Je vous propose une refonte du sujet consacré aux tenues de LCL Pratchek qui pourra par la suite être alimentée par d'autres souvenirs des brigades russes.
Il s'agit d'une partie d'un très gros lot ayant manifestement fait surface dans les années 80 en Angleterre. Chose incroyable, il semble également que d'autre pièces (un casque et une cantine vide) appartenant à cet officier aient fait surface lors de la vente du contenu d'une maison, en Champagne. Voici donc les tenues (ou peut-être seulement une partie). Un tambour de la Légion russe existe aussi, provenant manifestement de la source anglaise. Il est sorti sur Ebay UK il y a 4-5 ans et est parti aux USA.
Voilà la biographie d'Alexandre-Korizmitich Pratchek, telle que j'ai pu l'établir en croisant plusieurs sources archivistiques françaises et russes :
- Né le 8 mars 1893 à Voronej. Prénom du père : Kuzma.
- En août 1914, sous-lieutenant au 38e régiment d’infanterie de Nijni-Novgorod. Combat sur le front russe au sein du régiment Tobolsky.
- Arrive en France en août 1916 avec la 3e brigade russe. Sous réserve d'erreur de transcription, serait l'un des deux officiers ayant acheté à Ekaterinbourg l'ourson Michka, future mascotte de la 3e brigade.
- Première citation à l’ordre de la 4e Armée le 17 mars 1917 : «
Officier d’une haute valeur militaire. Commandant une fraction à l’attaque du 9 mars 1917, a enlevé énergiquement la troupe ; a pénétré le premier dans le village d’Auberive après avoir franchi 3 lignes de tranchées ennemies, accomplissant une mission très délicate. Après un violent corps-à-corps, a ramené des prisonniers. »
- 17 Mars 1917, commande la 5e Cie du 5e régiment spécial russe.
- Janvier 1918, suit les cours d’instruction de mitrailleuses au Mans.
- Fait partie début 1918 des officiers des brigades russes à l'origine de la mise sur pied de la Légion Russe pour l'Honneur
- 1er mars 1918, affecté à la Légion Russe pour l’Honneur (LR).
- Avril 1918, nommé capitaine d’état-major.
- 1er Mai 1918, affecté au 1er bataillon (Gothoua) de la LR.
- Seconde citation à l’ordre du 31e CA, le 25 mai 1918 : «
Le 26 avril 1918, ayant été mis à disposition du 7e Tirailleurs, a amené ses deux sections sous un barrage ennemi des plus violents, en première ligne, en ayant de très faibles pertes. Pendant les journées de 28, 29 et 30 avril, a conservé le plus grand calme et un sang-froid au-dessus de tout éloge, encourageant ses hommes et soutenant leur moral. »
- Juin-juillet 1918, nommé capitaine
- Décoré de la croix de chevalier de la LH d'honneur le 27 août 1918, publication au JO le 14 août 1919, brevet décerné le 6 mars 1926.
- Troisième citation, à l’ordre de la Division Marocaine, le 4 octobre 1918 : «
Officier de grand mérite, entraîneur d’homme d’un sang-froid remarquable. Le 14 septembre 1918, sous un feu nourri de mitrailleuses et un violent tir de barrage, a conduit ses hommes dans des conditions difficiles et atteint l’objectif désigné. Le 15 septembre 1918, a prévenu une contre-attaque ennemie dirigée sur un régiment voisin, en prenant les dispositions que nécessitait la situation. »
- Quatrième citation, à l’ordre de la 10e Armée, le 6 octobre 1918 : "
Le 30 mai 1918, commandant une section de mitrailleuses et se trouvant dans une situation extrêmement critique, a su, par sa présence d'esprit, son courage et son initiative, dégager la section, frayer une brèche et rejoindre son unité avec le minimum de pertes. Par la suite, a fait preuve d'un sang froid remarquable, prêtant l'aide efficace du feu de ses pièces à la compagnie de zouaves avec laquelle il combattait."
- Démobilisé au mois de décembre 1918 de la Légion Russe, après avoir été en occupation en Allemagne.
- 2 septembre 1919, nommé au grade de lieutenant-colonel. Sert à cette époque auprès du général Tcherbatchev, représentant du Haut-Commandement russe auprès des gouvernements alliés
- 1er novembre 1919, affecté à la Cie p/1 ( ?) à Paris, au moins jusqu’en juin 1920.
- Elève de l'école supérieure de guerre du 4 novembre 1920 au 3 novembre 1922 (42e promotion)
- Faisant partie des six officiers russes étant restés en France, il intègre l'école supérieure de guerre comme professeur de russe. Il conserve cette fonction au moins jusqu’en 1939 et poursuivra ultérieurement une seconde carrière dans l'industrie de l'acier.
- Juillet 1927, diplômé de l’Ecole des Sciences Politiques de Paris, section Economique et Financière.
- Obtient la nationalité française le 17 mai 1936.
- Nommé au grade de capitaine de complément à titre étranger et affecté au 1er régiment étranger en 1935, il devient officier de réserve dans l'armée française. Tombé malade, il est réformé le 15 octobre 1937.
- Demande le 31 aout 1939 à intégrer l’armée française en tant que capitaine. Cette requête lui est refusée, compte-tenu de problèmes médicaux liés à une affection pulmonaire. Nouvelle tentative – en vain – en avril 1940.
- Rayé des cadres le 8 mars 1948, avec le grade de capitaine d'infanterie.
- Décédé à Paris le 24 février 1956.
je n'ai pu dénicher qu'un portrait pas très net. Source :
http://www.ecole-superieure-de-guerre.fr/Voici maintenant les différentes pièces contituant les tenues :
Gymniastiorka de fabrication française en drap gabardine d'officier et casquette fabriquée en Russie
Vareuse quatre poches de coupe russe, en drap gabardine français. Celle-ci comporte une étiquette de tailleur et une nominette au nom du capitaine Pratchek, datée du 22 août 1918.
la gymniastiorka de Pratchek en fin coton, de fabrication manifestement russe (marque des boutons à l'aigle, probablement d'importation : "supérieur France"). Les pattes d'épaule du grade de colonel sont de fabrication française.
vareuse de toile dite "kittel", les boutons à gros module sont de fabrication russe (marquage en cyrillique), le petits de fabrication française ("supérieur - France"). L'effet a probablement été confectionné en Russie. A noter le petit ruban à la boutonnière, de couleur rouge et bleu (couleur de la Légion russe pour l'Honneur en 1918?)
vareuse, en drap moutarde français, portant monté à demeure des pattes d'épaule de colonel.
une gymnastiorka en fin drap de laine gris avec culotte assortie. A noter les boutons absents, probablement récupérés pour être montés sur une autre effet... les boutons à l'aigle impérial ne devaient pas courir les rues en France en 1918... !
les culottes...
Il y en a deux en espèce de whipcord, dont l'une est monogrammée à la ceinture "AP".
En voici une autre, au vu de la coupe ça semble de confection probable russe.
paire de bottes troupe du modèle 1915, avec la patte de serrage à l'arrière.
une paire de bottes souple à tige montante jusqu'aux genoux.
Ensuite, un peu de passemanterie :
Au centre, brassard d'état major (?) de la division marocaine, à laquelle Pratchek a servi en 1918 avec la Légion russe pour l'Honneur.
En bas, brassard rouge à croissant doré imprimé, division marocaine aussi je suppose
En haut, brassard bleu et rouge, avec lettres en fausse cannetille DM (pour division marocaine). Les couleurs rouges et bleus identifient la Légion je suppose ? On retouve les même en réduction sur une boutonnière du
Kittel.
Et pour finir, ruban pour porter autour du coup une déco (ordre de Ste Anne ?), patte de fermeture en drap gris pour un manteau troupe ? Cartes de visite au nom du Lt-Col Pratchek, diplômé de l'école de guerre et de l'école des sciences politiques (ces cartes sont postérieures à 1922, date de la sortie de Pratchek de l'ESG.