Les mors arabes à anneau-gourmette
Le mors arabe civil, artisanal
Les mors militaires règlementaires du harnachement des spahis post de "Bothrops atrox" :
Voici les photographies de quelques têtières m'appartenant :
Le motif imprimé sur les œillères est, ici, celui des spahis.
Comme sur cette têtière, plus ancienne :
Le mors, d'un peu plus près :
et la fixation de cette queue de cheval dont j'ignore la signification
:
Elle est simplement retenue au bouton du dessus de tête de la têtière par une ganse de ficelle, et c'est comme cela que je l'ai reçue.
Elle n'est, peut-être, pas à sa place ?
J'avais, à une époque, fait le rapprochement avec la queue de cheval suspendue sous l'encolure de certaines montures de trompettes ???
Le mors qui suit, si je ne me trompe pas (et c'est très facile, dans ce domaine), est un mors modèle 1912, prédécesseur du modèle 1922 que j'évoquais hier.
Ce mors a, apparemment, connu du service, comme en témoigne l'usure du passage des anneaux du porte-mors. J'en possède quelques uns ainsi usés. Ces mors, toutes générations et modèles confondus, ont du être utilisés jusqu'à usure totale ?
voici le dernier modèle de mors arabe de la cavalerie française, en deux versions, celle de 1922 et celle de 1926.
l'illustration qui en est donnée par l'ouvrage du Général DESCOINS sur l"Équitation arabe" :
Bien que se situant dans l'après guerre, je pense que l'exposé qui suit n'est pas inutile puisqu'il montre à quoi ressemblent ces mors qu'il vaut mieux éviter d'exposer lorsque l'on veut traiter exclusivement de la guerre 1914-1918 à laquelle ils n'ont, en aucun cas, pu participer.
- Un mors qui correspond à la description du
9 octobre 1922. Je suis bien heureux d'avoir pu l'acquérir car il me semble (mais c'est subjectif) qu'il ne court pas les rues !
Ma source de référence, dans le cas présent, est l'ouvrage de Mary et Thierry MONE déjà cité (notamment la précision de la date, 9 octobre 1922).
- Celui auquel j'attribue le millésime "
1926" sur la base d'autres sources, car Thierry MONE ne fait qu'évoquer, à son propos, un mors "de fabrication ultérieure", sans précision de date :
J'ai indiqué, sur les deux photographies qui suivent, les zones de ces deux mors présentant des différences notables :
Lorsqu'on évoque un adoucissement à propos de ces mors, il s'agit de celui des formes du modèle de 1926, plus arrondies, par rapport à celles du modèle de 1922, très anguleuses.
En ce qui concerne la dureté du mors, au point de vue équitation, il s'agit, dans un cas comme dans l'autre, de mors relativement "doux", malgré le côté toujours impressionnant de l'anneau-gourmette.
Thierry MONE classe ce mors parmi les "mors Lhotte".
Pour terminer, un mors 1926 : un magnifique mors nickelé, desservi, hélas, par le flash de l'apn.
Il est beaucoup plus beau "en vrai" puisque strictement neuf !
voici un très bel exemplaire du dernier modèle de mors règlementaire pour monture de spahis. Il est en acier doré et bien matriculé au 2ème escadron. Le vendeur le datait 1912, le millésime exact est, en fait, 1922 (intermédiaire entre 1922 et 1926, dont il possède certaines caractéristiques) :
Je me répète, mais pour ceux, peu versés dans le domaine du harnachement qui souhaiteraient, malgré tout, dans une exposition consacrée à la première GM, évoquer les spahis et leur rôle, éviter d'équiper les têtières de leurs montures de ce modèle de mors...
après m'être assuré de ne pas me tromper d'exemplaire
, voici un mors
modèle 1912, chronologiquement compatible avec la période 1914-1918 :
Tout d'abord, l'illustration qui en est donnée par l'ouvrage du Général DESCOINS sur l"Équitation arabe" :
Un des exemplaires en ma possession, étamé et numéroté :
Le livre de
T. MONE, "
Burnous bleu tombô vert", plusieurs fois cité au cours de ce post, propose, page 174, un dessin de ce mors tiré des planches de construction du harnachement spécial aux spahis du
23 avril 1912.
Il ne fait, je crois, aucun doute que bien des générations de mors règlementaires spécifiques aux spahis ont du coexister.
Je possède encore un certain nombre de mors arabes règlementaires que j'ai du mal à dater, malgré la documentation dont je dispose...
Ainsi, ces mors à branches très peu courbes et à liberté de langue étroite et "anguleuse", à découpe "rectangulaire, qu'un document (vraisemblablement protégé par droits d'auteur) dont je dispose m'inciterait à classer comme du modèle 1846 ! Ce qui ne me parait pas raisonnable, et donc, inenvisageable...
C'est ce type de mors qui équipe cette têtière, déjà montrée :
Ce passage de langue me parait vraiment étroit et peu profond.
Pour terminer sur une petite synthèse concernant les mors arabes règlementaires en les classant suivant qu'ils possèdent, ou non, un passage de langue :
- Mors
avec passage de langue, ce sont les modèles, 1846, 1900 et 1912...
- Mors
sans passage de langue : modèles 1856, 1889, 1922 et 1926...
post de "MIMIESPASDAQUI" :
- Citation :
- m'inciterait à classer comme du modèle 1846
Je crois, cher ami, que vous pouvez être content car ce mors me paraît bien être celui dessiné par le sous-lieutenant DUTILLOEUL le 5 aout 1846.
Je vous renvoie donc à la page 474 MDMC pour confirmer mon assertion.
De plus, la splendide bride sur laquelle vous l'avez trouvé semble être vraiment très ancienne.
post de "Bothrops atrox" :
cette datation ne cesse de me tenter, car je crois que vous êtes dans le vrai !
Ce qui m'intrigue un peu, c'est le nombre de ces mors
1846 qui auraient traversé le temps sans dégâts importants.
Je possède, quand même, trois mors de ce modèle (y compris celui monté sur la bride), dans un parfait état, ce qui me semble beaucoup !
pour conclure, momentanément, le sujet des mors employés par la cavalerie arabe de l'Armée française, voici le type de mors qui sera de plus en plus utilisé par les hommes montés des unités de l'Armée d'Afrique, surtout dans l'entre deux guerres et après. Il s'agit d'un mors qui n'a rien de spécifiquement militaire mais qui apparait sur de nombreuses photographies ; je veux parler du "filet à aiguilles".
Voici une photographie très connue de l'ECPA :
En voici deux exemplaires :
- l'un étamé :
- Et l'autre... l'habituel exemplaire nickelé
:
A partir d'une certaine époque, en effet, les spahis ne montent plus qu'à l'aide d'un filet tel que celui ci-dessus, parfois réduit à un simple filet de bridon d'abreuvoir comme ceux-ci.
... je ne possède pas d'exemplaire nickelé de filet de bridon d'abreuvoir
!
Nous sommes bien loin des mors arabes, que je trouve, personnellement, très beaux...
Ceux ci ne seront plus réservé qu'aux cérémonies, le service courant s'effectuant, de plus en plus, avec de simples filets.
La nature des missions a, vraisemblablement, beaucoup changé à cette même époque. La raréfaction des charges fougueuses rendant moins impérative une équitation rigoureuse et hardie et donc, un harnachement adapté.
Le cheval n'est plus qu'un moyen de déplacement rapide lors de raids et de transport de charges sur de longues distances.
Les mors de fabrication civile européenne post de "Bothrops atrox" :
Pour en venir aux mors arabes à double paire de rênes, voici quelques photographies de mors en ma possession.
Ils sont tous construits sur le même modèle avec quelques variantes tenant aux anneaux de rênes de bride ou aux éléments décoratifs.
-
Un premier exemplaire :
-
Un deuxième exemplaire, nickelé, qui se donne de faux airs de mors à la Condé :
- Les deux exemplaires suivants ont été photographiés dans une vitrine. Il se peut que les images en résultant "parlent" moins à certains membres.
-
Un troisième exemplaire. Les croissants ont laissé la place à des palmettes, sinon le principe est toujours le même. Et ce, même si la partie "anneaux de rênes de filet" est peu visible. Le but était, ici, de montrer les palmettes.
-
Un quatrième exemplaire, orné de croissants, lui aussi, mais qui présente la particularité d'avoir ses anneaux porte-rênes de bride dans la continuité, et complètement solidaires, des branches du mors dont ils constituent la terminaison :
Je ne pense pas que les ornements aient eu une signification particulière, mais qui sait...?
Quoiqu'il en soit, l'élément constant, que l'on retrouve à l'identique sur tous ces mors et qui en fait un modèle particulier et cohérent est bien ceci :
Voila pour ce qui est des mors à double paire de rênes en ma possession.
post de "MIMIESPASDAQUI" :
Il est encore muni, bien que coupés, de ses montants de mors, du départ de ses rênes de filet et de sa rêne de bride à terminaison fouet, le tout en cuir vernis.
Toujours pas nettoyé depuis 1 an qu'il est chez moi, mais tant que je n'aurai pas terminé la construction de mon "musée" personnel, je ne peux consacrer trop de temps à mettre en valeur tout ce que
j'accumule j'achète je collectionne.
Pas facile de réaliser un cliché valable de cet objet avec tous ces bouts de cuir mais voilà, avec l'aimable et spontanée aide de mon épouse :
post de "Bothrops atrox" :
les amateurs de harnachement de ce forum se sont souvent interrogés à propos de mors arabes à anneau-gourmette et "double commande" que nous rencontrons parfois et dont je possède quelques exemplaires. Étaient-ils règlementaires ? Ou simplement fabriqués en milieu civil, à l'usage de cavaliers, anciens militaires, nostalgiques de leur passage chez les spahis, comme le suggéraient certains membres, notamment "cavalier"?
J'ai, en tous cas, découvert dans un catalogue daté de 1902, ceci :
Catalogue mis en ligne sur ce site remarquable :
http://www.attelage-patrimoine.com/2014/11/catalogue-d-elements-de-sellerie-ets-renault.htmlIl se trouve que je possède un mors correspondant en tous points à celui figurant dans ce catalogue :
post de "la fouine" :
et ce gadget, qu'en pense-t'on.
J'ai mon idée mais j'attends l'examen infaillible des spécialistes de l'armée d'affrique.
En tout point conforme au mors de Spahi, avec les détails visibles: anneau pour rennes "de filet" et croissants.
post de "cavalier" :
je ne pense pas qu'un officier indigène (donc harnaché à l'orientale ) ait utilisé un tel mors ; il utilisait un harnachement beaucoup plus "riche" de broderies sur la filali et le tapis et avec des aciers (mors et étriers) richement ciselés et souvent niellés
ici il s'agit d'une fabrication totalement civile pour qui voulait bien l'acheter , et là le champ est immense......
il faudrait que je consulte le catalogue de Camille qui présente de nombreux mors de type"différent" des mors utilisés à l'epoque par le plus grand nombre... c'est ainsi qu'on fabriquait en 1900 des mors en tout point semblables aux mors premier empire et que l'on pouvait se procurer des mors de type à l'orientale à anneau gourmette
post de "la fouine" :
Effectivement, en y réfléchissant, je pense que vous avez raison, car, un harnachement à l'orientale pour un officier n 'aurait pas 4 rênes.
Ce genre de mors "à l'orientale" est certainement destiné à des cavaliers européens désirant mettre un peu d'exotisme dans leur harnachement ou pour rappeler leur service dans la cavalerie d'Afrique.
En tout cas, ce sont de beaux objets.
post de "cavalier" :
je ne suis pas persuadé (mais je peux me tromper ) que ces mors doivent etre considérés comme des mors militaires ; dans les catalogues de harnachement , si ma mémoire est bonne , ils ne sont pas "rangés" avec le matériel militaire , mais avec les mors civils de toutes formes et de tous modèles (et il y en avait beaucoup plus que maintenant !)
doit on sur le plan équestre les considérer comme des mors européens arabisés par la présence de l'anneau-gourmette , ou comme des mors arabes européanisés par la présence d'anneaux pour les rênes de filet comme un pelham ?? !!!!!!
en tout cas ils s'adressent à mon avis à des cavaliers qui tenaient surtout à l'anneau gourmette ; peut-être certains avaient-ils la nostalgie d'un service en Afrique , mais sans doute pas tous car sur le dernier mors le croissant oriental a été remplacé par une palmette passe-partout
mors dont parle "cavalier" ci dessus:
post de "Bothrops atrox" :
Je souhaite poursuivre, sur ce post consacré, un sujet ouvert séparément traitant des mors arabes "à double commande", bride et "filet".
J'ai donc une question à poser aux férus de cavalerie et de harnachement : Quelqu'un a-t-il entendu parler, ou lu quelque-chose, concernant le
mors annulaire inventé en
1831 par le Lieutenant-Colonel
de BRACK et mis à l'essai à l’École de cavalerie de Saumur et dans certaines unités de cavalerie légère ?
Et même mieux, quelqu'un en possèderait-il une quelconque illustration ?
Je dispose de plusieurs textes concernant ce mors. Aucun ne contient d'illustration.
Il semblerait que cet officier de cavalerie, s'inspirant du mors "bédouin" (dans le texte original) à gourmette annulaire, l'ait transformé en un mors à "double commande", bride et filet, un peu comme ceux mis en ligne ci-dessus :
Il est évident que les mors présentés ne peuvent être ceux mis à l'essai en 1831, mais ils en sont, peut être, la continuité, voir l'aboutissement ?
De tels mors figurent parmi ceux utilisés par l’École de cavalerie de Saumur de 1800 à 1889 :
Je développerai le sujet un peu plus tard et mettrai en ligne, non seulement le texte concernant la mise à l'essai de ce "mors annulaire" ainsi que celui des critiques consécutives des Généraux commandant la cavalerie...
Je possède 4 mors ainsi construits, pouvant être montés avec 2 paires de rênes chacun (bride et "filet").
Le Lieutenant-Colonel
de BRACK aurait annexé à ses "
instructions pour l'emploi du mors annulaire" deux dessins, or, ces dessins n'apparaissent pas (ou, du moins, pas encore ?) au stade actuel de mes recherches, dans les différentes éditions de l'année 1831 traitant de ce "mors annulaire".
Ce sont ces dessins initiaux que j'aimerais bien examiner...J'ai trouvé quelques mors "arabes" pour lesquels l’œil du porte-mors a été déplacé vers le haut pour être remplacé, au niveau des fonceaux, par des anneaux porte-rênes.
Le célèbre
Yussuf possédait un tel mors à "bride et filet". Un autre exemplaire, appartenant au musée de l’École de cavalerie de Saumur est visible sur le net.
La transformation de ces mors arabes à gourmette annulaire, pour la conduite à quatre rênes, semble toujours avoir obéi au même schéma.
Ce type de transformation a-t-il été initié par
de BRACK ?
C'est la question à laquelle je cherche à répondre, et sans schémas ou dessins de l'époque, ce n'est pas chose aisée ! D'autant que la lecture de certains commentaires concernant le mors inventé par ce célèbre officier de cavalerie semble suggérer que c'est un mors arabe
pour mulet, et non pour cheval, qui aurait servi de base à cette innovation ???
Je vais numériser et mettre en ligne une partie des documents que j'ai découverts sur le net pour mieux étayer une éventuelle discussion...
Voici un de mes mors à gourmette annulaire et "double commande". J'ai indiqué les parties le composant dont il est question ci dessus :
J'ai entouré la partie rajoutée au classique mors "arabe" afin de pouvoir y attacher une deuxième paire de rênes. L'œil du porte-mors a été, de ce fait, décalé vers le haut, à l'extrémité d'une coute branche supérieure qui n'existe pas sur le mors "arabe" initial :
En parcourant l'ouvrage du Général DESCOINS, "L'équitation arabe", qui date de 1924, j'ai découvert qu'une des leçons destinées à habituer le cheval (et le cavalier) au mors arabe consiste à munir celui-ci d'une paire de rênes supplémentaires bouclées aux anneaux supérieurs du mors, normalement destinés aux montants porte-mors de la têtière de bride. Ce qui tendrait à démontrer que l'invention du Lieutenant-colonel de BRACK eut des suites...
Extrait de l'ouvrage du Général DESCOINS, "
l’Équitation arabe", le passage concernant le travail en bride :
Et, pour tenter d'illustrer cet extrait, une têtière de monture de cavalier aux affaires indigènes (voir le dessin imprimé sur les œillères) m'appartenant (il lui manque sa "demoiselle"
) :
Le mors est un modèle 1922 "adouci", dernier avatar des mors arabes de l'Armée française :
en relisant les messages précédents, je m'aperçois que j'ai fait état, à propos de la têtière des "affaires indigènes", d'une "demoiselle". Ce terme doit être bien mystérieux pour quelqu'un découvrant ce type de harnachement.
Aussi, voici ce qu'est une "demoiselle". Ici, d'une têtière de harnachement de spahis :
Il s'agit donc de cette pièce de cuir réunissant les lacets qui permettent de resserrer les œillères de la têtière.
L'ajout d'une deuxième paire de rênes à ce type de mors est donc bien une technique ancienne.
La référence de l'auteur à "El nâcéri" ("
célèbre traité d'hippologie rédigé en l’an 1333, par Abou Bakr Ibn Badr Eddîn Ibn El Moundir El Baïtar, à la demande du sultan mamelouk Mohamed Ibn Qalâoun, autrement appelé sultan Ennâcer (victorieux), d’où le nom de Naceri (relatif à Nacer)". Citation. Source : wikipedia) en atteste.
Je vais pouvoir mettre en ligne les "
Instructions pour l'emploi du mors annulaire" du Lieutenant-Colonel de BRACK...
Et le rapport fait par le Lieutenant-colonel D. Saint-Victor le 11 aout 1831, à l'issue de l'essai, à l'Ecole royale de cavalerie de Saumur, de vingt-cinq mors de ce type fournis par de Brack :