Bonjour à toutes et à tous,
il y a quelques temps j'avais évoqué la présentation de quelques pièces en rapport avec l'aviation militaire belge de la Grande Guerre.
C'est un sujet assez peu connu et les objets le concernant sont d'une très grande rareté. Autant dire que les effets allemands, je parle de ceux authentiques bien entendu, déjà difficiles à trouver font figure de « surplus » à côté.
Pourtant l'intérêt pour ces Gaulois dont César, déjà, disait qu'ils étaient parmi les plus courageux, n'est pas très développé de ce côté-ci de la frontière alors que, pour moi qui ne suis pas belge, ils méritent un peu d'attention quand on se replonge dans cette histoire. La violation de la neutralité belge a été l'un des facteurs déclenchant la Grande Guerre.
Tout d'abord, un peu d'histoire.
Les prémices de l'aéronautique militaire belge remontent à 1909 lorsqu'est créée la compagnie des ouvriers et aérostiers. A l'instar de ce qui se passe ailleurs, c'est en effet l'aérostation qui a la faveur des autorités. Mais en 1910, sous l'impulsion du général Hellebaut, alors ministre de la guerre, il est décidé de former des pilotes d'avion militaires. Il est dit que Hellebaut avait été impressionné par le vol que le chevalier de Laminne, pionnier de l'aviation possédant son propre terrain et sa propre école de pilotage, lui avait offert au cours d'un des meetings qu'il organisait pour promouvoir l'aéronautique. Un Henri Farman 3 est de fait acquis et affecté à la première école installée en 1911 à Brasschaat, au nord-est d'Anvers.
Tout comme en France, en Grande-Bretagne ou en Allemagne, les missions sont d'abord limitées à de l'observation. Cependant, on pense déjà à armer les avions et, en 1912, Georges Nélis, considéré comme le premier pilote aviateur militaire belge, avec son camarade Stellingwerf, essaie le tir à la mitrailleuse depuis un aéronef sur une cible au sol. Il s'agit de montrer que l'aviation peut être utile comme outil de combat.
Le 16 avril 1913, le roi Albert Ier signe un arrêté portant création de la Compagnie des aviateurs qui compte 4 escadrilles, une par corps d'armée. Ce texte est le véritable acte fondateur de l'aviation militaire belge. En août de cette même année, des grandes manoeuvres se déroulent au cours desquelles l'aviation prouve ses qualités pour la reconnaissance en profondeur.
Lorsque la guerre éclate, le 4 août 1914, l'aviation militaire belge est forte de 45 pilotes brevetés, dont 8 sont des civils mobilisés avec leur propre avion, répartis dans 2 escadrilles opérationnelles, 2 autres servant à l'instruction. Si l'observation reste prépondérante, les premières escarmouches ont lieu dès le début. Ainsi, fin septembre 1914, l'équipage formé par le sous-lieutenant Maurice Benselin, observateur et le sergent Pietrowsi, un volontaire russe, pilote, tire sur un « Taube » venu intercepter le Farman occupé à une mission de bombardement au-dessus de Sainte Agathe Berchem, au nord-est de Bruxelles. L'allemand aurait été touché et se serait posé. Mais aucune victoire n'est revendiquée par les Belges et aucune perte reconnue par les Allemands. Ce qui n'enlève rien à la prouesse en elle-même qui, comme ailleurs, amorce l'aire du combat aérien.
Devant l'importance prise par la troisième dimension, la Compagnie des aviateurs est réorganisée et rebaptisée Aviation militaire belge, le 20 mars 1915. Parce qu'une grande partie du territoire est occupée par les Allemands, l'école de pilotage est transférée à Etampes, et un atelier de maintenance est créé à Calais, en France. Au fil du temps, le spectre des missions s'élargit. Au bombardement et au réglage des tirs d'artillerie s'ajoutent le renseignement, par l'entremise du capitaine Jules Jaumotte, père de la section photographique aérienne, et la chasse. Fernand Jacquet ouvre le bal en emportant la première victoire officielle, le 17 avril 1915. Il est, par ailleurs, le premier à décrocher le titre d'As, en 1917, et totalise 7 victoires.
Question matériel, l'Aviation militaire belge est équipée par ses alliés, notamment par la France. Ses aviateurs volent ainsi sur Henri Farman, Voisin, SPAD, Nieuport, Hanriot-Dupont dont ils sont pratiquement les seuls utilisateurs, ou encore Sopwith avec la fameux Camel. Le 11 novembre 1918, elle se compose de 12 escadrilles servies par quelques 250 pilotes. Son palmarès comporte 125 victoires aériennes, ce qui est loin d'être négligeable.
Signe d'une reconnaissance pour leur contribution à l'effort de guerre, les aviateurs belges sont envoyés occuper la Rhénanie jusqu'en juillet 1919.
Aux côtés des noms déjà cités, la Grande Guerre a laissé quelques autres grands personnages tels Edmond Thieffry, 11 victoires reconnues, surnommé le juge volant car il était avocat avant la guerre ; André de Meulemeester alias l'Aigle des Flandres avec 11 victoires officielles ; Jan Olieslagers dit le Diable d'Anvers et ses 6 victoires homologuées ; l'As des As Willy Coppens de Houthulst, spécialisé comme Michel Coiffard en France, dans la destruction des ballons et qui en descendit 37. Blessé lors d'une attaque, il fut amputé d'une jambe, ce qui ne l'empêcha pas de continuer à voler. Pour celles et ceux qui ont connu l'Histoire de l'aviation de Daniel Costel, on y voit l'ancien As parler de son expérience. Il y en eu bien d'autres que je n'ai pas mentionnés.
Ces modestes souvenirs sont une manière de leur rendre hommage.
Place aux vieux trucs :
Les objets du cadre ne proviennent pas de la même personne. Malheureusement
! Mais, simplement, ils symbolisent, selon moi, la "petite" aviation belge.
La carte postale est tirée d'un cliché pris lors des manoeuvres de 1913. Le pilote est Fernand Jacquet qui deviendra le premier As. A l'époque, il était pilote observateur. Elle a été postée en août 1913.
En dessous, enserrant une croix de guerre belge avec une citation, sont les insignes généraux de l'aviation portés à partir de 1917/18 jusqu'en 1934. Le A est le monogramme d'Albert Ier.
Documents de l'adjudant Vandewalle, un cavalier passé à l'aviation.
J'ai fait quelques recherches rapides à son sujet mais n'ai rien trouvé. A suivre …
Son laisser-passer pour accéder au terrain de Bochum, entre Essen et Dortmund, dans la Ruhr, alors qu'il était affecté à la 10e escadrille, ancienne 5e escadrille, celle de Fernand Jacquet, et ayant pour insigne une comète rouge. La 10e restera à Bochum jusqu'en juillet 1919.