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Vaux, l'un des épisodes épiques de la bataille de Verdun.
Aile droite : relance dans le secteur de Vaux
A compter du 8 mars, la situation devient très confuse de part et d’autre du fleuve. Confortée par les gains rapidement obtenus rive gauche, l’attaque allemande renchérit sur la rive droite, cherchant à pousser les Français vers la Meuse pour restreindre leurs possibilités de manœuvre.
L’offensive vise en premier lieu le ravin de la Caillette et Vaux, au sud de Douaumont. Après un intense pilonnage aux gaz, 2 attaques convergent vers le village de Vaux qui reste partagé en fin de journée, après de violents corps-à-corps. Les jours suivants, l’action se recentre vers le fort de Vaux ; un communiqué allemand proclame un peu vite que le fort cuirassé de Vaux a été enlevé dans une brillante attaque de nuit menée par la 9e Division de réserve du général von Guretzky-Cornitz. Faux : certes, le fort est assiégé mais tient ferme. La situation est identique à l’ouest de Douaumont, où les lignes françaises ne peuvent être forcées au-delà de la cote du Poivre et du bois d’Haudromont.
Raynal et les derniers défenseurs du fort
Le 2 juin, le bois Fumin est abordé et le village de Damloup totalement conquis, permettant l’encerclement du fort de Vaux. Sous les ordres du commandant Raynal, l’ouvrage est défendu par une garnison solidement retranchée mais aux ressources désormais comptées. La garnison se compose d’une compagnie du 142e régiment, la sixième, sous les ordres du lieutenant Alirol, d’une compagnie de mitrailleurs commandée par le lieutenant Bazy, d’un détachement d’artillerie composé de crapouilloteurs affectés à la manœuvre des pièces de flanquement, d’un détachement du génie et de quelques soldats des services d’administration et de santé ; ces détachements doivent être, en principe, relevés tous les quatre jours : ils ne le seront plus. J’ai là, en tout, près de 250 hommes, mais ce chiffre va s’augmenter presque tout de suite d’une cinquantaine de mitrailleurs du 53e régiment, puis des éléments des 101e et 142e régiments qui, de la première ligne où ils sont postés, pour protéger le fort, refluent vers nous pour ne pas être submergés par le flot ennemi.
La garnison entame une lutte désespérée contre l’assaillant, dans l’attente hypothétique d’une attaque de dégagement qui n’aboutira pas. A demi-asphyxiée par les fumées toxiques, la garnison construit des barricades où elle tente de résister pied à pied aux assauts à la grenade et au lance-flammes.
(5 juin 1916) Je vois mes hommes écrasés de fatigue, silencieux et mornes. Si j’ai encore un effort à leur demander, ils en seront incapables. Je décide en conséquence de leur distribuer les dernières gouttes d’eau à odeur de cadavre que contient la citerne. Cela représente un quart à peine pour chacun, c’est nauséabond et c’est bourbeux et cependant nous buvons cet horrible liquide avec avidité. Mais c’est trop peu et la soif subsiste.
Une attaque de dégagement est lancée dans la journée du 6 par les 231e, 238e, 321e et 328e RI, mais ne pourra aboutir. Communiquant avec le fort de Souville par signaux optiques et les quatre derniers pigeons voyageurs, les défenseurs s’épuisent peu à peu et doivent succomber, à bout de forces, à l’aube du 7 juin 1916. La garnison est capturée avec les honneurs, rendus par le Kronprinz en personne: Désireux d’honorer votre vaillance, commandant, j’ai fait rechercher votre épée que je me dois de vous rendre ; malheureusement, on n’a pu la retrouver. On finit par dénicher un sabre français qui lui est remis par son vainqueur en personne.