Bonjour à tous, une série de photos représentant un soldat français territorial, illustre inconnu, qui a probablement exercé
ses talents d'orfèvre durant toute sa période de mobilisation. On l'aperçoit, sur le premier cliché limer une bague extraite
et façonnée à partir d'ogives allemandes de 77mm en aluminium. On remarquera également la collection impressionnante
des bagues artisanales qu'il arbore sur chacun de ses doigts. Sur la deuxième photo, il semble porter le métal de récupéra-
tion en fusion, sur un petit feu improvisé.
Parmi les occupations favorites journalières et amusements des soldats de la Première Guerre mondiale, la fabrication des
souvenirs de la tranchée était la plus importante, et la bijouterie y occupait le premier rang. La matière première n’était pas
des plus riches, elle avait un avantage cependant : celui de la gratuité et de l’abondance.
Cette matière première si abondamment fournie, c’était l’aluminium, l’un des métaux servant à la préparation des munitions.
La pureté du métal était des plus relatives et n’avait pas besoin d’être absolue pour l’usage auquel il était destiné, et c’était
tant mieux pour nos Poilus à qui cette impureté de la matière première procurait une plus grande facilité de main-d’œuvre.
L’aluminium pur est cassant, son point de fusibilité est de 1000°. Le plomb auquel il est mélangé lui donne la souplesse et
abaisse son point de fusion. Par contre, l’aluminium pur, inaltérable à l’air et brillant, prend sous cette forme d’alliage une
couleur terne et noircit la peau. On n’aurait donc pas pu en faire un objet de grand luxe, mais nos braves soldats aux mains
souillées par la vie des tranchées et les combats n’y regardaient pas de si près. En cela, comme en beaucoup d’autres choses,
ils savaient se contenter de peu.
La bague, ébauchée dans la très relative quiétude du cantonnement, est façonnée, décorée, fignolée pendant le séjour à la
tranchée, lorsque l’artiste n’est pas occupé au créneau, au poste d’écoute ou envoyé dans quelque périlleuse reconnaissance.
(Sources: Le magasin pittoresque/1916)
Fabrication de bagues dans les tranchées : un poilu apporte la matière première : une fusée de 77 trouvée
dans les champs. (Photo Agence de presse Meurisse, 1915)
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