Les casques à pointe spécifiques M1906 du B.A.0 (Chine)

Bonjour,

Vu le contexte : (un peu d'histoire en prolégomène)  
https://www.histoire-pour-tous.fr/guerres/2881-la-guerre-des-boxers-chine-1900-1901.html

Le 14 novembre 1897, le Reich allemand occupe le port chinois de Tsingtau et, dans un contrat avec l'Empire chinois daté du 6 mars 1898, loue une superficie de 550 km² avec Tsingtau comme centre pendant 99 ans - le protectorat du Kiautschou. La province de Schantung, à laquelle la zone louée appartenait effectivement, a été déclarée zone d'intérêt allemande et zone neutre. Dans cette région, l'empire a reçu des concessions pour la construction et l'entretien des lignes de chemin de fer et des mines. Cependant, dès le 30 octobre 1895, le Reich allemand avait le droit d'établir des succursales dans les ports internationaux sous contrat de Tientsin et Hankou, qui existaient depuis 1859/60. Et bien sûr, l'empire, comme les autres grandes puissances et d'autres États impliqués dans le commerce chinois, a également maintenu une légation à Beijing. Les missions allemandes étaient également actives à l'intérieur de la Chine, tout comme les marchands allemands, en particulier à Shanghai. Le Reich allemand fut très impliqué en Chine pour mater le soulèvement des "Boxers",  et se considérait comme tel. En mai 1900, le Reich allemand envoya un contingent du IIIe bataillon maritime stationné à Tsingtau à Pékin, deux autres compagnies furent envoyées à Tientsin et l'escadron de croiseurs se dirigea vers la rade devant les forts Taku à l'embouchure du fleuve Peiho. Entre-temps, la situation à Beijing a continué de se détériorer et de nouvelles troupes sont nécessaires.  Le 3 juillet, l'ordre a été donné de mettre sur pied un corps expéditionnaire de volontaires de l'armée (sous la direction du général von Lessel). A son arrivée en Chine, Lessel prend également le commandement suprême du Corps expéditionnaire naval et de toutes les autres unités navales déployées sur terre conformément à l'ordonnance correspondante du 27 juillet.

Entre-temps, les Alliés avaient convenu de former un corps expéditionnaire international, avec l'Allemagne comme commandant en chef. Le 12 août 1900, l'ancien chef du Grand état-major général, le feld-maréchal Alfred Graf von Waldersee, est nommé commandant en chef de la force armée internationale, qui compte finalement 64 000 hommes.
Avec les 19 093 hommes de son Corps expéditionnaire d'Asie de l'Est sous le commandement du général von Lessel, le Reich allemand fournit près d'un tiers des forces armées internationales. Structure du Corps expéditionnaire de l'Asie de l'Est : 3 brigades d'infanterie à 2 régiments d'infanterie avec 9 compagnies chacune 1 compagnie de chasseurs 1 régiment de cavalerie à 4 escadrons 1 régiment d'artillerie de campagne à 3 divisions avec un total de 8 batteries 2 colonnes de munitions légères 1 bataillon obusiers lourds de campagne avec 2 batteries 1 régiment pionnier avec 9 compagnies chacune 1 compagnie de chasse 1 régiment de cavalerie à 4 escadrons 1 régiment d'artillerie de campagne à 3 divisions avec un total de 8 batteries 2 colonnes de munitions légères 1 bataillon obusiers de campagne lourds avec 2 batteriesBataillon de 3 compagnies 1 Bataillon de 3 compagnies 1 Bataillon de 3 compagnies 1 Corps Télégraphie 1 Compagnie médicale 1 Colonne de munitions 1 Département avec 7 colonnes de munitions 1 Commandement du train avec 3 colonnes d'approvisionnement, 1 boulangerie de campagne, 6 hôpitaux de campagne 1 poste de commandement avec 1 dépôt de chevaux, 1 dépôt d'hôpital militaire, 1 colonne de munitions à un étage, le personnel de 3 hôpitaux de guerre et d'un navire-hôpital, plusieurs stations d'approvisionnement.  Le Corps expéditionnaire de l'Asie de l'Est a été dissous le 17 mai 1901 et transformé en Brigade d'occupation de l'Asie de l'Est basée à Beijing, Tientsin, Langfang, Yangtsun, Tangku et Shanghaikwan.

Structure de la brigade d'occupation de l'Asie de l'Est : 1 état-major de commandement avec les autorités administratives 2 régiments d'infanterie de 6 compagnies chacun, dont 1 compagnie a monté 1 chasseur d'escadron à cheval 1 batterie de campagne 1 compagnie pionnière avec détachement télégraphique 1 hôpital de campagne La Brigade d'occupation d'Asie orientale fut encore réduite et restructurée le 1er mai et 11 décembre 1902. Le 6 mars 1906, la Brigade d'occupation de l'Asie de l'Est fut également dissoute et remplacée par un détachement de l'effectif du bataillon. Celle-ci fut remplacée le 5 avril 1909 par une unité d'infanterie navale, qui fut liquidée en 1910.

Vu la synthèse supra, on constate que pour la part Allemande, il y eut deux entités successives :
---En 1897 un corps expéditionnaire de l'Asie de l'Est (plusieurs unités de différentes armes (marine, artillerie, infanterie, sanitaire etc...)
---En 1901 réduction à une brigade d'occupation de l'Asie de l'Est.  
---En 1906 réduction à un détachement de l'effectif d'un bataillon.

C'est dans ce contexte que sont "nés" les casques à pointe dit de la Brigade d'occupation de l'Asie de l'Est :



(à suivre)

Bonjour Clovis,

J'attends la suite avec impatience ! Merci pour cette présentation.
Cordialement.

Voici donc "l'objet" du présent Post et sa "genèse" :

Je viens d'acquérir un Pickelhaube "chiné"    chez un collectionneur de WW2.   grâce à l'ami BININVILLE que je me dois de remercier en passant.  
https://lagrandeguerre.1fr1.net/t135295-casque-mle-1895-prussien
Certes, en "low-cost" car loin d'être irréprochable et intouché,    mais la base est formellement identifiable.    Nous verrons infra, qu'il s'agit bien d'un casque parti à Tsingtau, puis revenu en Allemagne, pour être probablement ressuscité à la mobilisation (comme l'atteste les traces d'Uberzug).  


*Les identifiants du modèle bien spécifique :  

---La visière sans jonc de bordure métallique, (type M87 ou Shako) mais avec un bourrelet de pourtour, thermoformé.  
---Visière, renforts latéraux en chapeau de gendarme, et couvre-nuque sont peints en "vert olive".  
---Le couvre-nuque simplement cousu, sans jonc de rigidité vertical, comme sur les M67.  
---Le cachet B.A.0. pour Beckleidungs-Amt-0stasiatisches Expeditionskorp.  
---Le Reichsadler en version WilhelmII. (que je me suis empressé d'échanger avec le prussien s'y trouvant). Le premier montage de cet aigle fut du système M67, c'est à dire à longue "agrafe-linguet", venant se glisser dans un pontet toujours vertical, mais a assise cette fois horizontale. Ce dispositif ayant à nouveau montré ses défauts, il fut modifié de façon M71, c'est à dire à écrous vissés.








*Les identifiants absents sur ce casque :  

---Une feutrine vert-olive. (Feldgrau) ici disparue, recouvrait originellement la bombe  
---La  pointe est normalement atypique, embase dévissable, laissant une "patère" en position de "campagne". Teller spécifique, à réglage de l'aération par guillotine. Ici elle a été remplacée "à l'arrache" par une standard M95 prussienne.  

Infra : reste de feutrine de couverture.


Infra : le fabricant principal voire exclusif pour ces casques : LOH und Söhne -BERLIN-  (on verra que quelques Clemen seraient plutôt pour les modèles dit d'Essai 1905)


PS. Réponse à Rheiny à la question du post d'identification de ce casque :
"Pas de doubles trous derrière la plaque?  "
Si       un œil exercé (et  informé au montage originel ) aura remarqué la paire de marques située sous les 2 "doubles perçages".

Ils correspondent aux 2 premiers dispositifs originels de fixation des aigles impériales apposés à ces casques (# des Reichsgendarmen).

S'agissant des fixations du Reichsadler "tropical" (et non de celui des Reichsbeamten, Reichsgendarmen etc...)
initialement ils étaient fixés avec de longs linguets-agrafes verticaux soudés derrière l'aigle, et venant s'enfiler dans un petit pontet vertical mais lui même agrafé horizontalement, contrairement au vertical des M67;


Pour comparaison : les pontets M67 troupe pour l'infanterie prussienne :


On se demande pourquoi être revenu à ce modèle à agrafe M67 qui n'avait perduré que 3 ans, vite remplacé par le retour des vis-écrous en 1871. En effet, le système prussien M67 était fragile (longs linguets) et les aigles avaient facilement tendance à se "dissiper"...  
De la même façon, ces casques M06 furent modifiés également par ablation des pontets agrafés, perçage de la bombe,  et remplacement des linguets verticaux, par  des goujons filetés et écrous ou éventuellement par des pontets et coins en cuir type M95 (non vérifié par moi-même à ce jour).  Ces Reichsadler sont alors identiques à ceux des Reichsgendarmes d'Alsace-Lorraine.  

Idem , pas d'agrafage pour les Jäger zu Pferde projeté en Asie de l'Est :


En effet, avec les sursauts du galop, les linguets-agrafes finissaient par surmonter les pontets et se détacher...

Reste à différencier les M01-06 de leurs cousins les "Essais M05" sensiblement différents...ou pas. l
---le vrai modèle d'Essai  1905 est aux standards  du M95, bombe en cuir verni noir, mais recouverte d'une feutrine légère et pelucheuse grise.



joncs de visière et nuquière métallique etc...
---l'autre modèle d'Essai 1906 aux standards de  "l'asiatique" :

A noter que cette pointe "tropicale" présente non seulement une Teller avec aérateur à guillotine, mais aussi 6 trous oblongs au lieu de 5 ronds...  Certaines sont fixes, certaines sont escamotables en se dévissant sur une patère en fer-gris, puis plus tard sur un "bouton" type M15;  
En essai au Lehr-JR  :



---Un autre identique, mais saxon, qui est donné pour la  Serbie... s'agissant d'un casque "colonio-tropical"... le feutre étant sensé empêcher la cuir noir de la bombe de capter la chaleur solaire et de faire bouillir la cervelle du Landser.  

Mais souvent on en trouve une "variante" quant au couvre-nuque "orientable" :


Bien que ce dernier, pourrait-être en liège entoilé... on s'éloigne du modèle.
On a volontairement exclus les bombes en feutre, les lièges entoilés etc...

bonjour clovis 57

j'ai reconnu le casque de mon ami des flandres de rosendael prés de dunkerque!

il est superbe!

cordialement

biniville

Bonsoir Bininville,
Oui, l'affaire a pu se faire... très heureux de cette acquisition... qui m'a permis d'engager un sauvetage d'un autre chef d'œuvre en péril. Remise en configuration originelle... sous contrôle de l'architecte des monuments nationaux... et du conservateur du patrimoine...


Il a retrouvé la Teller à guillotine qu'il n'aurait jamais du quitter :



Il s'agit d'un des modèles, car d'autres plus ou moins proche ont existé :

---Deux systèmes :

**Le type à guillotine, pointe fixe de genre M95 :




**Le type "casque colonial", pointe à embase dévissante pour régler la petit "champignon d'aération" qui se visse-dévisse lui même par la tige filetée au centre :





Pointe classique M95 à 5 trous ronds sur embase sans têtes de rivet apparentes, car dévissable :

Le filetage est sous l'épaulement montré par la flèche.

Pointe type M95 mais à 8 trous oblongs, toujours sur embase sans têtes de rivet, car dévissable :


Infra,  c'est une variante avec bouton type M15, le filetage est sur le bouton et non sur la patère d'embase :


Ici c'est une autre variante, on a les 6 ou 8 trous oblongs, mais l'embase est aux standards des M95, fixée par les 4 rivets à tête visible et à 2 linguets repliables.


En fait, plusieurs type de pointe, mais aussi des variantes dans ce genre de casque à pointe :

Ici, non plus un cuir recouvert d'un feutre mais un cuir ou un liège entoilé d'une serge ou gabardine, la visière est identique à l'autre, en cuir peint en vert olive, par contre le couvre-nuque est orientable verticalement et est également entoilé, plus façon "Tropenhelm".