Bonjour à tous, je vous présente une photo-carte datée du 12 février 1915, réalisée dans un studio photographique du nord de la France
(ou des Vosges, puisque le bataillon y est ramené et rattaché à la 2eme brigade de chasseurs du colonel PASSAGA, le 14 janvier 1915),
ces sous-officiers chasseurs appartenant au 54eme Bataillon Alpin de Chasseurs à Pied, sont tous vêtus de la vareuse-dolman modèle 1891,
bien reconnaissable aux bourrelets visibles sur chaque épaule.
Des Vosges à l'ArtoisLe 29, le 54e bataillon arrive à Arras. Jeté en enfant perdu
à l'est d'Arras, avec la mission de couvrir les débarquements
des troupes amenées en ce point pour s'opposer à la marche
foudroyante de l'aile droite allemande vers la mer, le batail-
lon tient quatre jours dans Hénin-sur-Cojeul, sans artillerie,
au milieu des ruines d'un village dévoré par l'incendie en
face d'une brigade ennemie pourvue d'une artillerie nom-
breuse, presque complètement cerné, après quatre jours de
lutte incessante, le 54e reçoit l'ordre d'évacuer le village.
Le capitaine William FOURNIER, qui commande le batail-
lon, est tué; le capitaine BERGER prend alors le commande-
ment et fait exécuter au bataillon l'ordre de retraite. Le
mouvement, extrêmement pénible, s'exécute en bon. ordre
sur Mercatel, où le bataillon arrive après avoir perdu 5 offi-
ciers sur 9 et 330 hommes sur 800.
Le 6 octobre, le bataillon reçoit l'ordre d'occuper Mont-
Saint-Eloy qu'il organise défensivement. A cette date, le
capitaine SAMMARCELLI prend le commandement du 54eme
bataillon qui est affecté comme soutien d'infanterie au 1er
corps de cavalerie, et avec lequel il va marcher et combattre
pendant quinze jours sans interruption, souvent dans des
situations très critiques.
Le 9 octobre, par une vigoureuse attaque qu'il opère sur
Vendin-le-Vieil et Pont-à-Vendin, le 54e bataillon sauve
la 10e division de cavalerie sur le point d'être cernée. La
reconnaissance des cavaliers lui est acquise et le général
Conneau, commandant le 1 er corps de cavalerie, lui décerne
le titre de « Bataillon d'Elite ».
Le 14 au soir, le bataillon prend La Gorgue.
Le 15 au matin, deux sections de la ge compagnie (lieutenant
VIDAL) occupent Estaires-sur-la-Lys (Communiqué officiel).
Le 17 octobre, on demande au 54e bataillon de contenir
la poussée écrasante de l'ennemi sur Laventie, afin de donner
à la droite anglaise le temps d'intervenir. Bien que réduit
à 4 officiers et environ 450 hommes, le bataillon se porte ré-
solument à l'attaque de Fromelles et de la Voirie (7e et 8e
compagnies, lieutenant JOMAIN) qu'il enlève et où il se
maintient jusqu'au 22 octobre, malgré un bombardement
d'une violence inouie, provoquant par son attitude superbe
l'étonnement admiratif des Anglais. Dans son élan le 54e ba-
taillon a dépassé Fromelles de deux kilomètres et est par-
venu jusqu'aux abords de Fournes dont il occupe les pre-
mières maisons, mais qu'il est ensuite obligé d'évacuer, au-
cune troupe anglaise ne voulant se porter à sa hauteur. Le
bataillon se replie alors après avoir fait 80 prisonniers, il est
réduit à trois officiers et 300 hommes environ...
Ramené au nord d'Arras, les glorieux débris du beau
bataillon (2 officiers et 220 hommes) sont passés en revue
près d'Agnières par le général PETAIN, commandant le 33e
C. A., et le général de MAUD'HUY, commandant la 10eme armée,
qui consacrent le titre de « bataillon d'élite » si héroïque-
ment gagné.
Le bataillon est alors reformé et va occuper les tranchées
de Berthonval et de Carency ; le commandant MAZOYER en
a repris le commandement ; le 54e fait partie de la division
BARBOT.
Byng