Bonjour,
je vous présente un petit dossier, relatant la mise en place des Gardes Mobile de la Seine durant le siège de Paris.
bonne lecture.
cordialement
Laurent
GARDE NATIONALE MOBILE
Mise en place de laGarde nationale mobile de la Seine.
Le 17 août, le général TROCHU avait obtenu de l'Empereur, le renvoi à Paris des 18 bataillons de mobiles de la Seine, qui se trouvaient alors au camp de Châlons. Le mouvement s'effectua dans les journées des 18 et 19.
Allégés par la suppression de leurs bagages, les bataillons se rendirent d'abord par voie de terre à Reims, où ils prirent le train pour Paris. Comme ils devaient camper à Saint-Maur, et qu'on ne voulait pas les laisser traverser à pied les rues de la capitale, on les dirigea par le chemin de fer de Ceinture jusqu'à la gare de Nogent-sur-Marne, où ils débarquèrent.
Le séjour à Saint-Maur se prolongea du 20 août au 8 septembre, date à laquelle ces unités furent dispersées à l'extérieur de l'enceinte, sur la ligne des forts.
Pendant leur concentration au camp de Saint-Maur, le général BERTHAUT, leur chef, s'efforça de leur donner le complément d'instruction et de discipline qui leur était si nécessaire en même temps, il améliora leur armement et leur équipement. Les hommes reçurent par ses soins des havresacs neufs, des vestes, des ceintures de flanelle, des couvertures, et ils échangèrent les fusils à tabatière apportés de Châlons contre le fusil modèle 1866, qui leur fut délivré sur la demande du Gouverneur, et sur un ordre du Ministre en date du 22 août.
La plupart des bataillons reçurent leur nouvel armement avant le 31 août ; tous l'avaient, sans
exception, à la date du 8 septembre. Des tirs avec le chassepot purent même avoir lieu, à partir du 31 août, au polygone de Vincennes.
Malheureusement, la cohésion des mobiles ne s'améliorait pas d'une manière aussi satisfaisante que leur état matériel.
KÉPI DE CAPITAINE DE GARDE MOBILE (photo B.Malvaux)
Le général TROCHU déclarait pourtant « qu'ils avaient toute sa confiance», excellent moyen de les rendre vraiment dignes et de leur faire acquérir de sérieuses qualités militaires.
Il les passa en revue le 24 août, sur le champ de courses de Vincennes, et écrivit ensuite au général de PALIKAO« qu'il avait trouvé cette troupe, si discutée, fort au-dessus de ce qu'on l'a dit ; ..... qu'iln'avait recueilli..... Aucune marque des dispositions qu'on prête à quelques individualités turbulentes ;qu'il n'avait entendu aucun cri malsonnant et qu'il se sentait affermi dans la confiance qu'il avaittoujours eue que les enfants de Paris, convenablement menés, arriveraient à tenir l'un des premiersrangs parmi les défenseurs de la capitale..... »Toutefois, il est à remarquer que le général TROCHU qui jugeait les mobiles très aptes à se battrederrière des fortifications n'avait pas en eux la même confiance pour des opérations actives. Quelquesjours plus tôt, vers le 10 août, au moment de son départ pour le camp de Châlons, il avait manifesté aubaron Jérôme DAVID, combien il était désespéré d'aller prendre le commandement d'une division quilui paraissait formée d'éléments incapables de soutenir une lutte en rase campagne. Et, en arrivant aucamp de Châlons, il avait écrit au Ministre que les mobiles ne lui paraissaient pas pouvoir aborder
l'ennemi, et que c'était « envoyer la jeunesse de Paris à une destruction certaine, que de la mettre en rase campagne, en présence des Prussiens».
Informé de l'état moral de ces bataillons pendant leur séjour au camp de Saint-Maur, le Gouverneur fut obligé de prendre des mesures pour calmer leur effervescence.
Le 30 août, il apprit qu'il existait, dans quelques bataillons de la garde mobile, à Saint-Maur, une certaine excitation, causée par la nouvelle loi votée par le Corps législatif, et qu'on faisait circuler dans les compagnies des publications contre l'incorporation de la garde mobile dans l'armée. Il écrivit alors au Ministre, pour lui rappeler « qu'il paraissait arrêté en principe, que les troupes réunies au camp de Saint-Maur, étaient destinées d'une manière définitive à la défense des forts, et lui demander l'autorisation de faire cesser les bruits qui se propageaient en faisant connaître à la troupe la destination qui lui était réservée pendant le siège. En ce qui concernait l'application de la loi du 29août, le Gouverneur ajoutait : « il y aurait, en effet, un réel avantage à ne pas verser dans l'armée une quantité aussi considérable d'éléments d'une nature peu disciplinée, et ce qui pourrait être appliqué
heureusement pour les gardes mobiles de province, pourrait occasionner des inconvénients, si l'on étendait la mesure à ceux de Paris.... »
Le général de PALIKAO ayant confirmé sa décision de répartir les mobiles dans les forts, le
Gouverneur demanda, le 31 août, au Ministre, de maintenir encore ces bataillons à Saint-Maur, en raison des facilités d'instruction, particulièrement pour le tir à la cible. Le Ministre acquiesça à cette demande.
KÉPI TROUPE DE GARDE MOBILE (photo B.Malvaux)
De son côté, M. THIERS, dans la séance du 1er septembre, avait exprimé, au sein du Comité de défense, le regret que la garde mobile du camp de Saint-Maur ne fût pas conservée en un groupe compact, susceptible de constituer une de ces réserves spéciales, dont il préconisait la création en arrière des forts, prêtes à se porter au secours des points directement attaqués.
Le général TROCHU se faisait l'écho de cette protestation dans une lettre au Ministre, en date du 2 septembre, dans laquelle, parlant de la garde mobile de Paris, il écrivait : « Peut-être est-ce ici le cas de vous exprimer, avec toute la réserve que je dois, le regret que j'ai éprouvé en apprenant que cette troupe serait fractionnée dans les forts. On ne peut se dissimuler que la spécialité de cette troupe ne réside que dans l'élan qu'elle aurait à une heure donnée, pour repousser, comme réserve, l'ennemi pénétrant sur les remparts, pour faire une sortie latérale sur ses flancs... » Malgré la protestation du Gouverneur, le général de PALIKAO maintint sa décision, qui ne fut, du reste, pas immédiatement
appliquée. Les événements du 4 septembre eurent leur contre-coup à Saint-Maur. Le général BERTHAUT rendit compte au général SOUMAIN, dès le 5, que la veille, des groupes de 200 à 300 individus s'étaient présentés au camp de Saint-Maur, pour emmener les mobiles à Paris, et surtout pour prendre leurs armes ; puis, que, dans la nuit du 4 au 5, un groupe de 500 à 600 hommes s'était présenté devant le XVIe bataillon(3), en criant : « Vive la mobile à Paris ! des armes ! », et traînant avec eux des voitures pour emporter les fusils.
Les mobiles résistèrent à ces premiers groupes, mais dans la matinée du 5, écrivait le général
BERTHAUT, « des meneurs ont pénétré dans le camp et ont excité les gardes mobiles à se rendre à Paris, à l'enterrement d'un de leurs camarades tué par un agent de police... » Le général BERTHAUTajoutait : « Je crois que la meilleure mesure à prendre, serait de mettre le plus tôt possible les bataillonsdans les forts. »
Le lendemain 6, le Gouverneur de Paris, devenu Président du Gouvernement, se vit obligé de prendre, à son tour, la décision contre laquelle il avait protesté quatre jours auparavant. Il prévint, en effet, le général BERTHAUT que « les gardes mobiles de la Seine allaient être répartis dans les forts de Paris, au premier poste du danger. Ils concourront à la défense des abords de la capitale avec leurs camarades des armées de terre et de mer(5) ».
Le Gouverneur indiquait leur répartition et ajoutait que les mouvements ordonnés devraient être terminés le 8. Le général BERTHAUT désigna les bataillons qui devaient occuper les divers forts, mais dès le 8, le mouvement à peine commencé, des modifications furent apportées à cette répartition et les changements se continuèrent jusqu'à la fin de septembre. Les mobiles finirent cependant par rejoindre leurs emplacements définitifs : il y eut alors douze bataillons à Saint-Denis et dans les forts qui en dépendaient, trois bataillons dans les forts de Vanves et Issy (IVe, Ve et IXe) et trois autres à l'intérieur (VIe, VIIe et VIIIe) à la disposition du Gouverneur. Dès le 8 septembre, les mobiles de la
Seine passèrent sous les ordres du général SOUMAIN, et le général BERTHAUT dont le
commandement était supprimé fut placé à la tête d'un division de bataillons de mobiles de province.
VAREUSE DE GARDE MOBILE FIN DU CONFLIT (photo B.Malvaux)