Partie V : Les troupes de marine
(Les membres de la mission Marchand, Le Monde Illustré, 1897)
IntroductionLe corps des troupes de Marine va connaitre des évolutions dans son organisation et dans sa gestion des effectifs tout au long de la IIIème République. La fin du Second Empire a mis entre parenthèse les prétentions coloniales françaises avec la succession de l’échec de l’expédition au Mexique, la guerre franco-prussienne et les événements de la Commune.
Le corps comprend des éléments d’infanterie de marine et d’artillerie de marine, formés et levés en métropole. La fin des années 1880 et le début des années 1890 voient un développement des missions coloniales. Ce retour aux affaires coloniales fait évoluer le corps qui se dote de services, empruntés à ceux de la métropole et parfois spécifiques aux colonies.
Le XXème siècle marque une évolution importante, le ministère des Colonies apparaît pleinement autonome en 1894 et prend en charge les troupes de marine, renommées troupes coloniales le
7 juillet 1900, qui étaient, jusque-là, sous la direction du ministère de la Marine.
Concernant les uniformes, infanterie, artillerie et services adopteront le dolman comme leurs équivalents en métropole suivant une chronologie quasi-identique.
Pour les officiers, le dolman, qui doit être utilisé pour toutes les tenues, est rapidement pointé du doigt pour son usage aux colonies par le comité technique des inspecteurs généraux des troupes de la marine. Le paletot de molleton est toujours en usage mais le ministère de la Guerre fait rapidement adopter un dolman de flanelle, plus léger et mieux adapté aux conditions climatiques de certaines missions coloniales dans une décision du
4 juin 1883. Le dolman de flanelle devient obligatoire en remplacement du paletot à partir du
1er juillet 1885. Il peut être porté en métropole, si les conditions climatiques l’exigent.
Pour autant, l’usage de ce dolman de flanelle ne sera que de courte durée, ses remplaçants montreront le paradoxe verbale que l’on peut rencontrer dans les textes dès lors, usant toujours du terme de « dolman » pour un vêtement qui en a quitté les grandes lignes des codes vestimentaires.
La tunique de drap blanc, épurée, débarrassée des brandebourgs, annonce la fin du dolman aux colonies. Elle démontre que si le dolman est esthétiquement très apprécié (et très appréciable dans le paysage urbain français), il est avant tout un vêtement de temps de paix, totalement inadapté en situation, sur le terrain. L’expérience du dolman aux colonies aura peut-être été l’occasion de se rendre compte des limites de cet effet, qui commencera à être remplacé dès 1893 pour les troupes à pieds.
I. L'infanterie de marine
La tenue de l’infanterie de marine est modifiée une première fois en 1873, officiers et adjudants adoptent la tunique à jupe, fermant par une double rangée de boutons sur le devant. Elle porte au collet l’ancre encablée en cannetilles et paillettes en or.
Aux colonies, est autorisé l’usage d’un paletot sur le modèle de la troupe mais en molleton en drap plus fin, lui aussi, portant l’ancre encablée brodée au collet.
Les officiers d’infanterie de marine adoptent le dolman par la décision du
19 mars 1883 qui rend applicable les modifications des uniformes de l’infanterie métropolitaine aux éléments de marine.
Une unique modification est apportée au dolman par la décision du
2 mai 1890. L’ancre au collet est supprimée, remplacée par les numéros de régiment, brodés en cannetilles en or. La décision souligne que ces numéros seront brodés à même le collet sans pattes.
C’est avec la décision du
15 mars 1893 que les officiers et adjudants suivent les régiments métropolitains dans le remplacement du dolman par la tunique. La tunique est exigée pour la grande tenue en France à partir du
1er janvier 1894. Pour les autres usages, et afin d’user les effets, le dolman peut encore être porté jusqu’au
1er janvier 1896.
- Officiers : Dolman du modèle 1883 de l’infanterie métropolitaine sauf les modifications suivantes :
Le collet est en drap du fond, noir. Il comporte des pattes de collet en drap noir sur lesquelles est brodée une ancre en cannetilles et paillettes en or.
Les boutons dorés sont frappés de l’ancre.
(Capitaine d'infanterie de marine, pattes de collet avant la modification de 1890. Collection personnelle)
- Adjudants : Idem que les officiers sauf :
Galon argent mêlé d’un tiers de soie rouge. Les brides d’épaule sont en poil de chèvre noir pour toutes les tenues.
- Chef de fanfare : Les chefs de fanfare ont rang de sous-chef de musique de l’infanterie métropolitaine, c’est à dire un rang d’adjudant. Ils adoptent en 1873 la même tunique que ces derniers mais l’ancre au collet est remplacée par une baguette composée de 3 cordons et d’une lyre de 40mm de hauteur sans bandelettes. Cette broderie est identique à celle du dolman de sous-chef de musique de l’infanterie métropolitaine.
Pour autant, le texte portant adoption du dolman pour l’infanterie de marine, à l’inverse de l’infanterie métropolitaine, ne mentionne pas le cas des uniformes des chefs de fanfare. Ceux-ci ont somme toute aussi adopté le dolman des adjudants, avec la même broderie que la tunique au collet et sans galons aux manches.
(Broderie de collet de sous-chef de musique d'infanterie métropolitaine, identique à celle de chef de fanfare d'infanterie de marine. Description des uniformes de 1879)
II. L'artillerie de marine
A. Les régiments d'artillerie de marineLes régiments d’artillerie de marine adoptent le dolman en 1873 comme les régiments métropolitains d’artillerie.
Une décision du
19 juin 1899 substitue la veste au dolman pour les sous-officiers, pour la tenue de manoeuvre (brigadiers fourriers, compagnies d’ouvriers et d’artificiers inclus), le dolman est conservé en tenue de ville pour les sous-officiers rengagés.
Une circulaire du
30 juillet 1904 supprime le dolman pour les sous-officiers, brigadiers et soldats. La décision insiste sur l’usure des stocks avant suppression définitive.
Enfin, une notification du
16 janvier 1907, remplace le dolman, des officiers et adjudants des régiments ainsi que les officiers d’administration des services de l’artillerie coloniale, par la tunique. Le dolman reste toutefois en usage facultatif jusqu’au
1er janvier 1909. - Officiers : Idem que le dolman des officier d’artillerie de campagne en métropole sauf les modifications suivantes :
Le collet est orné pour tous d’une grenade, brodée sur une patte de collet en drap du fond, en cannetilles et paillettes en or.
Les boutons sont frappés des canons croisés avec grenade et ancre encablée.
- Adjudants : Idem que celui des officiers mais galon en argent mêlé d’un tiers de soie rouge. La grenade est brodée en or au passé, sans cannetilles ni paillettes.
Il est à noter que la description de 1873 ne mentionne pas le tiers de soie rouge dans la soutache du grade (comme pour le texte de l’artillerie métropolitaine), cette particularité interviendra en suivant la chronologie de l’artillerie métropolitaine.
- Sous-officiers : Idem que la troupe mais en drap de sous-officier 23 ains.
- Troupes : Idem que le dolman de l’artillerie métropolitaine sauf les modifications suivantes :
Boutons frappés des canons croisés avec grenade plus ancre encâblée. Au collet, pour tous, une grenade découpée en drap 23 ains, de la couleur du drap du fond, cousue à même le collet sans pattes.
(Boutons avec attribut de l'artillerie de marine)
(Collet des régiments d'artillerie de marine)
- Musique : La musique des régiments d’artillerie de marine est organisée comme celle de la métropole. À savoir une musique des troupes montées et les musiciens.
Les considérations sur les échelons chez les musiciens (1er, 2ème et 3ème classe) sont les mêmes qu’en métropole. Aussi, je vous renvoie à la partie concernée dans le sujet sur l’artillerie métropolitaine.
L’unique différence est l’attribut de l’artillerie de marine frappé sur les boutons.
B. Ouvriers d'artillerie et artificiers L’artillerie de marine comporte aussi des compagnies d’ouvriers et d’artificiers. Leur dolman est identique à celui en métropole sauf les modifications suivantes :
Boutons avec attribut de l’artillerie de marine et collet spécifique :
- Compagnies d'ouvriers d'artillerie de marine : - Compagnies d'artificiers : C. Marques de grades, chevrons d’ancienneté et insignes : - Premier cannonier (soit servant, soit conducteur) : Un galon de laine écarlate, façon cul-de-dé sur chaque bras
- Artificier et ouvrier de deuxième classe: Un galon de laine écarlate, façon cul-de-dé, sur le bras droit uniquement
- Brigadier : Deux galons de laine écarlate sur chaque manche
- Maréchal des Logis : Un galon d’or, façon dite à lézardes
- Fourrier (brigadier ou MdL) : Galon de son grade plus un galon d’or façon dite à lézardes placé obliquement sur le haut de chaque bras.
- Maréchal des Logis chef : Deux galons en or sur chaque bras
Chevrons d’ancienneté : Identiques à ceux de l’artillerie métropolitaine, en or façon dite à lézardes pour les sous-officiers et en laine écarlate pour le reste de la troupe.
Insignes de spécialités : Marréchaux ferrants et bourreliers portent les mêmes insignes que l’artillerie métropolitaine. L’évolution de ses insignes est la même (voir la chronologie dans l’article concerné).
Spécialités et récompenses : - Meilleur pointeur : Dans chaque batterie le meilleur pointeur reçoit une grenade en laine écarlate, appliquée sur la manche gauche du dolman. C'est la spécialité de meilleur pointeur.
La même grenade est brodée en filé d'or quand le pointeur remporte les prix d'école annuels, cette nouvelle grenade est une récompense qui remplace la grenade écarlate sur le manche gauche.
(Description des effets d'habillement de 1879)
D. Employés militaires de l’État-major particulier d’artillerie de marineTout comme pour la métropole, c’est en 1884 que les employés militaires de l’état-major particulier d’artillerie de marine adoptent le dolman en remplacement de la tunique par la décision du
7 mars 1884.
Les gardes d’artilleries et chefs armuriers connaitront la même réorganisation qu’en métropole, suivant une chronologie quasi-identique en 1900.
- Gardes d’artillerie :Le dolman est semblable à celui des officiers d’artillerie de marine. La broderie du collet est identique aux gardes d’artillerie métropolitains :
- Gardes/Contrôleurs 3ème classe : - Gardes/Contrôleurs 2ème classe : - Gardes/Contrôleurs 1re classe :
- Gardes principaux de 2ème classe : - Gardes principaux de 1 re classe : - Gardes Auxiliaires : Collet des gardes de 3ème classe moins la rangée de dents.
En 1884 les gardes stagiaires portent le dolman des sous-officier d’artillerie de marine avec grenade en or au collet.
Le dolman est modifié le
21 décembre 1886, il reçoit un galon aux manches fait d’une boucle en soutache d’or mêlée d’un tiers de soie rouge.
Le
25 décembre 1897, la broderie est modifiée comme suit :
- Gardes stagiaires de 2ème classe : - Gardes stagiaires de 1re classe : Les brides d’épaule sont les mêmes que pour les gardes métropolitains, en or pour la grande tenue et en poil de chèvre noir pour la tenue de jour :
(Description des effets d'habillement de 1879)
Le
20 Octobre 1900, suivant la loi de réorganisation, les gardes d’artillerie de marine sont renommés « Officiers d’administration d’artillerie ».
Le dolman est modifié, collet et parement rond en drap du fond. Broderies de collet supprimées, remplacées par un attribut brodé, en or formé de deux canons croisés sur une ancre, sur une patte de collet en drap du fond. Cette patte sera modifiée par l’adjonction d’un passepoil écarlate en
1901. Galon doré, plat en trait côtelé.
Le service est réorganisé en 4 échelons :
- Officiers d’administration de 3ème classe : Un galon
- Officiers d’administration de 2ème classe : Deux galons
- Officiers d’administration de 1re classe : Trois galons
- Officiers d’administration principaux : Quatre galons
(Dolman d'un officier d'administration de 1re classe avec patte de collet du premier modèle)
(Dolman d'un officier d'administration de 1re classe avec la modification des pattes de collet, à noter que les brides d'épaule ne sont pas du bon modèle)
Le
3 février 1906, les stagiaires officiers d’administration adoptent le même dolman mais avec un galon d’adjudant aux manches. Brides d’épaule noires pour toutes tenues.
En
1907, les officiers d’administration adoptent la même tunique que celle des officiers d’infanterie coloniale, c’est la suppression du dolman.
- Chefs armuriers Les chefs armuriers adoptent le même dolman que les chefs armuriers en métropole sauf l’attribut frappé sur les boutons. Le collet du dolman, au départ écarlate, sera modifié de la couleur du drap du fond courant 1884.
- Chefs armuriers de 2ème classe : Une boutonnière dorée
- Chefs armuriers de 1re classe : Deux boutonnières dorées
- Gardiens de batterie Les gardiens de batteries ont rang de maréchal des logis chef. Le
10 janvier 1891 ils reçoivent le rang d’adjudant. Le
6 aout 1899 sont créés des adjudants gardiens de batterie coloniaux. Le
28 Décembre 1900 les gardiens de batterie et adjudants gardiens de batterie conservent leur fonction mais sont supprimés par voie d’extinction. Le
19 décembre 1903, les adjudants gardiens de batterie sont rétablis mais les gardiens de batterie doivent eux, disparaître comme prévu.
Les gardiens de batterie ont le même dolman que les chefs armuriers (voir ci-dessus)
- Gardiens de batterie de 2ème classe : Une boutonnière dorée
- Gardiens de batterie de 1re classe : Deux boutonnières dorées
Le
26 février 1891, les boutonnières sont supprimées :
- Gardiens de batterie de 2ème classe : Grenade brodée en or
- Gardiens de batterie de 1re classe : Idem plus une baguette d’encadrement du collet en or
- Adjudants gardiens de batterie coloniaux :
- 12 octobre 1899 : - Adjudants gardiens de batterie de 2ème classe : Dolman des adjudants d’artillerie de marine mais au collet deux canons croisés sur une ancre surmontés d’une grenade
- Adjudants gardiens de batterie de 1re classe : Idem mais avec une baguette d’encadrement du collet en or
- 30 octobre 1903 : Une fois rétablis, les adjudants gardiens de batterie portent le dolman des adjudants d’artillerie de marine sans distinction particulière
- Ouvriers d’état d’artillerie de marine.
Les ouvriers d’état sont rétablis dans l’artillerie de Marine par un décret du
8 juillet 1893. Un décret du
30 avril 1895 règle leur organisation. Les ouvriers d’état ont rang d’adjudant et sont répartis en deux classes.
Le dolman est identique à celui des chefs armuriers sauf la broderie du collet :
- Ouvriers d’état de 2ème classe : Grenade brodée en or avec une baguette d’or
- Ouvriers d’état de 1ère classe : Grenade brodée en or avec deux baguettes d’or
Au
30 juillet 1899, les ouvriers d’états adoptent le dolman des gardes stagiaires (voir plus haut)
Le
30 septembre 1903, le dolman est modifié une dernière fois, adoptant celui des adjudants d’artillerie de marine. Le galon de manche est en fer de lance avec noeud hongrois, en soutache d’argent mêlée d’un tiers de soie rouge.
Le collet est modifié comme suit :
- Ouvriers d’état de 2ème classe : Grenade brodée en or
- Ouvriers d’état de 1re classe : Grenade brodée en or plus baguette or et rouge
Le
3 avril 1907, le dolman est supprimé, remplacé par la tunique des adjudants d’artillerie de marine
III. Les services aux colonies Avec le développement des colonies, la France décide de réorganiser les services. Certains services sont alors créés, d'autres modifiés administrativement pour une meilleur gestion.
Les recherches sur le dolman porté par les services aux colonies ont été longues et fastidieuses. Le dolman est aussi bien porté par des officiers militaires que par des fonctionnaires civiles.
De plus, les employés des services avaient aussi le droit de porter le dolman de flanelle, sans brandebourgs, mais dont cette subtilité n'est pas toujours précisée dans les textes officiels laissant donc apparaître de nombreuses fois le mot "dolman" pour un effet ressemblant plus à une tunique en flanelle bleue ou bien en drap blanc.
Il faut ajouter à cela les services employant aussi bien du personnel militaire que du personnel civil et pour finir les difficultés à glaner des sources complètes, réunifiant la description des uniformes de tous ses services ainsi que les erreurs d'interprétation de certains artistes qui se sont essayé à représenter les nombreux uniformes aux colonies.
J'ai essayé d'être le plus précis possible dans la chronologie et la présentation des dolmans de ces services.
A. Les services militairesa. Le corps de santé aux colonies Le corps de santé est organisé par le décret du
7 janvier 1890. Il est constitué sur le modèle du corps de santé en métropole et divisé en deux services : médical et pharmaceutique.
Dans les faits, le dolman des médecins et pharmaciens aux colonies est le même qu'en métropole, sans distinction. Les services en métropole seront abordés dans une prochaine partie, et le dolman du corps de santé y sera mieux détaillé. À l'origine je ne voulais pas m'étendre sur les médecins aux colonies et renvoyer directement vers le futur article en métropole. Mais des incohérences sur la description du
BO des colonies de 1896 m'ont poussé à l'explication qui suit :
La description du dolman et de ses épaulettes est sujet à questionnement. La description du
BO des colonies de 1896 donne des épaulettes différentes de celles en métropole. La distinction faite pour les épaulettes de grande tenue entre les grades n'est plus la même et la forme des épaulettes de petite tenue est différente. Le BO des colonies montre des épaulettes de petite tenue en trèfle comme celles des officiers d'infanterie, mais emploie le mot de "ganse". La ganse est le terme employé pour les épaulettes de petite tenue dans la description des effets du corps de santé en métropole, formées de deux torsades en poil de chèvre noir.
Pour ma part, je pense que le terme écrit est juste mais que la représentation de la planche est une erreur, il n'y a qu'observer les brandebourgs du dolman sur la planche pour saisir les erreurs de précision.
En somme, je pense qu'il n'y a aucune différences aux colonies pour les épaulettes de grande et petite tenue mais je mettrais les deux représentations à la suite.
Le BO donne la couleur du velours grenat, il est cramoisie en métropole. Le grenat étant la couleur du velours des vétérinaires, encore une erreur d'interprétation.
Autre point : le parement du dolman-pelisse des médecins inspecteurs est ornée d'une broderie sur le modèle de la tunique de grande tenue dans le BO des colonies. En métropole, le parement du dolman-pelisse est en velours sans broderies.
Là encore je pense à une erreur d'interprétation et que le dolman-pelisse aux colonies et en métropole était le même. Je mettrais quand même la planche du BO des colonies.
Service médical :- Médecins Inspecteurs (1re et 2e classe) : Dolman-pelisse du modèle des officiers généraux. Six galons sur les manches en fer de lance avec noeud hongrois, en soutache de poil de chèvre noir. Pas d'étoiles sur les manches. Collet en velours grenat, pattes de collet en drap du fond avec caducé brodé en cannetilles et paillettes d'or. Parement des manches circulaire en velours grenat avec broderies en cannetilles et paillettes d'or composées d'une dent de loup encadrant deux branches d'olivier (D'après le BO mais certainement une erreur).
Boutons dorés avec attribut des médecins.
(Les broderies du parement du dolman-pelisse, BO des colonies 1896)
- Médecins en Chef de 1re classe : Dolman du modèle 1883 de l'infanterie sauf : Collet et parements circulaires en velours grenat. Pattes de collet en drap du fond avec caducé brodé en cannetilles et paillettes d'or. Boutons dorés avec attribut des médecins.
5 galons circulaires au dessus du parement, à trait côtelé en or.
- Médecins en Chef de 2e classe : Idem mais 3 galons en or et 2 en argent.
- Médecins principaux : 4 galons en or
- Médecins de 1re classe : 3 galons en or
- Médecins de 2e classe : 2 galons en or
- Médecins de 2e classe stagiaires : Un galon en or mêlé de soie rouge
(Planche du BO des colonies de 1896. Observez le dessin du brandebourg)
(Planche du BO des colonies de 1896, la patte de petite tenue en trèfle, et la baguette dentelée des épaulettes d'inspecteurs ne correspondent pas)
(Médecin principal. Planche de la description des uniformes des généraux, assimilés et employés militaires de 1892. La baguette dentelée des inspecteurs est conforme à la réalité cette fois-ci)
(Les épaulettes de petite tenue de la description de 1892, conformes à la réalité, formées de deux brins en ganse de poil de chèvre noir)
Service pharmaceutique : Le dolman est identique mais le velours des parements et du col est vert. D'autre part, il n'existe pas de pharmaciens inspecteurs comme en métropole.
- Pharmaciens en Chef de 1re classe : 5 galons en or
- Pharmaciens en Chef de 1e classe : 3 galons en or et 2 en argent
- Pharmaciens principaux : 4 galons en or
- Pharmaciens de 1re classe : 3 galons en or
- Pharmaciens de 2e classe : 2 galons en or
- Pharmaciens de 2e classe stagiaires : Un galon en or mêlé de soie rouge
Une décision du
21 janvier 1902 confirme le dolman-pelisse des médecins inspecteurs, tel qu'il est décrit dans la description de 1892. Cependant pour les officiers médecins et pharmaciens, le dolman est remplacé par une tunique du modèle de l'infanterie (1893) sauf les modifications au collet et parements, en velours de la couleur correspondante. La nouvelle tunique est exigée pour la grande tenue au
1er janvier 1904 et au
1er janvier 1905 pour la petite tenue.
b. Le corps du Commissariat des troupes de marineCe corps est organisé par le décret du
5 octobre 1889. Le corps comprend des fonctionnaires civils et des officiers militaires. Le dolman est porté par les officiers militaires. Tout comme pour les médecins, le terme de "ganse" est utilisé pour les épaulettes et la planche du BO des colonies nous montre des trèfles d'épaule. Le bon modèle devant certainement être le même que pour celui des médecins, avec les boutons du corps du commissariat des troupes.
- Commissaires généraux de 1ère et 2e classe : En petite tenue seulement, dolman-pelisse du modèle des officiers généraux en drap bleu foncé (noir) avec collet orné d'une broderie en cannetilles et paillettes d'argent composée d'une baguette en dent de loup et d'un feston entrelacés de feuilles d'acanthe.
(BO des colonies de 1896)
- Commissaires : Dolman du modèle 1883 en drap bleu foncé (noir), collet et parement circulaires en drap du fond. Pattes de collet en drap du fond avec une feuille d'acanthe en argent. 5 galons circulaires en trait côtelé d'argent.
- Commissaires adjoints : Idem mais 4 galons
- Sous-commissaires : 3 galons
- Aides-commissaires : 2 galons
- Aides-commissaires stagiaires : 2 galons
(Sous-commissaire. BO des colonies, même remarque pour les brandebourgs)
(BO des colonies de 1896)
Le dolman est remplacé par une décision du
21 janvier 1902, par la tunique du même modèle que les intendants militaires des troupes en métropole. La nouvelle tunique n'est exigée pour la grande tenue qu'à partir du
1er janvier 1904 et pour la petite tenue, le
1er janvier 1905.
B. Les services civils a. Les fonctionnaires aux coloniesLes fonctionnaires comprennent les gouverneurs et commandants aux colonies. Le dolman est adopté en 1883, sur le modèle du dolman de l'infanterie et sert pour le gouverneur, les commandants, le lieutenant-gouverneur et les directeurs de l'intérieur en petite tenue et en grande tenue pour les autres. J'ai pu réunir des éléments sur le dolman suivant les fonctions des agents mais aucun texte ne mentionne précisément certains détails (boutons, épaulettes).
Ces textes, couplés à un album trouvé en ligne (auteur inconnu, date approximative) permettent cependant de se faire une idée de ces dolmans.
- Gouverneur : Dolman du modèle 1883, en drap noir, parement et collet en drap du fond. Au collet et aux parements, broderie de la tunique de grande tenue des préfets (feuilles de chêne et d'olivier) en or. Boutons dorés.
(Album contenant 50 planches sur les uniformes des fonctionnaires aux colonies, auteur et date inconnus)
- Commandants de colonies : Idem mais broderies de sous-préfets en or.
- Lieutenant-gouverneur : Idem que les gouverneurs, sauf la broderie du collet qui est remplacée par une étoile
- Directeurs de l'intérieur : Idem que le lieutenant-gouverneur mais les broderies sont en argent.
- Commandants particuliers : Dolman de lieutenant-gouverneur mais au collet, une ancre encablée brodée en or.
- Commandants d'arrondissement, de cercle, de circonscription : Même dolman que les commandants particuliers. La distinction se fait sur le passepoil du pantalon, or pour les particuliers et jonquille pour ceux-ci.
- Administrateurs en Cochinchine : Dolman des commandants particuliers, sans broderie au collet. Broderie identique aux manches mais en argent. Boutons en argent de la marine.
- Chefs de service dans l'Inde : Dolman de lieutenant-gouverneur mais étoile en argent.
- Résidents en Océanie, Sainte-Marie de Madagascar, sur la côte d'Afrique : Dolman des commandants particuliers avec étoile sur le collet.
- Résidents au Cambodge et en Annam : Dolman de lieutenant-gouverneur sans étoile au collet
- Résident au Tonkin : Dolman identique aux administrateurs en Cochinchine.
b. Le corps des inspectionsLe corps des inspections aux colonies est créé par un décret du
25 novembre 1887, il est formé de fonctionnaires civils. Le dolman utilisé dans le corps des inspections aux colonies est fixé par un arrêté du
24 avril 1888. Le dolman est utilisé en petite tenue. Il est du modèle du dolman-pelisse des fonctionnaires de préfecture en métropole.
- Inspecteurs généraux : Aux manches, 4 piques en galon de poil de chèvre noir de 12mm d'épaisseur
- Inspecteurs de 1re classe : 3 piques
- Inspecteurs de 2e classe : 2 piques
- Inspecteurs de 3e classe : 1 pique
Il est à noter que le nombre des montants du dos correspondant au nombre de piques.
Un décret après 1891 réorganise le corps et intègre des inspecteurs adjoints (je n'ai pas trouver la date)
Un arrêté du
11 mai 1905 modifie légèrement le dolman-pelisse. Les piques sur les manches sont remplacées par un galon en fer de lance avec noeud hongrois en soutache de poil de chèvre noir.
- Inspecteurs généraux : 6 galons
- Inspecteurs de 1re classe : 5 galons
- Inspecteur de 2e classe : 5 galons
- Inspecteurs de 3e classe : 4 galons
- Inspecteurs adjoints : 3 galons
Le nombre de montants dans le dos correspond au nombre de galons
c. Le corps des administrateurs coloniauxLe corps des administrateurs coloniaux est créé par le décret du
2 septembre 1887. Il est réorganisé successivement le
12 décembre 1888 et le
16 décembre 1896. Il emploie des fonctionnaires civils, les postes sont ouverts aux officiers de l'armée mais ceux-ci doivent donner démission de leur grade.
Le dolman est adopté comme tenue de service au
25 septembre 1896. Il est ainsi décrit : dolman en drap noir avec brandebourgs à grosses tresses. Cette description succincte a donné lieu à des confusions dans l'uniformité des dolmans de ce corps. Certains officiers se faisant confectionner un dolman sur le modèle du dolman-pelisse à 5 gros brandebourgs, fermant par des boutons "olive". D'autre le dolman du modèle 1883 avec 7 brandebourgs et des boutons en argent. Il faut dire que la première description indiquait deux boutons olive dans le dos.
Ainsi une circulaire du
1er septembre 1899 fixait le problème, indiquant qu'il n'y avait qu'un seul modèle, le dolman avec 7 brandebourgs, fermant par des boutons en argent timbrés de faisceaux républicains. Épaulettes en trèfle en poils de chèvre noir. Collet en drap du fond avec étoile brodée en argent pour tous les grades. La distinction se fait sur la broderie des manches.
Le dolman est supprimé en 1922 pour les administrateurs (Merci à
Bothrops atrox)
- Administrateurs principaux de 1re et 2e classe : Baguette dentelée d'argent encadrant deux branches de chêne et d'olivier entrelacées. 4,5cm de largeur.
- Administrateurs adjoints de 1re, 2e et 3e classe : Même broderie mais de 3cm de largeur
- Administrateurs stagiaires : Pas de broderie aux parements mais les étoiles au collet
(L'administrateur adjoint Richard Brunot)
d. Les fonctionnaires du Service de l'agriculture en Afrique occidentale française.Très peu d'informations à leur sujet. Il existe un décret du
6 décembre 1905 qui réorganise le service. Et un arrêté du
16 novembre 1907 qui fixe leur uniforme.
Le dolman est du modèle des administrateurs coloniaux (Mdle 1883), en drap vert avec des brandebourgs en ganse carrée (ce dernier terme est sujet à questionnement) en poil de chèvre noir. Parements circulaires en velours noir ornés d'une broderie distinctive suivant le grade. Au collet en drap du fond, une patte en velours noir, ornée d'une broderie unique formée de feuille d'arbre à pain et manguier entrecroisées, en argent.
- Directeurs : Broderie en argent composée de feuilles d'arbre à pain et de manguier entrecroisées. Hauteur 7cm
- Inspecteurs : Idem mais 5cm
- Sous-inspecteurs : 3,5cm
- Agents principaux : Un simple encadrement du parement, formé d'un guipé et une paillette surmontée de dents de soie.
Je n'ai trouvé aucune planche, aucune représentation ou photographie, ni pièce de collection. La description de ce dolman laisse penser à un effet particulièrement élégant. Aussi, si vous avez des sources, photographies, planches ou autres, je serais très intéressé par un partage ici même !
IV. Le dolman de flanelleComme indiqué en introduction, le comité technique des inspecteurs généraux des troupes de la marine a rapidement après l'adoption du dolman en 1883, remis un rapport sur la nécessité d'avoir un vêtement plus adapté aux conditions climatiques des colonies. jusqu'à présent, les officiers pouvait faire usage d'un paletot de molleton en drap fin, sur le modèle de la troupe.
Une décision du
4 juin 1883 modifie ce vêtement spécifique et lui donne les traits d'un dolman mais confectionné en flanelle bleue.
Le dolman classique est alors réservé pour la grande tenue en métropole et aux colonies. Le dolman de flanelle est réservé à la tenue de service.
Il est de la même coupe que le dolman de grande tenue mais les brandebourgs sont en tresses plates, toujours en poil de chèvre noir.
Le galon aux manches est de même forme mais lui aussi en tresses plates. Les brides d'épaules sont en soie et du modèle de la cavalerie (trèfles cousus).
Une note stipule qu'en métropole, en cas de forte chaleur, sur ordre, le dolman de flanelle peut être autorisé. Le dolman de flanelle remplace de manière obligatoire l'ancien paletot de molleton à partir du
1er juillet 1885.
Le texte indique que ce dolman est pour les officiers et adjudants d'infanterie et artillerie de marine. Mais, pour tous les officiers et fonctionnaires des services aux colonies portant un dolman à cette période, ils sont autorisés à se faire confectionner un dolman identique en flanelle avec marque de grade et attributs distinctifs.
Une circulaire du
6 juillet 1883 détaille un peu plus le dolman :
Les brandebourgs en tresses plates sont, en fait, confectionnés avec du galon dit "hussard à la soubise" (il s'agit du galon qui orne les extrémités du dolman d'infanterie et d'artillerie) en poils de chèvre noir de 12mm de largeur.
Les brides sont des trèfles à 2 brins de poils de chèvre noir s'attachant par un bouton près du collet et un crochet près de l'épaule.
Une décision du
23 octobre 1886 modifie le dolman de flanelle et supprime les brandebourgs, le galon, ni brides d'épaules. Le terme de dolman sera conservé pour le nouvel effet sans aucune distinction et pour le nouvel effet en toile blanche, qui deviendront pas la suite dans les textes des tuniques.