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| Charleroi, 21-23 août 1914 | |
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UHLIG
Nombre de messages : 60 Age : 74 Localisation : belgique Date d'inscription : 04/03/2013
| Sujet: Charleroi, 21-23 août 1914 Lun 8 Avr 2013 - 16:55 | |
| «Charleroi 21-23 août 1914», de Damien Baldin et Emmanuel Saint-Fuscien,Tallandier
La bataille de Charleroi est tout à fait méconnue lorsqu’on évoque de la Première Guerre mondiale.
Du côté allemand, on parle de la bataille de Namur ! A Charleroi même, point de mémoire et pour cause, il n’y a eu guère de combat à Charleroi puisque les rencontres se situent à Tamines (tristement célèbre pour les massacres allemands), Châtelet où un monument à la gloire des troupes françaises rappelle les durs combats, Gozée et non Cosée comme l’écrit l’auteur, la seule petite erreur trouvée dans le livre.
Importance de cette bataille :
C’est le premier affrontement entre troupes allemandes et françaises. Pour les Allemands, la première bataille fut Liège, où les forts furent anéantis par l’artillerie de l’Autriche. Les forts liégeois n’ont pas été conçus pour les calibres autrichiens de 1914. Pour la petite histoire, ce pays de faux-culs - encore des victimes des nazis en 1938, ben voyons ! - déclarent la guerre à la Belgique fin août. L’armée belge sous équipée, peu de mitrailleuses, presque pas d’aviation, des effectifs réduits et un encadrement squelettique affronte la puissante armée allemande avec succès en adoptant la stratégie des partisans (si je puis utiliser ce terme). De brèves rencontres, des guet-apens et des retraits stratégiques rapides. Les lourdeaux allemands ne comprennent pas et croient que tous les villages belges sont truffés de franc-tireurs. L’armée allemande qui n’a que mépris pour l’armée belge est étonnée de la résistance belge. L’objectif belge est de reculer en ordre et lentement afin de permettre aux armées française et anglaise de venir à son secours.
L’armée belge recule et l’armée allemande avance lentement, trop lentement selon son plan Schlieffen. Namur est la seconde grande bataille et là encore, l’artillerie autrichienne va mettre en pièce les forts de Namur, mais à ce moment les troupes françaises sont arrivées et vont prendre le relais de la petite armée belge qui recule vers le réduit national, la forteresse –imprenable, du moins le croient-ils - de Anvers. Namur tombe mais l’heure du premier affrontement entre allemands et français est arrivée.
Où va attaquer l'armée allemande? À la tête de la Ve armée, le général Lanrezac, ancien professeur à l'École de guerre, redoute une invasion complète de la Belgique. Joffre veut faire mouvement en Lorraine. Le contact aura lieu sur une ligne allant de Namur en passant par Auvelais, Tamines, Châtelet, Charleroi pour se terminer à Thuin.
On oublie que la guerre commença par une guerre de mouvement avec la bataille dite des frontières, où les armées françaises lancent l’offensive contre les Allemands sur le front nord-est. La bataille de Charleroi en fut la première rencontre. Le 21 août, alors que les soldats français, appelés depuis seulement 20 jours, n’ont eu que le temps de rejoindre leur caserne, prendre le train et marcher jusqu’au front, ils se heurtent à la violence du feu allemand.
L’Armée française a gardé ses uniformes, ses armements et ses tactiques hérités de la guerre de 1870 et se retrouve balayée par la puissance de feu du XXe siècle de l’armée allemande.
Les Allemands ont démontré leur supériorité tactique, notamment sur leur méthode de progression systématique et en matière d’emploi des mitrailleuses, et leur supériorité matérielle avec une artillerie lourde qui apparaît omniprésente. Le plan français XVII déploie les troupes de Belfort à Maubeuge. Le plan allemand Schlieffen décide de faire un grand coup de faux vers Paris, en violant une neutralité belge pourtant reconnue par les Prussiens en 1839. Joffre ne pense pas que la poussée par la Belgique puisse être l’axe principal d’attaque de l’ennemi, tout à la préparation de son offensive en Lorraine. La 5e armée de Lanrezac, flanquée à sa gauche du corps de cavalerie de Sordet, avance à partir du 5 août en direction de la Sambre. Le combat est perdu d’avance mais le soldat français fait face.
Le général Lanrezac a raison, mais il décide avec succès, contre l'avis du chef d'état-major, de se replier derrière la frontière belge. Économisant ainsi des pertes considérables à ses troupes, même si 20 000 hommes (Français, Allemands et Belges) restent sur le terrain. Qui connaît un peu la région (je suis de la région) suit la trace des nombreux accrochages où les deux camps font littéralement leur première expérience du conflit. Débordé sur ses flancs, sa position serait devenue intenable s’il avait persisté. En outre, ses troupes lourdement malmenées ont su garder une bonne discipline et font retraite en bon ordre malgré des conditions de ravitaillement très aléatoires.
L’importance de cette bataille méconnue est simple à comprendre : «C'est pourtant là que l'histoire de la violence guerrière du XXe siècle commence ce vendredi 21 août 1914», situent d'emblée Damien Baldin et Emmanuel Saint-Fuscien dans leur passionnant Charleroi. 21-23 août 1914, orné d'un bandeau révélateur: «La faillite des généraux».
«La faillite des généraux».
Faillite de généraux prêts pour une nouvelle guerre de 1870. Généraux qui ne comprennent pas l’importance des mitrailleuses, du combat moderne, de l’aviation, de la téléphonie. Les généraux craquent psychologiquement. Bon nombre seront mis à l’arrière dans des postes administratifs. Joffre se décharge largement sur ses subalternes de toutes les insuffisances et destitue nombre d’officiers supérieurs, alors affectés dans la région militaire de Limoges (d’où le verbe "limoger").
Après la bataille vient l'heure des comptes: Joffre destitue Lanrezac, qui refusera trois ans plus tard le poste de major général des armées sous prétexte que son nom a été sali après Charleroi. Alors que ce général a sauvé pour l’essentiel son armée et a permis aux armées françaises de bien se positionner pour la bataille de la Marne, Joffre cache son incompétence en cherchant un bouc-émissaire.
L’émergence des chefs.
Un certain Charles de Gaulle, relève, en arrivant vers Rocroi, une «route très fatigante à cause des montées très raides auxquelles nos gars des plaines ne sont pas accoutumés». Mais surtout une appréciation sur l’incompétence des généraux français qui ont été incapables de comprendre ce qui se passait.
Le retraite française fut exemplaire, dans l’ordre bien que les soldats, surtout réservistes ont énormément soufferts des marches forcées sans aucune préparation physique. Ce sont les capitaines, lieutenants et adjudants qui maintiennent la cohésion de la troupe.
Dans le camp d'en face, le capitaine Walter Bloem, auteur par ailleurs de romans patriotiques, se fait l'écho de difficultés similaires: «Bien que nous n'ayons marché que quinze kilomètres, les plus âgés des réservistes gémissaient déjà sous le poids de leur lourd paquetage, certains s'effondrant sur le bas-côté.»
Notons que le plan Schlieffen connut des généraux français depuis 1904 n’a jamais été pris au sérieux. L’histoire se répétera en 1940 via la traversée des Ardennes par les chars allemands.
Tous ces témoins, connus ou méconnus, se retrouvent mêlés à tous les épisodes constitutifs de la Première Guerre mondiale: déluge de feu, montée au front, hésitations du commandement.
À Charleroi, le général Charles Louis Marie Lanrezac (1852-1925) eut raison contre Joffre, qui le destitua.
Petite note au passage : L’armée française a permis à l’armée belge de Namur, du moins ce qu’il en reste après les durs combats, de fuir vers la France en s’intégrant aux troupes françaises. Autant de prisonniers en moins et autant de combattants en plus. L’armée belge de Namur rejoint l’Armée belge qui se bat dans le réduit national.
Un livre passionnant car il nous fait découvrir une réalité méconnue du grand public.
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| | | Bertrand11
Nombre de messages : 6083 Age : 53 Localisation : ORLEANS-VENDEE Date d'inscription : 02/04/2010
| Sujet: Re: Charleroi, 21-23 août 1914 Lun 8 Avr 2013 - 19:57 | |
| Bonjour
Je ne sais ni ce que vaut ce livre , ni si cette analyse est de toi, mais en tout cas un certain nombre de points avancés sont très contestables, à mon avis. Par exemple je ne partage pas du tout ton avis sur la soi-disant incompétence de Joffre, et encore moins les raisons évoquées pour l'éviction de Lanrezac. D'ailleurs si nos état-majors et nos généraux avaient été si mauvais les Allemands auraient gagné la guerre dès la mi- septembre 1914, comme le plan Schlieffen le prévoyait (campagne de six semaines pour vaincre à l'Ouest).
S'il est vrai que les équipements individuels et collectifs français ont trouvé leurs limites à l'été 1914, leur maintien à la veille de la guerre avait ses raisons, dont l'opinion publique et les politiques étaient pour beaucoup responsables.
Pour terminer avec la Belgique, Joffre s'est vu contrecarrer avant- guerre par le gouvernement son idée de se placer face au plat pays. Il n'avait donc plus beaucoup de choix pour lancer ses offensives que l'Alsace et la Lorraine , ce qui correspondait en outre à une forte volonté politique et populaire.
A l'occasion du centenaire, il est grand- temps de rétablir certaines vérités, et tordre le cou à de nombreuses idées reçues. Mais ce n'est que mon avis : je vous conseille un excellent livre sur le sujet, dont la lecture est au programme des écoles militaires françaises : HISTOIRE DE L 'ARMEE FRANCAISE DE 1914 A NOS JOURS, de Philippe Masson (Perrin 1999).
Cordialement
Bertrand |
| | | UHLIG
Nombre de messages : 60 Age : 74 Localisation : belgique Date d'inscription : 04/03/2013
| Sujet: Re: Charleroi, 21-23 août 1914 Mar 9 Avr 2013 - 5:05 | |
| analyse de deux auteurs français, synthèse de ce que j'ai lu ... je connais mieux l'histoire de l'armée belge que celle de l'armée française. Les deux auteurs donnent une opinion sur Joffre. Pour le reste, .... les généraux allemands ne sont pas si bons que cela, s'ils avaient été si bons, ils auraient gagné dès septembre et donc, ...
amicalement |
| | | Bertrand11
Nombre de messages : 6083 Age : 53 Localisation : ORLEANS-VENDEE Date d'inscription : 02/04/2010
| Sujet: Re: Charleroi, 21-23 août 1914 Mar 9 Avr 2013 - 5:59 | |
| - UHLIG a écrit:
- analyse de deux auteurs français, synthèse de ce que j'ai lu ... je connais mieux l'histoire de l'armée belge que celle de l'armée française. Les deux auteurs donnent une opinion sur Joffre. Pour le reste, .... les généraux allemands ne sont pas si bons que cela, s'ils avaient été si bons, ils auraient gagné dès septembre et donc, ...
amicalement Et bien la nous sommes bien d'accord. La conduite des opérations par les généraux allemands a été mauvaise , pour ne pas dire plus, ce qui ne leur a pas permis ( heureusement) de retirer tout le parti de leur supériorité tactique. Les historiens colportent souvent des opinions sur la chose militaire qu'ils ne maîtrisent pas. Il faut vraiment faire le tri dans nos lectures ! |
| | | UHLIG
Nombre de messages : 60 Age : 74 Localisation : belgique Date d'inscription : 04/03/2013
| Sujet: Guerres et Histoire Mar 9 Avr 2013 - 13:55 | |
| n° 7 DE JUIN 2012
DOSSIER 32 PAGES
La supériorité militaire allemande ? Le mythe du siècle ! Comment perdre les guerres mondiales en trois leçons.
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| Sujet: Re: Charleroi, 21-23 août 1914 | |
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| | | | Charleroi, 21-23 août 1914 | |
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