Service militaire. Mon arrière-grand-père, Pérou/Frère jumeau......

Bonjour à tous,

Je me permets de vous présenter une copie du livret individuel de mon arrière-grand-père, Léon-Marie Jeanneau. Né à La Chapelle Basse-Mer en 1882, il est forgeron de métier...

Il émigre au Pérou en 1906 où il se marie. De là, il rentre en France en 1915 pour servir son pays et participe à la grande offensive d'Artois du 25 septembre 1915 avec le 109 R.I.

Après un court service (environ 4 mois) en première ligne (147 R.I. 9 juin-20 juin/21 juin-5 octobre 109 R.I.), il a la chance d'être transféré à l'usine Lemaitre à Nantes pour y exercer son métier... Son frère jumeau (Donatien Jeanneau 137 R.I.) n'a pas eu cette chance, blessé par un obus explosif, Hebuterne, 7 juin 1915) Ensuite, il est transféré au 65 R.I. le 1er juillet 1917. Pendant le reste de la guerre, ses fonctions seront confinées à l'arrière avec ce régiment...

Pourtant, j'ai encore quelques questions... Avant le 147 R.I., il est fait mention du 17 R.I. et je me demande si c'était seulement pour le traitement administratif? Je pense que le traitement se fait par le biais du 64 R.I. (Ancenis) Conseil de recrutement ?

Toujours en rapport avec son service en première ligne, existe-t-il un moyen de savoir à quelle compagnie ou escouade un soldat peut appartenir ? Et si vous avez un métier particulier, cela pourrait-il être un moyen de le découvrir ?

Vous trouverez ci-joint une copie de son service militaire que j'essaie de déchiffrer et de comprendre ...

En continuant, y a-t-il aussi un moyen de savoir exactement quelles fonctions il avait à l'arrière avec le 65 R.I. ?

Vous trouverez ci-dessous une transcription du document...



Mobilisation générale par Décret du 1er Aout 1914.


Bon service armée le 22 septembre 1914

Conseil de révision de Lima Pérou affecté au 147e Régiment d'Infanterie et convoque immédiatement sans délai. Arrive au corps le 9 juin 1915.

Passe au 109 Régiment d'Infanterie le 21 juin 1915.
Détache à l'usine Lemaitre à Nantes le 5 octobre 1915.

Passe au 65 Régiment d'Infanterie le 1er juillet 1917.
Décret ministériel 10849 1/11 du 25 mai 1917.

Passe à la classe 1900 de mobilisation le 19 avril 1918.
Décret ministériel du 18 Juillet 1917 Nr 16093 2/1

Misencongé illimité de démobilisation le 11 février 1919 2e échelon Nr 1309_ Dépôt de démobilisation 65 Régiment d'Infanterie_ Se retire à Nantes 11 Rue de la Juiverie.

Affecte au titre des réserves au régiment d'Infanterie d'Ancenis le 7 juin 1920 (Décret ministériel du 1G_H_1920 Nr 5051 1/11)

Affecte le 25 sept 1921 au 64 Régiment d'Infanterie. Passe le 1er octobre 1924 au 65 Régiment d'Infanterie.

En revanche, son frère Donatien-Marie, précédemment cité...Si quelqu'un peut aider à clarifier son service militaire, ce serait apprécié...


Merci pour votre aide et vos commentaires...
Cordialement,
Philippe Jeanneau.

Pour continuer la discussion, j'ai encore quelques questions... Combien de congés un soldat ou un ouvrier pouvait-il avoir pendant la guerre ? Dans ce cas, où serait-il logé lorsqu'il travaille à l'usine Lemaitre à Nantes ?

Pourquoi sa classe serait-elle modifiée de l'année 1902 à 1900 le 19 avril 1918 pour quelqu'un déjà en service ? Dans ce cas, avec le 65 R.I. Qu'est-ce que cela signifie et quelle en serait la raison ?

Merci pour tout...
Philippe

Bonjour,

je ne suis pas trop spécilaiset des FM, par contre, à mon avis :
il est possible que votre ancêtre ait été incorporé en 1908 au 17e RI puis ajourné suite à sa hernie inguinale.

La blessure de son frère par balle explosive (et non obus) l'a sans doute physiquement handicapé, c'est pourquoi il a été versé au service auxiliaire dans le 65e RI, sans doute pour des fonctions administratives.
Cette blessure a eu suffisamment de conséquences pour éviter le retour au front, mais pas assez pour être réformé, d'autant qu'il y avait une crise d'effectifs dans l'armée française après les hécatombes de 1914 et 1915. Le contexte évoluant, il a été reformé définitif bien plus tard.
Pour les compagnies ou escouades d'affectation, on peut éventuellement en trouver trace dans les JMO en cas de blessure, mais sinon il faut sans doute approfondir les recherches en se rendant à Vincennes au SHA.

Il se peut par ailleurs que sa fiche matricule originelle ait été réécrite suite par exemple une destruction totale ou partielle du registre correspondant ou par exemple par un encrier renversé sur cette fiche... .
Ou il y a pu avoir des fautes de transcription d'où cette modification de 1918.

Pour les permissions, elles ont été établies au cours de 1915, mais je ne crois pas qu'il y avait une fréquence particulière, et certains événements militaires particuliers pouvaient les faire disparaître comme par exemple les offensives allemandes du printemps 1918.
Après, pour les ouvriers détachés, je ne connais pas le principe des permissions.

Cordialement.
P. Lamy

Bonjour Monsieur Lamy,

Merci beaucoup pour votre réponse... Mon arrière-grand-père était encore en France en 1903 lorsqu'il a été exempté du service militaire. Il a quitté la France en 1905 en tant que marin marchand en route pour l'Australie et est arrivé au Pérou en 1906... Je suppose qu'il aurait pu être incorporé dans le 17 R.I. au début de 1915 lorsqu'il est arrivé du Pérou à des fins cléricales ou d'instruction de base ?

En ce qui concerne son frère Donatien, j'ai commencé à faire des recherches sur la "balle explosive" et il semble que ce soit le type monté sur un fusil Mauser standard de l'époque. Je joins quelques images, mais la description est encore un peu vague... Il est difficile de comprendre comment une balle peut causer des blessures au visage, au bas du dos et au pied... Cela ressemble plus à une blessure causée par les éclats d'un projectile...

Si je dois interpréter la nature de ses blessures littéralement et accepter qu'il s'agissait d'une balle explosive (Dum-Dum), il aurait dû être tiré au moins 3 fois (conjecture) Au moins deux fois car il était déjà au sol... Son Livret individuel donne une description très détaillée des blessures ; et comme vous l'avez mentionné, elles n'étaient pas assez graves pour qu'il soit complètement retiré du service militaire. Je dois encore déchiffrer mot par mot le récit de son service, mais ce n'est pas facile...

Actuellement, j'essaie de trouver vers quel hôpital il aurait été transporté depuis Hebuterne le 7 juin 1915, mais sans succès... Je n'ai pas l'habitude de faire des recherches dans les archives de Vincennes ou du CSA, mais si c'est comme pour les Mémoires des Hommes... Très difficile de s'y retrouver !

Pour en revenir à mon arrière-grand-père, malheureusement, son livret original a été perdu, et une copie envoyée au Pérou en 1920 qui a également été perdue, n'ayant que les informations dans les archives qui, nous l'espérons, sont exactes ...

Je ne sais toujours pas pourquoi sa classe a été changée en 1918, surtout pour quelqu'un qui a plus de 34 ans et qui sert à l'arrière comme je le comprends avec le 65 R.I...

Quant aux détachés (loi Dalbiez août 1915) je n'ai pas d'informations complémentaires concernant la solde, les congés ou le logement... Je sais cependant qu'il a dû être difficile pour beaucoup de reprendre le service après avoir été détaché. Je connais également de nombreux soldats qui n'avaient pas de métier mais qui ont réussi à se faire détacher, trichant ainsi sur leur obligation... S'il leur arrivait de retourner à leur poste d'origine, j'imagine qu'ils auraient pu être détestés, et à juste titre...

Cordialement,
Philippe

Bonjour,
Pour les balles dites explosives, il en a existé destinées en principe à l'aviation. Après le simple fait de retourner la balle dans l'étui ou de fraiser l'ogive peut entraîner des effets de cavitation importants générant de terribled blessures à courte distance. Les conventions obligeaient à chemiser les projectiles pour éviter l'effet champignon du plomb quand il rencontre un obstacle...Peut etre a t'il été victime d'un tir à très courte distance lors d'une attaque.
Normalement il doit figurer dans les listes de blessés du JMO de son régiment. Après il faudrait regarder dans les JMO des services divisionnaires ou était rattaché son régiment.
Le changement de 1918 est peut-être lié aux événements que j'ai cités...
Il y a encore du travail de recherche...
Bien cordialement.
P. Lamy

Rebonjour,

Veuillez excuser ma réponse tardive... Je comprends qu'il y avait des types de balles, mais parfois nous devons nous demander si la bonne terminologie a été utilisée pour enregistrer l'information...

J'ai écrit au SAMHA (Service des Archives Médicales Hospitalières des Armées) pour obtenir des détails et on m'a répondu qu'il n'y avait pas de dossiers... Très surpris.

Malheureusement, le JMO ne répertorie que les officiers ou sous-officiers, mais pas les soldats réguliers...

Peut-être que si je savais où les blessés d'Hebuterne ont été emmenés ce jour-là, cela pourrait être utile... Je vais essayer de retrouver le JMO pour obtenir des informations... Y a-t-il un moyen facile de les rechercher ?

Cordialement,
Philippe

Bonjour,
Il peut y avoir des renseignements dans les services de santé divisionnaires auxquels était rattaché le régiment.
Après pour en avoir étudié plusieurs, les JMO des régiments ou de bataillons de chasseurs sont diversement remplis, le rédacteur peut dresser des listes complètes des blessés avec identité, leur grade, numéro de matricule, compagnie d'affectation, pour les hommes du rang comme pour les officiers. D'autres rédacteurs n'indiquent que les nombres de pertes sans autres renseignements... Cela, c'est pour les documents en ligne. Pour aller plus loin, il faut se rendre au SHA au château de Vincennes...
Pour les balles "explosives" il y a une part de légende dont s'est largement saisie la presse de l'époque, surtout en 1914 et début ,1915, pour dénoncer les "usages barbares des Boches", mais visiblement certaines pratiques similaires avaient lieu des deux côtés comme les balles retournées...La blessure dépend aussi de l'incidence, la distance et l'angle de tir.

Cordialement.
P. Lamy

Bonsoir,

Avez-vous le lien vers le 137 R.I. JMO ? J'aimerais également savoir dans quel hôpital les blessés ont été emmenés le 7 juin 1915, depuis le champ de bataille d'Hébuterne...

Entièrement d'accord avec vous sur la barbarie de la guerre, et perplexe sur le fait qu'après des siècles de combats, nous n'ayons pas appris ou trouvé d'autres moyens de résoudre nos différends...

Dernière mise à jour...

Très récemment, j'ai été très heureuse de pouvoir séjourner chez mon cousin à St. Nazaire, dans la même parcelle qui est dans la famille depuis 1914, ce qui était génial, car la maison est pleine d'histoire et de trésors ! L'un d'entre eux est un album de cartes postales familiales de cette époque qui m'a été offert.... Je n'en croyais pas mes yeux, car il contenait quelques surprises... La première, deux pages de cartes postales écrites par Donatien-Marie Jeanneau à sa fille Madeleine, la seconde, pour savoir où il avait été hospitalisé (Hopital-Mixte de FONTENAY-le COMPTE) après ses blessures à Hébuterne, chose que SAMHA n'a pas pu me dire...

Et enfin, pour trouver une photo de carte postale de mon arrière-grand-père (León-Marie) tout juste arrivé du Pérou au 147 R.I. en juin 1915...

Et le reste...