Recherche prisonnier allemand en France

Bonjour à tous,

Une trouvaille intéressante, cette carte d'une famille allemande recherchant un proche, prisonnier de guerre en France durant la guerre de 14/18.

Bonjour,

émouvant, oui...

La famille n´a certainement pas recu de nouvelles réconfortantes car ce pauvre Heinrich de la 9/RJR215 est resté disparu pour toujours

Dans la liste des pertes:
http://des.genealogy.net/search/show/863424

Et dans la liste définitive des disparus...
http://des.genealogy.net/search/show/9994239

En effet, il a été vu la dernière fois vivant le 22.4.15 à Steenstraate.

La personne ayant fait la demande était certainement son père, de profession inspecteur du service d´urbanisme (Baurat).

Rheinbaben

Bonjour,

Question de béotien : un citoyen allemand pouvait en 1915, en pleine guerre, envoyer une carte postale d'Allemagne en France, qui plus est en indiquant un numéro précis d'unité, tout en connaissant, on ne sait par quel biais, le lieu potentiel où aurait pu être détenu un soldat prisonnier, juste pour avoir des nouvelles ?

Mata Hari devait être dans le coup, la croix rouge aussi, pas si terrible que ça la grande guerre.  

Notez que la carte a été expédiée d'Holzminden... où se trouvait un camp de prisonniers pour soldats français.

Merci d'éclairer ma lanterne  

S.  

S. a écrit:

un citoyen allemand pouvait en 1915, en pleine guerre, envoyer une carte postale d'Allemagne en France

Je pense que le "fonctionnariat" assez haut placé de l´expéditeur n´y est pas pour rien...

Rheinbaben

Bonjour S.

Et pourquoi pas?

Que savons nous réellement de cette époque, sinon que des histoires tendancieuses, colportées de gauche à droite afin de montrer un bon côté de la chose.

Il est bon de rappeler…….ce qui est Allemand, est noir (mauvais)………...Français est blanc (bon).

Malheureusement, ce constat existe présentement dans les médias, dans la politique.

Vous même, avez été surpris de cette requête formulée par le père d'Heinrich GEBHARDT, prés des Autorités Administratives Françaises de PONTMAIN en MAYENNE avec cachet de réception de la commune de LANDIVY du 28/07/1915 (commune située à peu prés de 30 km de MORTAIN BOCAGE (COTENTIN), d'où je demeure).

Ce camp était nommé à l'époque officiellement "Camp de Concentration".

Etaient internés dans ce camp, les ressortissants des pays "ennemis" (Allemands, Austro-Hongrois,...), des pays neutres (Luxembourgeois, Suisses), des pays alliés (Belgique, Grèce, Pologne, Russie, Tchécoslovaquie), ainsi que quelques ressortissants français originaires des pays précédemment désignés et des zones occupées. (en fait, il y eut de bons Français et de mauvais Français, lors du conflit 14//18).

BINIVILLE a écrit:

Et pourquoi pas?  

Parce que les balles sifflent, les obus pleuvent, les gaz asphyxient, les barbelés ne facilitent pas le travail du facteur, la boue non plus et les vélos sont tous réquisitionnés.

Voilà pourquoi je m'étonne que du courrier se balade entre deux pays en guerre, avec formules de politesse comme si on envoyait une carte de la Bourboule à sa tante de Quimper pour l'informer qu'on y est en cure.

Si ce n'est par l'intermédiaire de la croix rouge, explication souvent avancée sans plus de précisions, avec des délais importants, je ne vois pas comment une carte postale peut partir d'Holzminden et arriver en Normandie en plein conflit.

Tu ne réponds pas à ma question.

S.

On apercoit bien un tampon de contrôle transitoire du XIV AK (Karlsruhe) sur la carte (geprüft, Überwachungsstelle , contrôle du courrier), juste avant son passage de frontière.

Cette carte est la preuve que les frontières n´étaient pas aussi rigides que l´on pourrait penser...Pour les personnes physiques, oui, pas forcément pour le courrier, surtout celui concernant les affaires relatives aux prisonniers. Il y avait apparemment certains accords tacites qui permettaient de faire transiter ce style de demandes.

Dans la pire des boucheries causée par l´Homo Sapiens, il y a souvent le paradoxe d´un reste d´humanité. C´est ce qui caractérise notre espèce soit-disant la plus évoluée de notre planète  

S. a écrit:

tout en connaissant, on ne sait par quel biais, le lieu potentiel où aurait pu être détenu un soldat prisonnier, juste pour avoir des nouvelles ?

Pas "juste pour avoir des nouvelles"....C´est tout de même une question de savoir si le proche est en vie ou est décédé  

Des camarades du même régiment (bataillon voire même compagnie) et du même village ou ville d´origine ont souvent été faits prisonniers lors des mêmes combats et ont ensuite contacté leur famille par le biais de la Croix Rouge. Les familles entretenaient aussi des contacts étroits et partageaient les nouvelles. C´est loin d´être tiré par les cheveux. Il n´est pas rare que les gars d´un même village se retrouvaient dans la même compagnie. Les familles étaient alors rapidement renseignées où se trouvaient leurs proches. Elles pouvaient même leur transférer régulièrement de l´argent dans les camps.

Si il y avait le réseau officiel de communication de la Croix Rouge pour renseigner les familles, il y avait aussi le réseau inofficiel parallèle des communications privées (très souvent observé dans les VL / listes des pertes avec la mention "Privat Mitteilung" = information privée) tout comme celui des interrogatoires menés par l´ennemi auprès d´un prisonnier pour déterminer le destin d´un autre camarade de la même compagnie. Cet état de fait est constatable à maintes reprises dans les Kriegsstammrollen (fiches signalétiques), comme cet exemple ci-dessous également consultable dans une de mes enquêtes concernant le Vizefeldwebel Anton BICKEL de la 2/JR125:

https://lagrandeguerre.1fr1.net/t109484-une-enquete-wurttembergeoise-a-partir-dun-casque-nominatif



Cette fiche signalétique mentionne" disparu depuis l´après-midi du 18 août 1916 lors des combats entre le Bois Delville et Ginchy". Puis plus loin: "n´est pas disparu mais est mort au combat dans la Somme entre le Bois Delville et Ginchy, suite à une balle dans la tête, selon l´interrogatoire protocolaire de l´Unteroffizier der Reserve Eduard HAUG, 2/125, Prisoner of War Nr 5954, le 20 février 1917 à Pattishal, Torrcester, Angleterre" "Heure de la mort et lieu de sépulture inconnus. Le bureau de l´état civil et l´Ersatz-Bataillon ont été informés"

Un simple interrogatoire protocolaire d´un camarade de compagnie en captivité britannique permet de déterminer le décès d´un autre camarade. Cette information transite par les frontières jusqu´à l´Ersatz-Bataillon du régiment, qui informe dans la foulée le bureau d´état civil du domicile du tué. En fin de course, le bureau d´état civil averti la famille.  


Rheinbaben

s,

notre ami rheinhaben, vient de répondre par rapport au cachet de contrôle d'envoi des courriers et suppositions d'acheminement de ceux-ci.

comme je précisais,"que savons nous réellement de cette époque, sinon que des histoires tendancieuses, colportées de gauche à droite afin de montrer un bon côté de la chose".

Les boucheries furent humaines, donc l'humanité présente en bien et en mal.

Merci rheinhaben et à s.

Salut,

Les fiches sur le site de la croix rouge.

Excellent staffy!!

J´avais moi-même oublié pour une fois de contrôler les archives de la CICR
Tout est parfaitement cohérent!
Un engagé volontaire de plus dans ces jeunes régiments, qui fut sacrifié pour quelques centimètres de terre boueuse...Il porte le matricule N° 65, était donc dans les effectifs de souche de sa compagnie....

Rheinbaben

staffy68 et rheinhaben,


Je n'aurai pu faire de si superbes trouvailles quant à la disparition du soldat Heinrich gebhardt.

C'est une joie d'avoir pu mettre à la connaissance de nos amis collectionneurs ainsi qu'à vous, cette carte demandant à une autorité française, le devenir d'un homme, par une famille en plein désarroi.

Merci à vous et à ceux qui contribuèrent à cette énigme.

Mes hommages.


william viel

BINIVILLE a écrit:

C'est une joie d'avoir pu mettre à la connaissance de nos amis collectionneurs ainsi qu'à vous, cette carte demandant à une autorité française, le devenir d'un homme, par une famille en plein désarroi.

C´est, je trouve, le but primordial de la collection....Malheureusement de plus en plus souvent négligé au profit d´effrénées circonvolutions mercantiles

Rheinbaben