Bonjour à tous, une photo-carte réalisée le 9 mai 1915, ces hommes du 231eme Ri s'apprêtent à quitter la région de Soissons et rejoindre
le front d'Artois les jours suivants, pour aménager les secteurs ennemis nouvellement conquis, avant de s'engager sur le front dès le 24 mai.
Nos poilus arborent en majorité, la capote GDFB modèle 1877, dont un exemplaire muni d'un col rabattu (application réglementée en novembre
1912 mais non maintenue), également une capote Poiret du 1er type (homme assis en bas à droite). Les képis semblent être en grande propor-
tion du modèle 1914 1er type avec encore la présence de képis 1884.
L'écrivain Henri Barbusse, engagé volontaire à 41 ans, a servi au 231eme, de décembre 1914 à 1916 en première ligne (batailles
d'Argonne, d'Artois, du Soissonnais), soient 22 mois. Il est affecté dans les brancardiers de la compagnie et reçoit deux citations à
l'ordre de la brigade.
Séjour en Artois, du 11 mai 1915 au 23 septembre 1915.Débarqué à Doullens et à Frévent le 10 mai, le 231e est dirigé sur Acq où il se tient prêt à être
employé dans la région comprise entre Ablain-Saint-Nazaire et Neuville-Saint-Vaast.
Tout d'abord, il est mis à la disposition des divisions qui ont conquis les positions ennemies pour les
aider à aménager leur nouveau secteur, à rechercher le matériel abandonné (armes, munitions,
équipements, etc...,) et à enterrer les cadavres trouvés sur le champ de bataille.
Pendant huit jours, le régiment va se livrer à ce travail, si obscur mais si pénible, d'aménagement du
champ de bataille, qui se fait de nuit.
Nos soldats ne peuvent dormir ; ils ont beaucoup de difficultés pour se rendre sur la partie du champ
de bataille où ils doivent travailler et là, au milieu du sifflement des balles et des éclatements
d'obus, ils sont obligés de procéder, presque à tâtons, à leur pénible et lugubre besogne.
Heureusement, ils sont bien trempés ; leur bonne volonté ne connaît pas de défaillance et un simple
bon mot leur suffit pour leur permettre de se ressaisir et de dominer leur fatigue.
Pertes pendant ces huit jours : 48 dont 13 tués.
Après cette période de travail de nuit, le 231e est employé à tenir le secteur dans la région
d'Ablain-Saint-Nazaire, Neuville-Saint-Vaast.
Bien entendu, les périodes de séjour en ligne sont coupées par des périodes de repos passées
à l'arrière et qui, suivant les circonstances, sont plus ou moins longues.
Les séjours à l'arrière se passent dans la région de Camblain-l'Abbé, Cambligneul, Mingoval,
Cancourt, Frévillers où les villages sont pauvres et offrent peu de ressources.
En ce qui concerne les séjours en ligne, il y a lieu de considérer deux périodes :
1° Du 24 mai au 29 mai 1915 ;
2° Du 1er juin au 23 septembre 1915.
Du 24 mai au 29 mai 1915, le 231e tient le front en avant d'Ablain-Saint-Nazaire, sa gauche
appuyée au cimetière d'Ablain-Saint-Nazaire et sa droite au ruisseau de Carency.
Le 6e bataillon exécute le 27 mai une attaque locale qui est couronnée d'un plein succès.
L'opération est effectuée par les 23e et 24e compagnies, qui s'emparent de la tranchée ennemie
des Saules et du fortin des Quatre-Boqueteaux.
Au cours de cette attaque le lieutenant SCHMIDT, commandant la 23e
compagnie, est tué et le sous-lieutenant MORELLET, de la même compagnie, est grièvement blessé.
Du 1er juin au 23 septembre, le 231e est ensuite appelé, chaque fois qu'il doit servir en première ligne,
à tenir le front au sud du village de Souchez, sa gauche placée du côté du Cabaret Rouge.
Une attaque française suivie d'une réaction ennemie ayant eu lieu au milieu de juin, il en résulte :
a) Que notre front subit différentes fluctuations entre le 1er juin et le 23 septembre.
b) Que le secteur est très agité du 16 juin au 14 juillet.
c) Qu'à certains moments, les deux lignes adverses se trouvent très rapprochées l'une de l'autre.
Parfois, même, les deux adversaires tiennent la même tranchée ou le même boyau et ils ne sont
séparés que par des barrages de sacs à terre. D'où lutte continuelle à coups de grenades.
d) Que le régiment est constamment obligé d'effectuer de gros travaux pour aménager les fronts
successivement occupés.
En outre, à partir de la fin août, des travaux (sapes) sont effectués en avant de notre front, dans le
but de nous créer une base de départ en vue d'une prochaine attaque française.
(Source: Historique du 231eme RI/Lavauzelle, 1920)
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