Bonjour à tous, un livret militaire qui a appartenu à Eugène DESPATY, originaire de Bitry (Nièvre), classe 1904,
mobilisé le 14 août au 285eme d'infanterie. Cité à l'ordre du régiment le 29 juin 1915, il reçoit la croix de guerre
avec une étoile. Disparu le 16 juin 1915 à Angres (Artois), il est fait prisonnier de guerre à Münster puis rapatrié le
22 décembre 1918.
Attaque du 16 juin en Artois, Angres.Le 16 juin, à l'heure H (tenue secrète), le 285e doit former l'aile gauche
de la ligne d'attaque de la 10e Armée.
Le front d'attaque du régiment est compris entre le chemin Bully - Angres et le chemin
Aix-Noulette - Angres.
Le 6e Bataillon est à gauche, prolongé par une compagnie du 256e qui doit attaquer la face
sud des Ouvrages- Blancs. Le 5e Bataillon se retire à droite avec la Division marocaine qui a,
comme objectif, « Les Abatis ». Chaque bataillon doit comprendre deux vagues d'attaque et
une réserve.
A 11 heures, l'heure H est communiquée, c'est 12 h. 45. A l'heure fixée, la première vague
part dans un magnifique élan, beaucoup trop bien alignée même, et atteint presque sans perte
la première ligne allemande, en grande partie évacuée par les Allemands ; les quelques
Boches laissés là font de suite « Camarade ! », se déséquipent à la hâte et courent à nos lignes
pour se rendre.
L'attaque devait avoir été éventée, car, à peine deux minutes après le départ de la première
vague, un barrage formidable d'artillerie de tous calibres s'abat sur notre ligne de départ,
balayée en même temps par le tir d'écharpe d'un grand nombre de mitrailleuses sous béton,
non détruites par notre préparation d'artillerie et en bonne position sur la face sud des
Ouvrages-Blancs.
La deuxième vague ne peut donc sortir des tranchées sans courir le risque d'être hachée
sans résultat. Cependant, un peloton de la 22e Cie, sous les ordres du capitaine Combe, sort de
la parallèle de départ et essaie de rejoindre la première vague. Il est en grande partie fauché
par les mitrailleuses, puis, finalement, arrêté par des fils de fer en avant de la tranchée
allemande. C'est dans ce réseau que le capitaine Combes est tombé héroïquement en
entraînant ses hommes.
Les occupants de la tranchée conquise se mettent immédiatement à l'œuvre pour la
retourner. Des tentatives de liaison avec la tranchée de départ sont faites de part et d'autre,
mais ne réussissent pas ; le barrage de mitrailleuses est tellement violent qu'un périscope,
montré quelques secondes, est infailliblement brisé.
Vers 15 heures 45, la première vague est violemment bombardée ; à 16 heures, elle est
vigoureusement contre attaquée par des colonnes venant de deux côtés, d'Angres et des
Ouvrages-Blancs. La résistance est poussée jusqu'à épuisement des cartouches et des grenades
; après quoi, un mouvement de repli, qui commence aussitôt, est ordonnée par les
Commandants de Compagnies.
Le lieutenant Dupuis, commandant la 23e Cie, tombe mortellement frappé, après avoir fait
quelques mètres seulement dans la direction de nos lignes.
Une partie de la première vague rejoint la parallèle de départ ; une autre partie, succombant
sous le nombre, se rend. Quelques hommes se terrent dans des trous d'obus et ne peuvent
rejoindre nos lignes qu'à la nuit ; parmi eux, il s'en trouve qui, déjà désarmés et déséquipés par
les Boches, réussissent à leur brûler la politesse.
L'attaque du 285e a échoué; il avait, sur son flanc gauche, une trop forte position, presque
intacte ; mais, le but a été atteint : le régiment a attiré sur lui le feu de l'artillerie et des
mitrailleuses allemandes, permettant ainsi à la Division marocaine d'atteindre ses objectifs.
Si l'engagement fut court, les pertes furent sévères.
Le capitaine Combes, commandant la 22e Cie; le lieutenant Dupuis, commandant la 23e
compagnie, tombèrent héroïquement dans les conditions déjà relatées.
Le lieutenant Richen, de la 22e Cie, fut tué d'une balle dans la tête, alors que, très
bravement, il étudiait l'organisation de la tranchée conquise.
Le lieutenant Leverrier, de la 20e Cie, tomba glorieusement en entraînant ses hommes
à l'attaque.
Le sous-lieutenant Millet succomba en combattant avec la plus grande vaillance à la
grenade.
(Source: Imprimerie Dourra, Cosne/historique du 285eme RI, 2 août 1914, 24 décembre 1915)
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