Bonjour à tous, je vous présente une photo-carte prise toujours au même endroit, devant le mur de maison d'une cité minière d'Hersin-Coupigny. Notre poilu appartient au 158eme d'infanterie, baptisé le Régiment de Lorette, tant sa présence et ses faits d'armes sont importants, sa capote est du modèle 1914, 2eme type (sans poche de poitrine gauche), les pattes de cols sont à numéro bleu foncé sur fond jonquille. Le képi est un modèle simplifié premier type et n'arbore pas de numéro sur le front (suppression de celui-ci d'après notice du 9 décembre 1914), le pantalon est en toile bleue . On peut donc considérer que ce cliché a été pris au printemps 1915.
Extrait de l'historique du 158eme R.I.Au mois de décembre 1914, le Régiment revenait en Artois : il devait y séjourner jusqu'au mois de
décembre 1915.
Ce fut certainement, de toute la guerre, la période la plus pénible. Le front s'est stabilisé. Depuis la
Suisse, jusqu'à la mer du Nord, deux lignes de tranchées courent ininterrompues, où s'abritent les
deux infanteries ennemies : entre ces deux lignes une zone de mort qui, en certains points, ne
dépasse pas 40 mètres. Au fond de la tranchée, encore mal organisée, souvent dans l'eau, nos
fantassins sont aux aguets. Pas de cuisines roulantes, pas d'alcool pour manger chaud, pas d'abris
contre la pluie, encore moins contre le bombardement, pas de poêles dans les cagnas ; des capotes
usées et les pieds qui gèlent. Le devoir c'est de veiller au poste d'écoute, risquant continuellement la
balle du guetteur ennemi ; c'est de ramper la nuit jusqu'au poste boche et de planter du fil de fer ;
c'est d'éventer les embuscades ; c'est de recevoir les coups de mains ; c'est d'effectuer les corvées les
plus pénibles. Les seuls jours de gloire sont les jours d'attaque. Mais ils ne sont pas rares, car si
l'insuffisance de notre artillerie lourde nous empêche encore de tenter la percée, il nous faut
cependant, malgré la faiblesse de nos moyens, attaquer sans cesse pour retenir devant nous les
forces ennemies et soulager d'autant nos alliés.
C'est l'attaque du Grand Éperon de N.-D. de Lorette (15 mars); c'est l'attaque de la Tranchée
des Saules (14 mai); du Fond de Buval (18 juin); du Chemin Creux (18 juin) ; du Bois en
Hache (25 septembre).
Nous ne retiendrons que les attaques du Grand Éperon et du Bois en Hache.
Le Grand Éperon (15 mars). L'Éperon de N.-D. de Lorette est une haute falaise, dernier
contrefort des collines de l'Artois, observatoire fameux dont la possession était aussi capitale pour
l'ennemi que pour nous.
Byng