Bonjour à tous,
Voici une analyse sur la diversité des conditionnements en verre des conserves allemandes pendant la grande guerre 14/18.
En espérant, que cela vous apportera maintes informations, bonne lecture.
INTRODUCTION.
La Première Guerre Mondiale entraîne des bouleversements majeurs dans l’organisation d’un conflit armé à travers l’immense organisation humaine et matérielle s’établissant progressivement en profondeur.
Le quotidien des combattants est rythmé par les séjours sur le front dans les tranchées et les périodes de repos à l’arrière. À l’ouest, des millions d’hommes vont être équipés et approvisionnés sur une bande étroite et surpeuplée, d’une longueur de plus de 600 km s’étendant de la mer du Nord jusqu’à la Suisse.Ce front était desservi par un incroyable réseau de voies de communication (routes, chemins, voies ferrées, téléphériques, tranchées, boyaux…).Au regard du combattant, le ravitaillement est une nécessité quotidienne, mais aussi un appui matériel et moral.
Le soldat doit tenir la ligne de feu dans des conditions extrêmes en maintenant des liens avec l’arrière.
La nourriture y joue un rôle prédominant, à l’instar des colis, des courriers et des journaux.
Le soldat est approvisionné en aliments de plusieurs manières, par l’intendance militaire, par lui-même et par ses proches.
Le soldat est alimenté dans une cantine ou, lorsqu’il se trouve au combat, par une corvée, approvisionnée par une cuisine fixe ou roulante, mais l’autonomie alimentaire du combattant peut également être garantie par des vivres de réserve.
Cette étude a pour objectif de présenter une première synthèse des résultats issus de l’étude archéologique d’objets en verre liés à l’alimentation provenant de dépotoirs militaires allemands de la Première Guerre Mondiale.Elle est le fruit d’un travail collectif réalisé à partir de l’étude de mobilier issu de prospections et de fouilles archéologiques préventives et programmées.
Depuis quelques années, une nouvelle problématique est née autour de la connaissance de l’alimentation du combattant.
En 2010, suite à la table ronde de Sarreguemines sur les apports de l’archéologie à la connaissance de l’alimentation du combattant pendant la Première Guerre Mondiale, les études, initialement centrées sur le combattant allemand, se sont également étendues à celles du soldat français et britannique.
Récemment plusieurs fouilles ont été engagées et sont vouées à devenir des référentiels importants pour la période.
On citera par exemple la fouille préventive de la galerie allemande du «KILIANSTOLLEN» à KARSPACH (HAUT RHIN) située en première ligne ou du camp allemand du « BORRIESWALD» à APREMONT-SUR-AIRE (ARDENNES) situé en troisième ligne. A proximité du champ de bataille, le combattant peut aussi acheter des vivres dans des boutiques destinées aux soldats. Enfin, de la nourriture d’appoint était acheminée dans des colis envoyés depuis l’arrière ou achetée voir spoliée auprès de populations civiles.
1 – LES CONTEXTES:
L’alimentation du combattant produit des quantités considérables de déchets qui ont très rarement fait l’objet d’étude.
Les contenants alimentaires, qui se sont massivement imposés dans la société de consommation actuelle, pouvaient être en verre, en faïence, en porcelaine, en grès, en métal et en matériaux plus légers et périssables comme le tissu, le papier ou le carton.
Le dépotoir enterré est une structure riche en informations qui permet d’établir une véritable « photographie » du quotidien.
Il résulte du stationnement temporaire de troupes sans cesse renouvelées.
Leurs tailles varient selon la proximité des tranchées. Sur le front, ils sont petits, peu compacts et souvent mélangés au sédiment évacué à l’arrière de la tranchée parfois dans d’anciens trous d’obus.
Dans les camps de repos, au contraire, l’emplacement du dépotoir est défini et le rem plissage révèle souvent un certain ordonnancement, voire une affectation par unité.
Les fosses les plus importantes atteignent parfois plusieurs mètres cubes. On citera par exemple le cas de la galerie du «KILIANSTOLLEN» et du dépotoir de KARSPACH « LERCHENBERG» (HAUT-RHIN) qui a livré d’importantes quantités de mobilier en verre en cours d’étude.
Une signalétique peut même parfois avoir été mise en place. On signalera la description d’un dépotoir de bouteilles dans un camp situé à proximité de PONT-A-MOUSSON (MEURTHE-ET-MOSELLE) dans l’ouvrage d’Ernst Jünger :"Une collection de bouteilles variées, empilées contre le mur arrière, révélait que plus d’un ermite avait dû y passer des heures de vie contemplative, et je m’efforçai pour ma part de ne pas laisser en désuétude cette estimable coutume".
Les corpus étudiés proviennent de plusieurs secteurs du front ouest de la Première Guerre Mondiale.La première se trouve en CHAMPAGNE.
Les deux batailles de la MARNE (septembre 1914 et juillet 1918) symbolisent les frontières chronologiques de la guerre de position.La craie et la plaine seront les éléments géophysiques auxquels les combattants seront confrontés dans l’édification des éléments de défense, mais aussi dans leur quotidien.
La deuxième se situe en LORRAINE, principalement dans le département de la MEUSE.
Un inventaire en cours dans de nombreuses collections privées a permis d’évaluer et d’inventorier l’importante masse documentaire qui en étant retiré de tout contexte a malheureusement irrémédiablement perdu la majeure partie de sa valeur documentaire.
La troisième, au sud, est située en ALSACE, territoire annexé par l’ALLEMAGNE en 1871 qui est traversé par un front qui sera stable pendant toute la guerre.
Les ensembles étudiés, retrouvés dans le cadre de l’archéologie préventive, sont situés en première ligne dans le SUNDGAU et à l’arrière près de STRASBOURG.2. QUELQUES EXEMPLES DE CONTENANTS ALIMENTAIRES EN VERRE.
Dans le cadre de cet article, cinq exemples caractéristiques seront développés : les fioles d’alcool fort, les bouteilles d’eau minérales, les bouteilles à billes, les bouteilles de concentré de vinaigre et les verres à moutarde.
2.1. LES FIOLES D'ALCOOL FORT (SCHNAPSFLASCHEN)
Les témoignages de combattants rapportent de larges distributions d’alcool fort, notamment avant les assauts.
Ces alcools, servis gratuitement et en abondance, ont la réputation d’être de mauvaise qualité, de sorte que certains combattants refusent de les consommer. Cependant, le soldat apprécie de disposer d’une petite réserve, car la consommation quotidienne de SCHNAPS est bien ancrée dans les mœurs d’avant-guerre, surtout à la campagne.Le recours à ce type de boisson aide à supporter les mauvaises conditions climatiques et s’utilise comme remède aux petits maux de santé.
Tout en régulant sa consommation, l’armée veille à ce que les combattants disposent toujours d’un minimum d’alcool.Le combattant allemand peut se procurer à la cantine de petites flasques épousant les poches de sa veste, le bouchon creux servant parfois de dé à boire. Ce type de récipient, fréquemment retrouvé dans les dépotoirs, peut porter des motifs patriotiques.
Les catalogues de verreries nous renseignent sur ces productions antérieures à la Grande Guerre qui s’avèrent être particulièrement bien adaptées au front
Deux types de fermetures coexistent : le système classique à bouchon et celui britannique à pas de vis.L’origine des contenants est très difficile à établir car la majorité des modèles sont produits par plusieurs fabricants.
Certains décors apparaissent sur des bouteilles de différents modules. On citera par exemple le cas très courant de la bouteille ornée de la représentation de GERMANIA faisant référence au NIEDERWALDDENKMAL à RÜDESHEIM AM RHEIN (HESSE) construit entre 1877 et 1883.Ce monument commémore la fondation du nouvel Empire Allemand après la guerre de 1870-1871.GERMANIA, personnification de la nation allemande est représentée tenant dans ses mains les symboles impériaux : la couronne impériale et l’épée. Cette référence iconographique existe sur des bouteilles de différentes capacités et la représentation de la statue peut être plus ou moins détaillée.
2.2. LES BOUTEILLES D'EAU MINERALE (MINERALWASSERFLASCHEN).
Au début du XXème siècle, l’Allemagne est l’un des plus grands producteurs d’eau minérale embouteillée dans le monde.Elle est traditionnellement conditionnée dans des cruchons en grès (KRÜGE), apparus dès le 18ème siècle.
Ce type de bouteille est de plus en plus contesté.
Ainsi, en 1916, un détracteur évoque leur poids trop important lors du transport, les nombreux défauts de fabrication invisibles qui fragilisent le cruchon, les difficultés de nettoyage à cause de l’opacité du récipient et le problème de la dilution dans l’eau des restes de sel utilisé lors de la fabrication du grès.
C’est pourquoi les cruchons en grès sont délaissés au profit de bouteilles en verre, mais les deux types de récipients restent utilisés pendant toute la durée du conflit.
Plusieurs systèmes de fermetures de bouteille en verre coexistent jusqu’à la Première Guerre Mondiale (capsule en porcelaine avec poignée ou levier métallique, capsule dentelée métallique, capsule métallique à vis, capsule métallique à fil et bouchon à visser).À partir de 1916, la capsule couronnée métallique à vingt-quatre dents, plus simple que la fermeture à bouchon de porcelaine, équipe progressivement de plus en plus de bouteilles (eaux minérales et bières).Le décapsuleur devient alors un outil indispensable du combattant.
En 1909, il existait en Allemagne au moins 152 entreprises autonomes d’embouteillage et d’expédition d’eau.
La production annuelle allemande d’eau embouteillée s’élevait à plus de 100 millions de bouteilles en 1914 et connaissait une croissance principalement due aux exportations.
Avec la déclaration de la guerre, cette production décroît précipitamment, du fait de l’arrêt des exportations, de la réquisition des systèmes de transport et de la mobilisation, même si de nombreuses femmes travaillaient pour cette industrie.La production décroit ainsi de moitié en quatre ans, pour atteindre environ 50 millions de bouteilles à la fin de la guerre.
À partir de 1916, la production est soutenue par l’approvisionnement de l’armée en eaux minérales et par la mise en place d’un système de subvention par la Fédération allemande des eaux minérales (DEUTSCHE MINERALBRUNNEN-VERBAND).Pour chaque bouteille remplie, une aide d’un Pfennig était reversée à l’entreprise par l’association (VERBAND), si la production était inférieure à 10 % de celle de l’année précédente.
Les 19 et 20 octobre 1917, lors de la Journée de l’eau ( BRUNNENTAG en réalité JOURNEE DE LA FONTAINE en français), l’Association impériale allemande des eaux minérales est créée à Cologne ( REICHSVERBAND DEUTSCHER MINERALBRUNNEN).Elle regroupe 59 entreprises qui représentent environ 80 % du marché en ALLEMAGNE. En novembre 1916, à FRANKFURT AM MAIN, 26 entreprises de la région du RHIN et de HESSE fusionnent pour créer la Centrale de l’eau allemande ( DEUTSCHE BRUNNEN ZENTRALE).Les bouteilles d’eaux minérales sont fréquentes dans les dépotoirs, les médecins militaires interdisant la consommation de l’eau se trouvant sur le terrain par crainte de la pollution du champ de bataille et du risque de fièvres typhoïdes.
L’exploitation de certaines usines d’embouteillages situées près du front est même parfois reprise en main par l’armée.
2.3. LES BOUTEILLES A BILLE ( FLASCHEN MIT KUGELVERSCHLUS).
La bouteille à bille est un type particulier de contenant en verre épais destiné aux boissons gazeuses, principalement la limonade, mais également l’eau minérale quasiment oublié de nos jours.
Elles possèdent un profil singulier pour une contenance moyenne. La bille en verre, prisonnière par un étranglement à la base du goulot, joue le rôle de bouchon. Le gaz carbonique sous pression contenu dans la boisson maintenait la bille à l’extrémité du goulot.
Le témoignage du médecin-major français FORESTIER, lors de la conquête du MONT CORNILLET (MARNE) sur le front de CHAMPAGNE, le 20 mai 1917, illustre cette hypothèse. Le soldat raconte une reconnaissance à l’intérieur d’un tunnel : "Parmi les caisses amoncelées, j’aperçois des bouteilles d’eau gazeuse, nous mourons de soif, je presse sur la bille et bois avec délice. Un boche étendu à terre a entendu le bruit et dit faiblement “ZUM TRINKEN”, apitoyé, je lui tends la bouteille et goulûment, il la vide d’un seul trait".
L’inclinaison horizontale de la bouteille permet de vider complètement la bouteille, car la bille, entraînée vers le goulot, se trouve retenue entre deux ergots situés à proximité.
Par contre, une inclinaison quasi verticale de la bouteille piège systématiquement la bille dans le goulot et empêche tout écoulement.
On peut ainsi arriver à obtenir un débit du liquide par doses convenable, en fonction de l’inclinaison de la bouteille. Un cliché exceptionnel montre l’utilisation de bouteilles à bille par des soldats saxons au repos en CHAMPAGNE pendant la bataille des “MONTS DE CHAMPAGNE”, en avril 1917.Il faut souligner l’existence de ces bouteilles en ANGLETERRE dès la fin du 19ème siècle pour des sodas et des boissons gazeuses. L’existence de tire-bouchon possédant un système permettant l’ouverture de ce type de bouteille est attestée. Les troupes britanniques les utilisent en France pendant la Grande Guerre.
Côté ALLEMAND, plusieurs variantes de bouteilles à bille sont répertoriées, en fonction de leur contenance, moulure, couleur et inscriptions. Elles ne portent habituellement ni décoration ni inscription.
On note parfois la présence, sur le fond, de plusieurs lettres moulées surmontées d’un sigle ou d’un trèfle à trois feuilles.
Une étiquette collée indiquait la provenance et le type de boisson.
Certains exemplaires présentant des formes atypiques restent exceptionnels.
Pour les exemplaires ALLEMANDS, plusieurs types ont été identifiées: les bouteilles avec des inscriptions en allemand et celles avec des inscriptions en espagnol ou en portugais liées aux pays d’AMERIQUE LATINE (ARGENTINE, BRESIL, CHILI et PEROU).La bouteille à bille est encore utilisée de nos jours au JAPON pour une boisson gazeuse aromatisée non alcoolisée nommée « RAMUNE».
Les bouteilles à bille se rencontrent plus fréquemment dans les positions allemandes aménagées à partir de la fin de 1916 et du début de 1917 jusqu’à la fin de la guerre.
L’hypothèse de leur diffusion dans les secteurs où l’eau était naturellement rare doit être vérifiée à travers le développement de l’étude archéologique des dépotoirs.
En effet, elles sont très courantes en 1917 sur le front champenois notamment dans le tunnel du Mont CORNILLET (MARNE) qui abritait plus de 600 soldats allemands. Par contre, en ARGONNE et au “CHEMIN DES DAMES” (AISNE),elles sont moins répandues à la même période, probablement en raison d’autres sources d’approvisionnement en eau.
2.4. LES BOUTEILLES DE CONCENTRE DE VINAIGRE (ESSIGESSENZFLASCHEN).
Les condiments sont très utilisés par les troupes allemandes (KNORR, MAGGI…). Un type de bouteille, de forme particulière, s’accorde avec la consommation de condiments liquides.
Il s’agit de bouteilles en verre graduées de concentré de vinaigre ( ESSIGESSENZ) portant l’inscription "FÜR EINE WEINFLASCHE FÜR EINE LITERFLASCHE" (Pour une bouteille de vin Pour une bouteille d’un litre) retrouvées sur l’ensemble du front.D’une hauteur de 15,5 cm pour une contenance de 200 ou 150 ml, le goulot peut être large ou resserré sous la forme d’une perforation triangulaire permettant un dosage au goutte-à-goutte.
Sur le fond, les initiales« D. R. P.» correspondent à l’abréviation de “DEUTSCHES REICHS PATENT” (BREVET DE L'EMPIRE ALLEMAND).
Le concentré de vinaigre est produit par l’entreprise “SPEYERUND GRUND” à partir de 1863.Les bouteilles graduées de concentré de vinaigre apparaissent en 1875 et le type avec système de dosage est fabriqué à partir de 1905.En 1911, la production s’installe dans l’usine chimique de SCHWEINFURT (BAVIERE) et sa diffusion est diffusée par l’entreprise « DECKER & CO.» implantée à KÖLN (COLOGNE) en (RHENANIE du NORD WESTPHALIE).
À cette époque, la vente annuelle atteint un million de bouteilles.
Après la Première Guerre Mondiale, la RHENANIE et l’EST de l’ALLEMAGNE sont les plus grands consommateurs de concentré de vinaigre.
Actuellement, ce dernier est encore produit en ALLEMAGNE pour y être diffusé, ainsi qu’aux ÉTATS-UNIS, CANADA, en EUROPE de l'EST et dans les pays arabes.
Sur le front, ce type de condiment semble apparaître à la fin du conflit, vers 1917.Au début du XXe siècle, le concentré de vinaigre contenait 80 % d’acide acétique, alors qu’aujourd’hui un vinaigre en contient entre 5 et 8 %. Le concentré de vinaigre peut être utilisé pour fabriquer du vinaigre d’assaisonnement en le diluant dans de l’eau.
Au front, ce système présente l’intérêt de pouvoir produire de grandes quantités de vinaigre avec une petite bouteille de concentré. L’hypothèse de l’utilisation de l’acide acétique dans le traitement des poux peut aussi être évoquée.
2.5. LES VERRES A MOUTARDE (SENFBECHER).
L’utilisation du verre comme contenant à moutarde est une pratique apparue à la fin du XIXème siècle qui perdure encore aujourd’hui.
Initialement conditionnée dans des pots de grès dont le système de fermeture n’était pas totalement hermétique, la moutarde avait tendance à perdre de sa qualité et de son acuité sous l’influence de la lumière et de l’oxygène.
L’utilisation du verre, matériau plus neutre et aseptique, permettait une meilleure conservation même si l’herméticité de la fermeture n’était pas encore totalement assurée.
Les verres à moutarde sont fréquemment retrouvés dans les postions allemandes de la Grande Guerre.
Après utilisation, le verre pouvait être réutilisé.
Les couvercles métalliques colorés présentent généralement des indications sur la marque, la provenance et le type de moutarde.
De nombreuses marques peuvent être identifiées : “KAUENTHALER” à COBLENZ (RHENANIE-PALATINAT), “MOSKOPF” à FAHR AM RHEIN (RHENANIE-PALATINAT), "PRIMA , EGLA, BAVARIA-SENF J.C. DEVELEY" à MÜNCHEN (BAVIERE)…Cette dernière marque est souvent identifiée dans les cantonnements bavarois.
Cette moutarde aigre douce (SÜß SAUER), développée à partir de 1854 par JOHANN CONRAD DEVELEY en ajoutant du sucre, des clous de girofles, du piment de JAMAÏQUE et de la noix de muscade, fournissait officiellement la cour royale bavaroise à partir de 1874.Les verres à moutarde sont fabriqués à partir de la technique du verre pressé moulé (PRESSGLAS).
Cette technique ancienne est industrialisée vers 1820 aux ETATS-UNIS avec une machine à commande manuelle qui presse le verre en fusion dans un moule métallique (fonte ou acier).
Cette technique arrive en EUROPE par l’ANGLETERRE vers 1830, puis sera en BELGIQUE et en FRANCE, la presse à vapeur apparaissant en 1864.L’avantage principal de cette technique consiste en la réalisation de la forme et du décor en une seule opération.
De plus, la vitesse de production est amplifiée. Ainsi, un grand nombre d’objets identiques peuvent être produits avec une chaîne opératoire simplifiée.
Cette technique de production de masse et bon marché, séduisait par ses couleurs vives et son prix attractif.
Les objets de verre fabriqués par pression ont en général des parois épaisses, un décor en relief et présentent parfois des coutures de pression plus ou moins nettes.
En ALLEMAGNE, la technique du verre pressé apparaît après 1870.
A la veille de la Première Guerre Mondiale, on dénombre en ALLEMAGNE, une vingtaine de verreries en production.Il est fortement envisageable que certains verres à moutarde proviennent plus particulièrement des verreries de l’ouest de l’ALLEMAGNE (RHENANIE DU NORD – WESTPHALIE) car une partie des marques de moutarde retrouvées dans les dépotoirs allemands de la Première Guerre Mondiale proviennent de cette région.
De plus, à KÖLN-EHRENFEL, la "RHEINISCHE GLASHÜTTEN" a fabriqué de nombreux verres à moutarde avec pied, en verre pressé notamment ceux présentant des portraits (SENFHENKELBECHER avec anse et SENFBECHER sans anse).Il existe une très grande diversité de verres à moutarde aux contenances variables et à l’ornementation plus ou moins complexe. Cette diversité est en grande partie liée à la multiplicité des lieux de production.
Leur typologie précise reste à établir mais plusieurs grandes familles peuvent déjà être proposées en fonction de leur taille, de leur profil et de la présence éventuelle d’un pied, d’un fond torique débordant ou d’une anse (bécher, chope, verre à pied…).
Le profil général du verre peut être cylindrique, tronconique, bi-tronconique, semi-globulaire ou semi-ellipsoïdal.
Leur hauteur est généralement comprise entre7 et 10 cm. La présence d’un petit bord vertical (entre 0,8 et 1,2 cm de hauteur environ) généralement précédé par un petit tore est destinée à la fixation du couvercle.
Plusieurs séries de verres ne présentent pas d’ornementation. Les décors peuvent se développer sous la forme de motifs géométriques simples, ou complexes, granuleux, végétaux réalistes (raisins, fruits, cerises, nénuphars…) ou stylisés.
Les décors patriotiques sont très diversifiés et peuvent se classer en scènes militaires (alliance AUTRICHE-HONGRIE/ALLEMAGNE), portraits (maréchal Paul VON HINDENBURG, comte Ferdinand VON ZEPPELIN), devises “GOTT MIT UNS” et symboles (croix de fer, feuilles de Lauriers.
Le matériau, quant à lui, peut prendre différentes teintes translucides, du blanc au bleu, en passant par le jaune et le vert. Probablement à partir de la fin de la guerre, le verre reçoit fréquemment une nuance de couleur verte ou bleue et les motifs patriotiques se raréfient.
Les catalogues des fabricants permettent de déterminer l’origine des verres retrouvés sur le front. Même si quelques modèles sont produits par plusieurs verreries, leur grande diversité permet cependant d’identifier l’origine de nombreux modèles.
Ce type de conditionnement de la moutarde, intégré au paquetage du soldat, permettait de disposer de moutarde au même titre que de sel ou de sucre. L’extrême variété et la grande quantité de récipients à moutarde en verre suggèrent que le combattant allemand accompagnait très souvent son repas de moutarde, améliorant ainsi la saveur des aliments.
La datation et la quantification des verres à moutarde retrouvés dans les dépotoirs pourraient démontrer si la consommation de moutarde connaît une évolution au cours du conflit. Une augmentation pourrait éventuellement être corrélée avec des problèmes de qualité de l’alimentation.
PRINCIPALES USINES DE VERRE PRESSE EN ALLEMAGNE AVANT LA PREMIERE GUERRE MONDIALE.
1.BERNSDORF "BERNSDORF AKTIENGESELLSCHAFT FÜR GLASFABRIKATION"
2. BROCKWITZ “BROCKWITZER GLASFABRIK AG”
3. BRÜCKFELD BEI FÜRSTENBERG A D. WESER "NOELLE UND VON CAMPE GLASHÜTTEN"
4. DEUBEN BEI DRESDEN “MALKY UND JAHNCKE”
5. DREIBRUNNEN "FENNER GLASHÜTTE UND GLASFABRIK DREIBRUNNEN“ UND ”HIRSCH UND HAMMEL AG"
6. EHRENFELD "RHEINISCHE GLASHÜTTEN AG"
7. HOCHWALSCH “VALLERYSTHAL”
8. HOSENA-HOHENBROCKA “STREIT GLASWERKE”
9. KOPENICK "GLASFABRIK MARIENHÜTTE"
10. MEISENTHAL
11. MORITZDORF IN OTTENDORF-OKRILLA BEI DRESDEN "AUGUST WALTHER UN SÖHNE"
12. MÜNZTAL (SAINT LOUIS LES BITCHE) “COMPAGNIE DES CRISTALLERIES DE SAINT LOUIS”
13. RADEBERG "SÄCHSISCHE GLASFABRIK AG"
14. STOLBERG BEI AACHEN "SIEGWART UND CO."
15. WADGASSEN/SAAR “VILLEROY UND BOCH GLASFABRIK”
16. WEISSWASSER/ OBERLAUSITZER “VEREINIGTE LAUSITZER GLAWERK”
3. LES PROBLEMES METHODOLOGIQUES ET LES PROBLEMATIQUES DE RECHERCHE
3.1. LES SOURCES TEXTUELLES ET ICONOGRAPHIQUES.
L’approche archéologique des dépotoirs de la Première Guerre Mondiale apporte des informations généralement inédites sur les conditions alimentaires au front ou au repos, les témoignages des combattants les mentionnant rarement et superficiellement. Même si la problématique de l’alimentation du combattant commence à se développer, la documentation archivistique a encore été largement sous-exploitée notamment côté allemand. Il apparaît en effet que de nombreux documents liés à l’intendance doivent être conservés dans les archives militaires ou des entreprises parfois encore en activité.
Celle-ci pourrait apporter de nombreux éléments qui pourraient être croisées aux observations liées aux études de mobilier.
La Grande Guerre connaît le développement de la photographie notamment des albums privés. Cependant, rares sont les documents iconographes où les objets quotidiens liés à l’alimentation peuvent être reconnus.
Malgré une consommation considérable de moutarde, les photographies où des contenants de ce type peuvent être identifiés sont assez rares. Il est intéressant de constater cette divergence entre la documentation archéologique et celle iconographique. Enfin les cartes postales évoquent parfois avec humour et naïveté les conditions alimentaires et peuvent apporter quelques compléments d’informations sur l’état d’esprit des troupes vis-à-vis de leur nourriture.
3.2. LES PROBLEMATIQUES DE RECHERCHE3.2.1.
LES CIRCUITS D'ECHANGES.
Les circuits d’échanges peuvent aussi être abordés à travers l’origine des produits alimentaires.
Par exemple, les origines des eaux minérales et des bières sont-elles en adéquation avec l’origine des régiments..
Ces questionnements permettront d’aborder les circuits d’approvisionnement, officiels (intendance militaire et boutiques pour soldats) ou parallèles (achetée, réquisitionnées ou spoliée auprès de populations civiles et colis de nourriture), les liens entre l’armée et l’industrie alimentaire allemande et de déterminer si certains régimes alimentaires peuvent avoir une relation avec une origine géographique ou un type d’unité.
L’étude des circuits d’approvisionnement des cuisines et des magasins reste à entreprendre.
Ces véritables institutions privées des corps de troupes proposaient aux soldats à prix réduit des aliments (conserves, fromage, marmelade, chocolat…), des boissons (bière, eaux minérales…) et des objets de la vie quotidienne (tabac, brosses, allumettes, lampes de poche, piles, papier, cartes postales…).
3.2.2. LA FIGURATION PATRIOTIQUE.
Sur de nombreux contenants alimentaires mais aussi objets de la vie quotidienne en verre, porcelaine et métal, la figuration patriotique est omniprésente. La verrerie alimentaire allemande ne se démarque pas.
On note la présence de portraits issus des familles impériales ou royales (ALLEMAGNE, AUTRICHE-HONGRIE, BULGARIE, TURQUIE…) ou de héros militaires (Otto VON BISMARCK, Paul VON HINDENBURG, Ferdinand VON ZEPPELIN …), tous deux, ciments des nations en lutte, devises, symboles victorieux (croix de fer, feuilles de chêne…).À l’échelle globale du front ouest, quelques premières observations qualitatives peuvent être tirées de l’étude des déchets provenant des lignes allemandes.
Du front d’ALSACE à la CHAMPAGNE, certains contenants alimentaires portant des motifs patriotiques sont souvent mis en évidence (tasses, verres et bouteilles) alors qu’à partir de la Picardie ce type de déchet se raréfie et devient exceptionnel notamment en ARTOIS et en FLANDRES.
Comment expliquer une telle disparité entre les secteurs septentrionaux et méridionaux du front ouest.
Cette différence est-elle seulement liée à l’éloignement de l’ALLEMAGNE de la partie nord du front ouest, les conditionnements ornementaux n’étant peut-être pas prioritaire face à l’urgence de l’approvisionnement.
3.2.3. UN BIAIS DOCUMENTAIRE LIE AU RECYCLAGE DU CONTENANT EN VERRE.
Il apparaît clairement que le nombre de dépotoirs n’est pas en adéquation avec la consommation alimentaire normale de millions d’hommes pendant quatre ans.
Les dépotoirs importants correspondent-ils à des périodes bien particulières où le front est en suractivité, occasionnant une recrudescence de mouvements de troupes et par conséquent de déchets.
Ces déchets, habituellement évacués, peuvent être enterrés sur place si les circonstances du moment l’imposent.
L’existence d’un processus de sélection et de récupération des déchets dans un but économique est attestée côté allemand Des unités de récupération, spécialement affectées au nettoyage du champ de bataille avaient été crées (SAMMELKOMPAGNIEN, SAMMELKOMMANDOS ET SAMMELTRUPPS).Initialement utilisées dès août 1914 pour l’ensevelissement des morts et la récupération des armes et munitions qui jonchaient le sol du champ de bataille, leurs fonctions se diversifient avec la perduration de la guerre.
L’apparition de la pénurie de matières premières voit l’intensification, la diversification et la systématisation de l’activité de récupération menée par ces hommes animés par l’appât du gain.
Un véritable travail de tri et de recyclage est effectué. La liste des matériels et matériaux s’allonge avec l’aggravation des pénuries, comme l’indique l’ordonnance du 31 mai 1917 : « Il faut récupérer sur les champs de bataille et dans les abris tout ce qui est abandonné : armes et pièces détachées d’armes, munitions ainsi qu’étuis et douilles, pièces d’uniformes et d’équipements et de ces objets même jusqu’aux plus petits morceaux de drap, de cuir, caisses et autres emballages et marchandises militaires [rations alimentaires], matières premières et objets commerciaux de toutes sortes ».Les habitants des zones et pays occupés sont soumis aux mêmes réquisitions, et cela jusqu’aux cloches des églises.
Cette activité s’appuie sur une organisation bien rodée permettant d’alimenter les chaînes de recyclage. Certains détachements sont même affectés au tri des bouteilles en verre, à la récupération de la matière première ou des équipements jusqu’à leur expédition vers l’ALLEMAGNE, si les objets récoltés nécessitent un traitement industriel.
La recrudescence d’activité de ces détachements et l’affaiblissement des ressources de l’ALLEMAGNE est apparemment en parfaite corrélation avec l’appauvrissement progressif des dépotoirs des combattants, principalement à partir de 1917.Cette hypothèse pourra être confirmée avec la fouille de nouveaux dépotoirs bien calés chronologiquement.
Il conviendra à l’avenir de corréler la datation des dépotoirs avec les types d’aliments consommés afin d’appréhender l’évolution des problèmes d’approvisionnement et des pénuries.
Le recyclage est à l’origine d’une baisse de la qualité du verre à la fin de guerre.La présence d’imperfections inhérentes à la fabrication semble plus fréquente et reste à confirmer (présence de nombreuses bulles d’air, ondulations légères des panses, bavures grossières …).
La disparition de certains types de contenants correspond peut-être à un arrêt de leur production ou à un appauvrissement des stocks. La baisse des moyens énergétiques liée au blocus a probablement eu des répercutions dans la production allemande du verre.
Enfin, la pratique de la consignation des bouteilles, quine pouvait pas toujours être mise en pratique en raison des combats et des déplacements des troupes, reste à étudier.
3.2.4. LE DETOURNEMENT DES CONTENANTS EN VERRE FACE A LA PENURIE DE MATIERE PREMIERE.
Il est intéressant d’avoir pu mettre en évidence la présence de bouteilles ou d’autres contenants présentant des inscriptions en espagnol, portugais ou anglais dans les lignes allemandes.
En AFRIQUE, les bouteilles en verre provenaient d’EUROPE. Celles-ci étaient consignées et systématiquement récupérées.
En 1917, la “SOUTH AFRICAN BREWERIES” rachète la verrerie à glace “UNION GLASS” crée par un immigrant britannique en 1897 à CAPE TOWN (AFRIQUE du SUD) pour pallier à la pénurie de bouteilles causée par la guerre et la rupture des approvisionnements.
La même observation peut être faite pour les bouteilles à bille et les bouteilles de bière comportant des inscriptions en espagnol ou portugais car l’AMERIQUE LATINE n’avait pas de verreries industrielles et les entreprises locales devaient s’approvisionner en bouteilles en EUROPE.
L’immigration allemande vers l’AMERIQUE LATINE pendant la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXème siècle est à l’origine de la création de nombreuses brasseries dans cette région du monde.
Les localisations géographiques indiquées sur les bouteilles correspondent clairement à des zones où la présence de populations allemandes est attestée (ARGENTINE, BRESIL, PARAGUAY, PEROU et VENEZUELA.
Il apparaît donc clairement que l’industrie verrière allemande était performante et alimentait les brasseurs et limonadiers d’AFRIQUE du SUD et d’AMERIQUE LATINE avant la Première Guerre Mondiale.
Avec le blocus mis en œuvre par les Alliés et devant les pénuries de matière première, les industriels allemands se sont alors résignés à utiliser des stocks de contenants non expédiés malgré des libellés en langues étrangères.
La même observation est faite aussi du côté britannique.
Dans les ensembles datés des années 1916-1917, apparaissent des bouteilles d’eau minérale fabriquées en ANGLETERRE par la firme CARNNINGTON SHAW pour des usines d’embouteillage du nord de la France.Il est intéressant de remarquer que les villes destinataires (LABOURSE, LIEVIN ou DOUAI) sont situées en zone occupée par les allemands depuis octobre 1914.Il est probable que les livraisons n’ont pu être honorées et que compte tenu des circonstances, les verreries déjà réalisées aient été utilisées dans le cadre de l’effort de guerre. La réutilisation du contenant alimentaire en verre comme récipient est naturelle, notamment dans le cas des verres à moutarde, mais d’autres utilisations non alimentaires parfois surprenantes est également attestée.
On notera par exemple leur réutilisation comme arme (bouteille réutilisée en grenade, bouteille incendiaire) ou objet de décoration (bouteilles plantées à l’envers dans le sol pour créer des bordures de chemins ou de plantations).
4. LES PROBLEMATIQUES METHODOLOGIQUES.
4.1. UN PATRIMOINE EN GRAND DANGER.
Cette étude se veut enfin être aussi un avertissement sur les risques tangibles de la disparition de ces témoignages mobiliers. Une perte irrémédiable et progressive est en cours à cause du passage régulier de fouilleurs clandestins depuis une quarantaine d’années.
Généralement insensible aux problématiques scientifiques, la démarche consiste très souvent en une collecte d’objets complets (les fragments d’objets incomplets sont jetés) pouvant alimenter des collections privées souvent impressionnantes.
Leurs intentions sont aussi parfois mercantiles comme en témoignent les sites de ventes aux enchères sur internet, les bourses aux armes et les brocantes.
Ce problème avait déjà fait l’objet de campagnes d’informations dès la fin de la guerre notamment à travers des tracts militaires américains exhortant leurs compatriotes à ne pas piller les champs de bataille en ramenant des souvenirs.
L’archéologie garantit aux objets une interprétation historique par le décodage des informations qui leur sont inhérentes (matériaux, inscriptions, datation, provenance, destination, utilisation, réutilisation, usure…) ou liées à leurs contextes (localisation, structure, stratigraphie…).En étant arraché à son contexte sans enregistrement, l’objet perd la plus grande partie des informations qu’il peut apporter.
Dans un contexte de patrimonialisation, l’aménagement de certaines portions du champ de bataille, qui avaient été jusqu’alors plus ou moins délaissées, connaît un développement grandissant.
Pour accompagner ces démarches, la mise en place de problématiques archéologiques menées en collaboration avec les associations et les chercheurs locaux pourrait apporter un regard nouveau sur la vie quotidienne du combattant.
4.2. LES PROBLEMES METHODOLOGIQUES.
Il est nécessaire de multiplier la fouille méthodique de dépotoirs sur l’ensemble du champ de bataille et à l’arrière, afin de mener des études quantitatives, chronologiques, comparatives et historiques à l’échelle globale du front.
En effet, les rares fouilles de ce type ne permettent pas encore d’approches quantitatives et statistiques, caractéristiques des études de mobilier archéologique.
L’intégralité du mobilier devra être prise en compte. On regrettera que le mobilier fragmenté ne soit souvent pas pris en compte, l’intérêt s’étant uniquement porté sur des pièces complètes. De même, une typologie précise des formes et des décors, intégrant les catalogues des verreries, devra être proposée afin de proposer des dénominations communes facilitant les comparaisons entre les ensembles.
Les méthodologies de comptage aujourd’hui normées pour l’étude du mobilier en verre devront être utilisées.
Les datations des ensembles pourront être affinées à partir du mobilier retrouvé en association (des étuis de munitions datés et des équipements militaires à valeur chronologique, étude du contexte historique…).Ces études constitueront un véritable laboratoire expérimental où l’archéologue pourra porter un regard critique sur les méthodes utilisées pour la compréhension de sociétés plus anciennes, pour lesquelles les seules sources d’informations disponibles sont liées à l’étude des structures et des artéfacts.
CONCLUSION.
Cette étude a voulu démontrer l’apport scientifique de la prise en compte d’un mobilier qui a souvent été délaissé par les historiens et les archéologues pourtant habitués à fouiller les « poubelles de l’histoire ».Ces travaux collectifs devront être poursuivis afin de répondre aux problématiques qui ont été présentées.
La mise en place de problématiques archéologiques sur l’alimentation du combattant pourrait apporter un regard nouveau sur la Grande Guerre. Les échanges peuvent être abordés à travers l’origine des produits alimentaires en travaillant sur les circuits d’approvisionnement, officiels ou parallèles. Le lien entre certains régimes alimentaires et l’origine géographique ou le type d’unité reste également à étudier.
La diffusion et l’apparition d’une nourriture adaptée allant vers l’autonomie alimentaire du combattant peut être mise en évidence à travers le recours massif à des conditionnements industriels qui caractérisent de nos jours l’alimentation des pays occidentaux.
Le contenant alimentaire en verre constitue une spécificité du combattant allemand par sa présence en abondance dans les dépotoirs.
Les contenants dans ce matériau sont retrouvés en quantités moindres dans les positions des autres belligérants.
Des différences significatives ont déjà pu être mises en évidence et il apparaît déjà que les troupes allemandes sont essentiellement nourries par leur industrie, contrairement aux combattants français principalement approvisionnés en vivres frais.
Cette spécificité est à l’origine d’une création considérable de déchets qu’il convient ensuite d’éliminer. Le développement de la recherche devra mettre en avant des contextes fouillés scientifiquement et bien calés chronologiquement afin d’avancer des hypothèses qui devront être mises en relation avec la documentation issue des archives.
Les études sur ce type de mobilier sont encore anecdotiques et factuelles, aucune approche quantitative et évolutive ne pouvant malheureusement encore être proposée.
Enfin, le potentiel documentaire mis en évidence à partir de nombreux objets dont le contexte n’est pas connu a permis de mettre en évidence la très grande fragilité de patrimoine de la Grande Guerre soumis à un pillage malgré le dispositif législatif le protégeant. Cette prise de conscience par les pouvoirs publics est en cours et il conviendra de mener une sensibilisation associée à une lutte efficace contre le pillage du champ de bataille.
Amicalement.