un fusillé vivant

vu, dans la revue 14. 18, n°59 nov/ dec /jan 2013;dans la page publication, le livre :fusillé vivant; Odette Hardy Hémery. Ed gallimard, coll Témoins.284 pages. 22 Euros. Qui relate l 'histoire, d'un cas unique connu, de survivant, d'une exécution.Francois Waterlot, du 327 eme RI,originaire du Pas De Calais,est fusillé le 07 Septembre 14,avec six de ses compagnons."pour l 'exemple",sur ordre du général Boutegourd.l'incroyable se produit alors:il n'est pas atteint par la salve du peloton,se laisse tomber puis echappe au coup de grace.Laissé pour mort, le fusillé rejoint son régiment !et gracié, retourne au combat;Jusqu'au 10 Juin 1915,jour de sa mort sous le feu ennemi;il ecrira aux siens et à un ami,quatres lettres relatant l 'exécution dont il a été victime...et témoin.

Salut !

étonnante histoire , en tout cas merci pour cette information interressante !

Voilà le récit de son exécution tiré de l'ouvre Fusillés pour l'exemple du général Bach :

« C'était le 6 septembre à huit heures du soir. À cette heure-là nous sommes arrivés près d'un bois situé entre Lachie et Les Essarts dans la Marne et l'on s'apprêtait pour y coucher le long du bois. L'on va chercher du foin et des bottes d'avoine qui étaient à proximité puis l'on se couche. En avant de nous nous avions comme avant-postes le 25e Bataillon de chasseurs et le 270e d'infanterie.
Vers 11 heures arrive une auto-canon allemande qui lance une dizaine d'obus et le 270e qui était en avant de nous fout le camp et passe en débandade à côté de nous en criant « Sauve qui peut ». Nous nous réveillons en sursaut, nous nous équipons à la hâte et l'on en fait autant. Il y en a qui se sauvèrent à droite, d'autres à gauche.
En me sauvant je me mélangeai avec le 270e qui avait passé à notre droite et quand je vis mon erreur je commençai à chercher après le 327e. En cherchant de groupe en groupe j'eus la malchance de me foutre dans les mains du général de division avec six autres. Il nous demanda à quel régiment nous appartenions, nous lui dîmes que nous étions du 327e. Il fit appeler un sergent du 3e génie et nous dit de le suivre. Celui-ci nous emmena dans une grange et nous dit de déposer nos armes dans un coin et de nous coucher sur la paille. Nous fîmes comme il nous dit et aussitôt que nous fûmes couchés il fit enlever nos fusils et fit placer une sentinelle à la porte. Nous nous demandions ce que cela voulait dire. Cinq minutes après arrive l'aumônier militaire qui nous dit de faire nos prières avec lui. Nous lui demandons pourquoi. Il nous dit qu'ayant appris qu'il se trouvait des soldats dans la grange il était venu pour leur donner la bénédiction et que cela il le faisait partout où il passait. Mais cela ne nous disait pas ce que l'on nous réservait. Le lendemain matin nous partîmes encadrés par 8 hommes du génie baïonnette au canon et l'on nous conduisit au quartier général et un moment après arrivait le colonel du 327e qui avait été appelé par le général. Ils s'expliquèrent ensemble pendant au moins un quart d'heure puis le général ordonna à notre colonel de nous emmener. C'était pour nous fusiller et c'était nous qui allions payer pour le 270e. L'on nous emmena en face d'une meule, l'on nous banda les yeux et l'on plaça une section environ 39 hommes à 12 m de nous. J'étais placé à droite et nous nous étions donné la main à l'un l'autre. À la première décharge je me laissai tomber mais je n'avais rien, puis l'on fit retirer une fraction du peloton sur ceux qui bougeaient encore. Ensuite l'adjudant qui était là vint pour nous donner le coup de grâce en nous logeant une balle dans la cervelle. Il commença par la gauche et quand il eut tiré sur les 2 premiers il dit au capitaine qui commandait qu'il ne pouvait plus continuer, que ça lui faisait trop de peine. Le capitaine lui dit de s'assurer si nous étions bien morts et en passant il nous fit bouger en nous pressant par les épaules, ce n'était pas le moment de bouger. Quand il eut passé d'un bout à l'autre il dit au capitaine que nous étions tous morts et le capitaine emmena le peloton. Nous étions encore à deux de vivants, un de St-Amand qui avait la jambe cassée et moi qui n'avais rien. Je restai encore là au moins 2 heures et ensuite je me suis sauvé avec le 233e et le lendemain je retrouvai le 327e vers 11 h du matin. En arrivant j'ai cherché après le commandant de notre bataillon et je suis allé le trouver. Je lui racontai ce qui s'est passé et je lui dis que j'étais revenu me mettre à sa disposition et que je demandais à partir en première ligne. Il me dit qu'il allait référer mon cas au colonel et qu'en attendant je pouvais rentrer à ma compagnie. Ensuite il alla trouver le colonel et tous deux ils allèrent trouver le général. Une demi-heure après ils revinrent et me firent appeler ainsi que le lieutenant commandant notre Cie. Le colonel me dit que j'étais gracié et qu'il ne fallait plus y penser, qu'il avait fait son possible auprès du général pour empêcher que l'on nous fusille mais que le général voulait un exemple et s'était montré inflexible dans sa décision. Et ce fut de cette manière que l'on nous tua sans nous dire quoi que ce soit et sans faire d'enquête. Depuis j'ai été cité à l'ordre du jour pour avoir demandé à repartir au feu après avoir été blessé au dos le 15 octobre dans une attaque que nous fîmes pour reprendre un pont en avant de Reims entre La Neuvillette et Courchy. Le principal est que je suis toujours en bonne santé.»

Merci, 2cv85,et ASIATE pour vos messages, et d'avoir donné le récit de Francois WATERLOT, qui donne les détails de son infortune.Combien,d 'hommes sont morts pour l 'exemple , de cette facon arbitraire...et injustifiée. certains cas sont connus, mais on est loin du compte.

Bonsoir,

La réaction de ce fusillé vivant est très surprenante.

Il ne semble pas vraiment choqué ou traumatisé après cette expérience épouvantable qui en aurait rendu fou ou déséquilibré plus d'un.

Il retourne tranquillement dans son régiment se mettre à la disposition de l'autorité. Pas non plus de révolte, de colère etc....

Vraiment très étonnant.

Merci pour ce témoignage unique.

Cordialement,

Cassel

LEOMONT a écrit:

Merci, 2cv85,et ASIATE pour vos messages, et d'avoir donné le récit de Francois WATERLOT, qui donne les détails de son infortune.Combien,d 'hommes sont morts pour l 'exemple , de cette facon arbitraire...et injustifiée. certains cas sont connus, mais on est loin du compte.

En fait le compte est très bien connu :
- Au cours du mois de septembre 1914, 70 condamnations à mort sont prononcées, dont 59 semblent avoir été suivies d’effet. Dans le désordre inévitable généré par la retraite de la fin août, un certain nombre d'hommes ont pu également être abattus pour insubordination ou lâcheté, hors de toute procédure. Il ne faut pas cependant surestimer leur nombre qui, de toute façon, n'est pas quantifiable.
- Le mois de septembre se caractérise par une centaine de sentences de mort prononcées, dont 67 seront effectives.
A partir de novembre, le nombre se divise globalement par deux. A noter que certain des hommes condamnés pour désertion ou lâcheté face à l'ennemi l'ont été suite à des comportements avérés. C'est notamment le cas d'un chef de bataillon d'infanterie coloniale. Tout cela est certes choquant, mais ça reste très marginal par rapport aux pertes au combat : 200.000 hommes pour la seule bataille des frontières.
Source A. Bach

[quote="CASSEL59"]Bonsoir,

La réaction de ce fusillé vivant est très surprenante.

Il ne semble pas vraiment choqué ou traumatisé après cette expérience épouvantable qui en aurait rendu fou ou déséquilibré plus d'un.

Il retourne tranquillement dans son régiment se mettre à la disposition de l'autorité. Pas non plus de révolte, de colère etc....

Vraiment très étonnant.

C'est aussi la reflexion qui m'est venue à l'esprit, pas de sentiment de vengeance,ou d'envie de fuir.A cette époque, faire son devoir, envers la patrie etait ancrée depuis l 'enfance.

Cordialement,

[url]http://civils19141918.canalblog.com/archives/2011/05/05/21061583.html

Bonsoir,
Passionnant cette anecdote en effet....Ca fait froid dans le dos tout cela....
N.Offenbach en fait mention je crois dans son excellent bouquin sur les fusilles....

,Merci Lieutenant B pour ton interet à ce sujet.[url]