Bonjour,
Suite à la rentrée d'une photo d'un tunnel menant à la colline 60, je vous propose un post sur ce lieu emblématique.
Dès 1914, suite à la stabilisation du champ de bataille, les troupes seront contraintes de s'enterrer, Dès cette époque l'état-major français recommande le creusement de mines par le génie de galerie afin de mettre des charges explosives sous les retranchements adverses. Cette nouvelle méthode de combat, qui fait suite aux grandes erreurs de septembre 1914, sera vite adoptée par les français et par les allemands alors que les britanniques seront hésitants sur le fait de s’engouffrer sous terre. Cette guerre sous terre fait que les armées seront contraintes d’étudier les sols, de reconsidérer le champ de bataille, etc. Cependant, malgré ces quelques difficultés, l'armée britannique sera le premier belligérant à réunir des groupes entiers de mineurs civils au sein d’unités spécialisées qui constitueront des compagnies de tunneliers.
Au cours des années 1914 à 1917 les tunneliers, qu'ils soient Britanniques, Néo-Zélandais, Australiens ou comme Canadiens vont s'illustrer en France comme en Belgique. Intéressons-nous ici à la colline 60 situé en Belgique à Ypres, ce lieu qui a inspiré le cinéma australien.
Depuis 1914, la colline 60 est un lieu de combats continus, elle apparaît comme un atout stratégique. L'extraction de la Hill 60 commence dès 1915 avec la 175e compagnie de tunneliers du British Royal Enginers et sera poursuivi par la 3e compagnie de tunnelier canadien qui appuiera les australiens. C'est à partir du 9 novembre 1916 que les australiens vont s'emparer de la Hill 60, la 1st Australian Tunneling Company est alors dirigée par Oliver Woodward.
(Oliver Woodward en 1917)
L'extraction de la colline est une activité difficile, l'argile des Flandres rend l'extraction difficile et les soldats seront contraint d’utiliser la méthode du « Clay Kicking » qui consiste en un déblaiement de l'argile à coups de pieds (le mineur est sur le dos avec des pointes en métal sur les bottes) mais aussi avec des outils telles que des pioches, des pelles, etc. La méthode du « Clay Kicking » est très avantageuse de par le fait qu'elle est silencieuse et efficace. Cette méthode fut utilisée pour le percement des égouts dans les sols argileux comme à Liverpool et Manchester. Cependant la chaleur étouffante rend le travail difficile. Lors de l'extraction, ainsi que lors du maintien des tunnels, les soldats doivent faire preuve d'une certaine discrétion. Le travail mené au sein des tunnels argileux porte le nom de « working on the cross » qui fait référence au siège en forme de croix sur lequel il creuse.
Les allemands comme les australiens écoutent à l'aide de microphone/géophone les activités de l'un et de l'autre ce qui leurs permet de localiser les mineurs ennemis ainsi que les vibrations dans le sous-sol.
La principale activité des australiens est le maintien des charges explosives (charge d'ammonal renfermé qui est un explosif à base de nitrate d'ammonium qui est plus sûr et plus puissant que la poudre noir, elle est adopté des 1915 par les Britanniques) ainsi que de garder toutes ces opérations secrètes. Bien que les allemands étaient au courant des efforts des australiens pour creuser sous la colline 60 l'opération ne sera pas découverte même si les allemands ont creusé une douzaine de puits à diverses profondeurs pour les trouver. Le 25 mai 1917, une confrontation a lieu, les allemands détruisent une petite mine dans un puit situé presque directement au-dessus de la galerie principale de la Hill 60.
Citations tirées des Atlas de la Première Guerre mondiale 1914-1918 d'Anthony Livesey:
«Je vis soudain le plus énorme et le plus effrayant feu d'artifice jamais allumé en Flandre, un véritable volcan, comme si tout le sud-est crachait du feu. Peu après, nous sentîmes l'onde de choc, un vrai tremblement de terre d'une minute» Le pasteur Van Wallenghem, curé de paroisse
« L'infanterie, qui attend, perçoit le choc et le grondement d'un tremblement de terre. Il semble que la crête de Messines se soit soulevée. Des champignons de fumée et de débris s'élèvent et tourbillonnent dans l'air » Capitaine Grant Grives, Royal Engineers
C'est en tout 19 mines qui exploseront le 7 juin 1917 à 3h10. La précédente colline 60, appelée « côte des amants » avant la guerre, deviendra alors un cratère de 20 mètres de profondeur de 80 mètres de largeur.
La colline 60 est aujourd'hui préservée par la Commenwealth War Graves Commission comme lieu de mémoire. Un monument pour la 1st Tunneling Company est situé sur ce site.
(Mémorial de 1st Tunneling Coy)
En conclusion les tunneliers, également appelés les taupes de la grande guerre par Anthony Byledbal, ont poussé l'utilisation des mines à son plus haut niveau. Profitant d'espaces encore vierges, que ce soit à l'ouest comme à l'est, les activités des tunneliers ne seront pas freinées par des sols qu'ils soient en argile, en calcaire, ou même en sable. Ces terrains permettent en effet aux tunneliers de se glisser sous les tranchées adverses. Durant les années de guerre, les taupes seront de plus en plus nombreuses, les forces Britanniques vont en recruter aux 4 coins du monde en faisant appel à des mineurs, à des géologues ainsi qu’à des ingénieurs. Toute les actions des tunneliers se font en relation avec les hommes en surface et permettent de compléter celles-ci, et de nos jours le paysage est encore fortement marqué par toutes ces activités que ce soit à l'est comme à l'ouest.
https://www.youtube.com/watch?v=CbjCJ1nOxxM