Bonsoir à tous,
Merci pour le partage de ce très intéressant document à propos de l'habillement des GVC (Gardes des voies de communications) pour l'hiver 1914/1915.
Avant de revenir sur les "capotes de sentinelle" dont il est question, quelques remarques sur les dates portées sur le document qui sont très intéressantes également :
- 25 octobre 1914 date initiale du courrier au Ministère de la Guerre à Bordeaux (Intendance) adressé à toutes les régions militaires
- 31 octobre 1914 date de la copie par le Contrôleur Général directeur des services du matériel ici à Montpellier pour la 16ème région militaire,
- 3 novembre 1914 date de la copie au niveau du sous intendant responsable de l'intendance localisé ici à Castres
- 17 novembre 1914 date de la copie adressée par ce service d'intendance au commandement des GVC pour cette région militaire, pour avis et recensement des besoins
Il faudra encore que le commandant du service des GVC de la région réponde en indiquant le nombre d'effets nécessaires pour ses hommes, éventuellement en consultant au préalable ses chefs de groupes de GVC, puis la réponse refera le chemin inverse jusqu'au Directeur du service du matériel de la région, avant qu'un achat d'effets ou une commande pour fabrication soit effectuée !
Les dates et délais ont pu varier un peu d'une région à l'autre mais une partie de l'hiver a du s'écouler avant que les GVC de l'arrière ne voient arriver ces "capotes" de sentinelles !!
D'ailleurs le lieutenant Auguste Besset dans son ouvrage "souvenirs d'un GVC" mentionne page 87 la réception des effets d'hiver seulement en février 1915 :
"
Nous sommes en février ; le plus fort de l'hiver est passé, aussi nous annonce-t-on l'arrivée d'une tenue d'hiver complétée par une pélerine, des chaussons et des galoches. Nous commençons de retirer les vieux effets et la distribution des neufs, et naturellement cela ne va pas tout seul ; en général, les effets neufs sont trop petits, le confectionneur ayant oublié qu'ils étaient destinés à des hommes ayant atteint leur maximum de taille et de grosseur."
https://gvc-14-18.pagesperso-orange.fr/Regards/Regards03SouvenirsDunGVC.htmlLes vieux effets qu'il évoque sont ceux de la mobilisation générale ainsi que confirmé dès sa première page en préface :
"
Pendant des mois, pendant l'été, pendant l'hiver, le G.V.C. vivra en communauté, dans des postes installés à la hâte, quelquefois sous la tente au milieu des forêts, affrontant toutes les intempéries avec un bourgeron et un pantalon de toile qu'il doit à la libéralité du corps dont il fait partie. Quand l'hiver sera passé il touchera des effets plus chauds."
Pour mieux comprendre la suite, rappel sur les effets distribués aux GVC à la mobilisation générale :
pour les GVC de l'arrière caporaux et soldats : une veste de bourgeron et un pantalon de treillis ,peu adaptés aux rigueurs de l'hiver et aux intempéries même si les GVC ont pu théoriquement porter dessous des effets civils (vu qu'aucun autre vêtement militaire ne leur était attribué à la mobilisation générale)
seuls à partir des sous-officiers était attribué une capote et un pantalon de laine garance dès la mobilisation générale à l'arrière
pour les GVC des régions proches du front c'est différent , dès la mobilisation générale ils étaient dotés, caporaux et soldats compris , d'une capote d'infanterie et d'un pantalon garance, ils n'étaient donc peut être pas concernés par cette note mentionnant une "capote de sentinelle"
En lien une récente tentative de reconstitution de la carte des tenues des GVC à la mobilisation générale ( étude en cours = la carte est à améliorer et confirmer pour certaines régions) :
https://gvc-14-18.pagesperso-orange.fr/LeGVC/leGVCtenue03TenuesMobilisationAout1914.htmlVoici à titre d'exemple une photographie de GVC de Lisieux (Calvados 3e région militaire) en 1914 dans leur tenue de mobilisation, seuls les vestes de bourgeron, pantalons de treillis, et képis , sont des effets militaires, tous leurs autres vêtement (portés dessous) et même leur brodequins (pas prévus dans l'habillement des GVC) sont leurs propres effets civils :
En comparaison voici dès août 1914 des GVC habillés par la subdivision de Langres proche de la zone de front , tous les caporaux et soldats ont dèjà reçus capotes et pantalons de laine :
à suivre : retour en photos sur ces fameuses capotes de sentinelles de l'hiver 1914 1915 pour les GVC .
Maintenant revenons sur le contenu de la lettre :
"
doter les divers postes des gardes de voies de communication d'un certain nombre de capotes de sentinelles"
chaque poste de GVC va recevoir un "certain" nombre de ces capotes de sentinelles = en gros cela exclue une dotation systématique à chaque homme du poste mais en revanche il devra y en avoir assez pour doter les hommes de faction (en gros en permanence entre 1/4 et 1/3 de l'effectif total du poste : à la mobilisation on prévoit 8 hommes pour assurer 24h sur 24 une sentinelle fixe ou patrouille de 2 hommes, par la suite les effectifs baissant - dès la fin 1914 - une proportion plus grande d'hommes peuvent se retrouver en même temps de faction pour certains postes)
La précision du courrier "
le vêtement sera suffisamment ample pour convenir à toutes les tailles" confirme que les hommes du poste se repassent ces capotes quand ils sont de faction.
La solution première la plus simple semble avoir été, pour les postes de GVC dépendant de dépôts régimentaires qui pouvaient encore fournir des capotes, de distribuer à chaque poste initialement doté de bourgerons, quelques capotes d'infanterie, certaines régions militaire ont peut être même devancé en ce sens la lettre du Ministère du 25 octobre 1914,
cela pourra aussi être facilité par le retour dans les dépôts de capotes plus ou moins usagées suite à l'échange progressif des capotes de mobilisation par les capotes Poiret pour les unités au front (amorcé dès le dernier trimestre 1914 poursuivi début 1915)
Ainsi on trouve dès 1914 des photos de GVC sur lesquelles quelques soldats portent ces capotes, comme dans l'exemple ci-dessous, pour ce poste de GVC du Rhône initialement dotés de bourgerons uniquement à la mobilisation, ici deux hommes posant en tenues de faction (avec même des lanternes à la main pour service de nuit) avec des capotes d'infanterie, l'homme au centre avec une capote porte des galons de sergent, il est le chef de poste doté d'une capote depuis la mobilisation :
Même constat pour cet autre exemple dans la subdivision militaire de Poitiers avec la même mise en scène, tous les hommes ont les bourgerons de la mobilisation excepté le sergent chef de poste au centre et deux hommes en tenue de faction à chaque extrémité ayant revêtu ces capotes "de sentinelle" :
PS : la pancarte sur cette vue porte une date au 31 octobre 1914, l'application de la directive de la lettre du 25 a ici été très rapide, ou peut être même plutôt anticipée, la lettre a peut être donc validé officiellement une pratique déjà mise en place dans certains postes de GVC.
Cette solution n'a bien sûr pas été possible pour tous les postes de GVC et compte tenu de la liberté offerte par la lettre de très nombreuses autres options vont être observées... à suivre en images
Je poursuis, retour sur la lettre :
"
A défaut de disponibles immédiats les vêtements dont il s'agit devront être confectionnés dans chaque région avec du drap de couleur quelconque, mais suffisamment chaud et résistant et il ne sera pas indispensable de donner à ces effets la forme exacte de la capote de sentinelle.
La détermination du modèle est laissée à l'initiative de chaque région [...] "
Comme remarqué justement par Xavier la latitude laissée est très large...il va en résulter que toutes sortes de vêtements vont y passer pour cet hiver 1914 / 1915
Puis retour sur le témoignage du lieutenant Besset cité plus haut pour son ouvrage "souvenirs d'un GVC" mentionne page 87 la réception des effets d'hiver seulement en février 1915 :
"
Nous sommes en février ; le plus fort de l'hiver est passé, aussi nous annonce-t-on l'arrivée d'une tenue d'hiver complétée par une pélerine, des chaussons et des galoches. "
On va effectivement voir de nombreux modèles de pélerines, de larges manteaux et de ponchos avec ou sans capuche, d'inspiration civile et toutes couleurs.
Voici un premier exemple assez sommaire
Puis un bel exemple de lourd manteau à capuche
pour des raisons de sécurité , des rappels seront adressés aux chefs de postes de GVC pour proscrire pour les hommes de faction aux abords des voies ferrées le port de capuches (ordonnant parfois leur découpe) et de sabots, ici notre homme porte fièrement les deux.
Dans le même temps on va commencer à remplacer les bourgerons par des effets plus lourds et on va commencer à voir des quasi vareuses en multiples types de matières et teintes comme ici sur l'homme du centre
D'autres exemples de manteaux à capuches
Un certain nombre d'hommes portent des vestes proches des vareuses mais à cols tombants et non droits comme sur le modèle officiel de vareuses, de nombreux hommes ont également des vestes clairement civiles
Voici un homme avec un beau manteau en règle sans capuche, la pratique de marquer ces effets avec une pièce de tissu claire cousue portant la mention "GVC" est très courante et visible sur de nombreuses photos :
Un autre exemple avec deux manteaux de modèles différents dans le même groupe et ce même marquage "GVC" dessus
Cordialement,
Yannick LG
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