Bonjour à tous, je vous présente une photo réalisée début octobre 1915, posée sur une publication du comité catholique de propagande
française à l'étranger, "Arras sous les obus", une édition de 1915, écrit par l'abbé E. Foulon et préfacé par Monseigneur Lobbedey, évéque
d'Arras (ainsi que Boulogne et St-Omer, décédé le 24 décembre 1916). Ce recueil relate l'histoire de cette ville martyre, éprouvée par la
guerre, qui assistera au départ brutal de l'occupant allemand arrivé le 31 août 1914 et prendre la direction d'Amiens le 8 septembre.
Mais la tranquilité ne sera que toute relative dans les mois qui suivront. Le lion qui figure sur le cliché est une victime des bombardements,
en effet, il tombe à terre avec l'ensemble du beffroi le 21 octobre 1914, il sera relégué avec l'ancien lion (présent depuis 1833) au musée.
Le lion d'Arras à l’exposition des œuvres d’art mutilées.Au grand regret du chroniqueur du Télégramme qui ne manque pas d’un certain humour dans ses propos, le lion du beffroi d’Arras s’en est allé à Paris pour être montré à la vue des belles madames et des messieurs fatigués (hum !) de Paris , dans le cadre de l’Exposition d’œuvres d’art mutilées ou provenant des régions dévastées par l’ennemi,qui est présentée au Petit Palais du 25 novembre 1916 à décembre 1917.
C’est Charles Humbert, vice-président de la commission sénatoriale des armées mais aussi directeur du Journal, qui est à l’initiative de cette exposition. Dès février 1916, avec le soutien de Paul Ginisty, inspecteur général des Monuments historiques, il demande la concession temporaire du Petit Palais à Marcel Delanney, préfet de la Seine. Bien que cette autorisation ne relève pas de sa responsabilité mais de celle de la ville de Paris, Humbert reçoit un accord à la condition que l’équipe du Petit Palais soit l’organisatrice de l’exposition en la personne de son conservateur Henry Lapauze, assisté de son attaché Adrien Fauchier-Magnan. Selon cet accord, Paul Ginisty et Charles Humbert sont responsables du choix, de la collecte et du rapatriement des objets, tandis qu’Henry Lapauze et son équipe prennent en charge la mise en scène des objets et l’édition d’un catalogue.
En plaçant ce patrimoine comme témoin et victime des atrocités allemandes, cette exposition contribue à la culture de guerre. Afin d’attiser l’opinion publique, les visiteurs découvrent au fil d’un parcours bien pensé des objets en provenance des dix départements de la ligne de front (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Oise, Marne, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Alsace française et les Vosges). Les objets ou œuvres sont présentés selon certains angles, avec trois profils dominants :
*emblématiques pour les villes de Reims et d’Arras,
*fantômes pour Gerbeviller,
*ou reconquis héroïquement pour Vermelles et Carency.
Collectés par Paul Ginisty en divers points du front avec l’autorisation du Grand Quartier général, les objets sont emballés, assurés et expédiés aux frais du prêteur dans des caisses portant la mention "Conservateur du Palais des Beaux-arts. Petit Palais" pour faciliter le passage des deux octrois de la gare d’Aubervilliers et de la gare de La Chapelle.
Ces hommes du 239eme RI, pausent pour la postérité à côté du Lion d'Arras, symbole de leur engagement, le 25 septembre 1915.
à Neuville-St-Vaast.Le 8 octobre, le Régiment est relevé sur les positions qu'il a tenues dans un combat incessant et dès le 10, dans
un secteur nouveau, il occupe devant Arras les centres de résistance, Entonnoir et Chantecler.Le parcours de certaines pièces est bien connu, à l’exemple des objets en provenance d’Arras qui composent la section la plus importante de l’exposition par leur nombre. Ayant notifié qu’il souhaitait des pièces de grandes dimensions, spectaculaires et surtout significatives, Paul Ginisty sélectionne ces objets avec l’autorisation du maire d’Arras Rohart, du doyen de l’église Saint-Nicolas et de l’abbé Miseron. Dans ce cas précis, leur transport est pris en charge par la mission militaire française attachée à l’armée britannique, service des réquisitions et évacuations d’Arras. Réparties dans quatorze colis, les œuvres arrivent à Paris par wagon plombé et sont réceptionnées à la gare du Nord le 5 octobre 1916.
Le lion d’Arras est assurément l’une des pièces les plus spectaculaires de l’exposition.
(Source: Archives du Pas-De-Calais/Découvrir/Chroniques de la Grande Guerre/A l'écoute des témoins)
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