post elsass68
Triste retour sur la période 14-18, ou des enfants de témoins racontent :
C’était pendant mes vacances, dans l’HERAULT, en 1955, j’ai fait la connaissance d’un Monsieur d’un certain âge, il me demande de quel coin je viens, je lui dis de l’Alsace. Sur un ton grave, il me dit «je connais très bien Husseren-Wesserling, j’étais là-bas en 14-18, ce que j’ai vu était atroce, j’ai connu le HARTMANNSWILLERKOPF, le repos avec les blessés au Château, et les exécutions». Je lui demande : quelles exécutions ? «C’était des soldats qui ne voulaient plus monter au front, pour se faire descendre comme des lapins». Il était en pleur, tout lui revenait car il a participé à l’exécution de trois soldats, un des soldats refusa le bandeau, et les trois ont crié «VIVE LA FRANCE», d’après ce témoin, il y avait eu une quinzaine d’exécutions.
En revenant à la maison, je fais part de cela à mon père. Effectivement, il a assisté à une exécution, et me précise qu’il y en avait d’autres. Mais jamais cette discussion n’a été reprise «c’était des traitres» Par la suite, j’ai interrogé mon grand-père, la réponse fut courte : «petit, cela ne te regarde pas».
D’après un témoin, le mardi 23 mars 1915, temps printanier, nombreux avions. On amène trois soldats qui seront fusillés au HEYDENFELD (en lisière de forêt, près de deux érables, sur la route actuelle, à environ 120 m après l’intersection avec le sentier du Heydenfeld «Pfedel»). L’aumônier les accompagne, ils sont calmes et résignés, leur dernier cri est «VIVE LA FRANCE». Au cimetière, il y a effectivement deux croix :
POIZAT Joannés - Soldat 359e R.I. - 23.3.1915
HUMBERT Fernand – Soldat 359e R.I. - 23.3.1915
Le troisième corps a été remis par la suite à la famille.
Le 7 avril 1915, un témoin assiste à un Conseil de Guerre au Tribunal Militaire à WESSERLING :
MORELLI Eugène Honoré - soldat du 7e B.C.P. - fût exécuté après sentence le 7.4.1915.
Un autre témoin raconte, samedi 6 septembre 1915 à 14 h, il assiste à un Conseil de Guerre, un soldat est condamné
à mort, il fut fusillé le lendemain :
PERRET Joseph Jules - Soldat 2e R.A.M. - 7.9.1915
Pourquoi autant de sévérité : Dans les trois premières semaines de combats, un médecin major à RANSPACH a évalué à 5.000 le nombre de soldats français tués dans le secteur sud de l’Alsace. Le jeudi 15 juillet 1915, enterrement de deux officiers à RANSPACH, le 24 juillet 1915 à 10 h, enterrement à HUSSEREN de trois officiers. Lundi 30 août 1915 à 9 h enterrement
d’un officier du Génie. Dans les autres villages, il y avait également des enterrements de militaires. Sans doute, suite aux nombreux tués, l’armée n’accepta-
t-elle aucune rébellion dans les rangs et fallait-
il agir d’une main de fer. Le Général MOUD’HUY et le Général SERRET, entre autres, n’acceptaient aucune défection, on prétend que ce dernier a été grièvement blessé par ses hommes, il en est mort.
«Mon père m’a raconté que dès 1917 les exécutions pour l’exemple étaient courantes dans l’Armée Française, tant sur le front du Nord que sur celui de l’Est. Ces exécutions devaient dissuader la désertion dans les rangs des combattants français. A la suite de pertes massives dues à des stratégies incompétentes et hasardeuses, les exécutions
pour l’exemple provoquèrent une crise sérieuse dans les rangs de l’armée. Si les déserteurs et les traitres de l’armée étaient jugés dans les règles par la Cour Martiale et exécutés, les fusillés pour l’exemple furent, eux simplement tirés au sort sans distinction aucune. Plusieurs d’entre eux furent fusillés à l’arrière du cimetière catholique
de Husseren-Wesserling».