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TurpiniteDès Décembre 1914 se posa pour les Français le problème d’avoir à créer dans des délais très réduits un dispositif capable de lancer des charges explosives puissantes à un minimum de 200 mètres, pour détruire les défenses comme les réseaux de barbelés et bouleverser les tranchées de l’adversaire.
Diverses tentatives plus ou moins heureuses aboutirent à privilégier la solution d’un projectile empenné, doté d’une queue creuse, et comportant une boîte cylindrique en tôle mince, chargée de six kilos d’explosif et fermée par une ogive en bois. Cette ogive recevait un détonateur mis en place au moment du tir et initié par une fusée percutante type Siège et Montagne.
Un godet métallique recevait le corps explosif. Au fond de ce godet était vissé un morceau de tube dont l’autre extrémité était fermée par un bouchon d’acier, tube constituant la queue propulsive et destiné à être inséré dans le lanceur.
Trois ailettes en tôle mince étaient fixées sur le rebord du godet et arrêtées par un fil métallique.
Ce projectile pouvait être réalisé très rapidement et à bon marché. Il permettait également l’emploi du perchlorate d’ammoniaque, explosif trop sensible au tassement pour trouver un emploi dans le chargement des obus.
Quant au matériel de lancement, tout naturellement désigné comme mortier de 58 T N°1, il fut réalisé avec du tube d’acier alésé à 58 mm, initialement destiné à devenir des tubes intermédiaires d’arbres de frein de 105, inemployés par l’atelier de construction de Bourges.
Ce tube était prolongé par une colonne au bas de laquelle se vissait un tampon amortisseur de wagon, servant de semelle d’appui sur le sol et encaissant le recul. Une fourche portant un manchon qui coulissait sur la colonne permettait de modifier l’inclinaison du tube.
Cet engin, réalisé à la fin de 1914 par le Général Dumézil et le Commandant Duchène, portait à 350 mètres sous un angle de 45° et avec une charge de 60 grammes de poudre et jetait les bases d’une partie importante de l’artillerie française de tranchée. 70 exemplaires furent commandés à la fin de Décembre 1914, livrés dès le milieu de Janvier et immédiatement mis en service aux armées, avec un certain nombre de projectiles en éléments séparés.
Le dispositif restait toutefois bien primitif, et ne pouvait représenter qu’une solution provisoire. Instable et imprécis, il devait absolument être remplacé par un lanceur facilitant la mise en place du projectile et le pointage, et qu’il ne faudrait pas remettre en batterie après chaque coup.
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58 n1 (collec.
BIBI_87)
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photo (collec.
MAS68