, pour les rappeler à la réalité, lire quelques jours plus tard la belle citation accordée par la Xeme armée au 119 régiment d’infanterie:
« Sous les ordres du lieutenant-colonel Husband, a exécuté, trois jours de suite des attaques violemment contrebattues par l’ennemi, a réussi, par la persistance de son élan et sa ténacité, à franchir trois lignes de défense et à se maintenir sur la position conquise pendant neuf jours, sous un bombardement incessant, gardant l’ennemi sous la menace de son attaque. »
(Sources: 51 mois de guerre, Historique du 119eme RI, Editions Lavauzelle, 1920)
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