Le sous-lieutenant Fondet : destin tragique d un pilote au Sahara.

Bonsoir,

Au début du mois de janvier, on m a proposé un lot assez fatigué de documents et clichés ayant appartenu à un officier de cavalerie devenu par la suite pilote. Après avoir hésité, j ai décidé de le prendre en raison de mon double intérêt pour l armée d Afrique et l aviation. Par ailleurs, les brèves recherches ont attiré mon attention du fait du lieu, Ain guettera près d’In Salah, où le lieutenant Fondet a trouvé la mort. Je n ai hélas rien trouvé sur le site mémoire des hommes dans la rubrique aviation le concernant. Tant pis. Mais, les recherches sur la toile ont été fructueuses.

René Fondet est né le 1 avril 1889 à Nuits Saint Georges dans le département de la Côte d Or. Son père était médecin et notre futur pilote suit une bonne instruction (5 sur son état matricule).
Sans doute désireux de tenter l aventure, il s engage pour trois ans le 29 octobre 1908 au sein du 1 er régiment de chasseurs d’Afrique. Grâce à son éducation, il monte en grande et finit maréchal des logis le 21 septembre 1911, quelques semaines avant de quitter son uniforme. Le MDL Fondet s’installe alors le 09 janvier 1912 dans le ville de Dijon et s’y trouve toujours en août 1914.

Après avoir quitté son uniforme de chass d Af, R Fondet est alors affecté au 16 eme chasseurs à cheval de Beaune. Il ne semble pas avoir été impliqué dans la réserve car il est toujours au même grade au moment de la mobilisation.

Le 1 er cliché a été pris en Algérie et R Fondet est encore cavalier de seconde classe dont entre fin 1908 et mai 1910 quand il est nommé brigadier. Peut-être fréquentait-il une des jeunes filles de cette famille de pieds-noirs.

La suite.

Le MDL Fondet est donc au 16 eme chasseurs à cheval lors de la mobilisation mais est alors désigné comme chef des éclaireurs du 85 eme régiment d infanterie.
Sur le cliché ci dessous datant d avril 1915, R Fondet est à gauche en tenue du 16 Rchass et porte les galons comme avant la mobilisation. Il est en culotte de cavalerie en velours foncé. Il porte la médaille du Maroc en raison de sa participation à cette campagne de du 7 mai au 3 septembre 1911. Mais en plus, notre cavalier est médaillé militaire. Rien dans les archives n’évoque ses faits d armes.

Comme de nombreux cavaliers, le MDL Fondet se lasse de son emploi devenu inutile de cavalier et parvient à rejoindre l aviation en mars 2016.

Après sa formation, le MDL Fondet est breveté pilote le 25 septembre 1916 avec le numéro 4611. Le brevet papier est daté du 5 avril 1917. On peut voir que le grade a été légèrement effacé ainsi que son prénom et plusieurs chiffres. Je n ai pas d explication..
Il est détaché à l école d Avord à compter du 20 octobre 1916 puis ensuite affecté brièvement à l escadrille de décembre jusqu’au début de l année 1917. R Fondet a probablement rejoint moment l’escadrille MF 547 basée à Biskra en Algérie. Cette unité vole alors sur des avions dépassés Farman, mais jugés suffisant pour marquer les esprits des tribus du SUd.

Salut,

Sympa surtout les derniers points.

Effectivement bizarre les effacements, surement une demande corrections jamais aboutie??

En tout cas, petit nombre sur le brevet papier et photos sympas permettant de suivre la carrière d'un homme.

A+

Bonsoir. Voici sa fiche. Assez bizarrement il ne possède pas de dossiers dans la série "Ye" Voir la série "Pensions" peut-être…. Alain

Le Pilote Fondet de la MF 547 arrive dans le sud algérien alors que cette zone est la proie de vive tensions. En effet, des agents turcs voire allemands ont via des alliés en Libye, les Senoussis, pu soulever plusieurs tribus. Les troupes italiennes ont subi des défaites et ont dû abandonner le fort de Ghat où ils perdent deux canons. L un d eux servira contre nos troupes contre le fort d Agadez. Les tribus kel Ajjers du sud-est algérien ont aussi malmené les troupes françaises, en particulier dans la localité de Djanet. Le Hoggar est aussi touché et le père De Foucault est assassine en décembre 1916. Son ami le général Laperrine est alors envoyé dans la région afin de pouvoir retablir l ordre et repousser les rebelles.
Les escadrilles sont aussi impliquées dans ce plan d action et y joue un rôle important. La MF 547 où sert Fondet doit permettre de créer des bases dans le sud afin de pouvoir atteindre à terme la ville de Tombouctou...

Sur le cliché ci dessous, R Fondet est en tenue de cavalier. Il porte ses pattes de col du 16 eme chasseurs.. et non pas l aile étoilée.


Sir la photo suivante, un groupe d’aviateurs de la MF 547 en train de faire une reconnaissance pour établir la future base de Toggourt. Nos hommes se déplacent alors en voiture et précèdent les avions de l,escadrille.

Le chef de l escadrille MF 547, le lieutenant Auguste Bernard, a fait validé par le général Laperinne son plan de poursuivre la progression vers le sud et In Salah. Aussi, un détachement d ´aviateurs et un officier du génie sont envoyés dans le sud afin de préparer le futur terrain d atterrissage et acheminer le matériel nécessaire. Se déplaçant en tracteurs brasier, le détachement dirigé par R Fondet’ maintenant sous-lieutenant, se dirige vers les gorges d Ain Guevara non loin d In salah. Hélas, une importante bande de rebelles tamachek kel ajjer dirigée par Ebbeuh ag aghalabi a détruit le,groupe de huit sahariens chambi envoyé dans les gorges au niveau du signal Bousquet afin de contrôler ce passage du Tadmait ou Tidikelt. Le lieutenant Fondet et son groupe rentrent sans se méfier et tombenr alors dans une embuscade. Après avoir épuisé leurs munitions, le groupe de soldats est alors anéanti. Selon les comptes rendus, les hommes ont été tues de plusieurs coupes d armes blanches, voire même égorges. Les corps seront découverts quelques jours de plus tard. Le lieutenant Fondet est identifié. Les corps sont alors inhumés à In Salah.

Un cliché du lieu du combat quelques jours après. A droite du camion, en dehors de la route, les restes de l un des véhicules. A gauche, une épave brûlée.

Passionnant ce récit.
Faudra penser un jour à consulter le dossier de cet officier, s'il en existe un, au SHD.

Bonjour,

Derniers documents présents dans ce petit lot. Deux lettres écrites par des camarades du lieutenant Fondet à son père. Notre pilote et ses camarades sont vengés par la suite. Les sahariens et les groupes nomades traqueront les rebelles, et en particulier ceux coupables de l assassinant du père de Foucault jusqu’a dans région de Menaka ( région actuelle au Mali où les groupes jihadistes sont très actifs) et au Niger avec le soutien des tribus nobles du Hoggar commandées par Moussa ag Amastane.

Bonjour. Comme dit plus haut, pas de dossier au S.H.D. dans les séries 4 et 5 YE. Alain

Rien dans ce petit lot de papiers ne permet de savoir si le corps du lieutenant Fondet est resté dans le Sud De l Algérie ou a été rapatrié par la famille.
Notre officier ne reverra donc plus sa région natale et n assistera pas à l armistice. Si la famille n a pas voulu ramener sa dépouille, il est donc probable que sa tombe soit maintenant ensablée dans l’oubli.
Pour finir ce post, je joints un cliché du drapeau de commandement du chef touareg Moussa au Amastane, pièce exceptionnelle visible au Musée Saharien dans la ville du Cres près de Montpellier, ainsi que celui d un des deux canons de montagnes pris par les senoussis dans la ville libyenne de Ghat. Cette pièce d artillerie est en train de rouiller à côté du cimetière chretien de la ville d’Agadez au Niger...

Bonjour,

Merci pour ce poste très intéressant qui nous rappel que le Sahara aussi fur un des théâtre d'opération de la Grande Guerre.

Cordialement

Aldebaran

Bonjour,

Très beau sauvetage et émouvant reportage, que vous avez réalisé sur ces oubliés de la Grande Guerre.

Je recommande à ceux qui sont intéressés par ces combats, l'excellent livre E. de RAYNAUD-LACROZE : méharistes au combat sur la reprise de Djanet et la tragédie Aïn-El-Hadjad

Editions "France-Empire" édition de 1983.

Cordialement,

Dieulet