Bonjour,
voici un très beau clairon à 1 piston, dû à "Couesnon", daté de 1933. Le vendeur du net le donnait, vraisemblablement sur la foi du symbole des "haches" croisées gravé au dessus du pavillon, comme destiné aux sapeurs-pompiers ?
C'est fort possible, mais le document de l'IREMUS que je cite en référence attribue ce symbole, en tant que
marque de fabrique, au facteur
Gautrot Ainé et Cie, qui était, rappelons le, beau-père de Couesnon et l'un de ses associés. Cette marque ne serait donc pas particulière aux pompiers ?
Ceci ne me dit pas à quelle arme ce clairon était destiné
!
En-tête d'une facture de la maison "Couesnon" datée de 1926 mentionnant les associés de Couesnon dont "Gautrot Ainé" en vente sur ebay ici :
https://www.ebay.fr/itm/Paris-XI-eme-94-Rue-dAngouleme-Belle-Entete-Instruments-de-Musique-de-1926en complément de ce qui précède sur les instruments à pistons m'appartenant présentés plus haut, un extrait du catalogue "Couesnon" de 1928 :
bien que cet élément soit amovible, les instruments en sont souvent équipés d'origine, ce qui peut contribuer à les dater de façon approximative :
Je développerai ceci dans les jours à venir à l'aide de schémas et dessins extraits de textes officiels ainsi que de photographies...
Avant de poursuivre, très prochainement, le chapitre des cordons de trompettes et de clairons et de leurs glands spécifiques, voici une brève présentation d'un clairon-chasseur Millereau de 1883, adopté par l'armée française en 1887 et rapidement abandonné.
J'ai pu, tout récemment, acquérir cet exemplaire, alors que, compte tenu de la très brève durée d'utilisation de cet instrument, je désespérais d'en rencontrer un un jour !
Il a, visiblement, côtoyé de près (de trop près
!) les éléments du paquetage :
Je l'ai photographié à coté de deux trompettes de cavalerie pour donner une idée de ses dimensions :
Après cette digression, je reviens au sujet des cordons de clairons et de trompettes et à leurs glands. Ces cordons sont destinés à suspendre l’instrument sur l’homme lors de la progression sur le terrain. Chaque cordon est orné d’un gland de laine à chacune de ses extrémités.
En voici quelques illustrations dues à Edouard Detaille et à Alphonse de Neuville :
Les instruments à vent servant à la transmission des ordres sur le terrain sont ainsi transportés depuis l’ancien régime :
L’ordonnance du 1er Aout 1830 vient rétablir les 3 couleurs nationales :
J’ai réalisé quelques montages à partir des textes du Journal Militaire officiel, en indiquant l’année de parution de ces descriptions :
j'écrivais que ces cordons et leurs glands permettaient, lorsqu'il étaient contemporains de l’instrument, de dater, approximativement, ce dernier et sa période d'utilisation... mais la fourchette est particulièrement large dans le cas de ces glands à longs chevrons...
trompettes du 8ème chasseurs à cheval en 1909 :
Ce type de glands à chevrons très prononcés va durer, approximativement, de 1845 au début des années 1930, comme on peut le constater ; sur les documents officiels de ces différentes périodes, sur les gravures et aquarelles de la même époque, ainsi que sur les photographies.
Les chasseurs, à pied et alpins, disposent de glands et cordons bicolores, jaunes et verts :
Dans les années 1930, j'ai constaté, sur des objets m'appartenant ainsi que sur certaines photographies et publicités, que ces chevrons tricolores avaient tendance à se tasser :
Je vous communiquerai les liens de sites offrant quelques images évocatrices...
Voici un premier lien menant à une superbe photographie du 120ème Escadron Automobile de Réserve Générale :
http://jeanluc.matte.free.fr/articles/typologie/120regimg.jpgl'examen des cordons des trompettes des deux hommes situés à la droite et au dessus du capitaine montre la coexistence de deux générations de cordons...
Ce deuxième lien, de même provenance, montre une image du catalogue Robert MARTIN de 1955, les glands de cordons présentent des chevrons rabaissés :
http://jeanluc.matte.free.fr/cat/mart/55-01d.jpgLes deux liens proviennent de ce document :
http://jeanluc.matte.free.fr/articles/typologie/clairon.htmLe dernier modèle de cordon, encore utilisé actuellement, semble dater de la fin des années 1930, voire des années 1940 :
Voici un montage réalisé à partir d'une photographie, récemment acquise, d'un trompette de spahis marocains. Je situe cette photographie au delà de 1936 sur l'absence de baïonnette au gousset, et aux alentours de 1950 :
Et, pour en terminer, momentanément, avec les cordons de clairons et de trompettes, voici un lien conduisant à une photographie "Keystone' datée de 1949, sur Getty Images :
https://www.gettyimages.fr/detail/photo-d'actualit%C3%A9/some-french-sailors-playing-bugle-aboard-montcalm-photo-dactualit%C3%A9/106507568Cette photographie illustre parfaitement ce dernier modèle de cordon et le motif très particulier de ses glands !
Je poursuivrai, peut-être, cette réflexion sur les cordons de clairons et de trompettes avec ceux de la Gendarmerie départementale et ceux de la Garde républicaine, mais, pour le moment, voici une trompette basse de cavalerie récemment acquise qui semble, d'après le marquage de son pavillon, avoir été utilisée dans l'Artillerie Territoriale (?).
Le marquage du pavillon, à l'emplacement habituel du marquage d'affectation militaire :
Le fabricant :
Elle fera un complément avec la trompette basse de cavalerie à 2 pistons que j'ai déjà présentée il y a quelques temps :
J'ai réalisé un montage pour illustrer la différence essentielle entre ces deux trompettes basses ; un ensemble amovible de deux pistons remplaçant la coulisse d'accord :
Cette trompette a passablement souffert et présente de nombreux enfoncements...
Je réfléchis à un débosselage magnétique qui me tente beaucoup, dans lequel elle perdrait, malheureusement, son vécu
, mais quand je vois ma gueule, je me dis que ce ne serait, peut-être, pas un mal
!
La seule crainte exprimée par mon épouse étant que le puissant champ magnétique ne fasse jaillir mes "stents" de ma poitrine
?
Un petit schéma explicatif tiré du "Passepoil" et déjà posté, mettant en scène une simple trompette de cavalerie :
une mise au point datée du 8 octobre 1917 concernant l'emploi des abréviations :
Un petit complément au chapitre des cordons et de leurs glands :
Et quelques photographies comportant quelques anachronismes par rapport à la période traitée par ce forum
:
Clairons, trompettes et flammes :
voici un deuxième clairon basse, jaune, celui-ci :
Voici un clairon tout récemment acquis, rhabillé, je pense à une époque récente, présentant un marquage régimentaire très particulier sur lequel je reviendrai :
pour comparaison, le voici, en photomontage, en compagnie d'un de ses ancêtres :
Ce magnifique clairon est, apparemment, antérieur au début de la 1ère GM et a été rhabillé, très militairement, façon chasseurs, aux normes du conflit suivant.
La société BARBET et GRANIER, formée en 1885 pour une durée de 15 ans, est
dissoute le 27 octobre 1910Le marquage règlementaire du pavillon affecte ce clairon au
111ème régiment d'infanterie d'Antibes, régiment au destin malheureux, dissous en 1916. La lettre M est la lettre de compagnie, et, dans les 2 chiffres qui suivent, 14 et, plus bas, 1, l'un pourrait correspondre à l'année de mise en service, et l'autre, être un numéro d'ordre correspondant à l'instrument au niveau de la compgnie.
Pour effectuer le marquage ; les poinçons d'acier de la boite à marque règlementaire modèle 1896 :
Quelques extraits de texte traitant du marquage des clairons, trompettes et tambours au niveau des corps :
une acquisition récente, dans le sillage de celle du clairon du 111ème ci-dessus. La provenance est la même, l'instrument, fabriqué par Couesnon, est daté 1924, sans marquage régimentaire.
J'ai pensé à une origine commune de ces deux instruments, hypothèse sur laquelle je reviendrai.
J'ai utilisé 2 gravures de E. Giffard parues dans un numéro du "Passepoil" pour réaliser ce petit montage :
avant de poursuivre l'histoire de la "découverte" de ces instruments, voici 2 présentations supplémentaires ; la première en compagnie du clairon marqué du 111ème RI et la seconde avec un clairon "habillé" d'une flamme du 11ème BCA :
Le tout présenté ... sur une selle pour équitation "en amazone"
Pour en revenir à ces deux instruments ;
je les ai acquis auprès de la même personne privée qui n’a pu me fournir que les éléments suivants concernant leur origine, je le cite :
Je suppose que la trompette argentée était bien une trompette de cavalerie, et, en ce qui concerne le clairon, son marquage militaire l’attribue au 111ème Régiment d’Infanterie d’Antibes, dissous en 1916.
Le cor est bien un cor de chasse et non une trompe de vènerie (présence d’une allonge d’accord) et son « habillage » m’a évoqué immédiatement une appartenance aux troupes alpines, comme le suggèrent ces gravures parues dans Le Passepoil, dans les années 1930 :
- La première, due au peintre E. GIFFARD, en 1931 :
- La seconde a été réalisée par ce même artiste, toujours datée de 1931 :
A poignée du cor semble bien réalisée par un enroulement de drap vert.
Le cor des chasseurs alpins est, règlementairement, équipé d’un cordon vert à glands frangés, comme sur cette illustration, toujours tirée du Passepoil et datant des années 1930, due, cette fois ci, à Maurice TOUSSAINT ;
Comme j’ai pu le lire dans un exemplaire de cette même revue du « Passepoil », les instruments de
musique du caporal-chef clairon, chef de fanfare, sont argentés, de même que les broderies métalliques de leurs flammes.
Pour en venir au cor de chasse en ma possession, il a été fabriqué par Couesnon et daté de 1924 :
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Je poursuivrai avec l’histoire qui m’a été rapportée de ces deux instruments, ainsi que les réflexions qu’ils ont suscitées et les quelques recherches que j’ai pu faire…
Suite et fin de cette présentation :
Le vendeur de ces deux instruments réside à Beaulieu, dans les Alpes maritimes, à une quarantaine de kilomètres d’
Antibes, ville de garnison, jusqu’en 1916, date de sa dissolution, du
111ème Régiment d’infanterie.
Le casernement de ce régiment, la
caserne Gazan, 2 rue Général Vandenberg à Antibes, abritera jusqu’en 1940, le
20ème Bataillon de Chasseurs Alpins.
Je suis tenté de relier ce clairon d’infanterie à ce cor, le matériel ne disparaissant pas à la dissolution d’un corps, surtout lorsqu’il est neuf… Le 20ème BCA ayant « hérité » cet instrument du 111ème RI, dissous.
C‘est, du moins, l’interprétation que j’ai du rassemblement dans une demeure des Alpes maritimes de ces seuls trois instruments, caractéristiques de la dotation de chacun des fanfaristes des BCA, et dans un lieu très proche de celui du casernement d’un régiment d’infanterie identifié et d’un BCA.
Pour terminer sur une touche très personnelle ; je débutais, il y a maintenant presque un demi-siècle
, mon exercice de médecin et ma carrière militaire en accomplissant, au sein de cette caserne, dans un escadron de Gendarmerie mobile, mon service militaire.
Pour terminer sur une note de couleurs, voici une gravure due à Maurice TOUSSAINT qui illustre ce que j'écrivais plus haut sur les instruments "blancs" et les flammes du caporal-chef clairon :
Juste un petit entracte qui fait l'objet, en l'état, d'un post spécial :
j'ai acquis sur ebay un clairon... pour la flamme qui y était attachée. J'ai, malgré tout, décidé de réhabiliter l'instrument pour y replacer la flamme du 11ème régiment de cuirassiers. Il a donc eu droit à un bon lessivage et à une désoxydation suivie d'application d'une cire liquide pour cuirs d'ameublement qui me sert à tout, puis à un habillage avec un cordon tricolore... il s'agissait là de mon premier essai, et j'en suis assez satisfait oici un premier avant/après, en attendant la réalisation d'une poignée... avec l'aide de madame
:
séparément, cela est plus "parlant" :
Le clairon, dont je mettrai en ligne d'autres photographies, est une fabrication de Couesnon datée de 1938.
Le motif central de la flamme, représentant l'insigne du 11ème cuir date, d'après wikipédia de 1980.
J'ai décidé de conserver l'instrument et d'y remonter sa flamme sur la notion des "clairons de cavalerie" imposés au second empire pour interpréter, lors de cérémonies, les airs se jouant au clairon.
J'ignore si cette mesure est toujours de mise dans les régiments de cavalerie du 20ème siècle, mais, pour l'instant, et dans le doute...
Le texte de 1869 que j'évoque un peu plus haut :
La flamme a, pour l'instant, trouvé une trompette pour l"héberger" :
Une vision d'un futur proche :
avant dernière étape de cette rénovation, avant la finition du manchon de poignée par la pose d’œillets ( j’attends de recevoir la pince !) :
On voit la différence, je pense ? (photographie de l'annonce) :
Et, en réponse à un membre, dans le cours du post dont est extraite cette intervention :
merci d'apprécier cette rénovation.
Je ne touche, habituellement, pas aux instruments dont le démontage des garnitures pourrait s'avérer risqué pour la conservation de l'ensemble.
Par contre, un instrument de
musique, clairon ou trompette, nu, doit être lessivé (liquide vaisselle, puis cif en crème, miror... et, au besoin, on recommence... puis, cire protectrice pour terminer).
La rénovation pourrait aller plus loin, en "débosselant" ces instruments par différentes méthodes dont certaines sont accessibles aux non professionnels. Mais, redoutant les champs magnétiques puissants utilisés, je confierais volontiers ce travail aux professionnels
!
Les adeptes du "jus" sont plus proches du syndrome de Diogène que des scrupules d'historien.
Voici un autre exemple de toilettage d'un clairon basse :
- avant, photographies de l'annonce :
après toilette, telle que décrite plus haut, et remise en place du manchon en cuir :
Traitement identique pour cette trompette Couesnon en parfait état :
avant; photographies de l'annonce :
après toilettage... et habillage
:
Voici, par exemple, des clairons qui n'ont eu droit qu'à un dépoussiérage "a minima", sans "déshabillage" et encore moins de lessivage :
la progression de cette rénovation a repris avec la réception, hier du nécessaire à la pose d’œillets.
La confection des poignées, ou manchons, a donc pu se poursuivre.
J'en ai profité pour rhabiller un clairon que je possédais, à l'état neuf, avec un cordon tricolore postérieur à 1940 et lui confectionner une poignée.
Voici le résultat, en attendant de passer à celui, objet de ce post, pour lequel je suis en attente de galon tricolore de musicien :
- l'endroit
- l'envers
La flamme montée sur ce clairon est une flamme du 11ème BCA :
Suite et fin dans quelques jours, sans oublier de poster une ou deux photographies de la trompette du 6ème-12ème cuirassiers
J'ai "peaufiné" cette poignée et amélioré son laçage... pour faire passer le temps en attendant de recevoir ce galon :
Voici une photographie de la rénovation du clairon "de cavalerie" du 11éme cuirassiers, étant toujours en attente du galon de musicien
!
le galon, enfin reçu, en cours de montage par madame :
Une petite heure plus tard, c'est terminé :
J'ai tenu à rénover le clairon qui supportait la flamme que je convoitais parce que je gardais en mémoire la DM de 1869 prescrivant aux corps de cavalerie de se pourvoir de deux clairons d'ordonnance.
Il se trouve que j'ai, d'autre part, découvert sur le net cette image qui illustrait, probablement, une annonce de vente :
ceci tendrait à démontrer la perennité de cette prescription ministérielle de 1869 au sein des corps de cavalerie du 20 (et 21ème ?) ème siècle !
Je termine, enfin, en tenant la promesse faite à kartman27
:
la flamme du 12ème cuirassiers sur une trompette :
Pour amorcer le retour vers les BCA et BCP, les 3 instruments du chasseur :
cet instrument s'éloigne de la céleustique, mais était en dotation au sein des musiques et fanfares, comme l'atteste la publicité de Thibouville-Lamy et celle de Couesnon, intercalées entre les photographies d'un cornet fabriqué par Couesnon en 1893, récemment acquis :
Le marquage de ce cornet ; 93 dans le corps de la grenade pour 1893, année de fabrication, et les initiales "G" et "M" pour Gautrot et Marquet :
Il s'agit bien d'un modèle français, et le modèle réputé adopté par l'Armée est le modèle anglais !
Équipé, ci-dessous, de sa lyre-pupitre :
Les pistons sont extérieurs et le pavillon central.
Catalogue Thibouville-Lamy de 1901 :
voici un exemplaire du modèle adopté par l'Armée française pour ses musiciens, construit sur le modèle anglais, le pavillon à l'extérieur :
D'autres facteurs d'instruments de
musique produiront ce modèle de cornet, comme Lecomte, par exemple :
Et, bien sur, Couesnon dont je présenterai dans les prochains jours un exemplaire daté de 1893 :
la lyre porte-partition :
Couesnon, disposition à la française, pavillon centré, à gauche et Jérôme Thibouville Lamy, disposition à l'anglaise, pavillon extérieur, à droite, équipés de pupitres-lyres :