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 Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?

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p.lamy




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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyMer 27 Mai - 8:00

Non, pas plus pointu,
le savoir est limité aux connaissances que nous avons tous, et je remercie tous les intervenants qui pourraient compléter Very Happy

On n'en sait jamais assez Very Happy, c'est comme la collection, on en apprend tous les jours sur ce sujet complexe et assez méconnu.

Merci encore.

Cordialement.
P. Lamy
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le Graf

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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyMer 27 Mai - 8:04

p.lamy a écrit:
Les Allemands Nazis ont expulsé des dizaines de milliers d'Alsaciens Lorrains à l'automne 1940, jugés indésirables parce que mettant "en danger la sécurité du Reich". Par ce genre d'antécédent de Pierre Menon, et surtout dans les régions  les plus francophones, il y a eu  une véritable hémorragie démographique, en une heure, 2000 Fr par personne, 50 kg de bagages par personnes et "Raus".
P. Lamy


Les allemands en 1940 n'ont fait que de rendre la monnaie de la pièce aux français qui avaient expulsés les ressortissants allemands et alsaciens-lorrains germanophiles dès la fin 1918. Ils ne pouvait emporter que 2000Marks et 40kg de bagages. Tout le reste a été sasi par l'état français.
L'autorité française ne s'est pas comporté en libérateur mais en conquérant. Un membre de la famille qui avait un hotel-restaurant à Sarrebourg, a du partir du jour au lendemain en laissant tout derrière lui. Le commerce a été donné à un officier français.

Même mon Grand-père paternel, qui s'était battu 4 ans dans l'armée française , blessé 3 fois et reçu 3 croix de guerre avec citation a trouvé cela indigne de la France qui selon la presse, se battait pour le "droit". Etant né en 1888 en Allemagne, il a été soupçonné de connivance Avec l'ennemi, malgré son palmarés.

Ces époques troubles qui s'apparantent plus à une curée qu'à une libération, ne sont pas si simples que cela et il n'y avait pas un côté sombre et un côté clair. Tout été mêlé, politique, nationalité, religion, humanité et cruauté, intérêts personnels, délation, convoitise.

Eric
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p.lamy




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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyMer 27 Mai - 9:04

Bonjour Eric,

effectivement, le "retour à la France" a été très difficile, outre ce que vous indiquez, il y avait ce choc des cultures et surtout cet "impérialisme" français qui a bousculé les habitudes de vie. Ces Allemands "éjectés" manu militari avaient pour certains passé plus de 40 ans en AL, et leur vie était dans ces contrées.
Dans le Bitscherland de mes grands-parents, les instituteurs français nommés au début des années 1920 enlevaient les crucifix dans les salles de classe, ce qui était très mal perçu dans cette région de grande ferveur catholique. Il fallait effacer avec vigueur toute trace de l'ancien temps, mais les Français ne faisaient pas la nuance entre les traditions allemandes et les traditions de ces populations frontalières, qui avaient accueilli avec une ferveur toute patriotique francophile les troupes françaises fin novembre 1918...

Très compliquée, notre histoire locale !

P. Lamy
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p.lamy




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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyMer 27 Mai - 18:43

Bonsoir,

Le départ vers le front
Charles Penin est parti dans un détachement de Pionniers de la Garde, du côté de Kovno, en Lituanie. « Durant cette période, notre occupation était d’aller devant les lignes pour installer du barbelé ». Il cherche à retourner vers l’ouest. « Mais mon souhait était de retourner le plus vite possible en Allemagne. J’étais toujours volontaire pour partir dans cette direction, mais dès que l’on apprenait que j’étais AL, on refusait d’accéder à mes demandes ». Pour Victor Klein « il y a 48 types qui doivent partir, ils vont du côté de Kovno, Vilna, en Russie. Si cela t’intéresse, tu peux partir avec. J’ai demandé  à partir en Russie, où j’ai réussi à tenir trois mois, toujours en retrait des premières lignes. Je faisais d’une formation qui était la colonne qui ravitaillait l’artillerie en munitions et fus incorporé au Zweites Lituanisches Feld Artillerie Regiment Nr 7. Comme il n’ y avait plus de guerre en Russie, j’ai pu m’y maintenir. Joseph Losson part en Wolhynie, où il est intercalé avec son  régiment entre des unités autrichiennes « pour renforcer leurs faiblesses qui les avaient faites ployer devant les Russes de Broussilov. Pendant cette période, nous avons eu des blessés et des tués, mais au début de l’hiver (1916-1917), le front était redevenu calme. Les communistes n’allaient pas tarder à s’emparer du pouvoir, ce qui nous laissait la tranquillité dan les tranchées ». Charles Courteaux  part lui aussi à l’est. « Nous  fûmes dirigés vers la Pologne, dans la région de Varsovie à Lieganov. Nous étions en retrait du front…Nous fûmes ensuite dirigés vers le front roumain du côté de la rivière Prout. Paul Christophe part directement en France, mais nous sommes en février 1918.  « Nous rejoignîmes la région de Saint-Quentin, où le train nous déposa à la fin de l’hiver à La Bouteille. » Le 27 avril eût lieu une des offensives de Hindenburg. « Nous sommes partis à pied plusieurs jours, parcourant 150 km avec notre paquetage, pour rallier notre cantonnement qui se trouvait à sept kilomètres de Montdidier. Ce paquetage comprenait beaucoup de choses : sac avec manteau roulé dessus, ceinturons, cartouchières, dont 140 cartouches de fusil (environ 4 kg). Nous fûmes répartis dans les compagnies de deux régiments : le 19e d’infanterie, et le 7e Grenadiers, où je restai, à raison de 7 à 8 lorrains par compagnie », pour boucher les trous causés par les récentes pertes. Jean Weber rejoignit « les tranchées près de Riga, en Russie. La vie était difficile dans les tranchées malgré le calme du font. En hiver les bottes gelaient et on avait de la peine à les retirer. » Pour Edouard Hugnet, c’était "on ne savait pas trop ce  qu’il se passait, nous partions un peu à l’aventure. Mais en approchant du front, nous avons vu les premiers tués du côté d’Audun le Roman – Aumetz, puis nous avons rejoint la bataille où cela fusait et explosait de partout. Voyant cette terrible réalité, des camarades tués ou blessés, beaucoup perdaient pied et voulaient fuir ».

Pierre Grandidier part en juin 1918 : "A une vingtaine de notre compagnie, nous avons quitté Sarrebrück l'après-midi du 12 juin pour le nord de la France. A la gare, nous nous sommes trouvés avec des hommes d'autres unités." Lors d'un arrêt, il retrouve un ami, Jean Bourguignon de Tincry, qui venait de Haguenau et dont le wagon vient d'être accroché au train de Pierre. En arrivant près de Linselles, "on nous fit aligner sur deux rangs au bord de la route. La répartition fut faite. Avec Jean Bourguignon qui s'était placé derrière moi, nous fûmes affectés à la 1ère compagnie du 60e régiment d'infanterie.
On nous dirigea vers Armentières où se trouvait le bureau de la compagnie et les cuisines. Puis lors de la répartition entre les trois sections de la compagnie, le "Kompagnie Feldwebel", l'adjudant de compagnie fit la remarque avec un sourire narquois "Zwei Lothringer in selben Zug, das geht nicht" deux lorrains dans la même section, ça, ne va pas. Un fut désigné à la 1ère et l'autre à la 3e section. Les premières heures au front sont difficiles à décrire. Je me sentais un peu hagard, froussard, craignant le danger. Dans ces moments difficiles, la prière vient toute seule. Nous étions camouflés à deux dans un petit trou d'obus où nous devions passer la journée recroquevillés, ne pouvant étendre nos jambes en raison des dimensions du trou. Nous avions étendu une toile de tente au-dessus de nous. Toute la journée nous devions rester, sans faire de mouvement pour ne pas nous faire repérer par les Anglais. La nuit tombée, nous étions heureux de nous relever pour pouvoir nous détendre . Le ravitaillement arrivait vers minuit."


A suivre.

Cordialement.
P. Lamy
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PETIT DIABLOTIN




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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyMer 27 Mai - 19:16

Bonsoir à tous,

Merci beaucoup pour cette lecture .
Au plaisir de lire -peut-être - une suite.
Cordialement à tous.
Jean-luc
/biere/ /biere/
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LEOMONT

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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyJeu 28 Mai - 6:23

Merci, pour ce sujet complexe, ayant une partie de ma famille, qui entre dans toutes les cases,un Garde Impériale à cheval,un autre au 1er zouave avec un nom changé ,un cuirassier All,un autre en Russie en 14;un autre avec Von Paulus à Stalingrad en 44;des déportés aussi...Cordialement
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p.lamy




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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyJeu 28 Mai - 6:47

Bonjour à tous,

rassurez-vous, je continue à alimenter ce post, il y a juste du temps de saisie d'une partie des textes, et c'est un peu laborieux, et je veux surtout que la lecture soit plaisante.
Cela va durer un peu, comme l'autre post "chasseurs" de la 47e DI.

La suite ce soir.

Bonne journée à tous.
P. Lamy
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p.lamy




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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyJeu 28 Mai - 18:59

Bonjour à tous, une suite :

La découverte de nouveaux pays
Les Lorrains qui partent à l’est découvrent de nouveaux pays et des manières de vivre bien différentes des leurs. Victor Klein est surpris de l’habitat. « Dans les villages russes, nous avions des maisons qui étaient tressées comme des paniers et l’hiver, la neige passait au travers. Sur cette autre photo, vous avez une maison plus solide. Au milieu se  trouvait un  fourneau, un mur avec un fourneau,  fait de briques réfractaires. Derrière, il y avait une espèce de plancher sur lequel les gens se couchaient, un peu surélevé, mais c’était chauffé et c’était agréable. Les contacts étaient bons, c’était de braves gens.  Les Russes étaient très religieux ; les dimanches, ils faisaient six à huit kilomètres pour aller à la messe, pieds nus, jusqu’à l’entrée de l’église. Là, ils mettaient les bottes. Pour entrer dans l’église, il fallait les bottes, mais pour y aller, ils mettaient les bottes sur le dos ». Charles Courteaux constate la pauvreté de la Roumanie : « les habitations étaient très pauvres, les murs faits de branches entrecroisées habillées de torchis, les toitures étaient de chaume. L’unique pièce intérieure servait de salle commune, de chambre et de cuisine et était très peu meublée. Au milieu se trouvait le fourneau de briques réfractaires sur lequel dormaient les grands enfants. Les parents avaient eux un lit fait de planches grossières clouées entre elles. La femme avait un jeune bébé qui était installé dans une sorte de panier suspendu à des planches du plafond » Edouard Hugnet rejoint rapidement la Russie fin 1914, en passant par la Pologne (Wachau, Grodno, Augustovo). « Nous avons souffert du froid. Je me souviens particulièrement du 15 février 1915. Ce soir là, nous avions très froid. Nous cherchions à cantonner dans des habitations du secteur où nous nous trouvions, des maisons de bois à toits de paille. Nous en avons trouvé une dans laquelle logeaient des bêtes que nous avons mises dehors. Mais après, il nous a fallu nous battre avec de l’infanterie qui voulait nous prendre notre gîte »
La faim
Pour certains d’entre eux, le souvenir d’avoir eu parfois très faim restait très prégnant. Victor Klein indique « en 1917, c’était la mauvaise période, nous n’avions presque rien à manger…Nous avons avancé jusqu’à la mer Noire. L’armée Russe en déroute a abandonné tout ce qu’elle avait. On a trouvé des trains complets de conserves de viande, des fûts de filets de saumon ramollis, des wagons de farine, pendant le Voormarsch  d’Ukraine. Du reste, durant toute la guerre j’ai eu tous les quinze jours un colis de mes parents, de beurre, jambon, viande. Ma mère me grillait même du pain qu’elle mettait dans les colis. Nous avions à la maison du pain blanc, contre le Kamis de l’armée (pain de Commision, pain très foncé fait de farine de blé et surtout de seigle, de mauvaise qualité alimentaire). A un moment donné, avec ceux qui n’avaient rien de chez eux, on allait la nuit sortir des pommes de terre qui n’étaient même pas mûres, des fruits pas mûrs. Enfin, c’était histoire d’avoir quelque chose. » Pour Paul Christophe, « la nourriture faisait défaut dans les rangs de l’armée allemande. Nous avions une boîte de sardines pour trois. Quand nous avions des prisonniers, nous parlementions avec eux pour pouvoir récupérer du pain. Je me souviens d’ailleurs d’avoir gratté le fond d’un tonneau de fer qui avait contenu de la confiture, rejetant les guêpes qui venaient chercher le sucre. Lors de nos attaques, nous avions fait prisonniers des Français qui avaient des gourdes en peau pleines de vin ». Pour Jean Weber, « nous n’avions peu à manger et la faim était tenace.  Mais tout le monde n’avait pas ma chance. Le pain était distribué pour trois jours, mais souvent cette maigre ration était consommée dans la journée même ». Edouard Hugnet témoigne : « on réquisitionnait de la nourriture dans les fermes (lard, œufs, poulets, etc…) Mais les habitants ne voulaient pas s’en dessaisir sans avoir en échange un document officiel de l’administration allemande.   Nous faisions de faux certificats que l’on tamponnait pour les rendre officiels. Comme nous n’avions pas de tampon, nous utilisions une pièce de deux Mark que l’on encrait et que l’on appliquait sur le certificat. Mais quand ces personnes se présentaient aux autorités pour se faire rembourser sur la foi de ce certificat, elles étaient refoulées. »
Pour Albert Domange, au terme d'un long voyage, il arrivera sur le front roumain. Les Allemands ont attaqué ce pays en 1916 à l'automne et on très vite progressé vers l'est en s'emparant des régions pétrolifères, du port de  Constanza et des riches plaines agricoles. 

"Après ma période d'instruction, nous avons passé quelques temps à Wachau (Varsovie). Nous y sommes partis en train et avons été logés dans d’anciennes casernes pour faire 5 semaines d’exercices. J’ai repris du poids, car nous avions un bon chef et mieux à manger. Les soirs, nous pouvions sortir en ville. C’est dans cette période que j’ai été affecté au 225e régiment de réserve. Le 8  janvier 1917, nous sommes montés dans le train pour partir vers le front en passant par l’Autriche, la Hongrie et arrivés au bord du Danube, ma compagnie est montée à bord d’un bateau à vapeur. Nous ne voyagions que de jour car le vapeur risquait d’entrer en collision avec des rochers. Nous dormions chez des paysans bulgares, puis serbes et le troisième jour, nous avons embarqué en train pour aller à Bucarest en Roumanie. Les autres compagnies nous rejoignirent en barque, à la rame, si bien que nous avons pu passer une dizaine de jours à les attendre, en mangeant et nous promenant dans la ville. Les montagnes longeant le fleuve étant peu sûres, nous devions rester en groupe et éviter de rejoindre les pentes car les habitants de ces régions ne nous aimaient pas beaucoup, contrairement aux habitants de la plaine que nous trouverions plus tard.
En passant par Bucarest, les Alsaciens-Lorrains furent surpris de découvrir une colonie française établie là depuis sans doute longtemps, vivant dans les riches demeures de quartiers bourgeois. Nous avons ensuite voyagé une journée en train, puis avons marché 8 jours dans la neige haute qui nous arrivait au genou et sommes arrivés dans les tranchées au soir du 2 février 1917.
 
Lors de nos déplacements dans ce pays, j'ai pu voir une campagne riche où tout abonde : prés, vignes, jardins, arbres fruitiers, céréales etc., et je m'étonne de voir aujourd'hui la nourriture presque rationnée et toutes ces grandes queues devant les magasins. Cependant, la plupart des maisons roumaines de la campagne étaient faites de branchages entrecroisés recouverts de torchis. Les toitures étaient recouvertes de paille ou de chaume, plus rarement de tôle.
Les avancées Allemandes de 1916 avaient été stoppées par l'hiver si bien que les tranchées étaient creusées dans la neige car le sol était gelé sur 65 centimètres de profondeur. Les Allemands formèrent des groupes de terrassiers qui creusaient la nuit, au pic, dans ce sol gelé, des tranchées véritables et de profonds abris recouverts de rondins, où nous avions installés nos lits. Au printemps, la neige, en fondant, traversa les plafonds des abris, en inondant le sol, et il fallait patauger dans l'eau, pour rejoindre nos lits, heureusement surélevés...On passait 48 heures dans des tranchées calmes puis on était au repos au village.
Notre plus grande ennemie était la faim. Les séjours dans les tranchées enneigées et les périodes d'exercices venaient facilement à bout de notre faible ravitaillement. Pour vous dire, nous avions des lits superposés et celui du bas était à une trentaine de centimètres du sol ; j'étais tellement affaibli que j'avais peine à lever la jambe pour m'y allonger…et j’avais vingt ans !
Il y avait dans chaque maison une sorte de silo où se trouvaient des épis de maïs. Nous les décortiquions pour les faire cuire et nous assurer un complément de nourriture. Mais il nous arrivait aussi de manger cru ce maïs. Les habitants nous aidaient également, comme ils le pouvaient.

Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 Albert10

Albert Domange en 1917. Il porte la Bluse 1915, des brodequins et un ceinturon où des rivets ont remplacé la couture.
 
Nous avons déploré peu de pertes en Roumanie. Le front était calme. Lors d'un ravitaillement vers l'arrière, le camarade avec qui j'étais fut blessé à l'aine par balle. Il ne put être correctement soigné et mourut de la gangrène trois semaines plus tard.
Nous quittâmes la Roumanie avant la fin de l'hiver 1918, pour nous retrouver le long de la frontière Hollandaise où nous avons attendu plus de quinze jours peut-être en raison d'une attaque prochaine contre ce pays. Cette manœuvre n'eut pas lieu et donc cela nous permit de visiter le port d'Anvers et de nous reposer de la Roumanie. Nous étions alors en mars1918." 

Bonne soirée.
P. Lamy


Dernière édition par p.lamy le Ven 29 Mai - 11:36, édité 1 fois
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LEOMONT

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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyVen 29 Mai - 8:04

Bonjour,votre texte me fais penser à un vieux monsieur assis ,sur un banc,dans un très petit village où fait étrange ...le monument aux morts comporte deux noms scratch ce qui m'a paru, même enfant ,bizarre;de plus le nom de ce village est francisé contre toute vérité historique;donc ce vieux monsieur, parlait de la Russie et de ses isbas, où ,les habitants mangeaient dans des creux fait sur la table.
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p.lamy




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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyVen 29 Mai - 9:58

Bonjour Léomont,

drôle de monument, drôle d'Histoire d'histoires...

En tous cas le parcours vers l'est a été vraiment un dépaysement pour certains.
Il ne faut pas oublier que l'on se déplaçait peu "dans le temps", et ces contrées éloignées ont marqué certains.
Une personne née en 1902 que j'ai connue, originaire de Saulny près de Metz (à 6 ou 7 km) m'a conté : village rural, la plupart de ses habitants ne se rendaient qu'une ou deux fois par an seulement à Metz, avant 1914...

Cordialement.
P. Lamy
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Sapigneul51

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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyVen 29 Mai - 10:39

LEOMONT a écrit:
[...] de plus le nom de ce village est francisé contre toute vérité historique [...]
Il n'y a rien de plus courant lorsqu'une région se retrouve à changer de nationalité ou culture. Lorsque les germains ont envahis la Prusse ils ont germanisés les noms des localités (autrefois la langue des populations de Prusse était le vieux-prussien qui est une langue balte donc de la même famille que le lithuanien et le letton). Lorsque la Prusse est repassé sous domination Russe les localités ont prises des noms slaves. Königsberg est devenu Kaliningrad. Les peuples bougent, les dominations sur des régions changent, les influences laissent leurs marques.
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p.lamy




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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyVen 29 Mai - 18:06

Bonjour à tous,

j'ai rajouté deux images plus haut dans le texte.

La suite...

En octobre 1917, un armistice est conclu avec la Russie soviétique. De nombreuses unités retourneront sur le front ouest avant le printemps pour lancer les fameuses offensives du Friedensturm, l'état-major allemand veut percer le front français avant l'arrivée massive des troupes américaines.  La logique des différentes offensives ou attaques qui auront lieu jusqu'au 15 juillet est d'attaquer le front anglais qui est estimé moins solide, et l'EM allemand pense que si les combats se durcissent, les Anglais quitteront la France et retraverseront le Channel pour rejoindre leur pays. La première offensive du 21 mars frappera à la limite des zones anglaise et française. L'attaque est d'abord un succès, enrayé ensuite par l'armée française qui jettera de nombreuses divisions pour juguler la progression allemande. Le scénario se reproduira plusieurs fois et les Allemands approcheront de Paris en juin.
Une partie des divisions allemandes restera à l'est en couverture, mais une grosse partie rejoindra la France emmenant avec elles leurs soldats AL.

Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 Russes10
Soldats russes photographiés depuis les lignes allemandes.
Photo non datée, probablement de l'hiver 1917-1918.


Certains profiteront de ce retour en France pour déserter. Il ne faut cependant pas oublier que la désertion était punie de mort, il fallait donc être sûr de son coup et surtout ne pas être repris lors d'une contre-attaque.

Fin 1917, un armistice est également conclu en Roumanie, permettant le retour d'unités de ce secteur,avec parmi elles Albert Domange.

...


Dernière édition par p.lamy le Mer 3 Juin - 11:05, édité 1 fois
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p.lamy




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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyVen 29 Mai - 18:20

.....

Nous quittâmes la Roumanie avant la fin de l'hiver 1917-1918, pour nous retrouver le long de la frontière Hollandaise où nous avons attendu plus de quinze jours peut-être en raison d'une attaque prochaine contre ce pays. Cette manœuvre n'eut pas lieu et donc cela nous permit de visiter le port d'Anvers et de nous reposer de la Roumanie. Nous étions alors en mars1918.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers la région lilloise où nous fûmes reconstitués et incorporés au 136ème Régiment de Strasbourg.(Ce point reste trouble, à priori le passage au 136e aurait eu lieu en Roumanie) Ce fut une période tranquille. Après les périodes d'exercices du matin, nous avions toute la journée pour nous reposer. Grâce également à une nourriture plus abondante, nous prenions des forces pour les épreuves à venir. Nous fûmes ensuite affectés près de Warcq, à côté d'Etain. Là, nous avons creusé des abris pour l'infanterie de seconde ligne. Ces abris étaient recouverts de rondins entrecroisés, eux-mêmes recouverts de terre, pour les garantir des coups de l'artillerie. La solidité de ces abris nous permit d'apprécier par la suite la faiblesse de ces dispositifs du côté français. Mais cette calme activité de terrassiers ne dura guère et nous fûmes noyés dans l'armée qui allait lancer plusieurs offensives du côté de Soissons. Nous avons pris le train pour Laon et ensuite nous avons rejoint le front à pied où nous sommes arrivés le premier juin 1918.
Ma première surprise fut l'attaque aérienne menée contre la tête de colonne car je n'avais jamais vu d'avions! Elle blessa quelques soldats que nous vîmes redescendre couverts de bandages. Heureusement notre compagnie ne fut pas touchée. Nous avons pris nos positions de départ. Le secteur ressemblait à la vallée de Montvaux, près de Châtel Saint Germain : une longue pente montant doucement. Nous devions en prendre le sommet.
Quand on nous annonça de mettre «baïonnette au canon», je fus pris d'un grand émoi. Nous allions nous retrouver face aux Français! J'avais de la famille en France, des cousins habitant à Auboué, en Meurthe et Moselle. A cette pensée, je n'ai pu introduire une seule cartouche dans mon fusil et je suis parti à l'attaque avec une arme vide, toutes les munitions restant dans mes cartouchières.
La première vague attaqua. Tous étaient fauchés. Puis la seconde, et la troisième. Les survivants se relevèrent et tout le monde partit à l'assaut, dans un dernier élan. Notre compagnie s'ébranla, soutenue par l'artillerie. Partie avec 125 hommes (les compagnies du début de la guerre en comptaient 150), la compagnie était réduite à 15 hommes au sommet. Nous avions terriblement souffert de cette attaque, les uns blessés, les autres tués par l'artillerie ou les mitrailleuses Françaises. C'était l'abattoir. Arrivés au sommet, nous creusâmes des trous pas très profonds pour nous abriter du bombardement que nous faisaient subir les Français, par rafales de 75 ou par les lourds 220. Nous restâmes là quelques heures et fûmes relevés pour séjourner dans les secondes lignes, en contrebas, pendant plusieurs jours, le bombardement faisant de nombreuses victimes. Le canon marchait fort et beaucoup d’hommes tombaient, il fallait entendre les blesser crier et appeler mère et père.
Le cri poignant d'un jeune soldat mortellement blessé qui appelait désespérément sa mère est le souvenir le plus marquant qui me reste de ces journées. C'est ce souvenir ainsi que celui du moment où on nous a ordonné de mettre baïonnette au canon qui me causent encore aujourd'hui un grand émoi.
Un jour, un énorme obus explosa à l'endroit même où se trouvait un camarade. Je suis allé sur les lieux et je n'y ai rien trouvé d'autre qu'un morceau de doigt épargné par l'obus. Une autre fois, un 220 tomba entre un camarade et moi, mais juste à côté de lui, sans exploser. Mon camarade, que l'obus avait frôlé, semblait dormir doucement. Je l'ai retourné. Il était mort, sans blessure apparente. Avait-il été victime de la dépression due à la chute de l'obus ou de l'effroi causé ? C'est pour vous dire, on aurait cru qu'il dormait… Et moi, qui étais à deux mètres! Quelle chance j'ai pu avoir! Pendant ces journées, un berlinois fanfaron s'était déguisé avec des effets civils qu'il avait trouvés dans une maison voisine. A chaque accalmie du bombardement, il faisait le pitre et se couchait aussitôt les premiers éclatements.
Après ces journées, nous fûmes relevés et je reçus ma première permission depuis mon incorporation. J’ai eu ma permission le 14 juillet et quand je suis arrivé à la maison le soir du 15 juillet à 10 heures, mes parents ne me reconnaissaient pas, tellement j’étais sale, noir, les vêtements déchirés. Permission que j'ai passée parmi les miens. Pour m'occuper, j'allais à Saulny chez mon oncle pour l'aider dans ses travaux. Un jour, en cueillant des cerises, l'échelle glissa dangereusement de l'arbre et les hasards du vent faillirent lui faire toucher la ligne d'électricité qui passait là. J'avais risqué cent fois ma vie dans les bombardements et les attaques pour me faire électrocuter pour un panier de cerises ? C'est pour vous dire à quoi tient la vie! Après cette trop courte permission, qui dura presque un mois, je me retrouvai près de Saint-Mihiel. En revenant de permission, j’ai cherché une journée ma compagnie qui ne comptait plus que 20 hommes. Nous sommes restés 2 jours au front avant d’être au repos 1 mois. Nous sommes allés ensuite devant Verdun près de Dun-sur-Meuse.
Nous étions en octobre 1918, du côté de Romagne-Montfaucon. Comme j'étais un ancien, j'avais été versé aux lance-mines qui étaient placés en seconde ligne, à cent mètres des avant-postes. Il y avait un brouillard dense ce jour-là et on ne voyait qu'à quelques mètres. Nous savions les Américains proches et pressentions une attaque imminente. Mais alors l'ordre fut donné à la première ligne de retraiter.
Charles Penin quitte la Lituanie en février 1918 et se retrouve en France du côté de Roubaix. Il est choisi comme secrétaire de sa compagnie. Toujours dans l’idée de déserter, il part un jour en premières lignes, « pressentant une opportunité de m’échapper ».  Il se retrouve malheureusement avec « un tout fou bardé de médailles, dans une mission nocturne visant à faire sauter une écluse dans le but d’inonder tout le secteur devant nos lignes ». Il hérite de la Croix de Fer pour cette action, mais précise : « en réalité, les Allemands ne se doutaient en rien de mes intentions, mes les Lorrains savaient bien pourquoi j’avais été volontaire ». Victor Klein était encore en Russie du côté de Kovno en juillet 1918. Son unité quittera ce front qu’en octobre 1918, « notre troupe est venue en France du côté d’Olley, près de Jeandelize, vers Conflans-Jarny. C’est là que l’armistice est venu. »
Joseph Losson avait suivi une formation de mitrailleur début 1917 et dirigé vers le front Anglais. « Quand on s’aperçut que j’étais Lorrain, on me renvoya en Russie. Le front allemand comportait une zone d’environ 10 km de profondeur où tous les civils avaient été évacués. Côté Russe, les civils continuaient leurs occupations quotidiennes. Nous avons appris la nouvelle de l’armistice par un régiment voisin avec lequel nous correspondions par téléphone. J’ai quitté les positions russes avec mon unité le 20 novembre 1918. » Charles Courteaux quitté « le tranquille front roumain (on y entendait guère plus de deux obus par jour) pour rejoindre la France du côté de Verdun, en cantonnement près de Dun sur Meuse. » Ils passent ensuite une quinzaine de jours en ligne sur la cote 304, secteur redevenu plus calme, avant de rejoindre le nord de la France, vers Hazebrouck, Merville-Caloune. « Là, nous avons découvert le feu et avons terriblement souffert…Nous avions établi un abri dans la grange d’une ferme et avions creusé une fosse qui était recouverte de plusieurs portes récupérées çà et là. Un obus est tombé sur nus. Mes quatre camarades ont été tués et j’en étais réchappé. J’ai passé plusieurs jours  enterré et j’ai été dégagé. Je me suis réveillé à l’hôpital. »
Paul Christophe avait rejoint le front directement à l’ouest à la fin de l’hiver 1917-1918, comme indiqué plus haut. Il est ensuite engagé dans les attaques du printemps. 

Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 Numzor21

Légende de la photo prêtée par Monsieur Christophe :
"Février 1918
Nous avions revêtu nos tenues de guerre et avant de partir au front avions décidé de faire cette photo"
Paul Christophe (à gauche) et Adrien Charpentier (à droite)"
Tous les deux sont originaires du village de Marieulles en Moselle, au sud ouest de Metz.


Après différents cantonnements, son régiment est enlevé par camions, près de Fismes : « nous avons voyagé avant d’être déposés dans la campagne, je ne savais pas où nous étions. Nous nous sommes déployés en tirailleurs, en lisière de forêt, pour monter à l’assaut d’une pente au sommet de laquelle se tenaient les Français qui nous tiraient dessus…Les mitrailleuses françaises semaient la déroute dans nos rangs. J’étais resté (comme agent de liaison) avec mon lieutenant qui dut rappeler les soldats de ma compagnie qui avaient fui…Il dut menacer les hommes avec son révolver pour les contraindre à avancer. L’attaque reprit dans les avoines balayées par la fusillade, et nous fûmes arrêtés par des barbelés devant les lignes…Ce poste d’agent de liaison était très périlleux, on me remettait un pli, je poussais les cartouchières de chaque côté de mon ventre et partais en rampant. J’étais alors choisi comme cible par les Français. Je me souviens d’une journée où je rampais dans les céréales. Les balles hachaient le blé tout autour de moi, dans un bruit sinistre, sans me toucher. Ce poste était périlleux à certains instants, mais me préservait d’être toujours en premières lignes. »

Jean Weber quitte lui aussi la Russie : « je partis pour la France à Pâques 1918, nous avons rejoint la Somme par train, nous voyagions en wagons à bestiaux, durant trois jours, pour rejoindre Péronne,  où nous nous retrouvâmes face aux Anglais. La 11e compagnie du 354e régiment d’infanterie était  dans les tranchées, à subir les bombardements, ou à être victime des avions anglais qui rasaient les tranchées en mitraillant tout ce qui s’y trouvait, même un homme seul… Les seuls Anglais que j’ai vus à cette époque étaient des prisonniers. Quelques temps après, nous avons été attaqués par des Anglais appuyés par des  chars. Voyant cette attaque massive, nous nous sommes sauvés en courant. » Edouard Hugnet ne quittera plus le front de l’est, à la fin de la  guerre, il était à l’hôpital en Allemagne. En en sortant, il tente de rejoindre Metz, mais l’accès ne lui en est pas été autorisé. Il descend du train à Hagondange, où il est hébergé dans de la famille.

Bon week-end à tous
P. Lamy


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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyDim 31 Mai - 17:29

Bonjour à tous.

Je n'ai pas parlé de Louis Schweitzer au IR 92. Pour sa part, comme il faisait son service militaire à Brunswick depuis octobre 1913, son régiment est parti en Belgique en août 1914, puis en France et il participera à des batailles en Belgique puis en France en Septembre 1914, la fameuse bataille de la Marne. 
Lors de la traversée belge, il raconte :
"Dans le train qui roulait vers Düsseldorf, je sus alors que notre destination était la France,en passant par la Belgique, où eurent lieu les premières batailles du Xe corps dont faisait partie le régiment. Nous traversions la campagne belge quasiment vide de ses habitants. Tous les panneaux indicateurs avaient été supprimés ou occultés, de sorte que nous ne savions où nous étions; seuls les officiers possédaient des cartes et ils se gardaient bien de nous indiquer toute information. Les maison abandonnées et ouvertes étaient tentantes et il y avait beaucoup de pillage pour manger et pour boire plus particulièrement.  Mes parents m'avaient interdit de voler quoi que ce soit, mais malgré cela je n'aurais d'ailleurs rien touché. 
Une nuit, vers minuit, une fusillade débuta subitement dans un village à côté de notre campement, sans raison apparente et nous partîmes à l'assaut du village désert. Je faisais partie d'un groupe commandé par le lieutenant Birckeim. Celui-ci fit irruption dans une maison où il trouva le propriétaire -un civil- derrière la porte et l'abattit d'un coup de revolver. Vous avez déjà vu ça, abattre ainsi un civil ! (En avril 1990, Monsieur Schweitzer était encore choqué de cet événement qui s'est déroulé plus de 75 ans avant)"

Le régiment suit une longue pérégrination qui lui fait traverser la Belgique puis une partie du nord de la France, toujours à pied "Le souvenir le plus marquant de ces journées est celui des routes pavées qui m'ont donné plein d'ampoules aux pieds".

Ils s'avancent en France "sans presque rencontrer de résistance" et dépassent Reims, puis Eprenay pour participer à l'affaire de la Marne. "Nous étions dans un bois et  les Français que nous n'avions vus faisaient  feu contre nous. Dès qu'un Allemand sortait du bois, il était immédiatement visé et blessé, le plus souvent à la tête ou tué.  Un officier du régiment nous poussa à aller de l'avant et à attaquer. Il alla en lisière nous traitant de "Schweinhunde" pour nous forcer à le suivre lorsque des coups de feu éclatèrent, le faisant tomber de cheval. Il était blessé à la cuisse et son cheval avait pris une balle près de l'oeil. Quand il est revenu de l'hôpital, il ne parlait plus d'aller "Nach Paris"".
 
Le régiment après ces épisodes retraitera plusieurs jours durant. "Pendant ces journées, un de nos officiers, le lieutenant von Sal nous dit "Réjouissez vous, l'ennemi est battu, nous sommes obligés de nous replier pour des raisons stratégiques"...Nous nous sommes ensuite enterrés dans des tranchées après Reims, près du village de Guignicourt" (secteur de Berry au Bac)

..." La nuit de Noël, nous étions dans la tranchée en première ligne, comme un autre jour. Quand nous vîmes par dessus les lignes françaises un sapin que les français hissaient au-dessus du parapet. Il portait des bougies qui éclairaient la nuit rt on y avait accroché des paquets de tabac et boîtes de chocolat. "Regardez, disaient les Français, tout cela est pour vous ! Venez nous voir ! Posez nos fusils et venez nous rejoindre !" Aucun Allemand ne tirait, les sentinelles avaient reçu l'ordre de ne rien faire"

Bonne soirée.
P. Lamy
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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyMar 2 Juin - 11:27

Bonjour à tous,

je continue avec Louis Schweitzer. Il fait un petit récit de la vie en tranchées durant l'hiver 1914-1915. Envoyé en renfort lors d'une attaque française, ils passent à plusieurs par le canal qu'ils traversent en barque, pour éviter le long cheminement par les boyaux et tranchées. Malheureusement, leur embarcation coule et il tente de déserter durant l'événement. Mais un Allemand d'une autre embarcation lui tend son fusil pour le hisser hors de l'eau..."J'étais trempé jusqu'à la moelle et nous ne pouvions nous sécher dans la tranchée. Ce n'est que le soir que je pus retourner vers l'arrière auprès d'un feu pour me sécher. Un des Allemands me dit " Pendant qu'il y en a qui se trempent jusqu'aux os, il y en a un là-haut qui dort bien au chaud dans un bon lit.'' (en parlant du Kaiser).
Fréquemment, nous parlions par-dessus les tranchées et les Français nous invitaient à déposer les armes et venir nous rejoindre. Lorsqu'on creusait un trou dans la tranchée, on trouvait souvent des cadavres. A un endroit de la tranchée, on voyait le derrière d'un pantalon rouge. Ailleurs, c'était un bras allemand qui dépassait; certains y accrochaient leur musette, chose que je n'ai jamais faite..."

Je supprime la partie ci-dessous qui fait doublon, car déjà publiée...

Albert Domange arrive dans la région de Lille...


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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyMar 2 Juin - 11:38

...

idem, cela fait doublon...

. Ce souvenir et celui du moment où il fallut mettre baïonnette au canon me causent encore aujourd'hui en grand émoi."


Bonne lecture. A suivre...
P. Lamy


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PETIT DIABLOTIN




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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyMar 2 Juin - 19:56

Bonsoir Patrice Wink

Perso je suis ...je suis car c'est toujours aussi inédit et passionnant pour moi .

Au plaisir de lire la suite.
Merci beaucoup.
Jean-luc
/biere/
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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyMer 3 Juin - 11:02

Bonjour à tous,

la suite :

Sur le front occidental, le cas des Lorrains, la désertion.

Beaucoup découvrent la terrible guerre de matériel, les intenses bombardements d’artillerie du front ouest. Beaucoup de ces Lorrains tentent de déserter, et la retraite allemande qui démarre fin juillet est propice aux évasions. Certains sont par contre réticents à l’évasion, comme Edouard Hugnet « J’ai connu des Lorrains qui ont déserté et ont été faits prisonniers et leur sort n’était pas toujours enviable. Un d’eux, par exemple, s’est retrouvé dans plusieurs camps du côté de Lourdes ; les Français les forçaient à s’engager. Quand les prisonniers Lorrains allaient en ville, ils se faisaient facilement insulter ou maltraiter par les  Français. » Ce retour sur le front français posait aussi des cas de conscience, car les Lorrains ne voulaient pas faire feu contre les Français.
Charles Penin se fait reprendre par un officier  « Du sollst schiessen – tu dois tirer », un lieutenant d’infanterie le lui avait ordonné. « Mais pendant ma présence dans l’armée allemande, je n’ai eu qu’une fois l’occasion de faire feu et je n’ai tiré qu’une cartouche, contre la division de Fer, lors d’une attaque.» Charles Penin participe à la politique de terre brûlée instaurée lors du repli allemand de l’automne « nous procédions à des démontages et destructions. Je me souviens que nous démontions les pompes à eau des puits afin de les saboter et de les rendre inutilisables. Mais je faisais de mauvais démontages, sans rien endommager, si bien que les pompes pouvaient être facilement remises en état. J’ai été fait prisonnier le 8 octobre 1918, lors d’une attaque des  alliés. C’était la débandade côté allemand. Nous étions restés tranquillement dans une cave à prendre notre repas. Les troupes néo-zélandaises nous ont faits prisonniers dans leur progression. Ils nous ont alors volé tout notre matériel. »
Victor Klein s’en explique auprès de  son bienveillant Rittmeister (capitaine), lequel avait rédigé pour lui une proposition à être officier. Victor faisant la liaison avec la division, avait subtilisé le document et s’en est ensuite expliqué à Fuchs : « Rittmeister Fuchs, vous m’avez proposé pour le grade de lieutenant. Je préfère ne pas avoir d’avancement. Vous êtes honteux d’être officier ? Non, mais j’ai perdu un frère en Argonne, si mes parents apprenaient que je suis muté pour la France, ils ne seraient pas contents, et cela leur ferait beaucoup de chagrin. »

Le train de Joseph Losson, après avoir quitté la Russie, stoppe sa marche 20 km après Francfort-sur-le Main et il fût fait prisonnier à proximité de la limite d’occupation française. Charles Courteaux retrouve le front après son séjour à l’hôpital. « J’ai été fait prisonnier peu de temps après mon retour du front, par les Anglais. Nous fûmes dirigés vers Calais, dans un camp de prisonniers allemands, et quelques jours après, des gendarmes français sont venus enquêter fin de recenser les AL. Nous fûmes ensuite séparés des Allemands et transférés dans un camp de prisonniers AL, du côté de Saint-Adresse, près du Havre. Un matin, les cloches du village à côté se sont mises à sonner et on pouvait entendre les sirènes du Havre. Plus tard dans la journée, nous avons traversé Rouen en chantant la Marseillaise habillés en Allemands. Les gens nous jetaient  des pièces de monnaie. »

Paul Christophe narre l’événement le plus marquant de sa guerre, qui a eu lieu après un court et intense épisode de combat : « Les Français étaient couchés dans des trous. D’un des trous, plus proche que les autres, sort un soldat sénégalais. Un camarade prend son fusil par le  canon, pour tenter de mettre un coup de crosse à ce Sénégalais. Ce dernier attrape la crosse du fusil et tous deux roulèrent à terre en luttant. Finalement, le Français a le dessus et tenant le fusil par le canon, s’approche de moi dans l’intention de me mettre un coup de crosse. J’armai ma carabine et lui dit « Lâche ce fusil ou je te fous en bas ! » Je n’aurai pas hésité s’il s’était approché davantage. Il posa l’arme et je lui dis « Maintenant, fous le camp ! » Il ne demanda pas son reste et repartit vers les lignes françaises. De toute façons, je n’ai jamais tiré contre les Français, j’avais un parrain capitaine à Reims, des cousins à Arnaville, un oncle également en France et je craignais toujours de les rencontrer. Mais ce Sénégalais a eu de la chance de tomber sur un Lorrain, sans quoi il aurait sans doute été tué. Du reste, je pense souvent à cet événement, presque tous les jours. » En octobre 1918, son régiment prend le train à Le Quesnois. « J’avais une infection à la main. Je suis allé voir le médecin de bataillon, qui, ayant vu cette blessure fixa une pancarte Leicht Abteilung  sur ma veste et me fit descendre à Maubeuge pour l’hôpital. » Il y passe quelques jours, est évacué vers l’Allemagne par sa ruse, où il se retrouve à Leignitz en sa garnison. Il retourne ensuite en Lorraine : « Je retournai en Lorraine, en passant par Saarbrücken. Avant fin novembre 1918, j’étais de retour à Metz.»

Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 Noyon_10
Photo prise près de Noyon le 13-6-1918 "Andenken von Noyon - 13-6-1918"

Jean Weber rejoint Thiaucourt après un passage dans le secteur du Chemin des Dames. « J’étais en cantonnement pendant que mon lieutenant suivait une formation à Metz. Les Allemands pressentaient une offensive américaine dans ce secteur, pour le 16 septembre. » Il s’agit de la bataille pour la réduction du saillant de Saint-Mihiel, menée par deux armées américaines et une armée française, avec le soutien de l’artillerie et de l’aviation françaises. « Le 14 septembre à deux heures du matin, les Américains ont déclenché un Trommelfeuer (déluge de feu) qui a bouleversé les premières lignes. Un seul soldat de notre compagnie est revenu. Tous les autres ont été tués, blessés ou faits prisonniers. Les Américains purent facilement enfoncer les lignes, d’autant que les troupes étaient peu résistantes. On demanda des volontaires pour transférer les blessés vers Novéant. Je me proposai et partis avec une colonne sanitaire. Un des officiers de la colonne, assis sur son cheval, eut la main tranchée par un éclat. De Novéant, je tentai de rejoindre de la famille qui se trouvait à Moulins-lès-Metz. Je cheminai vers Ars-sur-Moselle lorsque je tombai nez à nez avec mon lieutenant, qui rappelé d’urgence vers le front, fut surpris de me trouver là. Après quelques explications, je m’en retournai avec le lieutenant Karl Volenbrichen vers Thiaucourt. Ma tentative de désertion avait échoué. »  

A suivre.
Cordialement
P. Lamy
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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyMer 3 Juin - 11:12

...

Voici la suite et le dénouement des pérégrinations de Pierre Grandidier.

Une des premières nuits après notre arrivée, j’ai été envoyé avec un autre nouveau comme moi à trente ou quarante mètres en avant pour dérouler un rouleau de barbelé. On nous avait dit qu’il fallait prendre chacun un bout et tirer pour écarter le rouleau en accordéon qui devait faire obstacle. Nous sommes partis, naturellement pas trop hardis. Arrivés sur place nous voulons étendre le rouleau, mais nous avions beau tirer sur les bords, rien ne venait. On avait omis de nous dire qu’il fallait d’abord décrocher un fil qui le retenait. Comme nous faisions du bruit, les Anglais ont entendu et aussitôt lançaient des fusées lumineuses. Nous nous sommes plaqués par terre et ils tirèrent quelques coups de fusil. Un certain temps après que tout était devenu calme, nous nous sommes retirés en arrière pour rentrer dans notre trou. Nous étions à peine à 100 mètres des Anglais.
Après cinq jours de première ligne (Vorposten), nous étions relevés et nous partions cinq jours en réserve (Bereischaft) à environ un kilomètre en arrière dans un chemin creux, puis cinq jours après on était en repos (Ruhe), cinq-dix kilomètres en arrière (vers Romarin et Rossignol).
Son régiment est relevé le 1er juillet et part vers Tourcoing. Le séjour y dure un mois. « Le dimanche nous allions à la messe avec Jean et à l’étonnement des gens du pays, nous chantions avec eux le cantique « Catholique et Français toujours ».
Le 1er août ils embarquent pour Aulnoy à côté de Laon et cantonnent dans les dépendances de la ferme de Hordevoie. « Nous faisions un peu d’exercice tous les jours (mais moins qu’à Tourcoing). Pour la première fois depuis mon incorporation, on nous a exercés à reculer. C’était significatif. J’ai dit à Jean « t’as compris ». Nous avions la certitude que les affaires allaient bien pour nous, car la situation devenait mauvaise pour les Allemands. »
Le 8 août, ils embarquent pour rejoindre le secteur de Roye, dans la Somme. « En descendant de camion, après nous être mis en rangs, l’ordre nous fut donné « Laden und Sichern » (chargez les fusils et mettez le cran de sûreté). Pourtant nous ne voyions rien d’extraordinaire...Nous sommes restés quelques jours dans les parages sans apercevoir les Anglais qui se trouvaient en face de nous dans la région. Bien des avions survolaient la contrée. »Lors d’une courte attaque l’après-midi du 15 août « toute la première section qui se trouvait en avant fut faite prisonnière, Jean Bourguignon était avec. Le Feldwebel chef de section s’est sauvé à temps et revint avec sa canne en disant « Mein ganzer Zug ist parti » Toute ma section est capturée. C’était un va et vient dans la région, les faibles restes de la compagnie durent presque journellement se déplacer dans la région nord et nord-est de Roye. »
Entre le 15 et le 20 septembre, le régiment prend position près de Bony, sur une hauteur proche de la ferme détruite de Quennemont. « Les Allemands appelaient cette ligne de défense la Siegfriedstellung. C’était des anciennes tranchées avec de bons abris bien conservés (étayées comme des galeries de mine). Nous étions logés dans ces abris, pendant qu’à tour de rôle, on montait la garde dans les tranchées. »
Ils subissent deux attaques repoussées par les mitrailleuses, le 22 septembre et le 26 septembre. Le 29 septembre sera la journée décisive pour déserter. « Le 29 au matin, il y avait un brouillard très épais. Dans les premières heures de la matinée, on entendait le lointain grondement des chars…On les entendait s’avancer…On en voit alors plusieurs montant vers nous. L’ordre arrive de se retirer par la tranchée, vers le nord. On partait un derrière l’autre, la tête baissée pour ne pas être vus de la surface. Ce qui restait de notre section (après le bombardement du 26 septembre qui causa des pertes), ferma la marche en se dépêchant. Là, j’ai pensé que l’heure que j’avais tant attendue était arrivée. Ma décision était prise : j’allais passer de l’autre côté. Pour y arriver, j’ai simulé une chute en trébuchant et tout le barda me tombe sur la tête. »
« Vociférant en allemand, pour gagner du temps avant de pouvoir me relever pour que le reste de la colonne ne soit plus en vue. Puis je me relevai, pris mon courage à deux mains en priant et sautai hors de la tranchée en me couchant. Apercevant un petit trou d’obus à quelque dix mètres, j’y allais en rampant. Arrivé dedans, je me suis débarrassé de mes armes et munitions. J’ai défait mon casque et mon ceinturon. Ensuite j’ai attendu avec anxiété, priant fermement qu’aucun Allemand ne repasse et ne me voie et que tout aille bien, car je risquais la mort »
Il attend longtemps puis « Tout à coup, j’ai aperçu de loin quelques Anglais avançant en tirailleurs à vingt-trente mètres d’intervalle. M’étant levé, ils me firent signe de rester. Peu après arrive un groupe de 4-5 vers moi. Ils se jettent sur moi, malgré mes bras en l’air, me menaçant de leur baïonnette. Bien que canadiens, ils ne comprenaient rien, j’avais beau leur expliquer que j’étais Alsacien-Lorrain. Ayant agité mon chapelet que j’avais en mains, ils se calmèrent. Par contre, ils cherchaient après ma montre, en disant je crois « Wotch. Puis, ils cherchaient aussi des souvenirs. Ils m’ont pris ma coiffure (genre de casquette sans visière), un autre me coupa deux boutons de ma vareuse ». Ils l’orientent ensuite vers l’arrière et petit à petit ils sont une dizaine, puis environ deux cents prisonniers en fin de journée. « Tout se passait bien pour moi, la guerre était finie et j’étais heureux d’être prisonnier. Ce qui m’a surpris ce jour-là, c’est qu’à peine cinq kilomètres du front, les Tommies jouaient au foot ».
Le lendemain, tous les prisonniers doivent déposer avec ordre sous peine de mort, tous leurs papiers, écrits, argent, valeurs et armes. « Comme les autres, je m’exécutai abandonnant mon portefeuille, mon carnet journalier que j’avais eu soin de tenir à jour régulièrement. J’en fis autant de mon livre de prières et de mon Solbuch. »

On comprend mieux pourquoi les papiers militaires des AL peuvent être absents, et la reconnaissance de leur état pour la carte de combattant a pu ensuite être difficile…

Cordialement.
P. Lamy

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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyMer 3 Juin - 11:19

...
Suite de l'histoire de Louis Schweitzer au Braunschweigisches Infanterie Regiment Nr 92 :

"Le 21 janvier 1915, notre poste fut bombardé et nous nous attendions à une attaque. Il fut ordonné de nous replier afin de ne pas être prisonniers. Nous étions trois Alsaciens-Lorrains à ne pas être de cet avis. Un adjudant nous menaça de son revolver dans l'abri où nous nous étions réfugiés en attendant l'arrivée des Français. Rien n'y fit. Il dût se sauver en nous laissant là.
Il n'y avait plus un bruit. Nous attendions l'arrivée imminente des Français. Quand, tout à coup, on entendit les Français qui de l'extérieur lançaient des blocs de pierre dans l'abri pour en boucher l'accès et condamner ceux qui s'y trouveraient.
Ma mère avait autrefois payé des leçons de Français à l'instituteur qui nous les donnait le soir après l'école. J'en avais oublié une partie car nous parlions couramment l'Alsacien et, par obligation, l'Allemand. Mais le peu que je savais me permit d’appeler les Français. ″Ne tirez pas Messieurs, nous sommes trois Alsaciens-Lorrains″ Les Français nous firent monter à l'air libre. J'étais enfin leur prisonnier.
Bist du froh gefangene zu sein ? – Es-tu content d'être fait prisonnier ?″ me demanda l'interprète alsacien à l'interrogatoire. Nous fûmes ensuite conduits à l'arrière et délestés durant ce parcours dans les tranchées françaises de certaines pièces d'équipement, en particulier la tête de mort qui figurait sur le calot.
Tous les Français venaient nous voir, le bruit ayant couru que des Alsaciens avaient été faits prisonniers et ils nous saluaient amicalement. J'ai rencontré un soldat qui me dit être de Reichshoffen. Nous sommes alors tombés dans les bras l'un de l'autre. Ce régiment français était sans doute de l'est car il s’y trouvait beaucoup d'Alsaciens–Lorrains qui avaient passé la frontière pour rejoindre la France. Plus loin, en arrière, on nous donna à manger tandis que les Boches faisaient ceinture."

Cordialement.
P. Lamy
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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyJeu 4 Juin - 11:00

Bonjour à tous,

Voici la suite, avec la capture comme prisonnier pour certains et l'internement.

Pour Albert Domange, il sera capturé par les Américains lors de l'offensive Meuse Argonne :

"Après ces journées, nous fûmes relevés et je reçus ma première permission depuis mon incorporation. J’ai eu ma permission le 14 juillet et quand je suis arrivé à la maison le soir du 15 juillet à 10 heures, mes parents ne me reconnaissaient pas, tellement j’étais sale, noir, les vêtements déchirés. Permission que j'ai passée parmi les miens. Pour m'occuper, j'allais à Saulny chez mon oncle pour l'aider dans ses travaux. Un jour, en cueillant des cerises, l'échelle glissa dangereusement de l'arbre et les hasards du vent faillirent lui faire toucher la ligne d'électricité qui passait là. J'avais risqué cent fois ma vie dans les bombardements et les attaques pour me faire électrocuter pour un panier de cerises ? C'est pour vous dire à quoi tient la vie! Après cette trop courte permission, qui dura presque un mois, je me retrouvai près de Saint-Mihiel. En revenant de permission, j’ai cherché une journée ma compagnie qui ne comptait plus que 20 hommes. Nous sommes restés 2 jours au front avant d’être au repos 1 mois. Nous sommes allés ensuite devant Verdun près de Dun-sur-Meuse.
Nous étions en octobre 1918, du côté de Romagne-Montfaucon. Comme j'étais un ancien, j'avais été versé aux lance-mines qui étaient placés en seconde ligne, à cent mètres des avant-postes. Il y avait un brouillard dense ce jour-là et on ne voyait qu'à quelques mètres. Nous savions les Américains proches et pressentions une attaque imminente. Mais alors l'ordre fut donné à la première ligne de retraiter.
L'occasion se présente pour déserter Nous étions trois Alsaciens-Lorrains. Nous devions suivre le repli à notre tour mais nous étions bien décidés, dans ce repli précipité, à nous faire oublier avec le concours de cette épaisse brume. Un Alsacien, qui n’était pas assez décidé à déserter, voulut nous obliger à retraiter avec lui. Nous étions en train de parlementer quand s'abattit sur nous un déluge de boules de feu. Je ne sais pas ce que c'était.

Un point sur lequel je n'ai pas d'explications, quelles sont ces "boules de feu" ?

Cet Alsacien portait à la ceinture un pistolet lance-fusées qui servait à prévenir l'artillerie et une de ces boules de feu tomba sur sa réserve de cartouches. Celle-ci explosa, mettant le feu à ses vêtements. Après avoir attendu plusieurs heures l'attaque américaine qui ne venait pas, nous décidâmes de rejoindre la première ligne Allemande. Mais nous n'avons trouvé personne. Je mis l'oreille contre le sol et j'entendis, vers notre droite, le bruit d'une mitrailleuse. A « quatre pattes » ou bien en rampant, nous continuâmes notre progression pour rejoindre cette mitrailleuse. Nous avions laissé toutes nos munitions et nos armes dans la tranchée. J'avais également arraché mes pattes d'épaule marquées d'un «M» (pour Minenwerfer, mortiers lance-mines de tranchées) pour éviter tout ennui.

Au sujet des pattes d'épaule "M", je n'ai pas d'explication viable, Albert Domange m'a bien parlé des pattes d'épaules, et sa fiche de prisonnier de la Croix-Rouge indique bien 136e régiment d'infanterie et la mention LM, pour Leichte Minenwerfer.
Or sur le site HM 14-18, ce sujet a été évoqué, mais l'insigne de spécialité n'est pas une patte d'épaule, mais un insigne de bras...Enigme ?



Guidés par la mitrailleuse qui lançait des rafales de temps en temps, nous pûmes rejoindre les lignes américaines.
Là je fus accueilli par un canon de revolver pointé sur mon visage. J'étais le seul des trois à parlementer. J'ai essayé toutes les langues que je connaissais, même l'italien, vu que les Américains sont de toutes les nationalités. C’était le 9 octobre 1918.
Il était impératif de parlementer et de ne cesser de parler, sinon ils nous auraient "mis en bas" (descendus, expression employée plus haut par M. Christophe). Quand le brouillard se leva, nous avons découvert des centaines de soldats Américains si mal disposés, trop près les uns des autres, qu'un seul obus aurait suffi à causer beaucoup de pertes! Ils nous ont montré leurs tués et leurs blessés en nous accusant d'en être responsables.
Nous avons réussi, tant bien que mal, à nous faire comprendre. Nous fûmes alors dirigés vers l'arrière où les soldats américains, en nous "déséquipant", se servaient en "Andenken" - souvenirs, en particulier les bagues en aluminium que l'on fabriquait dans les tranchées. On nous chargea d'emmener avec nous les blessés en rejoignant les arrières.
Là, nous vîmes quantité d'Allemands faits prisonniers qui semblaient s'être rendus spontanément. Après une dizaine de kilomètres de marche, nous avons rejoint une ferme en arrière des lignes. Nous avons été parqués là deux jours sans manger, avant de retourner plus en arrière. De là, toujours sous garde américaine, nous fûmes ensuite transférés vers un camp à Saint-Dié puis à Dijon. Nous vécûmes là une existence pitoyable, logés dans des baraquements transpercés par la pluie qui ne cessait de tomber, n'ayant presque rien à manger. Je suis resté là une dizaine de jours.

On nous groupait par dix et les gardiens ouvraient différentes sortes de boîtes de conserve. Chacun passait devant ces boîtes et prenait une cuillère de nourriture. Un morceau de pain,
pas plus grand que la main, terminait ce repas. Il y avait là des Allemands, des Alsaciens-Lorrains et des Autrichiens. Cela occasionnait souvent des querelles, en particulier parmi les
Autrichiens, originaires de nombreux peuples différents. Ces bagarres se soldaient généralement par des coups de bâton généreusement distribués par les gardiens.
Les Alsaciens-Lorrains furent séparés des Allemands et remis aux mains des Français. Nous avions pris le train pour Saint-Dié ou nous sommes restés 8 jours et dirigés sur Saint-Rambert, près de Saint-Etienne, dans un ancien séminaire. Dès notre arrivée dans ce camp, gardé par des Français, nous avons troqué nos uniformes allemands contre des tenues françaises.
Le soir du jour de l'Armistice, nous avons organisé une retraite aux flambeaux dans les rues de Saint-Rambert. Nous avions réalisé une effigie du Kaiser Guillaume que nous avions bardée de médailles et promenée dans les rues pendant la retraite. Nous étions accompagnés de musiciens venus de Saint-Etienne. Au terme de la retraite nous avons pendu puis brûlé l'Empereur déchu qui s'était alors enfui en Hollande. Je suis ensuite parti vers Lourdes au château-fort pour 3 jours avant de rallier Luchon dans les Pyrénnées dans le petit village de Hariniac Nous jouissions d'une certaine liberté et travaillions dans des carrières pour faire des fours à chaux, ce qui nous permettait de gagner un peu d'argent pour améliorer l'ordinaire en nous achetant à manger et à boire, notamment une chopine le soir!
Je fus démobilisé en février 1919 et, le 18 du même mois, j'étais de nouveau à Saint-Privat. »


...
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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyJeu 4 Juin - 11:34

....Suite :

Les soldats lorrains, séparés des Allemands, étaient orientés vers des camps spéciaux de prisonniers, à Saint-Rambert-sur-Loire, Lourdes ou Monistrol.
Pour Charles Penin « après mon temps de prisonnier, j’ai été incorporé dans l’armée française après l’armistice. Je faisais partie des troupes d’occupation en Allemagne, avant d’être libéré fin 1919 à Strasbourg. » Charles Courteaux est transféré du Havre vers St-Rambert, puis Lourdes.  « Au camp de Lourdes, on nous proposa des emplois dans l’administration (police, eaux et forêts, chemins de fer…) Je partis du côté de Saint-Lary, dans les contreforts pyrénéens  où j’ai participé au creusement de tunnels dans lesquels on posait des éléments bétonnés pour réaliser des conduites forcées pour une usine hydro-électrique. » Il est rapatrié en fin d’année vers Metz avec d’autres Lorrains et participe en janvier 1919 à un défilé dans Metz devant le général Maud’huy et d’autres officiers importants. « Nous avions une façon très disparate de marcher. Beaucoup de Lorrains, surtout des régions frontalières de Sarreguemines, Forbach, Bitche ne connaissaient pas d’autre pas que le Paraden Marsch  allemand (le fameux pas de l’oie où l’on lance les jambes devant soi). Quelques autres, dont je faisais partie, originaires du sud du département, avions eu l’occasion de voir des revues militaires françaises à Nancy avant la guerre et nous connaissions la façon de marcher des Français, ce qui était plus convenable pour défiler dans Metz libérée. »  Il fut libéré à la fin du mois d’octobre 1919.

Pour Pierre Grandidier, une fois les effets remis sur ordre, et "avant que le troupeau ne se remette en route, j'ai pris mon courage à deux mains, j'ai fait un pas en avant et j'ai demandé en allemand ''Bitte, gibt es keine Extrabehandlung für die Elsaß-Lothringer?"(N'y a t-il pas d'égard pour les Alsaciens-Lorrains. Heureusement, cette question a été bien accueillie et on demanda aux AL de sortir du rang. Nous étions environ une dizaine. On nous conduisit dans un petit enclos près de la gare détruite de Péronne, où il y avait une tente. Nous n'étions ni gardés, ni enfermés. A côté de nous, il y avait un autre enclos avec tente, réservé aux officiers prisonniers. Mais eux étaient enfermés. Ils étaient furieux de nous voir presque libres, si bien qu'un d'entre eux nous cria au travers de la clôture "Ihr sollt Euch schämen eine Extrabehandlung anzunehmen !" (vous devriez être honteux d'accepter un traitement de faveur). M... que nous lui avons répondu"
Ils restent là quelques jours, bien nourris avant d'être emmenés en wagons à bestiaux fermés. Ils rejoignent le Havre au camp de Sainte Adresse où ils arrivent le 3 octobre. Ils sont très peu nourris et supportent les "poux blancs", Pierre ayant les mêmes vêtements et sous-vêtements depuis le 15 septembre, sans pouvoir les laver.
Cas des soldats prisonniers des Anglais, son adresse de correspondance qui lui a permis de prévenir ses parents en Moselle était : Pierre Grandidier - P.O.W. 36344 (Prisonner of War) - Base Depot Coy in France - Care of G.P.O. LONDON. Les parents s'étaient inquiétés car leurs lettres avaient été renvoyées vers le 4 ou 5 octobre surchargées sur l'enveloppe de la mention "Vermißt" (disparu). Ils n'ont su que le 7 décembre qu'il était prisonnier. Pierre Grandidier est signalé "Vermißt"sur la page 28048 des Verlustlisten que le 12 décembre 1918...
Il quitte le camp le 11 novembre, ils traversent alors le Havre "Des soldats écossais qui avaient bu un coup de trop voulaient se jeter sur nous (notre uniforme en était la cause). Heureusement que les gardes les en ont empêchés. Nous avons été conduits vers la gare pour être remis à des militaires français qui nous ont très bien reçus"

il passe par le dépôt de St Rambert sur Loire, part ensuite vers Lourdes. Il peut enfin quitter ses vêtements portés depuis le 15 septembre le 28 novembre en étant alors vêtu d'une tenue bleu horizon, avec remise d'une tenue de travail, qui servira pour des travaux de construction de captages d'eau dans la montagne (dépôt des AL de Lourdes - Groupement d'Arreau, détachement de Loudenvieille - Htes Pyrénées) Travaillant sur salaire pour le compte d'une entreprise et payé par quinzaine, il quitte Loudenvieille fin décembre pour rejoindre son village de Lesse en Moselle, où il arrivera dans la nuit du 1er au 2 janvier 1919, en ayant retrouvé Jean Bourguignon lors du trajet de retour.
"Toute la famille était couchée, car personne ne savait que je rentrais. Vous pensez ! La joie difficile à décrire, quand nous sommes entrés Jean et moi. Le retour depuis si longtemps désiré et dont on doutait quelquefois était enfin arrivé. Deo Gratias !!!"

A noter que l'épisode des Ecossais en kilt éméchés m'a également été raconté par Charles Courteaux, qui ne connaissait pas Pierre Grandidier.

Cordialement.
P. Lamy
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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyVen 5 Juin - 11:09

Bonjour à tous.

Pour conclure :

Beaucoup de jeunes enrôlés ont connu les durs combats très meurtriers du retour à la guerre de mouvement du printemps 1918, l’arrêt puis la retraite de l’armée allemande et le retour à la France. Ils ne semblaient pas en vouloir aux Allemands de leur avoir volé leur jeunesse, mais cette période les avait marqués à jamais.
A Jean Suby de conclure (né à Nancy en 1899, résidant à Jussy, réfugié à Nancy dès fin juillet 1914, puis Bourges et engagé volontaire en janvier 1918 dans l’artillerie de campagne) : « C’est tout ce que je peux vous raconter. J’ai vécu les mêmes choses que beaucoup d’hommes à cette époque. Je hais la guerre, c’est une chose stupide ».



Bibliographie :
-Témoignages recueillis de juin 1990 à octobre 1994
-Plaques d’Identité Allemandes 1914-1918- Peter Meinlschmidt - 1992
-Les Alsaciens-lorrains durant la guerre 1914-1918 – Hors-série Saisons d’Alsace n°58 – 2013
-Ultimes Sentinelles Jean-Noël Grandhomme – La Nuée Bleue – 2006
-Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre – Jean-Noël et Francis Grandhomme - La Nuée Bleue – 2013.
-"Souvenirs de ma guerre de 14-18 racontés pour mes enfants" Pierre Grandidier, 1989. (diffusion familiale)

Les souvenirs des anciens combattants :
Charles Christophe, né le 10 septembre 1899 à Marieulles rencontré à Moulins-lès-Metz de 1992 à 1994
Charles Penin, né le 23 août 1899 à Moyenvic rencontré à Montigny les Metz en 1994
Edouard Hugnet né le 11 février 1893 à Coin sur Seille rencontré à Goin pour ses 100 ans en 1993
Jean Weber né le 11 avril 1897 à Kanfen recontré en 1990 à Montigny-lès-Metz
Joseph Losson né le 16 septembre 1899 à Créhange rencontré en 1990 à Montigny-lès-Metz
Victor Klein né le 21 février 1896 à Evange, commune de Breistroff la Grande rencontré en 1990 à Metz
Charles Courteaux né le 18 février 1898 à Fresnes en Saulnois, rencontré en 1990 à Montigny-lès-Metz
Jean Suby né le 21 décembre 1899 à Nancy, rencontré en 1992 à Jussy
Louis Schweitzer né en 1893, rencontré en 1990 à Woippy
Albert Domange né le 11 novembre 1897, rencontré en 1990 et 1991 à Saint-Privat la Montagne

Petite information sur le recrutement allemand, en complément de ce texte :
Les appelés sont répartis à 78% vers la Prusse et les petites principautés (Saxe-Coburg, Brunswick, Anhalt, duché de Bade etc…), 11% vers la Bavière, 7% en Saxe et 4% au Wurtemberg. Les différents états se distinguent par des cocardes d’état différentes sur les coiffures, et des plaques de casque à pointe à motifs spécifiques. Comme en France, le nombre de divisions ne cesse d’augmenter durant la guerre. De 90 divisions à la mobilisation, puis 143 divisions en février 1915, l’armée allemande atteint 241 divisions en 1917, pour arriver à 212 divisions fin 1918. L’effectif par division d’infanterie est de 23.000 hommes en 1914, pour atteindre 25.000 hommes en fin de guerre, par augmentation des effectifs des unités d’appui et des services. Dans le même temps, la compagnie d’infanterie passe de 270 hommes en 1914 à 210 hommes en août 1918, avec des effectifs réels par compagnie de 150 hommes rencontrés avant la fin de l’été 1918.


Souvent, leurs fils connaîtront le même sort, à partir de 1942 en Alsace-Moselle, avec incorporation dans toutes les unités de l'armée allemande, y compris dans la Waffen SS. Avant l'armée, ils feront tous une période de 3 a 6 mois au Reichsarbeitsdienst, sauf pour ceux des classes plus âgées qui avaient été militaires dans l'armée française de 1939-1940.

J'espère que ces textes représentant une petite partie du problème des AL en 1914-1918 vous aura plu. Libre à tous de compléter, d'ajouter des textes ou photos.

Bien cordialement.
P. Lamy

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PETIT DIABLOTIN




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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyVen 5 Juin - 19:09

Bonsoir Patrice,

Toujours aussi passionnant à parcourir Wink

Cordialement,
Jean-luc
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MessageSujet: Re: Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ?   Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 EmptyVen 4 Fév - 16:53

Bonjour à tous,

je remonte ce post pour y ajouter une mention particulière apposée sur la fiche matricule d'un mosellan qui a quitté son département et s'est engagé en 1910 dans l'armée française...Sujet évoqué ce jour dans la rubrique vente, une photo de Titi en vente, où Marksman et Le Graf ont reconnu leur aïeul...La loi des hasards bienheureux.

Les Alsaciens-Lorrains en 14-18, Malgré-Nous ? - Page 2 Nom_d_10

Il y a là toutes les explications indiquées pour leur ancêtre sur la fiche matricule, sur ces noms d'emprunt des Alsaciens-Lorrains engagés sur des fronts où ils sont opposés aux forces du Kaiser. Je trouve cette annotation assez intéressante, habituellement les fiches comportent en en-tête le nom d'emprunt indiqué par le bureau de recrutement, et, inscrit à côté entre parenthèses, le nom d'emprunt.

A noter aussi l'excellente mémoire des nazis, à la guerre suivante,  qui disposant des documents nécessaires, savaient lesquels de ces AL avaient déserté de l'armée allemande lors de la première guerre. Cela leur a assuré un billet d'expulsion avec leurs familles hors des trois départements à nouveau annexés dès la fin de l'été 1940.
Avec des expulsions massives au mois de novembre de la même année, qui ont presque vidé de leurs habitants certains villages, surtout des secteurs francophones. mais on s'éloigne du sujet.

Bien cordialement.
P. Lamy
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