Bonjour,
le système d'attache des chevaux au bivouac introduit en 1868 est modifié en 1878 par :
- la suppression de la corde d'attache,
- son remplacement par la nouvelle corde à fourrage dont 3 unités sont torsadées en une corde de bivouac dont les dimensions sont les suivantes :
- l'introduction d'un nouveau modèle de piquet, entièrement en bois dur, sans armature métallique, à extrémités, renflée à un bout et pointue à l'autre.
Instruction ministérielle du
20 février 1878 :
Description de la nouvelle corde à fourrage du 5 octobre 1877 :
Je persiste à penser que la prescription de 1884 concernant le raccoucissement des piquets en service et l'ablation du renfort métallique de leur pointe ne fut qu'un pis aller, une façon de prolonger du matériel "en bout de course".
J'ai tenté de confronter le contenu de ces textes aux représentations qu'ont pu en donner les artistes et peintres de l'époque, ce qui m'a permis de distinguer trois périodes, chacune attachée à un peintre militaire reconnu ; dans un ordre chronologique ; Alphonse de Neuville pour la période 1870-1879, Edouard Detaiile pour les années 1884/1886, et Eugène Titeux, vers 1895. Les systèmes d'attache représentés sont cohérents, me semble-t-il ?
En ce qui concerne certaines représentations, comme celle du hussard de 1870 que j'ai utilisée pour illustrer le piquet modèle 1868, bien que dues à des peintres militaires de talent et reconnus, elles furent réalisées dans la première moitié du 20ème siècle et ne sont donc pas contemporaines des matériels représentés.
Pour le dernier avatar de piquet, outre la photographie m'appartenant, d'un chasseur d'Afrique que je situe dans l'entre-deux guerres, le livre de F. Vauvillier sur les chasseurs d'Afrique contient une photographie des années 30 sur laquelle ce modèle de piquet est bien visible.
J'ai trouvé, enfin, cette gravure due à Alphonse de Neuville, datant de la fin des années 1870 (1879 (?), un certain nombre de gravures de ce peintre étant datées de cette année) sur laquelle il semble bien voir un piquet modèle 1878 :
Je reviendrai avec quelques autres gravures des peintres pré-cités, notamment pour introduire ce qui, en 1885, deviendra le moyen règlementaire d'attache des chevaux au bivouac ; "l'anneau de bivouac" ou "anneau italien"...
PS ; il me semble lire, en dessous de la signature du peintre, la date de 1880 ? Ce qui "collerait" parfaitement avec l'introduction du nouveau modèle de piquet, en 1878...?
J'ai placé sur cette selle (qui n'est pas une selle de cavalerie légère) un piquet 1878, une corde à fourrage (un peu trop épaisse et sans poulie) et pendue à l'avant du chevalet ce qui me semble bien être une "corde Lagarrigue" que je n'ai identifiée comme telle que tout récemment... Je l'avais acquise avec un harnachement complet et le piquet de cavalerie :
Une selle de cavalerie légère conviendrait beaucoup plus ! Je vais y penser.
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Quelques autres gravures illustrant tout ou partie du système d'attache des chevaux au bivouac trouvées sur le site Gallica/bnf, notamment dans l'album "en campagne" :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65468768/f9.image.r=%22en%20campagne%22https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6546877p/f3.image.r=%22en%20campagne%22https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65853807/f7.image.r=%22en%20campagne%22https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65654356.r=%22en%20campagne%22?rk=21459;2- piquet modèle 1868 et hachette-maillet, gravure d'Alphonse de Neuville :
- corde de bivouac à 4 chevaux, portée par un cavalier sur 4, supprimée le 20 février 1878 et remplacée par les cordes à fourrage décrites en 1877 :
Gravure due à Edouard Detaille, intitulée "le billet de logement" :
La description du harnachement de la cavalerie de 1905 contient cette planche, ainsi que le texte correspondant, décrivant le piquet de bois dur ainsi que la corde à 1 cheval (corde Lagarrigue) :
Les autres modèles, antérieurs, ne sont plus représentés pour la simple raison que la
décision ministérielle du 11 février 1885 introduisant l"
anneau de bivouac" comme seul moyen d'attache des chevaux pour la cavalerie de l'intérieur,
supprime l'usage de l'entrave et du piquet comme moyen d'entrave des chevaux :
Ceci explique qu'à partir de cette date, toutes les peintures et gravures représentant des cavaliers de l'intérieur les équipent de cet anneau de bivouac confectionné à l'aide de la corde à fourrage et pendu à la poche à fers .
En voici quelques exemples, parmi beaucoup d'autres, dus à
Edouard Detaille et
Eugène Titeux principalement :
Cet anneau de bivouac, inspiré de l'"anneau italien", était dans l'air depuis bien longtemps, comme en témoigne le texte suivant :
Cet anneau, dans sa version française, étant confectionné avec la corde à fourrage que possède chaque cavalier, je traiterai très prochainement de cette corde à fourrage et de son organisation en "anneau de bivouac", en illustrant mon propos de cordes à fourrage m'appartenant ou appartenant au membre héritier... notamment un anneau de bivouac, rarement rencontré, et très difficile à exécuter convenablement.
La fameuse poulie ne sera, bien évidemment, pas oubliée !
Corde à fourrage et anneau de bivouac descriptions successives de la corde à fourrage :
on trouve, dans ce document daté de 1896, une description précise de la poulie :
Quelques photographies de corde à fourrage, roulée règlementairement en "boudin" ou organisée en anneau de bivouac, et de poulies correspondant à la description ci-dessus :
un anneau de bivouac :
réalisation - confection de cet anneau ; j'ai réalisé un petit montage de la partie correspondante de la
décision ministérielle du 11 février 1885:
Je me suis toujours interrogé sur l'aspect que pouvait avoir le "fort anneau en fer étamé formant poulie" avant la précision apportée par les textes des cahiers des charges des années 1890 ? S'agissait-il d'un simple anneau de fer ou avait-il déjà la forme que nous lui connaissons avec la petite poulie de laiton (souvent "noyée" dans l'étamage de l'ensemble monté, comme on peut le voir sur les photographies ci-dessus)
Autre manière de transporter la corde à fourrage, avant l'introduction de l'anneau de bivouac ; sous la forme d'un "boudin", disposé le long de la sacoche de gauche :
Une des assez nombreuses descriptions figurant dans divers textes officiels concernant la façon de plier cette corde à fourrage (
Extrait du mode de paquetage des régiments de cavalerie du 31 mars 1900 – modificatif du 18 avril 1906) :
«
Le long de la sacoche gauche, derrière le sac à distribution :
La corde à fourrage pliée et arrimée comme il suit :
A partir d'un point pris à 10 centimètres de la poulie, replier la corde plusieurs fois sur elle-même de façon à former un faisceau de 8 brins de 0m30; replier ensuite le bout de 10 centimètres et la poulie le long du faisceau et, avec la partie de corde non employée, enrouler le tout très serré en laissant la poulie au dehors, continuer l'enroulement jusqu'au bout et passer l'extrémité libre de la corde dans les 4 boucles qui terminent le boudin ainsi formé.
On fixe la corde à la sacoche en faisant passer la courroie supérieure gauche de sacoche dans la poulie et la courroie inférieure par-dessus le boudin. »
Comme ceci (montage réalisé par mes soins lorsque je m'entrainais à confectionner ces boudins de corde. la puolie est, ici, absente, remplacée par une simple boucle de corde) :
Marquage des poulies :
elles portent, règlementairement, lorsqu'elles sont marquée, le numéro matricule du cavalier.
Les entraves ce sujet est tout aussi délicieusement compliqué que tout ce qui précède ! Pourquoi en serait-il autrement ?
Je conclus de mes lectures qu'il existe 3 sortes d'entraves... et des jarretières !
les entraves :
on peut distinguer ; l'"
entrave simple en boyau de coton", l'"entrave double en boyau de coton" qui est, me semble-t-il la même, multipliée par 2, avec une alliance et une longe, et, enfin l'"entrave double pour chevaux frappeurs" du 8 juin 1904.
* les entraves, simple et double, en boyau de coton : planches de construction :
2 entraves simples de ce modèle m'appartenant :
L'entrave simple, attribuée à la cavalerie de l'intérieur, ne figure plus dans la description de 1905, le mode d'attache par piquets, cordes et entraves ayant été supprimé en 1885 avec l'adoption de l'anneau de bivouac.
L'entrave double en boyau de coton est celle des troupes de cavalerie d'Afrique.
* Une circulaire datée du
8 juin 1904 réintroduit l'entrave pour les troupes de cavalerie de l'intérieur, sous la forme d'une entrave double destinée aux chevaux frappeurs en ces termes :
Voila pour ce qui concerne les entraves. Elles se bouclent autour des paturons.
J'aborderai, en début d'après-midi, la jarretière Aureggio et la jarretière modèle 1910.
Les jarretières Sources : documents numérisés du site gallica/bnf23 mars 1910 :
initiative devant beaucoup au vétérinaire Aureggio :
Les jarretières en situation :
Pour clore, momentanément, ce sujet, voici une rapide présentation, en quelques dates repères, des moyens utilisés, au campement ou au bivouac, par l'artillerie :
1838 :
1868 :
1874 :
le profil de ces piquets est quasiment identique à celui des piquets de cavalerie modèle 1868, mais de dimensions nettement supérieures. Ils sont transportés, soit à dos de mulet, soit dans les voitures.
En
1888, l'anneau de bivoauc est attribué à l'artillerie :
La DM du 18 janvier 1888 souligne bien l'intérêt opérationnel de cet anneau de bivouac.