Byng-boys
Nombre de messages : 3850 Age : 64 Localisation : Artesia Date d'inscription : 11/10/2010
| Sujet: 114eme RI au repos, Verquigneul, Avril 1915. Dim 27 Juin - 9:42 | |
| Bonjour à tous, je vous présente une photo-carte d'un groupe de poilus du 114eme RI au repos dans le secteur de Verquigneul (agglomération de Béthune) en Artois. Après avoir tenu les positions plusieurs semaines dans les flandres belges, enterrés dans l'eau et la boue gluante, ils s'apprêteront à endurer de furieuses batailles dans le secteur de Loos, puis, après avoir réorganisé le régiment, suite aux nombreuses pertes subies, ils s'engagent au nord d'Arras, à Neuville-St-Vaast, les Ouvrages Blancs, Bertonval. La bataille de LoosLe 6 Mai, le 114 quitte ses cantonnements de Verquin et de Verquigneul, de Labourse ; le 3e Bataillon va s'installer dans les tranchées au Nord de la route de Lens ; le 2e dans les fosses N° 3 et N° 7 en deuxième ligne ; le 1er Bataillon reste en réserve à Mazingarbe en position d'alerte. Quelques batteries de 155 et de 120 long exécutent des tirs de démolition sur les ouvrages et les défenses accessoires de l'ennemi. Ce dernier ne réagit que par ses 77 qui prennent violemment à parti les corons du puits 7... Durant la nuit, des coups de fusils de tranchée à tranchée sont échangés de temps à autre. On ne sent aucune nervosité. Il semble que l'aube prochaine éclairera le même paysage aussi calme que la veille, avec la ligne ondulée de ses collines de craie. Cependant, profitant de l'ombre, les Cies échelonnées à 10 minutes les unes des autres, les 1er et 2e Bataillons vont occuper les boyaux 80, 81 et 84 pour être prêts à en sortir à l'heure fixée. Une Cie de Génie se porte dans le boyau 82 ; le 3e Bataillon fait couper ses défenses de fil de fer afin de faciliter le débouché de ses gradins. Le 9 à 6 heures du matin, la canonnade commence et s allonge rapide sur tout le front d'attaque. C'est la première préparation d'artillerie véritablement sérieuse à laquelle assistent nos troupes peu habituées à une pareille débauche de munitions... Les défenses de l'ennemi s'écroulent arrachées brutalement du sol. Des trous se creusent çà et là ; les obus succèdent aux obus ; les nôtres enthousiasmés se dressent pour mieux voir. Ils ne songent plus à se cacher ; à quoi bon... dans quelques instants ils vont sortir au pas de charge en pleine lumière... Et les quarts d'heure succèdent aux quarts d'heure. Le bombardement est à présent fantastique : il s'étend au loin, très loin, jusqu'aux portes d'Arras ; il défonce la terre, il emplit le ciel de ses notes effroyables. Tout tremble, tout résonne, tout s'enfièvre... les baïonnettes solidement maintenues par un cordon de cuir zigzaguent au bout des fusils. Elles vont bientôt travailler et leur brusque éclair glisse perfide entre les doigts de l'homme qui, silencieux dans un coin de boyau, attend. 10 h. moins 10... le roulement du tonnerre se précipite... les fusées des projectiles sifflent douloureusement... on fait fonctionner le magasin des Lebe1s... 10 heures moins 5 — moins 2 — on griffonne au crayon quelques mots sur une carte... des yeux rapidement s'embrument... mais bah !! on a du cœur... 10 heures — on saute sur le « billard »... cette fois « çà y est »... en avant ! Le 3e Bataillon sur une seule ligne se porte splendidement à l'assaut. Le Lt-Colonel BENOIST suit cette ligne, aussi calme que s'il s'agissait d'une manœuvre. Il marche un peu péniblement appuyé sur une canne regrettant de ne pouvoir galoper comme ses soldats. Soudain une balle le blesse à l'épaule. Il se contente de sourire et pousse droit sur la tranchée allemande ; mais à quelques mètres d'elle une seconde balle l’atteint en pleine poitrine. Il tourne sur lui-même et sans un seul mot s’effondre. L'âme du 114 s'est envolée... Cependant, dans un élan furieux (il ne reste plus dans la tranchée de départ que les 2e et 6e Cies le Régiment en entier se rue sur l'adversaire. Notre artillerie allonge son tir et sous ce plafond d'acier, nous avançons sans relâche. Toute l'organisation entre le saillant et la route de Lens tombe entre nos mains ; quelques groupes dépassent même la seconde ligne, poussent jusqu'à 400 mètres des maisons occidentales de Loos. Il est midi, La Victoire ouvre toutes grandes ses ailes. L'ennemi malheureusement le premier moment de stupeur passé, s'est ressaisi avec une vigueur dont nous ne tardons pas à sentir les effets. Ses canons nous prennent d'enfilade ; ses mitrailleuses empêchent toute progression. A 15 heures, enfin son infanterie contre-attaque énergiquement notre gauche, la surprend par ses bombes dont quelques-unes asphyxiantes, en quelques minutes balaye les éléments qui la composent. A 20 heures, nous n'avons plus dans les lignes allemandes que 7 Cies d'Infanterie et 1 C. M. Par suite de la mort du Colonel Commandant le 125, les conventions de renfort conclues oralement avec lui ne peuvent être exécutées. Nos unités encore dans les tranchées de départ regagnent la fosse 7. Un glacis à peu près impraticable sépare non soldats, cernés dans leur propre conquête, des réserves qui pourraient les sauver.
C'est dans cette situation tragique que le matin du 10 après une nuit mouvementée et pleine d'angoisse, se trouvent nos unités aux prises de toutes parts avec l'adversaire qui cherche à les envelopper. Les munirons sont épuisées ; les bombes et les grenades pleuvent sur nous et nous déciment. A midi, toutes les tranchées de gauche sont reprises par les Allemands. Maîtres de cette partie de leur ancienne ligne, ces derniers portent alors leur effort sur nos unités de droite qui résistent de leur mieux. Le Commandant HEMMER au milieu des hommes des 1re, 4e, 9e et 10e Cies se défend avec un acharnement inouï. Lui-même a saisi un fusil et ménageant ses cartouches ne tire qu'à coup sûr. Il ne veut pas abandonner ces positions qui nous ont coûté si cher. Son noble désir est exaucé, car c'est là que ce brave trouve son tombeau... Pourtant par les boyaux, à coup de grenades, à coup de bombes, rampant sournoisement autour des vaillants, qui s'obstinent à ne point se rendre, l'ennemi resserre de plus en plus son étreinte. Quelques isolés sont assez heureux pour pouvoir s'échapper dans l'ombre. Le reste est tué ou capturé. A 21 heures, il n'y a plus un seul Français dans les tranchées allemandes. Ce même soir, vers 17 heures, l'ordre avait été donné de faire rentrer à Mazingarbe les éléments encore en ligne. A 21 heures ces éléments arrivaient au cantonnement où la réorganisation du 114 était prescrite. Les pertes des 9 et 10 mai étaient en effet effroyables : elles se montaient à 150 tués, 460 blessés et 810 disparus.(Sources Imprimerie E. Payet. St-Maixent 1923) Byng |
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Byng-boys
Nombre de messages : 3850 Age : 64 Localisation : Artesia Date d'inscription : 11/10/2010
| Sujet: Re: 114eme RI au repos, Verquigneul, Avril 1915. Sam 14 Oct - 9:30 | |
| Bonjour à tous, une autre photo-carte d'un groupe de poilus appartenant au 114eme RI de Parthenay. Le cliché a été effectué à Fortel (à côté de Frévent, Pas De Calais) en Janvier 1916, période de repos après de longues péripéties en Artois, puis la plaine de Lens. Ils rejoindront quelques semaines après, le front de la Meuse (Verdun Côte 304), pour y réaliser de nouveaux faits d'armes. Byng |
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junker88
Nombre de messages : 2654 Age : 54 Localisation : Lorraine Date d'inscription : 15/05/2015
| Sujet: Re: 114eme RI au repos, Verquigneul, Avril 1915. Sam 14 Oct - 9:36 | |
| Bonjour Une très bonne idées de remettre ces clichés dans leur contexte. Merci a vous |
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PETIT DIABLOTIN
Nombre de messages : 2263 Age : 59 Localisation : ISERE Date d'inscription : 06/11/2016
| Sujet: Re: 114eme RI au repos, Verquigneul, Avril 1915. Sam 14 Oct - 17:00 | |
| Bonsoir Byng, Un très grand merci pour le partage de ces 2 documents photographiques et de la lecture. Excellente fin de soirée. Jean-Luc |
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| Sujet: Re: 114eme RI au repos, Verquigneul, Avril 1915. | |
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