Bonjour à vous tous,
Comme promis voilà la suite du petit article de la semaine dernière. J'y évoque, la vie au régiment pour l'homme du rang, les cadres subalternes et les sous-officiers.
Nous avons vu dans l'article précédent que l'incorporation de nos jeunes recrues a lieu majoritairement pour la plupart, au début octobre de chaque année. La durée de service sous les drapeaux n'étant déterminée que lors du conseil de révision, les jeunes allemands sont soumis à des temps d'appels différents. Cette inégalité connu de tous est admise en Allemagne, sans protestation.
L’Allemagne applique depuis 1860 une conscription régionale et nos jeunes appelés sont pour la plupart affectés dans une unité de leur province d'origine. Seuls les Alsaciens et Lorrains sont appelés à servir dans d'autres régions, ainsi que les Polonais qui sont envoyés en dehors de Posnanie ou de Prusse occidentale. Les recrues de la garde sont quant à elles recrutées dans toutes les provinces. Cette « élite » physique du contingent est sensé être représentative de la grandeur et de la puissance de l'empire. Une jeune recrue de très haute taille, vigoureux, bien proportionné, de vue et de dentition irréprochable à de grandes chances de rejoindre Potsdam pour y être inscrit sous les contrôles du 1er régiment de la garde à pied.
Les normes d'aptitude médicale en vigueur :Pour rappel, nos jeunes recrues ont été lors de leur recrutement soumis à une visite médicale. Voici quelques critères qui ont pu déterminer de leur affectation et par voie de conséquence de leur temps d'appel sous les drapeaux.....
Garde : taille minimum 1,70 m
Cavalerie légère de la Garde : minimum 1,65 m avec poids maximum de 70 Kgs
(Il faut que la moitié au moins des recrues de la garde, à l'exception de la cavalerie légère et des troupes de télégraphie, aient au moins 1,75 m.)
Infanterie et troupes de télégraphie : taille 1,54 m minimum
Chasseurs : taille 1,54 minimum, 1,75m maximum
Cuirassiers et Uhlans : taille 1,67 minimum, 1,75 maximum
Dragons et Hussards : taille 1,57 minimum, 1,72 maximum
Artillerie à cheval : taille 1,62 m, 1,75 maximum
Artillerie montée : taille 1,62, maximum non prévu
Artillerie à pied : taille 1,67 m, maximum non prévu
Pioniers et troupes de chemin de fer : taille 1,62 m, maximum non prévu
Aérostiers : taille 1,62 mini, maximum non prévu
Train : taille 1,57m maximum non prévu
le règlement stipule qu'en plus de ces normes médicales, il est à prendre en compte :
a) à la garde : On doit affecter à la garde les jeunes gens les plus doués au point de vue de l'intelligence et de la conformation corporelle. Ils doivent de plus avoir eu une conduite exemplaire.
b) Chez les chasseurs : doivent y être affectés les jeunes gens les plus agiles.
c) Dans la cavalerie, artillerie à cheval, train : les jeunes gens ayant l'habitude du cheval et ne dépassant pas le poids de 70 kilos pour la cavalerie lourde et l'artillerie à cheval, et 65 kilos pour la cavalerie légère.
d) Dans l'artillerie montée et à pied : on doit leur affecter des hommes robustes.
e) Chez les pioniers et troupes de chemin de fer : choisir de préférence des ouvriers habitués au travail en plein air. Les jeunes gens destinés aux troupes de chemin de fer doivent en outre pouvoir distinguer nettement les couleurs : vert, rouge, blanc et connaître la langue allemande.
f) Chez les aérostiers : hommes solides et adroits, ne pesant pas moins de 70 kilos.
g)Dans les chasseurs à cheval : Les recrues qui leur sont destinées doivent remplir les conditions exigées pour la cavalerie légère, avoir une grande habitude du cheval, une conduite exemplaire, une bonne vue, savoir bien lire et écrire l'allemand.
h) Dans les troupes de télégraphie : On ne doit leur affecter que des hommes intelligents que leur métier préparait au service spécial de l'arme.
Revue de paquetage....Habillement : le soldat allemand est richement doté en effets d'habillement. Il n'existe pas de prescriptions réglementaire fixant le nombre des collections à entretenir pour chaque homme, mais dans certains corps ce nombre de collection s'élève jusqu'à six. A titre d'exemple nous donnons la composition des tenues entretenues :
a) par un corps qui n'est pas stationné dans une grande ville : 1° collection de guerre ; 2° collection de parade ; 3° collection de réserve (pour les revues) ; 4° collection pour le service de place ; 5° collection de ville ; 6° collection d'exercice.
b) pour les corps stationnés dans une grande ville : 1° collection de guerre ; 2° collection de parade ; 3° collection pour le service de place ; 4° collection de ville ; 5° collection d'exercice.
Ces collections comprennent tous les effets d'habillement sauf le manteau qui ne figure que dans trois ou quatre collections, il en est de même des effets de grands équipements.
Les hommes n'ont pas, bien entendu ces diverses collections entre leurs mains. Ils en ont deux ou trois au maximum, les autres sont déposées au magasin de l'unité.
Logement et couchage : Les conditions dans lesquelles se trouvent logés les hommes varient évidemment beaucoup, suivant qu'ils occupent d'anciennes casernes ou des bâtiments nouveaux. Les chambres sont ordinairement aménagées pour dix à douze hommes. Chaque soldat possède une petite armoire fermant à clef, dans laquelle il doit enfermer tous ses effets.
Comme couchage, chaque homme est muni :
d'un châlit en fer à fond de bois (deux châlits sont superposés de manière à former un lit à deux étages), une paillasse, un oreiller en paille avec taie, une paire de drap ; deux et en hiver trois couvertures de laine.
Alimentation et cantine :L'alimentation allouée en nature comporte trois repas avec une ration de 750 grammes de pain ou de 500 grammes de biscuits par jour.
Les repas du matin et de midi sont toujours des repas chauds, celui du soir peut être froid ou chaud, notamment en été, et dans ce cas il peut être préparé et distribué peu après le repas de midi. Les repas comportent en général :
matin : café (avec ou sans lait), ou soupe.
À midi : légumes et viande
le soir : ou repas froid (fromage ou charcuterie), ou repas chaud (pomme de terre en robe de chambre avec hareng ou charcuterie).
Les repas sont pris en commun dans les réfectoires, situés à proximité des cuisines, la distribution se fait individuellement, chaque homme venant la chercher dans un récipient en faïence. C'est seulement à partir de 1899 que le soldat reçoit un repas du soir : auparavant il était obligé de l'assurer au moyen de sa solde (depuis 1899 cette dernière a été diminuée d'une somme de 0,1625 fr (montant du prix du repas du soir), qui a été reportée au budget au titre des subsistances). Le soldat allemand touche au début du 20ème siècle dans l'infanterie 22 pfenning par jour, soit 0,275 francs de l'époque. Des foyers du soldat existent dans tous les corps et mettent à disposition des hommes à un prix très modique, des aliments, des boissons de bonne qualité et un certain nombre d'objets de la vie courante. Les achats dans ces foyers sont interdits aux familles d'officiers mariés.
Les cantines sont gérées soit, par une gestion directe du corps, soit déléguée à une entreprise (autant que possible tenue par un ancien sous-officier invalide). Cette entreprise paye au corps pour les droits d'exploitation, une certaine somme qui est répartie entre les sous-officiers et les hommes de troupes.
Des sous.......La solde des hommes de troupes (lohnung) est payée d'avance mais par décade. C'est à dire les 1er, 11, et 21 de chaque mois. Afin de vous faire une petite idée de ce que pouvait être une solde de l'époque, je vous ai joint un petit tableau en annexe 1.....
Particularités :
A - La solde à l'hôpital
Les hommes de troupes entrant à l'hôpital cessent d'avoir accès à la solde normale. Elle est remplacée par une solde dite « d’hôpital » d'un montant identique pour toutes les armes :
1- Sergent-major et assimilé : 0,625 Frs jour
2- Vize-Feldwebel et assimilé : 0,50 Frs jour
3 – Sergent et assimilé : 0,375 Frs jour
4 – Sous-officier et assimilé : 0,25 Frs jour
5 – Gefreiter et soldats : 0,0375 Frs jour (plus une indemnité directement versée à la famille de la recrue allant de 1,875 Frs pour un sergent-major à 0,625 Frs pour un rengagé. La famille de l'appelé sous les drapeaux ne touchant rien.)
cette solde leur sera versée comme d'habitude les 1er,11 et 21 de chaque mois mais, au terme échu au lieu de l'être par avance. Petite remarque, les engagés volontaires d'un an n'ont pas le droit aux soins gratuits comme les sous-officiers et les hommes de troupes. Ils ne sont admis à l’hôpital que moyennant le « provisionnement » des frais évalués à 1,50 Frs par jour.
B – La solde des hommes punis : tout homme punis d'arrêt ferme voit sa solde passer à 0,1875 Frs jour.
C - Indemnités diverses : peuvent s'ajouter à la solde de base des indemnités de déplacements et frais de route (seuls les sous-officiers « portepee » reçoivent l'indemnité de déplacement qui est fixée à 5,625 Frs par jour. Elle se cumule avec la solde mais ne donne pas droit au logement). Les sous-officiers et hommes de troupes touche eux une indemnité kilométrique de 0,0875 Frs par kilomètre, et une indemnité fixe de 1,25 Frs pour le jour du départ et le jour du retour.
Plus exceptionnelle peut venir s'ajouter l'indemnité de revue. Allouée sur ordre de l'empereur, cette indemnité est accordée à tous les sous-officiers et soldats présents aux grandes revues, parades, ou manœuvre impériale passées par l'empereur ou ayant pris par à ces manœuvres soit : 1,25 Frs pour les sous-officiers et 0,625 Frs pour les hommes de troupes.
Il existe également une indemnité pour décorations (allant de 3,75 Frs à 11,25 Frs mensuel suivant la décoration) .
Les choses sérieuses commencent : Ainsi commence la vie militaire de nos jeunes soldats qui ne peuvent pas pendant les 1er temps sortir isolément et ceci aussi longtemps qu'ils ne sont pas à même de connaître les insignes des divers grades et de rendre les marques extérieures de respects réglementaires. Les premiers week-ends sont donc utilisés à les faire promener dans la garnison par leurs gradés, pour leur faire connaître la ville, les logements des officiers, etc.....
Employés de 05h30 le matin à 19h00, nos jeunes recrues n'ont pour ainsi dire aucun temps de libre.
L'instruction : Dès leur arrivée à la caserne, les jeunes recrues sont répartis en escouades. Ils sont séparés des soldats plus anciens et placés sous le commandement de sous-officiers chef d'escouade (Rekrutenunteroffizier) , chargés de leur inculquer les bases de l'instruction militaire. Chaque compagnie comprend 4 ou 5 « classes d'instruction » correspondant au plus à 12 à 14 hommes. Plusieurs ouvrages différents traitent de l'instruction a dispenser, mais en règle générale celle-ci suit toujours à peu près le même format. A savoir :
1ère Semaine : conformément à la prescription du règlement d'infanterie, qui recommande de varier les exercices afin d'éviter la fatigue du corps et de l'esprit, on aborde simultanément presque toutes les parties de l'instruction. C'est ainsi qu'on commence :
Les assouplissements, avec ou sans armes, la gymnastique aux agrès.
Les rassemblements sur un rang, les mouvements individuels sans armes. La marche, les exercices préparatoires de tir et les exercices de mise en joue, les théories.
Puis viennent successivement s'ajouter :
La 2ème semaine : le maniement d'armes, l'instruction du tirailleur en terrain varié.
La 4ème semaine : les exercices d'appréciation des distances, et, pendant les séances de nettoyage et de raccommodage des effets, la connaissance des sonneries.
La 7ème semaine : l'escrime à la baïonnette
La 8ème semaine : Le tir réduit. Au cours de cette semaine, l'officier chargé de l'instruction rectifie les positions de l'arme dans les différents groupes (les maladroits sont confiés aux soins du sous-officier (et jamais du Gefreiter)
La 10ème semaine : le placement et le relèvement des sentinelles, tir réel.
L'instruction des recrues est généralement terminée au bout de 12 à 14 semaines d'instruction, soit en comptant une semaine perdue en raison des congés de Noël, vers la fin du mois de février, début du mois de mars.
L'inspection des revues marque la fin de la première période d'instruction, passée en grande pompe par le chef de corps en présence de tous les officiers disponibles de la garnison ; elle décide de l'admission définitive des recrues dans le rang, à côté des anciens soldats.
La deuxième période d'instruction comprend elle, l'école de peloton et l'école de compagnie ou les jeunes soldats et différents cadres intervenant apprennent à se familiariser à travailler au niveau compagnie. C'est sur cette période que notre compagnie exécutera les travaux pratiques de campagnes, et les marches de printemps, avec le chargement complet.
Avec l'été, on se rendaient au camp, où évoluait toute la brigade ou toute la division. Le jour, courses à perdre haleine qui ont valu auprès du soldat une fâcheuse célébrité aux cailloux du Lechfeld, aux sables de Lockstedt et à l'argile détrempée d'Elsenborn. La nuit, l'insuffisant repos dans les baraquements de tôle ondulée que la chaleur du jour a surchauffés. Il ne faut rien de moins que ces fatigues pour achever de former le soldat du type recherché, celui qui d’instinct, au commandement, exécute le mouvement voulu, et l'exécutera sous le feu de l'ennemi comme au champs de manœuvre.
Vous trouverez en annexe 2 la composition typique d'un sac d'infanterie de campagne
Cette deuxième période se soldera par une inspection du bataillon qui aura lieu au début des manoeuvres d'automne. Puis interviendra l'inspection du régiment (par le commandant de brigade), celui de la brigade (par le général de division)....
En bref l'instruction du soldat allemand n'était jamais achevée....
Seuls quelques jours semblaient amener un peu de repos à nos conscrits, tel que le jour du serment au drapeau, de la fête du régiment, celle du chef honoraire du régiment.
Le serment au drapeau : Le premier acte officiel de tout jeune allemand incorporé est le serment au drapeau. Environs 15 jours après son incorporation, et après qu'on lui ait expliqué et appris les principaux articles du code pénal militaire, notre jeune recrue est préparé à l'importance du serment qu'il va prêter par une allocution de l’aumônier militaire. La cérémonie se passe, autant que possible, dans un édifice affecté au culte. Le drapeau y est apporté et les jeunes recrues jurent à leur souverain de le servir fidèlement et loyalement sur terre et sur mer, en temps de paix comme en temps de guerre ; d’obéir à tous les ordres qui leur sont donnés et de se comporter toujours comme des soldats braves, honnêtes et dévoués. Entouré par un cérémonial lui donnant toute sa solennité ce serment au drapeau est un acte important pour le jeune soldat, Autorisé à toucher le drapeau d'une main s'ils ne sont pas trop nombreux, nos recrues en cas de surnombre prêtent serment en levant la main droite. Ces cérémonies officielles attirent beaucoup d'autorités civiles et militaires de haut rang, ainsi que les familles de nos recrues qui peuvent se rendre à la cérémonie.
A titre d'information, l'empereur en personne préside le serment de fidélité des jeunes recrues de la garde.
Permissions : Les permissions sont octroyées à pâques, noël, à l'automne, pendant « la vacance des recrues ». Les trains sont alors bondés de militaires revêtus de leurs plus belles tenues qui vont parader pendant quelques jours dans leurs villes ou villages d'origine.
L'année militaire se terminait dans la deuxième quinzaine de septembre. Après la fin des manœuvres d'automne et le retour des troupes dans leurs garnisons, les hommes libérables se préparaient au départ. Les boutiques des abords des casernes étalaient à leurs vitrines toutes sortes d'objets de circonstances ; pipes, choppes, gourdes, avec la devise du moment « Mot d'ordre : au pays », « Vive la réserve », « La réserve va se reposer ». Bientôt les soldats dont s'était achevé le temps de service apparaissaient dans les rues : on les reconnaissait à leurs pattes d'épaules roulées, à la canne qu'ils tenait à la main, ornée de la dragonne aux couleurs de la compagnie. Eux qui étaient hier encore si déférents, ne saluaient plus les officiers. La réserve était au repos.
Entre le départ de la plus ancienne classe de recrues et l'arrivée de la nouvelle, s'écoulait le bref intervalle qu'on appelait « vacance des recrues ». Des hommes partaient en permission, d'autres étaient conduits aux champs de bataille historiques du régiment. On nettoyaient les casernes, on réparait les effets qu'une administration économe utilisait jusqu'à la limite extrême du possible. Les cadres prenait aussi quelques repos en attendant qu'octobre ramène , avec le nouveau contingent, l'habituelle série d'occupations du calendrier militaire.
Revenons à nos moutons.....Maintenant que nos jeunes recrues ont eu tout loisir de découvrir les rudiments de la vie militaire et ses composantes. Découvrons ensemble le personnel que nos jeunes appelés vont côtoyer pendant deux années :
Les engagés volontaires : deux sortes
Engagés volontaire devançant l'appel, il n'y a rien de particulier à signaler sur cette catégorie de soldats qui sont soumis au régime commun de la caserne.
Engagés volontaires d'un an :Ce statut applicable en principe à tous les allemands peut seulement être assumé par les tranches les plus aisées de la population. Dégageant l'empire de toute contrainte financière (les engagés d'un an ou leur famille assument eux même le logement, l'alimentation, et l'équipement du postulant) sont une manne pour l'armée impériale.
Déjà évoqués dans l'article précédent, ces soldats sont reconnaissable à leurs uniformes de drap plus fin et mieux coupé, ainsi qu'à leurs pattes d'épaules bordées d'un liseré aux couleurs nationales. A la fin de son année de service, l'engagé volontaire d'un an coudra soit à son collet droit le bouton de Gefreiter soit le large galon doré de sous-officier. Il emportera également avec lui, le certificat d'aptitude au grade sous-lieutenant de réserve. Pour obtenir ce grade il devra obtenir deux périodes d'instruction : la première comme sous-officier ; la deuxième comme « vicefeldwebel » (vice sergent-major). Si au cours de ces périodes il fait preuve d'aptitudes suffisantes, et si en outre, le vote des officiers de son district lui est favorable, il recevra le brevet de « leutnant der réserve » (qui correspondait au grade de sous-lieutenant). Son nouveau grade l'obligera à des périodes d'instruction, trois en général, pendant le temps que sa classe passe dans la réserve. En compensation de ces charges, il aura la fierté d'appartenir à un corps dont l’accès est scrupuleusement surveillé ; l'uniforme qu'il portera lors des manœuvres, des fêtes, de diverses cérémonies civiles ou militaires, le rendant « hoffahig » (recevable à la cour), et lui donnera le pas sur la plupart des fonctionnaires civils, même des plus hauts placés.
Les Kapitulants :Les rengagés non-sous officiers sont soumis au même régime que les hommes de troupes. Les seuls avantages dont ils bénéficie étant ; une prime de 125 frs payable au 1er rengagement, et une solde plus élevée. Cette solde est identique que notre homme soit Gefreiter ou simple soldat. Les Kapitulants sont pour la plupart volontaire pour intégrer le corps des sous-officiers.
Depuis 1900 les soldats de l'infanterie, de l'artillerie montée ou du train peuvent s'ils le souhaitent faire une troisième année de service. Déjà formés, ils sont utilisés pour aider les sous-officiers dans l'instruction des recrues. Ces périodes de rengagement sont déduites de leurs temps à effectuer dans la réserve. Ils touchent pour cela une prime de rengagement de 62 fr 50 et un supplément de solde mensuel de 3 fr 75.
Fahnenjunker : Les Fahnenjunker seront traités avec un prochain article sur les Officiers
Gefreiter (soldat de 1ère classe assimilé dans l'armée Française à un caporal).
Intermédiaire entre les sous-officiers et les hommes de troupe. Ce ne sont pas des gradés, ils forment plutôt une classe supérieure, une élite dans les différentes unités, compagnies, escadrons. Ils n'ont pas le droit au salut et n'exercent un commandement effectif que lorsqu'ils sont chargés d'un service ou d'une mission bien définie, et pendant le temps de leur durée seulement. Ils remplissent souvent les fonctions d'instructeur, de chef de chambrée et peuvent éventuellement être chefs d'un petit poste ou remplacer un sous-officier absent. Il en résulte qu'ils ont sur les hommes de troupe une action réelle. Les Gefreiter touchent une solde supérieure à celle de simple soldat. Dans l'artillerie ont trouve des Obergefreiter (assimilé à des caporaux chefs) dont la solde est plus forte que celle des Gefreiter et qui sont intermédiaires entre les Gefreiter et les sous-officiers.
Les sous-officiers : Il existe dans l'armée deux catégories très distinctes de sous-officiers dans l'armée impériale. La première est appelée « mit portepee » c'est à dire avec dragonne (portant le sabre) et l'autre est appelée « ohne mit portepee » c'est à dire sans dragonne (portant l'armement traditionnel de la troupe). Un petit tableau récapitulatif situé en fin d'article vous donnera les grades, leurs correspondance avec ceux de l'armée française de l'époque et la classe à laquelle ils appartiennent.
Nous avons vus que le soldat appelé ne dépassait généralement pas de grade de Gefreiter. Pour devenir sous-officier, il fallait être « kapitulant », c'est à dire engagé pour une durée supérieure à la durée normale du service, ou provenir d'une école de sous-officier. Au nombre de neuf dans l'empire, dont une pour la Bavière, les écoles de sous-officiers recevaient les jeunes gens âges de 17 ans au moins, aptes au service, pourvus d'une bonne instruction primaire qui, une fois admis, accomplissaient deux années d'études et de préparation. Certains provenaient déjà d'une des huit écoles préparatoires de sous-officiers.
Les écoles préparatoires :Conditions d'accès : être âgé de 15 au moins et de 17 ans au plus. Être reconnu apte médicalement, faire preuve d'une bonne conduite, savoir lire, écrire et connaître les règles de calcul. Les candidats étaient dans un premier temps soumis à un examen scolaire et une visite médicale sous l'autorité du commandant de district de Landwehr. Autorisé à intégrer une école préparatoire, notre candidat sous-officier s'engagera à entrer ensuite dans une école de S/Officiers ainsi qu'à servir dans l'armée d'active, au-delà du temps légal (le double du temps (en mois) qu'il aura passé à l'école préparatoire). D'une durée de deux ans, cette instruction préparatoire a pour but de compléter l'instruction générale tout en commençant timidement l'instruction militaire. Les écoles préparatoires sont pour la Prusse basées à Weilburg, Annaburg,Neuf-Brisach, Juliers, Wolhau, Bartenstein, Grufenberg....
Les écoles de sous-officiers : Elles sont basées à Postdam, Julich, Wetzlar, Weissenfels, Etlingen, Marienwerder, Treptow, Fursfeldbruch (pour la Bavière) et Marienberg (Saxe).
Outre les élèves provenant du recrutement par école préparatoire, les écoles de sous-officiers intègrent aussi les jeunes gens remplissant les conditions suivantes :
avoir au moins 17 ans et moins de 20 ans révolus. Posséder un développement physique suffisant, une bonne instruction et une conduite exemplaire.
A l'issue des deux années d'études, le futur sous-officier entrait au régiment, après avoir signé un engagement de 4 années dans l'armée d'active à la date à laquelle il intègre le corps. Auparavant le temps de scolarité était de 3 ans,et seuls les élèves provenant des écoles préparatoires effectuaient deux ans au lieu des 3. A la fin des cours, les élèves sont versés dans les corps de troupe d'infanterie, d'artillerie ou d'infanterie de Marine comme sous-officiers (pour les meilleurs uniquement), le plus souvent comme Gefreiter ou simple soldats. La cavalerie, les pioniers et les troupes de communication ne reçoivent pas d'élèves sous-officier en provenance de ces écoles. Leur promotion au statut de sous-officier est du strict ressort des corps d'accueil et au fur et à mesure des vacances.
Sous-officiers issus du rang :Ils peuvent provenir soit d'engagés volontaires (admissible à partir de 17 ans), soit d'hommes de la classe (appelés de 20 ans). Les personnels volontaires pour cette formation sont au printemps de chaque année, désignés par leur commandant d'unité pour recevoir une instruction spéciale. Seuls les meilleurs seront retenus, en effet chaque unité recrute ses cadres dans sa propre ressource.
L'instruction spéciale comprend 2 parties :
a) l'instruction générale dispensé par un officier de l'unité
b) l'instruction militaire pratique dispensée par les cadres de la compagnie. Elle comprend notamment ; Ecole du soldat et du peloton, maniement d'arme,tir, instruction du tir, conduite du feu, matériel, nettoyage et entretien de l'arme, appréciation des distances (jusqu'à 1000 mètres), service en campagne, prescriptions pour les marches, cantonnements, service du chef de patrouille, service intérieur de la compagnie, entretien et nettoyage des effets, gymnastique......
De la qualité de l'instruction dispensée au sein de son unité, dépendra bien souvent la valeur des sous-officiers qu'aura le commandant d'unité sous ses ordres.
Notre élève sous-officier le plus souvent simple soldat (s'il n'a pas été directement nommé sous-officier ou Gefreiter en sortie d'école) accède généralement au grade de Gefreiter au bout d'une année de service. Il se voit alors allouer la solde de Kapitulant (rengagé) qui est supérieure à celle de Gefreiter. Les élèves sous-officiers provenant des écoles préparatoires touchent la solde de Kapitulant dès leur arrivée en régiment.
Au début des années 1900 la majeure partie des sous-officiers est issue du rang (75%). Les 25 % restants sont issu des écoles.
Avancement :Un sous-officier ne pouvait prétendre en temps de paix à accéder au statut d'officier (même quand il passait dans la réserve ou la Landwehr). En cas de guerre, seule une action d'éclat pouvait dispenser de passer l'examen d'enseigne (Fahnrich), il était également stipulé dans les textes « qu'une action brillante devant l'ennemi » pouvait aussi dispenser de l'examen d'officier. Toutefois seuls les sergent-majors et les enseignes pouvaient directement être promu pour un grade d'officier. Les autres seront proposés au grade d'enseigne, et seul le chef de corps peut décider si cette nomination devra entraîner ultérieurement une autre proposition pour un grade d'officier.
Néanmoins, il arrivait en temps de guerre être nommé qu'un sous-officier puisse être nommé « Felldwebelleutnant ». Ce titre n'était accordé qu'aux anciens sous-officiers ayant satisfait aux obligations légales du service (active, réserve puis Landwehr) et donc âgé de 39 ans, qui s' était engagé à rester en service en cas de conflit. Il prenait ce grade dans la Landwehr et lui donnait le rang et la solde d'un officier, mais le plaçait après le simple sous-lieutenant. Il portait l'uniforme de Wachmeister ou de Feldwebel mais avec les pattes d'épaules d'un lieutenant et le sabre d'officier.
Les promotions ont lieu à l'ancienneté, seule celle des sergent-majors a lieu au choix.
Le nombre de sous-officiers est en 1902 de 820000 hommes alors qu'en 1913 il est de 110000 hommes.
Situation et avantages du statut :Nous avons vu que pour accéder au grade de sous-officiers nos jeunes aspirants était obligé de s'engager au dessus de la durée légale du service militaire. Ce rengagement leur donnait accès à une prime de 125 Frs. Lorsqu'ils quittait l'armée après une durée de 12 ans minimum, ils recevaient en plus une prime de 1250 Frs.
Voici quelques autres avantages que leurs confèrent leur situation et statut :
1- La solde d'un sous-officier ne comporte ni échelons, ni indice. Elle est identique pour tous les sous-officiers du même grade quelle que soit son ancienneté.
2- Leur tenue est taillée dans le même drap que la troupe, mais renouvelée plus régulièrement.
3- Logement : les sous-officiers sont logés à deux par chambre, seul le sergent-major est seul. Les sous-officiers mariés occupent en général un pavillon isolé ou de petits logements convenable dans la caserne. Ceux qui pour des raisons de manque de place sont logés à l'extérieur, touche à titre de compensation une prime de logement.
4 - Le couchage des sous-officiers est différent de celui des hommes de troupes car ils on en plus de la paillasse droit à un matelas. Leur traversin est également rembourré en crin au lieu de paille.
5 - Les sous-officiers « portepée » n'ont pas besoin d'autorisation pour sortir après l'appel du soir. Les autres jouissent d'une autorisation permanente d'une heure après l'appel.
6 -Les sous-officiers ont droit à un homme de corvée pour nettoyer leurs effets, panser leurs chevaux et entretenir leur harnachement.
7 - Mariage : le règlement stipule que les chefs de corps ne doivent pas perdre de vue, pour accorder une autorisation de mariage à un sous-officier, qu'il est désirable que ce dernier ne se marie que s'il a le grade de Sergent. La « belle » devrait également avoir une position sociale en rapport avec la situation du sous-officier.
En tout état de cause, aucun accord de principe ne sera donné par le chef de corps tant qu'une somme de 375 Frs ne sera pas versée à titre de provision dans les caisses du corps en cas de maladie, d'accident.....
8 - Les frais de scolarité des enfants de sous-officier, comme ceux des hommes de troupe d'ailleurs, leurs sont payés intégralement depuis l'age de 5 ans à 14 ans révolus. Les médicaments nécessaires à leur famille sont également distribués gratuitement.
9 - Tout sous-officier peut rester en service dans un corps de troupe aussi longtemps que son état de santé le lui permet. S'il quitte l'armée après 12 ans, il a droit en principe à un emploi civil ou dans l'administration militaire, et à la prime de 1250 frs. S'il reste en service plus de 18 ans, il a droit à une pension de retraite minorée. Si il reste dans son corps jusqu'au bout il atteindra la pension de retraite de 630 Frs mensuel qui lui sera acquise au bout de 36 ans de service.
Effectif d'une unité élémentaire :On retrouve approximativement le même encadrement dans chaque unité élémentaire de l'armée allemande, à savoir pour une compagnie, un escadron ou une batterie montée :
1 Feldwebel (Sergent-major)
1 Vize-Feldwebel (Vice Sergent-major)
1 Fahnrich
4 ou 5 Sergents
8 ou 9 Sous-officiers (9 pour un escadron, 10 à 12 dans l'artillerie)
12 à 14 Gefreiters (y compris les rengagés) – 18 ou 19 dans la cavalerie – 12 dans l'artillerie montée.
Rôle de chacun :
Le Feldwebel (ou wachmeister dans la cavalerie) : Le Feldwebel est l'homme de confiance du commandant d'unité. Il est chargé de surveiller constamment les Sous-officier et hommes de troupes que ce soit à l'occasion du service ou en dehors. Il organise le service et communique chaque jour à l'occasion de rassemblement, les ordres donnés par le commandant d'unité. Dans les armes montées, il est aussi chargé de diriger le service des écuries et les casernements.
Le vize-Feldwebel (ou vizewachtmeister dans la cavalerie) : Il est chargé de remplacer le Feldwebel en cas d'absence. Il est surtout chargé de l'instruction et peut suppléer un officier dans la conduite des séances de tir.
Des emplois subalternes dévolus aux sous-officier sont confiées aux hommes par le commandant d'unité en fonction de leur aptitude à exercer ces emplois. On y trouve les emplois suivants :
Garde magasin (Kammerunteroffizier ou quartiermeister) : Il est chargé de tout ce qui concerne l'habillement et l'équipement. Il reçoit les effets , les entretient et surveille les ouvriers de l'unité. Il a en route, la surveillance du chargement des voitures régimentaires.
Comme les armes montées ne possèdent ni fourrier, ni sous-officier tir, le garde magasin est en outre chargé de toutes les perceptions de vivres et de fourrage. Dans la cavalerie il est responsable de la surveillance des armes et munitions. Le garde magasin touche en plus de sa solde une indemnité spéciale de 3,75 Frs mensuel pour l'infanterie (5,60 Frs dans la cavalerie et 4 Frs dans l'artillerie).
Le fourrier (Fourierunteroffizier) : Il est chargé de tout ce qui concerne le casernement et les vivres. Il reçoit et distribue aux hommes le pain, le chauffage, l'éclairage et la literie. A l'occasion des marches, il est en principe chargé du logement. En manœuvre et en campagne, il reçoit et distribue les vivres, le fourrage, la paille et le bois de chauffage. Il touche en plus de sa solde une prime de 3,75 Frs mensuel.
Le sous-officier chargé des fourrages (Futtermeister) :
Il est responsable de leur perception et de leur conservation. Il en fait la distribution et surveille les repas des chevaux. Il touche en plus de sa solde une prime de 3,75 Frs mensuel.
Le sous-officier tir (Schiessunteroffizier) : Tient les contrôles de tir, il est chargé de la surveillance de tout le matériel de tir, des armes et des munitions. Il touche en plus de sa solde une prime de 3,75 Frs mensuel.
Les sous-officiers chefs d'escouade : Pour le service intérieur, la compagnie est divisée généralement en 6 escouades, groupées en deux ou trois inspections commandées chacune par un officier. Les sous-officiers chef d'escouade sont chargé de la surveillance dans le service et en dehors, des hommes (15 à 20) qui font partie de leur subdivision. Ils sont responsables de la tenue, de l'entretien des effets, des soins de propreté. Dans les arme montées ils ont également la surveillance des chevaux, et dans les batteries, celle du matériel.
Les Rekrutenunteroffiziers : Ces sous-officiers (chefs d'escouades) sont chargés de l'instruction des jeunes recrues. Ils agissent sous l'autorité d'un officier (souvent le plus jeune après qu'il ait acquis l'expérience nécessaire) avec l'aide des Gefreiters les plus doués pour dispenser de l'instruction. Ils sont désignés avec le plus grand soin par leur commandant d'unité et sont instruits (en même temps que quelques soldats anciens possédant de bonne aptitude) sur la période comprise entre le départ de la classe et l'arrivée des recrues.
Le Fahnrich n'est pas à proprement parlé un sous-officier, il ne compte dans leur rang que jusqu'au jour où il accède à l'épaulette.
Au dessus du grade de sous-officier, venait le sergent, qui ne parvenait à son grade qu'à partir de 5 ans et demi de service. La hiérarchie des sous-officier se poursuivait par les grades de « vicefeldwebel » (vicewachtmeister dans la cavalerie) et de « Feldwebel » (Wachtmeister). Enfin venait le « Fahnrich » (enseigne) qui n'était pas un sous-officier de carrière, mais un aspirant au grade d'officier.
Correspondance des grades d'après le livre « recueil de documents militaires allemands de la grande guerre 14 18 » par l'officier interprète Grifon – (ESM St Cyr - 1920):
Officiers générauxGeneral Feldmarschall : Maréchal de France
General Oberst : Général commandant d'armée
Général : Général de corps d'armée
Généralleutnant : Général de division
Généralmajor : Général de brigade
Officiers supérieurs :Oberst : Colonel
Oberst major : Lieutenant-colonel
Major : Chef de bataillon
Officiers subalternes :Hauptmann ou Rittmeister : Capitaine
Oberleutnant : Lieutenant
Leutnant : Lieutenant
Sous-Officier (mit portepee)Stabsfeldwebel : Adjudant-chef de plus de 12 ans de service
Hauptfeldwebel : Adjudant-chef
Oberfahnrich Feldwebel Oder : Aspirant de 1ère classe
Wachmeister : Adjudant
Fahnrich : Aspirant de 2ème classe
Sous-officier (ohne portepee)Unterfeldwebel ou Unterwachmeister : Sergent-chef
Unteroffizier : Sergent
Hommes de troupes :Unteroffizier-Anwarter : Elève sous-officier
Stabsgefreiter : caporal de plus de 12 ans de service
Obergefreiter : caporal-chef
Gefreiter : caporal ou brigadier
Oberschutze : soldat de 1ère classe
Schutze : soldat de 2ème classe
nous continuerons plus tard avec les musiciens et les gendarmes qui possèdent un statut particulier..... à suivre