Quels sont ces blindés ?

Bonsoir à tous,
Je reviens après un long temps d'absence du forum (pas assez de temps...).
J'ai retrouvé dans un lot de photo, celle-ci qui laisse entrevoir de grosses pièces d'artilleries et des engins chenillés sous des bâches.
De quoi s'agit-il ? On lit un n°184 sur le képi du sous-officier à gauche et 84 ou 64 sur celui de droite.
Les cols des vareuses des soldats sot droits, ce qui me fait pencher pour du WW1 et non pas de l'entre-deux guerres.
Pouvez-vous m'aider à identifier ces pièces ?
Merci,
Kugeltoff

Hello pour moi plus apres 1918 ,

D'après les uniformes ?
Je distingue en regardant mieux une étoile "Saint Chamond" sur le blindé de gauche.
Kugeltoff

Bonsoir je pense que ce sont des canons de 194 mm auto portes ..c est du post ww1..

Bonsoir,
Je dirai que le blindé de gauche est un canon automouvant 194 GPF St Chamond.
Plus d'infos ici :
https://artillerie.asso.fr/basart/article.php3?id_article=1209
Bertrand

Bonsoir,
Oui, ca ressemble bien à cela, du 194GPF.
Merci pour votre identification rapide !
Kugeltoff

Bonsoir,

Superbe photo du régiment de mon grand-père qui y a fait son service en 1926. Le 184ème RA était en garnison à Valence.

Je n'ai pas vu beaucoup de photos de ce régiment jusqu'ici.

Cordialement,

Nicolas

Bonjour,

Il s'agit bien d'une photographie prise au 184e Régiment d'Artillerie Lourde à Tracteurs (R.A.L.T) à Valence.
Il est possible de dater assez précisément cette photographie car un képi porte le numéro "184" et un autre un "84".
En effet, le 184e R.A.L.T est officiellement créé le 1er janvier 1924 à Valence à partir du 84e R.A.L.T dissous la veille  (à Valence depuis 1919). Nous sommes donc très près de la date officielle de création du régiment.
Le matériel visible à gauche est un canon de 194 GPF sur affût chenilles Saint-Chamond, à droite, il s'agit de l'avant-train portant le groupe électrogène fournissant l'énergie aux moteurs des deux engins à chenilles accouplé l'un à l'autre par un câble d'énergie, l'avant-train porte aussi la dotation initiale de munitions.
Ces affûts-chenilles Saint-Chamond sont révolutionnaires en 1917, date de création du prototype portant un obusier long de 220 Saint-Chamond, lequel sera utilisé avec un grand succès en opérations de guerre à Verdun en 1918 où il s'avère capable de franchir des pentes raides sur un terrain où les entonnoirs de 15 et 21 cm sont jointifs et considéré comme infranchissable par l'artillerie.
Ce succès entraîne la commande de 25 affûts-chenilles portant un mortier de 280 TR Schneider et de 50 affûts-chenilles équipés du canon de 194 GPF.
Les matériels de série de 280 TR sont mis en service en 1919 au 84e R.A.L.T et le 194 GPF l'année suivante.
Le matériel est toujours en service en 1940 et l'Armée allemande utilise le 194 GPF dans plusieurs groupes d'artillerie lourde employés sur le front russe.
Voici une carte postale de l'attelage complet de 194 GPF photographié à Valence dans les années 1920:

Cordialement,
Guy François.

Bonsoir Mon Général,

Merci pour vos informations complémentaires très détaillées.

Bien cordialement,

Nicolas

Bonsoir,
Merci beaucoup pour toutes ces précisions. C'est là un attelage impressionnant !
Bonne soirée,
Kugeltoff

Bonjour,

Afin de bien apprécier la nouveauté de "l'artillerie à chenilles", je joins une photographie prise sur le front de Verdun le 5 août 1918 provenant de l'album du lieutenant Darrasse qui a conduit les essais et supervisé la mise en œuvre sur le front du prototype d'affût-chenilles Saint-Chamond portant l'obusier prototype de 220 Saint-Chamond. Il s'agit d'un obusier puissant dont la portée atteint 13.500 m.
Nous sommes dans le Ravin des Vignes à Verdun, la pente atteint 30%, le sol est constitué d'entonnoirs jointifs de 15 et 21 cm, la terre a été fouillée au cours des deux années précédentes jusqu'à 3 mètres de profondeur. Le général Malcor, vieil artilleur respecté pour sa profonde connaissance de son arme, estime avec beaucoup d'autres que ce terrain est inaccessible, même à l'artillerie de campagne.
Pourtant, le 5 août 1918, l'affût-chenilles Saint-Chamond va progresser sur ce terrain infernal et tirer rapidement 25 coups, notamment sur les Minenwerfer d'Anglemont, avant de se replier pour être employé ailleurs. Durant ces journées, l'affût-chenilles va occuper plusieurs positions éloignées les unes des autres, tirer sur des secteurs très différents du front de Verdun à la surprise des allemands, incapables de trouver l'origine des tirs et dans l'impossibilité de riposter car l'affût-chenilles se replie rapidement après ses tirs.
L'artillerie française vient de créer la première pièce automotrice sur chenilles car les précédentes expériences (françaises et anglaises) n'avaient mis en œuvre que des pièces portées sur des tracteurs à chenilles et obligées de débarquer (puis de ré-embarquer) pour pouvoir être utilisées au front avec un rendement des plus médiocres.
Dans l'euphorie de ces succès, d'importantes commandes sont passées à Saint-Chamond, l'armistice limitera ces programmes. Les américains, très impressionnés par cet engin, en construiront à leur tour sur les mêmes principes.
Schneider toutefois ira encore plus loin dans le développement de l'artillerie à chenilles en créant un affût-chenilles à moteur à essence permettant sur un seul véhicule l'emploi d'un très puissant canon de 220 L modèle 1917 (portant à plus de 23.000 m), le prototype n'apparaît qu'en 1919 et seule une poignée de ces matériels sont construits, ces engins des plus remarquables étaient en cours de remise à niveau en 1940...
Voici donc le 220 Saint-Chamond en progression dans le Ravin des Vignes le 5 août 1918:

Cordialement,
Guy François.

Bonsoir Mon Général

Très intéressants renseignements. Merci de nous en faire profiter.

Existe t-il de nos jours dans l'un de nos musées un exemplaire de cette formidable pièce d'artillerie ?

Bien cordialement,

Nicolas

Bonsoir,

Malheureusement, comme souvent, il faut aller à l'étranger pour voir du matériel français.
Il y a un beau 194 GPF sur affût-chenilles au musée de l'artillerie américaine à Fort Sill (Oklahoma) et une épave de 280 TR sur affût-chenilles, toutefois assez complète, dans un musée de Dresde.
Pour ceux qui souhaiteraient une étude plus complète que celles des "sites bien connus", j'ai rédigé un article sur le 220 Saint-Chamond sur affût-chenilles dans la revue "GBM" n° 122 d'octobre 2017 illustré de photographies pour la plupart inédites.
Voici une photographie du 220 sur affût-chenilles en action à Verdun le 7 août 1918. Cette fois l'engin a pris position sur la rive gauche et occupe deux positions successives dont celle que nous voyons ici près de la Ferme de la Madeleine. Le 220 tire 30 coups rapides sur Béthincourt et se replie avant que les observatoires allemands aient pu le situer exactement et aucune batterie ennemie ne réagit.
Le cliché instantané est pris au départ du coup, le tube est déjà en position de recul:

Cordialement,
Guy François.

PS: j'ai modifié dans mon premier message le nom de l'officier ayant suivi les essais du 220 sur affût-chenilles, il s'agit du lieutenant Darrasse du 85e R.A.L.T (et non pas "Charasse").

Bonjour

Sujet rès intéressant je ne connaissais pas  

Bonsoir,

Merci pour vos informations. C'est bien dommage en effet que nous n'aillons pas une telle pièce d'artillerie dans nos musées.

Bien cordialement,

Nicolas

Bonsoir,
J'étais loin de penser à tomber sur un sujet aussi intéressant avec ma carte...
Merci !
Kugeltoff