Promenade dans le petit village de Nonsard (Meuse) ce dernier week-end du mois d’août.
Une photo connue représente le retour du front de la Company B du 1st Engineers, 1st Infantry Division, officier et guidon de l’unité en tête, franchissant sur un pont de pierre le ruisseau de Burnenaux qui traverse la commune.
Les lieux n’ont guère changé. Le pont est là, la nouvelle balustrade ne l’a pas embelli, pas plus que la canalisation sur le côté. La végétation a poussé.
À côté du pont, un petit monument, s’inspirant de cette photo, commémore la libération du village par les troupes américaines.
Les gens qui le franchissent ne s’y attardent guère, ils se rendent à la base de loisirs du lac de Madine, toute proche, pour s’y baigner et se détendre.
En 1918, le lac n’existait pas.
C’est à Nonsard que l’US Cavalry a l’occasion de se distinguer pour la seule fois de la campagne.
Seuls quatre régiments de cavalerie d’active ont débarqué en France. Il s’agit des 2e, 3e, 6e et 15e de Cavalerie, dont la seule activité se limite à servir à l’arrière comme maréchaux-ferrants et garçons d’écurie, et d’assurer la remonte du train, du service de santé et de l’artillerie.
Mais le général Pershing, toujours soucieux de son arme d’origine, harcèle le Congrès jusqu’à l’été 1918, afin d’obtenir huit régiments de cavalerie au complet pour exploiter toute éventuelle percée des lignes allemandes.
À la fin d’août 1918, une poignée de cavaliers américains a enfin l’occasion de démontrer son aptitude au combat moderne à l’occasion de l’offensive sur le saillant de Saint-Mihiel.
Les escadrons B, D, F et H du 2e de Cavalerie, rassemblés en un groupement provisoire de 14 officiers et 404 sabres, sont montés sur des chevaux convalescents et placés sous le commandement du lieutenant-colonel P.M. Hazzard afin d’assurer, au profit des troupes américaines du secteur, des missions de liaison et de reconnaissance.
Dans la nuit du 11 septembre 1918, Hazzard dépêche trois de ses escadrons en avant des tranchées de la 1st Infantry Division. Entamant une mortelle partie de cache-cache avec les patrouilles allemandes et utilisant les couverts pour s’infiltrer, les Poney Soldiers réussissent à franchir le no man’s land pour s’emparer, à midi le jour suivant, du village de Nonsard, à huit kilomètres en arrière des lignes allemandes, avant d’être finalement repoussés par une vigoureuse contre-attaque.
À la suite de cette demi-réussite, le Groupement Hazzard continuera de servir tout au long de l’offensive Meuse-Argonne jusqu’à là mi-octobre, avant d’être finalement retiré du front.
Il ne compte plus alors que 150 hommes valides.
Sources : La cavalerie américaine, 1917-1918, Éric Dagnicourt, Militaria n° 95, p. 40.