bonjour, voici un texte extrait du livre "Dans le Pays d'Artois", de 1948 par Fleury Cresson
Ce gros village s'étendait aux pieds de la colline de Notre-Dame de Lorette, le long du ruisseau de Saint-Nazaire, s'enfonçant comme un coin entre entre Carençy et le plateau de N-D de Lorette. Il était donc normal que l'ennemi s'y retrancha^t puissamment, afin de défendre la sortie de Souchez. Cela lui était d'autant plus facile que tout le terrain autour d'Ablain et de Carency formait saillant observatoire; les Allemands tenaient don le pourtour.
Pour peu qu'ils ajoutassent ç ce système défensif la "tranchée" même d'Ablain, avec ses maisons transformées en blockhaus, son église devenue un excellent observatoire et ses rues aménagées en défilés, la position devenait extrêmement forte.
les Allemands ont défendu ce "fortin" avec un acharnement inouï lors de l'attaque du 9 mai.
Les Français se sont vite aperçus que sa conquête était devenue indispensable si nous voulions "liquider" la première phase de la bataille d'Artois.
Ce fortin est presque réservé à la 70e division (Fayolle) du 33e corps qui doit, par orre du général d'Urbal "donner la main" au 21e corps qui se trouve en difficulté sur le plateau de Lorette. Pendant que les Français dépassent au Nord, la Chapelle de plusieurs centaines de mètres vers l'éperon de souchez, la 70e division commence par enlever Carency (le 12 mai, Carency, village fortifié par les Allemands, et le bois 125 tombent aux mains des Français.
Dès 9h30, le 13 mai, le 33e corps rend compte de la prise d'Ablain par la 70e division. En réalité les Français ne sont maîtres que d'une fraction du village et il faudra attaquer à nouveau. Le général d'Urbal pousse le 2e et 33e corps afin qu'ils activent l'investissement d'Ablain dont la conquête conditionne tout le succès de l'offensive dans ce secteur.
La tâche de la 70e division sera facilitée par l'intervention de la 13e division qui se trouve à l'aile droite du 21e corps. Cette unité aura pour objectif d'enlever l'éperon de Blanche-Voie qui domine la partie d'Ablain occupée par l'ennemi.
Une première attaque échoua le 17 mai; le 21, dans l'après-midi, les tranchées allemandes de Blanche-Voye sont assaillies vers le nord, l'ouest et le sud. L'attaque de l'ouest n'attend pas la fin du tir d'artillerie, bondit sur la tranchée, signale par fanion ses progrès aux batteries et enlève la ligne ennemie.
Dans la nuit du 21 au 22 mai, les Français tiennent tout l'éperon de Blanche-Voie. Aussitôt, la 13e division reçoit l'ordre de venir en aide à la 70e, en gagnant du terrain vers la lisière nord d'Ablain. Au Sud de ce village, le 33e corps a multiplié ses attaques en vue de réduire le fortin. Elles sont notamment dirigées sur le cimetière où les Allemands se sont puissamment retranchés.
D'heure en heure l'étau se resserre autour du village. le 23 mai, une première attaque de la 70e division échoue devant l'îlot est d'Ablain. De son côté, le 21e corps échoue dans son attaque sur l'Abatis. Mais d'Urbal est intraitable: il faut prendre Ablain, il faut vider l'abcès.
C'est au 360e RI (col. Piazza) que revient l'honneur d'avoir précipité le mouvement en enlevant le cimetière d'Ablain.
A 18h00, après un copieux arrosage de 58 dirigé par l'enseigne de vaisseau Barbin sur les maisons d'Ablain, les colonnes d'attaque s'ébranlent. Il y a là les compagnies du 5e bataillon (cap. Arnault) 17 à 20, et celles du 6e bataillon (cap. Foessel) 21 à 24).
La 22e compagnie (Rozières), enveloppe aussitôt le cimetière. Plus à gauche, la 20e (Brücker) pénètre dans la ligne ennemie et la section de l'adjudant Biset prend à revers les défenseurs du cimetière, qui, affolés et soumis à un feu d'enfilade, se rendent à l'assaut définitif mené par le lieutenant Rozières.
La progression se poursuit jusqu'à une nouvelle tranchée (Les Saules) dont s'empare la section Baudet.
La section de gauche de la 20e (Ad. Chazot et sergent Bavière) se porte à son tour en avant, mais ne tarde pas à se heurter à un redoutable fortin, la Maison Blanche, qui est située à un carrefour de la grande route d'Ablain. le sergent Bavière de la 20e, et l'adjudant Eloi, de la 24e, arrivent ensemble dans la maison. Plusieurs Allemands sont tués, les autres se rendent.
Enfin plus à gauche, la 19e (Bapot) avance de 400 mètres en terrain découvert, s'empare d'une longue tranchée, cependant qu'à l'extrême gauche, une section de la 18e, commandée par le sergent Castaing, attaque le presbytère. les 80 Badois qui se sont retranchés dans ce dernier fortin jettent bas leurs armes et crient "Camarade!"
Le combat n'a pas duré un quart d'heure. A la nuit tout l'îlot de maisons au sud de l'eglise est pris, ainsi qu'un grand nombre de mitrailleuses.
Au nord d'Ablain, au croisement du chemin de terre et d'une route qui longe la voie ferrée de Carency à Souchez, les Français prennent d'assaut un fortin, dit des Quatre Boqueteaux, après un combat d'une demi-heure à coups de grenades. Vers minuit, une contre-attaque sur les tranchées d'Ablain est repoussée.
Pour ce bel exploit le 360e RI reçoit sa première citation.
Le 29 mai dans la matinée, s'achève la conquête de ce village coriace. Il ne reste que l'église à prendre. Ce sera l'affaire du 237e RI, notamment, qui a relevé le 360e la veille. L'îlot de résistance abrite le reste de trois compagnies. Une vingtaine d'hommes sont faits prisonniers, le reste est tué.
Dans l'après-midi les Français tiennent tout Ablain, la route est devenue livre en direction de Souchez, ce qui coûta de nombreuses pertes.
Dans les jours qui vont suivre, le 33e corps ira conquérir la redoutable sucrerie de Souchez (31 mai-1er juin) pour s'arrêter à nouveau devant Souchez, dont la chute demandera de longs mois.
a+, Rom